Dimanche 7 juillet 2024, 20h : Pierre-Yves Cadalen élu député de Brest Centre !

Dans l’hémicycle. XVIIe législature

L’élection de Pierre-Yves Cadalen, comme député de la 2ème circonscription de Brest a confirmé le bon score national du Nouveau Front Populaire. Partout des sourires radieux et des témoignages de soulagement et d’espoir  comme en témoigne le reportage effectué à La Maison du Peuple. Quant à la société civile, elle aura déployé toute son énergie durant cette campagne . Retour sur une victoire collective qui ne fait que commencer …
Dimanche 7 juillet 2024, Brest comme le reste de la France est suspendue à l’annonce de 20h des écrans des chaînes de télévision …

Suit la longue attente du dépouillement brestois, les yeux se rivent sur l’écran de l’ordinateur de Christophe  …
Les résultats serrés tombent un par un  … jusqu’à  20H52 et la confirmation à l’Hôtel de ville de la victoire de Pierre-Yves avec 2252 voix d’avance !
Reste à accueillir le nouveau Député comme il se doit …

Depuis la cour de la Maison du Peuple …

… jusqu’à l’intérieur de la grande salle afin de prononcer ses premiers mots en tant que nouveau député de Brest Centre ». Avec amitié et l’énergie des combats communs à venir …

Ce qu’en dit le Télégramme  :
Pierre-Yves Cadalen, député le plus à gauche de Brest depuis 75 ans

Depuis la fin du dernier mandat du communiste Gabriel Paul, il n’y avait pas eu de député brestois aussi à gauche que Pierre-Yves Cadalen (La France insoumise), élu dimanche.
Un article signé David Cormier dans Le Télégramme du

Le communiste brestois Gabriel Paul a été élu député de 1945 à 1958, dans la circonscription du Finistère.
Le communiste brestois Gabriel Paul a été élu député de 1945 à 1958, dans la circonscription du Finistère. (Photo d’archives Le Télégramme)

Pierre-Yves Cadalen représentait le Nouveau Front populaire, sur la circonscription Brest Centre, lors de ces élections législatives 2024. Il a été élu député, ce dimanche 7 juillet 2024. Il vient de la France insoumise, ce qui en fait l’élu de premier plan (député ou maire) de Brest le plus à gauche depuis trois-quarts de siècle. Personnalités de droite, du centre et socialistes se sont succédé sur ces fauteuils depuis lors.

Il faut remonter à décembre 1958 pour trouver un député communiste à Brest. Et encore : Gabriel Paul était député du Finistère, circonscription départementale donc et pas seulement de Brest. Il avait été élu, comme les huit ou neuf autres (selon les mandats), au scrutin proportionnel plurinominal. Très différent donc de Pierre-Yves Cadalen élu au suffrage universel direct dans un scrutin majoritaire, de façon plus locale sur une grande partie de Brest, ainsi que Gouesnou, Bohars et Guilers.

Gabriel Paul, député du Finistère

Gabriel Paul, dit Gaby, né en 1918 et décédé en 2015 à 97 ans, travaillait à l’arsenal de Brest. Ce fils de cheminot était cégétiste, communiste, résistant. Il est devenu député en 1945 sous la Constituante, jusqu’aux premiers jours de la Ve République et juste avant l’élection de Charles de Gaulle comme président.


Nouveau député de Brest Centre, Pierre-Yves Cadalen veut « associer les habitants et soutiens au mandat »

Après une nuit relativement courte et avant de partir à Paris, Pierre-Yves Cadalen dévoile ses premières ambitions en tant que nouveau député de Brest Centre. Par Pierre Chapin dans Le Télégramme du

Pierre-Yves Cadalen, nouveau député de Brest Centre refuse pour l’heure de se prononcer sur le nom d’un potentiel Premier ministre.
Pierre-Yves Cadalen, nouveau député de Brest Centre refuse pour l’heure de se prononcer sur le nom d’un potentiel Premier ministre. (Photo Lionel Le Saux/Le Télégramme)

Est-il vrai qu’initialement, cet été, vous deviez partir non pas vers l’Assemblée nationale, mais vers l’Amérique du Sud ?

« Oui. Je devais partir en Amérique latine pour plusieurs mois, le lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais c’était une nécessité politique collective de rester : il fallait être à la hauteur du moment dans lequel le pays se trouvait et il va falloir continuer à l’être ».

