Soutien à Édouard Edy agressé à Brest par des militants d’extrème droite …

Une agression politique et homophobe  contre Édouard Edy, militant LFI  et compagnon de Pierre-Yves Cadalen, député de Brest-centre lors du dernier week-end d’août. PrendreParti tient à exprimer un soutien inconditionnel à eux deux et à toutes celles et tous ceux qui sont victimes de tels actes minables. Politiquement au sens éthymologique, poétiquement dans le sens de l’écriture et républiquement au sens social du terme …

La LETTRE OUVERTE du député Pierre Yves Cadalen :

« Édouard Edy, l’un des quatre militants agressés samedi dernier à Brest, est mon compagnon. Les misérables petits fascistes qui s’en sont pris à eux se sont particulièrement acharnés sur sa personne.
Je l’écris aujourd’hui pour que ces minables sachent qu’il n’y a là aucun secret, que leur violence ne s’abat pas sur un mur de silence, qui bien trop souvent entoure et a massivement enserré les vies homosexuelles. Nos vies ne sont plus ainsi déterminées. Nous ne sommes jamais cachés de notre vie commune, mais je n’avais pour autant pas conçu le besoin de l’écrire jusqu’ici : nous sommes dans une société au sein de laquelle l’homophobie a massivement reculé.
Pour autant, j’ai bien constaté la rémanence de certains traits de la mise à distance structurelle, dans la société, de l’homosexualité. D’un mot : puisque nous n’avons jamais rien dit, le secret est là. Personne ne dit donc que le compagnon du député a été agressé, ce qui ajoute une information importante sur la motivation et le ciblage du groupe en question. Les amis envoient des messages personnels, d’autres viennent de quelques camarades attentionnés, compagnons de luttes pour les droits sociaux depuis des années. Si nous ne réclamons d’évidence aucun statut particulier, et c’est tant mieux, pour le conjoint d’un élu, il est évident que l’agression du concubin ou de la femme d’un maire, d’un adjoint ou d’une vice-présidente de la métropole aurait connu un écho plus puissant. Cet élément a été versé à la plainte. Il est rendu public par ce texte.
Je souhaite donc aujourd’hui que cela soit connu, et partagé. Je n’accepte pas qu’une seule personne soit attaquée pour ses convictions et que mes camarades le soient est une blessure, Édouard avec eux. Je ne me laisserai donc pas davantage menacer par le ciblage de mon compagnon, et je l’écris noir sur blanc : s’en prendre à lui comme aux autres revient à s’en prendre à nous toutes et tous, et aux principes humanistes sur lesquels notre République sociale est bâtie. Les fascistes qui s’adonnent à de telles violences, source d’une bien lamentable et avilissante satisfaction, doivent être arrêtés et jugés.
Je ne néglige pas le caractère politique et homophobe de l’agression. Des personnes assez stupides et haineuses pour s’en prendre à une collecte de solidarité le sont certainement pour attaquer quelqu’un en fonction de son orientation sexuelle. Édouard a déjà été menacé de mort en son nom sur le local du Parti Communiste Français et sur les murs de la faculté des lettres et sciences humaines de Brest. Il a déjà été agressé dans la rue par de tels individus. Notre porte d’immeuble a été tagguée, ainsi que mon local parlementaire, par des croix gammées, œuvres d’ignobles nazillons.
J’invite celles et ceux qui ont été victimes de ces personnes et qui ont craint, pour une raison ou pour une autre, de porter plainte, à me contacter. Je peux les accompagner dans leurs démarches.
Je dois de vous écrire ce texte à la lecture d’un magnifique ouvrage cet été, Réflexion sur la question gay, de Didier Eribon. Il y est question de l’histoire de la condition homosexuelle, et le secret y joue un rôle de premier plan. Dire son homosexualité, c’est interroger la norme générale de l’organisation des rapports sexuels, et il se trouve avec cela toujours quelques personnes pour se sentir menacées par ce simple fait qu’il existe des gays, des lesbiennes, des trans. L’injure est fondatrice d’un rapport à la société qui vous signifie très tôt, par la gêne comme par la brutalité directe, qu’il n’est pas socialement admis d’être gay, que cela signifiera toujours une irréductible différence, un stigmate indépassable. Le premier rapport à la sexualité homosexuelle est donc un rapport de stupéfaction et d’incompréhension : pourquoi moi ? Cela passé, la vie, les désirs et les joies prennent le dessus, mais l’habitude du silence agit puissamment, à la façon d’une structure invisible, qui semble avoir toujours été là. Et cet horrible mot de « tolérance », comme s’il était du pouvoir de certaines vies d’en refuser ou en admettre d’autres, rôde toujours.
En politique, la crainte d’être renvoyé à la condition homosexuelle ne tient pas seulement aux violences homophobes qu’elle suscite, mais aussi à celle d’être enfermé dans une cause restreinte. S’y ajoute l’argument massue : c’est la vie privée, cela n’intéresse personne. Même s’il y résonne comme la crainte d’un effet négatif, cet argument m’a un temps parlé. Lire Eribon m’a permis de le voir autrement : cela n’intéresse personne, du point de vue hétérosexuel, puisque la distribution des rapports sociaux ayant trait à la sexualité vise toujours, et encore jusqu’à aujourd’hui, à faire comme si l’homosexualité n’existait pas.
J’imagine toutefois des jeunes personnes LGBT+ qui lisent ce texte, peut-être habitant à Brest (où j’ai fait mes études secondaires), à Bohars, Guilers ou Gouesnou. Lire que le député de leur circonscription est gay a sans doute un sens pour eux. Lire que les gays se défendent face aux agressions de l’extrême-droite leur sera un motif d’espoir et de lutte. Et ce message vaut des plus jeunes aux plus vieux. Nous vivons toutes et tous ensemble. Les mêmes qui vouent une haine aux noirs, aux asiatiques, aux femmes, aux handicapés et aux arabes détestent les personnes LGBT. Ils se trouvent, comme Narcisse, piégés dans leur seul reflet avec lequel ils mourront, tristes et fanés. Ils pensent qu’il y a des vies dispensables, ce qui est le fondement même du sexisme, du racisme et de l’homophobie.
Au contraire, nous nous trouvons, comme l’a très bien écrit Édouard, du côté de la joie, du partage et de la camaraderie. Ainsi va la vie commune, la vie de toutes les vies, de tous les êtres, la vie qui n’est pas nourrie de l’obsession du tri, et s’empare avec douceur du doux mot d’égalité, peu dissociable, comme le montre entre autres questions la condition homosexuelle, de la liberté. Quant à l’entraide et la solidarité, faisons l’effort qu’elle dépasse toutes les conditions particulières, non en exigeant que celles-ci soient tues, mais en les embrassant toutes pleinement. Comme s’en fait l’écho le beau vers de René Char : « Développez votre étrangeté légitime ». »

