Pour la première fois de son histoire,l’Ile Molène a pu fêter les 100 ans d’une de ses habitantes : il s’agit de Marie Monot !Depuis le début des aventures du Fourneau « sur le caillou » en 1999, nous n’avons cessé de croiser cette « incroyable petit bout de femme » dans le bar restaurant de L’ Archipel qu’elle tenait de main de fer avec son fils Marcel. Le Télégramme vient de consacrer un article conséquent à cette figure molènaise …
« Il y a eu plein de changements en un siècle » : à Molène, Marie Monot est la première femme centenaire de l’île …
Lundi 7 juillet, Marie Monot est devenue la première femme à fêter ses 100 ans à Molène (29). Le lendemain, pas moins de 140 personnes sont venues célébrer celle qui n’a (presque) jamais quitté l’île où elle est née.
Molène, qu’on surnomme l’île tranquille, a connu un jour pas comme les autres, mardi 8 juillet 2025. En effet, Marie Monot, devenue la première femme centenaire de l’île, la veille, a été fêtée comme il se doit par 140 personnes. Petit bout de femme discrète, elle a vu passer bon nombre de Molénais, de personnalités et d’anonymes, derrière son comptoir, au restaurant-bar L’Archipel.
Fille d’un pêcheur mareyeur, elle a perdu sa mère avant d’avoir un an. Élevée par son père, qui s’est remarié, elle est née et a toujours vécu sur son caillou, hormis un passage par le pensionnat, de ses 9 à ses 13 ans, au Conquet. Avant, elle était chez les sœurs et, quand on lui demande si elle travaillait bien, la réponse est nette : « On était bien obligé de le faire ! ».
« Les études, c’était pour les garçons »
Après son certificat d’études, obtenu avec un an d’avance, elle aurait bien poursuivi dans cette voie : « À cette époque, on était obligé de travailler tôt et les études, c’était pour les garçons, pas pour les filles ! ». Il y avait deux écoles, celle des filles, dont la maternelle, qui abritait 120 élèves, et celle des garçons, qui comptait une quarantaine d’écoliers dans deux classes de primaire.
Des souvenirs, Marie en a mais beaucoup sont trop lointains. « Il y a eu plein de changements en un siècle mais, surtout, une diminution du nombre d’habitants, d’élèves à l’école et de pêcheurs », se remémore-t-elle. Quand Marie avait une quinzaine d’années, 650 âmes vivaient sur l’île, dont plus de 150 pêcheurs de langoustes, homards et poissons, contre cinq aujourd’hui. Chaque famille se suffisait à elle-même entre les invendus de pêche, la culture de pommes de terre, d’orge, de blé et de légumes et les animaux. Après guerre, dans les années 1950, Marie et les îliens ont vu la pêche chuter et les pêcheurs se mettre au commerce.
Trente-deux maires en un siècle
Puis les années ont passé et la vie a suivi son cours. Marie a connu pas moins de 32 maires en un siècle. Mariée en 1944, elle a eu, avec son mari Bien Aimé, quatre enfants qui ont engendré neuf petits-enfants, 18 arrière-petits-enfants et deux arrière-arrière-petits-enfants, dont la dernière Maxine, 10 mois.
L’histoire de L’Archipel, elle, a commencé en 1985. Marie, qui a toujours été commerçante, d’abord avec son père, a travaillé au bar-restaurant seule ou avec son fils Marcel. « Elle parle peu d’elle-même et des autres, même si elle a entendu beaucoup d’histoires de familles, précise son fils. Elle a toujours su rester discrète avec tout le monde, comme lors de sa rencontre avec Jean-Pierre Foucault ou avec des acteurs du film « Les Seigneurs ». Derrière son comptoir jusqu’à il y a peu, elle aime encore s’y asseoir pour voir du monde. »
« Marie est Molène ! »
Quant à Jean Corolleur, 92 ans, il voit toujours Marie avec son père, Topaze, quand elle avait 15 ans, puis avec son mari, qui faisait le transport de marchandise, par bateau, pour les dix commerces de l’île. « Cent, ça fait un bail ! Marie, qui est aujourd’hui la première femme et la seule centenaire, est l’âme des îliens. Elle n’a pas demandé à avoir cet âge mais elle a la santé, tient le coup et, surtout, elle est chez elle. Comme Molène commence par un M, Marie est Molène ! »
Les petits bistrots comme L’Archipel font partie du charme et de l’esprit des îles. Denis Palluel, maire d’Ouessant, qui a travaillé comme enseignant à Molène, est également un fervent admirateur de Marie. Il retient sa joie et sa bonne humeur communicative qu’elle a su transmettre à tous. « Quand vous êtes en hiver et que l’île est très calme, faire un petit tour à L’Archipel fait partie de la vie molénaise. On a toujours l’image de Marie avec son cahier, où elle notait les commandes et les prix des consommations. Son sourire nous a accueillis et ce, jusqu’à plus de 92 ans. Cent ans, ça lui va bien ! », indique-t-il.
De l’émotion en soufflant les bougies
Quant à l’ancien facteur Robert Berthelé, il explique avec humour : « À L’Archipel, quand on lui souhaitait un bon anniversaire, il valait mieux y aller le jour même, sinon elle ne nous payait pas un coup ! ».
Lire par ailleurs sur PrendreParti cet article qui revient aux origines de la rencontre entre la population molènaise, le théâtre de rue et Le Fourneau …
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