Quel est votre programme pour ces prochains jours ?

« Mardi matin (9 juillet 2024, ndlr), on a un moment avec les députés élus à 10 h, devant Le Palais Bourbon, puis une réunion de groupe Insoumis à 16 h. Je vais rester mercredi à Paris pour échanger sur la situation politique et les négociations en cours, avant un retour à Brest probablement jeudi ».Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

Avez-vous échangé avec François Cuillandre depuis dimanche ? Quels dossiers entendez-vous défendre prioritairement aux côtés du maire de Brest ?

« J’ai des sujets en tête, mais j’en discuterai d’abord avec lui. Ça va se faire dans les jours à venir : nous avons déjà échangé par SMS ces dernières heures ».

Le Nouveau Front populaire (NFP) revendique de former un gouvernement. À vos yeux, qui, quel profil, ferait un bon Premier ministre ?

« Le Premier ministre, je ne crois pas que ce soit la question centrale. La démocratie parlementaire va être très importante : on va voter texte par texte, comme dans n’importe quelle démocratie parlementaire raisonnable et avancée. Après, il y a plusieurs personnes qui pourraient être Premier ministre, notamment au sein de la France insoumise, puisque c’est le groupe arrivé en tête de cette coalition ».

Mathilde Panot a affirmé que Jean-Luc Mélenchon n’était pas disqualifié pour Matignon, en réponse à Olivier Faure notamment. Quelle est votre position sur la question ?

« Il est important que l’on garde l’unité sur l’application de notre programme. Et ça implique de ne pas être dans l’exclusion a priori de tel ou tel sur la place publique ».

Vos prédécesseurs brestois siégeaient au sein de la commission Défense. Le ferez-vous ou opterez-vous pour les affaires étrangères ?

« C’est une question que l’on va discuter collectivement cette semaine. La politique internationale et la politique de Défense sont très articulées l’une à l’autre. Il est tout à fait possible que je siège à la commission des affaires étrangères, mais rien n’est décidé ».

Faire campagne contre la gauche quand l’extrême droite est aux portes du pouvoir, je pense que c’est quelque chose que l’on ne pardonne pas ici.

L’agriculture a été absente des débats de la campagne électorale. Quels projets de loi souhaiteriez-vous défendre sur ce sujet ?

« Une mesure qui me tient à cœur, que l’on avait fait inscrire au programme présidentiel de 2022, c’est l’annulation de la dette paysanne en contrepartie de la conversion sociale et écologique des exploitations agricoles. Ça permettrait de sortir des agriculteurs surendettés de situations impossibles, et en même temps d’améliorer leurs conditions de travail et le rapport à l’environnement. Et il me semble aussi intéressant de penser une nouvelle politique alimentaire qui soit fondée sur l’autonomie alimentaire des territoires. Aujourd’hui, il y a un grand défi d’installation de nouveaux paysans : on pourrait réfléchir à comment on les installe autour des villes pour faire du maraîchage, fournir les cantines, etc. C’est un sujet que l’on pourrait, peut-être, penser avec les acteurs locaux et territoriaux ».

Vous aviez évoqué la possibilité de porter plainte pour diffamation, suite à un tract « calomnieux » diffusé en fin de campagne. La victoire a-t-elle gommé ces velléités ?

« Je n’ai pas pris de décision définitive. Mais cette campagne négative a été très mal reçue : faire campagne contre la gauche quand l’extrême droite est aux portes du pouvoir, je pense que c’est quelque chose que l’on ne pardonne pas ici ».

Cette élection vous incite-t-elle à renoncer à vos ambitions sur la mairie de Brest en 2026 ?

« Les municipales, ce n’est pas le sujet. Localement, ce qu’il faut continuer à faire, c’est associer au mandat les habitants et l’ensemble des forces qui ont soutenu ou font partie du NFP. C’est mon intention ».