Gauche(s) Reportage

À Brest, des militants LFI tabassés et une extrême droite en roue libre

Quatre militants insoumis ont été violemment agressés par deux hommes cagoulés, identifiés comme appartenant à la mouvance d’extrême droite. L’une des victimes est le compagnon du député LFI Pierre-Yves Cadalen. La gauche locale dénonce un sentiment d’impunité face à ces groupuscules en recrudescence. Un article signé Mathieu Dejean dans Médiapart du

 

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Édouard Edy, militant de La France insoumise (LFI), à Brest le 3 septembre 2025. © Photo Lucie Weeger / Mediapart

Le jeune homme de 27 ans, diplômé des Beaux-Arts, se remet doucement mais veut témoigner. « C’est pour créer un climat de terreur et de peur qu’ils font ça, mais ils n’entament pas ma détermination. Il ne faut rien lâcher », dit-il à Mediapart. « Vous ne m’enlèverez jamais ma joie de vivre », a-t-il posté sur Instagram peu après cette agression violente, avec une photo de son visage tuméfié mais souriant.
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Ce qu’en dit la presse locale …

 Le conjoint du député Pierre-Yves Cadalen victime d’une agression « politique et homophobe »

Pierre-Yves Cadalen, député de la deuxième circonscription du Finistère (Brest-centre).
Pierre-Yves Cadalen, député de la deuxième circonscription du Finistère (Brest-centre). | GUILLAUME SALIGOT / OUEST FRANCE

Dans une « lettre ouverte » courageuse, publiée ce vendredi 5 septembre 2025 sur les réseaux sociaux et dans laquelle il révèle publiquement son homosexualité, Pierre-Yves Cadalen indique qu’une des personnes victimes d’une agression ce week-end est son conjoint.
Samedi dernier, lors d’une collecte de fournitures scolaires, à Brest, deux individus cagoulés, en noir, avaient agressé quatre militants de La France Insoumise (LFI). Une agression attribuée à l’extrême droite, par le député insoumis.
« La permanence du parquet a été avisée de l’agression, en fin de journée, samedi, par le commissariat de Brest, qui a été saisi pour enquête du chef de violences aggravées », ajoutait le parquet de Brest le lendemain.

