
« Je suis obsédé par cette idée : comment faire ?
J’ai un début de réponse. Assez bien résumé dans la phrase de ce grand philosophe du XXème siècle – Coluche – : « Quand on pense qu’il suffirait que vous arrêtiez d’acheter pour que ça se vende pas ». En d’autres termes : le boycott. Ou encore : taper le portefeuille. Parce que fondamentalement d’où leur vient toute leur puissance, à ces milliardaires cinglés ?
De leur argent évidemment. Et d’où vient tout cet argent ? (on reprend les bases) En bonne partie de nous. De nos achats, de nos abonnements (et parfois même de nos impôts mais c’est une autre histoire). Mais aussi de la valorisation boursière de leurs entreprises. Et comment cette valorisation est établie ? En fonction de la confiance que le marché accorde à leur activité. Confiance liée au contexte international, mais aussi aux ventes, à la réputation …
Pouvons-nous avoir de l’impact sur tout ça ?
Absolument. Cas pratique : la dégringolade de l’action Tesla. Elle est passé de 488 dollars en décembre, à 272 dollars ce matin, ce qui représente une perte théorique pour Musk de près de 100 milliards de dollars. Un beau trou d’air qui est notamment le résultat de la dégringolade des ventes en 2025 (-63% en France, -60% en Allemagne, -44% en Suède, -38% en Norvège au mois de janvier) et de l’image charmante que Musk envoie à travers le monde avec ses saluts Nazi. Avoir une Tesla dans certains endroits c’est devenu la honte. De leur côté danois et suédois ont lancé un mouvement pour boycotter les produits américains suite aux menaces d’annexion du Groenland. Des groupes Facebook rassemblent déjà plus de 100 000 personnes dans les deux pays.
C’est une règle simple mais une règle d’or de la lutte enchantée : n’achetez pas à des gens qui mettent la planète à feu et à sang, ne leur donnez pas votre argent. Shein emploie des enfants, Uniqlo des ouigours, Amazon exploite ses salariés, fait exploser le consumérisme, a une empreinte carbone délirante, Coca est le premier pollueur de la planète, bref, vous avez compris l’idée. Evidemment pour que cette stratégie fonctionne, il faut sortir de l’action individuelle isolée, et qu’elle soit organisée pour que des milliers, voire des millions de personnes participent. C’est ce qui a permis la victoire du boycott lancé par Gandhi en 1920 quand il a appelé tous les indiens à cesser d’acheter les textiles manufacturés anglais ou celui lancé par Martin Luther King pour ne plus utiliser les bus ségrégationnistes.
Mais alors, où faudrait-il mieux dépenser notre argent ?
C’est la deuxième action, qui consiste à faire migrer l’argent depuis de Wall Street jusqu’à Main Street. L’économiste Michael Shuman, l’un des architectes du job act dans l’administration Obama, a mené de nombreuses recherches pour comprendre comment un transfert massif de l’argent « boursier » vers l’économie réelle, locale, celle de tous les jours, aurait un immense impact.
Par exemple quand vous dépensez un euro dans une entreprise locale et indépendante, cet euro va créer 2 à 4 fois plus d’emplois, faire circuler 2 à 4 fois plus de richesses sur le territoire, permettre de collecter 2 à 4 fois plus de taxes locales. Alors qu’un euro dépensé dans une multinationale va rester à seulement 20% sur le territoire, quand le reste partira en capitalisation pour les actionnaires.
Autre impact : des études ont montré qu’une usine appartenant à une compagnie lointaine tolèrera dix fois plus de rejets toxiques dans l’environnement qu’une usine détenue localement.
En résumé, le meilleur moyen de créer un maximum de richesses dont bénéficient le maximum de personnes avec le moins d’impact sur les écosystèmes, c’est une plus grande densité et diversité d’entreprises locales et indépendantes. Voilà où peut commencer la révolution. Comme le disait l’entrepreneuse américaine Judy Wicks dans notre film Demain : « Nous ne pouvons pas avoir de véritable démocratie si nos gouvernements sont contrôlés par des grandes entreprises. Le premier pas est d’amoindrir le pouvoir de ces firmes en cessant de leur donner notre argent et en achetant aux entreprises de nos communautés. De cette façon, nous reprendrons du pouvoir sur l’économie. » Et ça, on peut commencer dès aujourd’hui. »
#BoycottAmerica, le boycott des produits américains s’organise sur les réseaux …
Que ce soit en Amérique latine, en Europe ou au Canada, les pays appellent à consommer local. “BoycottUSA”, un hashtag qui fleurit un peu partout en ce moment sur les réseaux sociaux et qui a une vocation assez simple : inciter les gens à ne plus consommer de produits américains … Une chronique de 3’56 » signée Manon Mariani, journaliste à France Inter …
À Nice, l’artiste TooLate boycotte les produits américains avec une campagne sauvage
Dans les rues de Nice, une nouvelle campagne d’affichage interpelle les passants. Entre stickers, affiches et détournements de logos, un message clair se dégage : un appel à boycotter les produits américains, en réponse aux décisions politiques récentes de l’administration Trump. À l’origine de cette initiative, un artiste engagé, déjà connu pour ses performances dans l’espace public au point qu’il en fait son terrain de jeu favori. À travers ce récent projet, il a donc revisité les symboles de grandes marques américaines pour devenir des supports de dénonciation.
Un boycott citoyen mis en images
Dans cette série d’affiches collées un peu partout dans la ville, on reconnaît les logos de multinationales américaines emblématiques, détournés de façon percutante. L’objectif ? Provoquer une prise de conscience sur l’influence des États-Unis dans les décisions politiques et économiques internationales, mais surtout inciter les citoyens européens à utiliser leur pouvoir de consommateurs comme levier d’action.

Cette campagne s’inscrit dans un contexte tendu. L’administration Trump a récemment annoncé l’imposition de taxes sur les produits européens et la fin de son soutien à l’Ukraine, des décisions perçues comme un désengagement des États-Unis vis-à-vis de leurs alliés traditionnels.
Une démarche artistique engagée
Ce n’est pas la première fois que l’artiste TooLate s’exprime dans l’espace public niçois. On se souvient en effet, de ses pièges géants installés à Nice pour dénoncer le tourisme de masse ou plus récemment, des noms d’arbres qu’il avait détourné en marques pour inciter les enfants (et pas que) à mieux connaître la nature.
Avec cette nouvelle série de détournements, il poursuit son engagement artistique et militant, visant à éveiller les consciences à travers des actions coup de poing. Loin des galeries et des musées, c’est dans la rue qu’il choisit d’exprimer son regard sur le monde. Pour en savoir plus sur ces créations coups de point, nous vous invitons à vous rendre sur son compte Instagram.
Si certains saluent l’audace et la créativité de cette campagne, d’autres s’interrogent sur l’impact réel d’un boycott face à des multinationales tentaculaires. Mais qu’on adhère ou non au message, difficile de rester indifférent face à ces affiches disséminées un peu partout dans Nice, transformant l’espace public en forum citoyen. Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni du côté des marques visées, ni des autorités locales.


