« La Cordillère des songes » de Patricio Guzmán

Les vagues quotidiennes d’images du mouvement contestataire chilien en cours et celles de sa répression meurtrière,  donnent à « La Cordillère des songes », le nouveau film  de Patricio Guzmán un régime d’actualité étrange. Sur fond de  résonances encore très actuelles de la dictature de Pinochet,  ce film à fleur de cœur nous emmène dans un monde minéral, creuset de la mémoire …

Présenté au dernier Festival de Cannes, « La Cordillère des songes » y a été récompensé de l’Œil d’or du meilleur documentaire. Le film est à découvrir sur les écrans français depuis ce 30 octobre 2019.
Voir la bande annonce du documentaire ( 1’33 »)

« La Cordillère contribue à nous maintenir entre nous, elle forme un mur protecteur très commode. Vivre au Chili, c’est un enfermement, mais confortable, sans le froid du dehors.” . Patricio Guzmán a toujours eu le sens de la formule pour parler du Chili, le pays natal qu’il a dû fuir en 1973, chassé par le coup d’État d’Augusto Pinochet. Interrogé par le quotidien  La Tercera de Santiago, le documentariste évoque ici ce que la Cordillère des Andes représente pour les Chiliens dont, de tout temps, elle a façonné le paysage physique et intime. Ce n’est donc pas un hasard si le cinéaste lui consacre le dernier volet de sa trilogie consacrée à l’histoire et à la géographie du Chili.

“L’âme chilienne, c’est la solitude”

Beaucoup plus personnel que « La Nostalgie de la lumière » et « Le Bouton de nacre, » les deux premiers volets de la trilogie, La Cordillère des songes est tout aussi émouvant, mais également “plus pessimiste”, écrit La Tercera. Protégé par la montagne, le Chili de Salvador Allende avait pu mener entre 1970 et 1973 une expérience socialiste qui avait enthousiasmé toute une génération. Le putsch de Pinochet en a sonné le glas. Et encore aujourd’hui, les effets s’en font sentir, selon le cinéaste. Isolé derrière son massif montagneux, le pays meurt à petit feu, privé de ses idéaux d’antan, privé d’air.

Visionner ci dessous l’interview de Patricio Guzmán réalisée le 22 octobre 2019 à Paris par Les Rédacteurs de Cinespagne.com autour du film documentaire « La Cordillère des songes » . ( Durée 18’17 »)

Lire aussi  : «La Cordillère des songes», Chili désincarné
Par Julien Gester dans Libération du 29 octobre 2019


Retour sur « Le bouton de nacre », le précédant documentaire de Patricio Guzmán

« Le bouton de nacre » est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Elle part de deux mystérieux boutons découverts au fond de l’Océan Pacifique, près des côtes chiliennes aux paysages surnaturels de volcans, de montagnes et de glaciers. A travers leur histoire, nous entendons la parole des indigènes de Patagonie, celle des premiers navigateurs anglais et celle des prisonniers politiques. Certains disent que l’eau a une mémoire. Ce film montre qu’elle a aussi une voix.

LE BOUTON DE NACRE parle de la Patagonie, de l’Océan, de colonisation, des crimes de guerre du régime Pinochet et de l’extinction des premiers peuples autochtones.

Un entretien vidéo de 3’45 »


Visionner aussi : La faille judiciaire qui permit d’arrêter Pinochet

Chapitre quatre – Espagne, 1996: le processus de solidarité. Un extrait de 7′ 22″ du documentaire de Patricio Guzmán …