Sortir de la crise politique en donnant du pouvoir aux citoyens

Des militants de gauche célébrant la victoire du Nouveau Front populaire aux législatives, à Paris, le 7 juillet 2024. – © Anna Margueritat / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Une Assemblée fragmentée, un pays divisé, des partis sans majorité… Face à l’impasse actuelle, les politiques pourraient miser sur la démocratie participative en redonnant du pouvoir aux citoyens. Un article signé Gaspard d’Allens dans Reporterre du 11 juillet 2024

Et si la solution à la crise politique venait du peuple, de sa mobilisation et de son implication dans les processus de décision ? Alors que le fonctionnement de l’Assemblée nationale paraît bloqué faute de majorité, de nombreux acteurs de la société civile invitent les politiques à imaginer d’autres manières de délibérer ensemble et à inventer de nouveaux modèles démocratiques, dans la lignée des Conventions citoyennes, des budgets participatifs et des référendums d’initiative populaire.

Une certaine vision de la politique semble, en effet, avoir vécu. Fragmentée en trois blocs — le Nouveau Front populaire (NFP), Ensemble et le Rassemblement national (RN) —, l’Assemblée nationale est désormais ingouvernable. Sous le couperet des motions de censure, l’approche purement clanique et partisane paraît, elle aussi, vouée à l’échec vu l’équilibre des forces.

« Une opportunité de réinterroger nos institutions »

Sur le perron de Matignon, dimanche 7 juillet, le Premier ministre en sursis, Gabriel Attal, le reconnaissait lui-même. « Nous devrons assumer de tout remettre en question dès demain et bâtir une offre politique nouvelle. Le centre de gravité du pouvoir sera désormais, plus que jamais, entre les mains du Parlement », a déclaré le macroniste, enjoignant à la représentation nationale d’« inventer quelque chose de neuf, de grand, d’utile ».

Ces belles formules ont vite disparu sous le poids de la realpolitik et de la course au pouvoir. À chaque bout du spectre de l’échiquier politique, les états-majors bataillent pour tirer la situation à leur avantage. Le camp présidentiel refuse de reconnaître que le Nouveau Front populaire est en tête. Le Parti socialiste (PS) tente d’obtenir le plus grand groupe à gauche pour marginaliser La France insoumise (LFI), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin cherche à séduire Les Républicains (LR) pour une coalition centrale. Tous tentent d’arracher cette majorité introuvable. Une autre voie serait pourtant possible. Faute d’accord entre élus, la clé pourrait être extraparlementaire et se situer en dehors des logiques politiciennes.

« La crise actuelle est une opportunité de réinterroger nos institutions et leur fonctionnement, veut ainsi croire Cyril Dion. Notre modèle de démocratie représentative est à bout de souffle » dit-il à Reporterre En 2019, le documentariste avait été à l’initiative de la Convention citoyenne pour le climat. Le groupe de 150 citoyens et citoyennes tirés au sort avait alors émis après de longues délibérations des mesures fortes pour l’écologie, que l’exécutif s’était empressé de ne pas appliquer.

Aujourd’hui, face à l’impasse, Cyril Dion plaide pour « aller plus loin que des assemblées consultatives ». « Si le Parlement est bloqué, si on a des difficultés à trouver des majorités pour voter des lois, utiliser des procédés comme des référendums d’initiative citoyenne délibératifs, déclencher des votations comme en Suisse sur un sujet précis, créer une assemblée citoyenne tirée au sort qui dégrossirait le débat en toute transparence, cela serait autant de manières de progresser ».

Expérimenter, plutôt que dégainer des 49.3

« On a un an devant nous. On ne peut pas redissoudre d’ici là l’Assemblée. Alors soit on passe en force, on gouverne à coups de 49.3 et on va vers un appauvrissement démocratique généralisé, soit on expérimente autre chose, en impliquant la population », affirme le réalisateur.

À gauche et au sein de la société civile, ils sont plusieurs à considérer cette période comme charnière. « Au sortir des élections législatives, la France est dans une contradiction mortelle, souligne dans un blog de Mediapart le militant écologiste et pasteur Stéphane Lavignotte. […] D’un côté, nous devons prendre des mesures fortes pour soigner un pays meurtri sinon il risque de se jeter dans les bras du fascisme, de l’autre, l’Assemblée est incapable de les prendre. »

« L’Assemblée doit accepter d’être débordée par les citoyens »

« Sortir du vieux logiciel » est nécessaire, explique-t-il à Reporterre. Le militant appelle à inventer des « supercommissions parlementaires » en mode participatif et consensuel. « Dans les associations, dans l’éducation populaire, dans la communication non violente, il y a une foultitude de méthodes pour laisser de côté les affrontements et les affirmations des égos afin de construire des consensus. » Le Parlement devrait s’en inspirer.