 Caractère politique et homophobe »

Dans sa lettre ouverte, Pierre-Yves Cadalen détaille : « L’un des quatre militants agressés est mon compagnon. Les quatre misérables petits fascistes qui s’en sont pris à eux se sont particulièrement acharnés sur sa personne. »
« Je ne néglige pas le caractère politique et homophobe de l’agression. Des personnes assez stupides et haineuses pour s’en prendre à une collecte de solidarité le sont certainement pour attaquer quelqu’un en fonction de son orientation sexuelle », écrit encore Pierre-Yves Cadalen.


« L’un des quatre militants agressés samedi dernier à Brest est mon compagnon » : le député Pierre-Yves Cadalen dénonce une agression « politique et homophobe »

Dans un long texte sur Facebook, le député de la circonscription de Brest a révélé que l’un des militants agressés, samedi, à Brest, était son compagnon, rendant ainsi publique son homosexualité.

Pierre-Yves Cadalen, député de la circonscription de Brest a rendu publique son homosexualité alors que son compagnon a été agressé samedi dernier.
Pierre-Yves Cadalen, député de la circonscription de Brest a rendu publique son homosexualité alors que son compagnon a été agressé samedi dernier. (Photo d’illustration Le Télégramme/Vincent Le Guern)

Sur les réseaux sociaux, le député de la circonscription de Brest Pierre-Yves Cadalen a décidé de révéler, ce vendredi 5 septembre 2025, que « l’un des quatre militants agressés samedi dernier à Brest, est [son] compagnon ». « Je l’écris aujourd’hui pour que ces minables sachent qu’il n’y a là aucun secret, que leur violence ne s’abat pas sur un mur de silence, qui bien trop souvent entoure et a massivement enserré les vies homosexuelles. Nos vies ne sont plus ainsi déterminées. Nous ne nous sommes jamais cachés de notre vie commune, mais je n’avais pour autant pas conçu le besoin de l’écrire jusqu’ici : nous sommes dans une société au sein de laquelle l’homophobie a massivement reculé », poursuit-il.

Un compagnon déjà menacé

« Si nous ne réclamons d’évidence aucun statut particulier, et c’est tant mieux, pour le conjoint d’un élu, il est évident que l’agression du concubin ou de la femme d’un maire, d’un adjoint ou d’une vice-présidente de la métropole aurait connu un écho plus puissant. Cet élément a été versé à la plainte. Il est rendu public par ce texte. […] Je ne néglige pas le caractère politique et homophobe de l’agression. Des personnes assez stupides et haineuses pour s’en prendre à une collecte de solidarité le sont certainement pour attaquer quelqu’un en fonction de son orientation sexuelle », indique-t-il. Son compagnon avait déjà été menacé de mort en son nom sur le local du Parti communiste français et sur les murs de la faculté des lettres et sciences humaines de Brest. « Il a déjà été agressé dans la rue par de tels individus. Notre porte d’immeuble a été taguée, ainsi que mon local parlementaire, par des croix gammées, œuvres d’ignobles nazillons ».

« Renvoyé à la condition homosexuelle »

« En politique, la crainte d’être renvoyé à la condition homosexuelle ne tient pas seulement aux violences homophobes qu‘elle suscite, mais aussi à celle d’être enfermé dans une cause restreinte. S’y ajoute l’argument massue : c’est la vie privée, cela n’intéresse personne. Même s’il y résonne comme la crainte d’un effet négatif, cet argument m’a un temps parlé. […] J’imagine toutefois des jeunes personnes LGBT + qui lisent ce texte, peut-être habitant à Brest, à Bohars, Guilers ou Gouesnou. Lire que le député de leur circonscription est gay a sans doute un sens pour eux. Lire que les gays se défendent face aux agressions de l’extrême droite leur sera un motif d’espoir et de lutte », ajoute-t-il.