« L’Assemblée doit accepter d’être débordée par les citoyens. Elle doit davantage inviter la société civile à construire avec les députés la loi, redonner du pouvoir à la Commission nationale du débat public et greffer tous ces outils au travail législatif. »

« Une République délibérative »

Le militant rappelle que « seule Marine Le Pen profiterait du statu quo et du blocage à l’Assemblée nationale. Dans leur instinct de survie, il faut que les partis sortent de leur déni et changent de culture politique ».

Il y a en effet urgence. Selon l’enquête « fractures françaises » d’Ipsos, la défiance à leur égard est grandissante. Pour 58 % des personnes interrogées, la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus. 75 % pensent que les responsables politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. Pour 69 %, « le système démocratique fonctionne mal ». 71 % des sondés n’ont pas confiance dans l’Assemblée nationale et 83 % se défient des partis politiques.

« La “démocratisation de la démocratie française”, selon l’expression de l’économiste Maxime Combes, est le seul moyen d’éviter la catastrophe. Si la démocratisation ne s’improvise pas et prend du temps, il faut dès maintenant enclencher la dynamique. »

Des milliers de personnes célèbrent la victoire de l’alliance de gauche aux élections législatives, place de la République, à Paris, le 7 juillet 2024. © NnoMan Cadoret / Reporterre

Très concrètement, plusieurs chantiers pourraient être menés rapidement. Changer de mode de scrutin et promouvoir la proportionnelle pour les législatives est un dossier sur lesquels les forces politiques en présence actuellement à l’Assemblée nationale pourraient être raccord. Contrairement au mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, la proportionnelle permettrait de mieux refléter l’état de la société et serait plus représentative. Préparer dès maintenant la future loi de finances de cet automne en y intégrant les citoyens avec des budgets participatifs pourrait aussi être une manière de dépasser des clivages partisans. Pour impulser cette culture du consensus et de l’écoute au sein de l’Assemblée, Stéphane Lavignotte plaide également pour l’examen en priorité de textes transpartisans, comme celui sur la fin de la vie ou sur les polluants éternels (PFAS), qui avaient trouvé une majorité en dehors des seules lignes des partis.

En parallèle, il pourrait être intéressant de profiter de la période pour rouvrir le dossier des cahiers de doléances des Gilets jaunes. Cinq ans après le lancement du grand débat national, les doléances n’ont toujours pas été rendues publiques. Près de 20 000 cahiers sont ainsi gardés au chaud dans les archives départementales. Un « trésor national » dont devraient s’inspirer les responsables politiques, estime la députée écologiste Marie Pochon, qui a déposé une proposition de loi transpartisane pour les rendre publics. « Ces idées émises par des citoyens pourraient irriguer la vie politique française, dit-elle. Ce peut être des outils utiles pour nous guider à l’heure actuelle. »

Certains proposent une remise en cause plus générale. « À une crise institutionnelle, il faut une réponse institutionnelle », clame ainsi le chroniqueur et politologue Clément Viktorovitch. Dans une récente vidéo, il relaye une pétition mise en ligne pour changer de Constitution et imposer une constituante. Il s’agit d’aller vers un régime plus parlementaire, un Sénat citoyen tiré au sort avec des conventions citoyennes, de monter des maisons du peuple et des agoras citoyens. « Une République délibérative » qui permettrait à la France d’être à la hauteur de son histoire, défend-il. Un programme plus enchanteur qu’une coalition zombie…


Des exemples à l’étranger

  • Aux États-Unis, c’est à la suite d’un « sondage délibératif » auprès de citoyens tirés au sort que le Texas a décidé en 1998 d’accroître la part des énergies renouvelables au détriment du pétrole.
  • En Irlande, en 2015 et 2018, des assemblées citoyennes tirées au sort, suivies de référendums, ont permis d’inscrire le mariage pour tous et le droit à l’avortement dans la constitution d’un pays catholique, alors que l’enjeu divisait la société.
  • En Équateur, des budgets participatifs ont permis à la population de flécher les dépenses publiques vers des infrastructures (routes, canalisations d’eau) pour les plus pauvres, mais aussi de nombreux projets d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.

A suivre …