L’histoire de ce pêcheur artisanal de Plougastel pris dans les filets de sa banque …

L’équipe de Canal Ti Zef est partie à la rencontre de Claude Herry, ce pêcheur de Plougastel  qui pratique la pêche artisanale à l’hameçon dans la rade de Brest depuis 23 ans. Le 6 mai 2024, la cour d’appel de Rennes dira s’il y a lieu de saisir sa maison pour pouvoir rembourser la dette qu’il a contractée auprès du Crédit Maritime. En attendant, à l’initiative de ses voisins et de l’association Pleine Mer, la solidarité s’organise …

L’histoire de ce pêcheur finistérien en passe de se faire exproprier après un problème de malfaçons sur son bateau. Une vidéo de 10’27 » réalisée par Kristen Falch’on pour Canal Ti Zef …

« Malfaçons sur la construction de son bateau auxquelles viennent s »ajouter les difficultés des pêcheurs artisanaux. ( prix du gasoil, épuisement des ressources, concurrence des gros navires… ) Claude explique la spirale qui l’a mené dans sa situation actuelle : une menace d’hypothèque de la maison par sa banque. La situation de Claude Herry n’est pas un cas isolé. C’est pour cela que Charles Braine a crée il y a six ans l’association Pleine Mer qui milite pour une pêche  » plus sociale, plus écologique, plus rémunératrice pour celles et ceux qui la pratiquent« . Joint par téléphone, Emmanuel Sieffer-Gaillardin, responsable de la communication pour la Banque Populaire Grand Ouest estime lui que la banque su « s’adapter au fil du temps à l’évolution de sa situation » et rappelle que l’intérêt d’une banque c’est de toujours trouver une solution qui permettent au client de rembourser son crédit ».
En attendant, ses voisins, aidés de l’association Pleine Mer, ont mis en place une cagnotte leetchi pour venir en aide à Claude Herry.


Ce patron pêcheur de Plougastel menacé d’être envoyé par le fond

Un article signé Steven Le Roy dans Le Télégramme du 0

Claude Herry ne pouvait pas se douter qu’en achetant un bateau vicié, plus de vingt ans de procédures anxiogènes s’ouvraient à lui. Il est aujourd’hui en «burn-out»
Claude Herry ne pouvait pas se douter qu’en achetant un bateau vicié, plus de vingt ans de procédures anxiogènes s’ouvraient à lui. Il est aujourd’hui en «burn-out» (Le Télégramme / Steven Le Roy)

Claude Herry, patron pêcheur de Plougastel, est au bout du rouleau. De mauvaise fortune en mauvaise fortune, il est en passe de se faire saisir sa maison et incrimine ses financeurs institutionnels. Ceux-ci assurent pourtant ne pas lui fermer la porte.
Le 6 mai 2024, la cour d’appel de Rennes dira s’il y a lieu de saisir la maison de Claude Herry pour pouvoir rembourser la dette qu’il a contractée auprès du Crédit Maritime. Une histoire à la fois ubuesque et tragiquement banale, dans un moment où le calvaire de Claude Herry peut se comparer sans forcer à celui de ces agriculteurs étranglés de dettes. Tout commence en 2004, quand « j’ai voulu acheter un bateau de série, neuf. Je sais qu’un bateau marche une cinquantaine d’années, je voulais voir venir ». Il emprunte 136 000 € et reçoit son « Mike Océane », un ligneur de 8,5 m, l’année suivante. Problème : le navire est truffé de malfaçons, incapable de voguer, ce qui est moche pour un bateau. La procédure va durer dix ans. Dix ans d’expertises et de contre-expertises pour aboutir à un arrêt de la même cour d’appel qui reconnaît les torts exclusifs des chantiers.

« J’ai l’impression d’avoir été victime d’un surendettement programmé »

Entre-temps, Claude Herry n’a pas pu utiliser son instrument de travail. Après un passage dans les champs de fraise et la location d’un bateau pour une saison afin de gagner sa vie, il prend le taureau par les cornes. En 2011, il contacte sa banque pour réaménager un prêt dans lequel figurent les réparations nécessaires pour que son bateau puisse faire le job. C’est le début de sa descente aux enfers. « J’en étais à un remboursement programmé de 2 700 € par mois, j’ai l’impression d’avoir été victime d’un surendettement programmé ».

Descente aux enfers

En 2015 toutefois, le patron pêcheur parvient à rembourser 200 000 € à la banque. « À la fin du procès, ils m’ont tout pris. Moi, j’aurais bien voulu en garder un peu à gauche », grince-t-il. Les traites baissent à 1 000 € par mois, il paye quelques mois « mais, fin 2019, je ne pouvais plus. Et la crise du covid est arrivée ».
Claude Herry, rejoint dans son combat par la CGT des Marins, affirme que la banque a gardé un silence de carpe jusqu’en 2022 où elle serait réapparue. Depuis, c’est la Bérézina. Le premier procès qui l’a opposé au Crédit Maritime pour le remboursement de la dette de 170 000 € environ a ordonné la saisie de sa maison. « C’est de leur faute mais pas que. Pour nous aussi, le prix du gazole a triplé. Et puis il faudra que l’on m’explique comment 30 kg de daurade s’achètent 27 € puis sont revendus quinze fois plus ».

La banque veut encore chercher des solutions

Emmanuel Siefer-Gaillardin, directeur de la communication Grand-Ouest de la BPO dont fait partie le Crédit Maritime, tempère : « Nous suivons M. Herry depuis de longues années. En 2011, nous avions à cœur de lui proposer des solutions pour maintenir son activité », dit-il. Pour autant, le banquier rappelle que « les engagements n’ont pas été tenus » et que de mises en demeure en mises en demeure « qui n’ont pas reçu de réponses », les solutions se sont éteintes. « Nous jouons notre garantie avec la saisie de cette maison » regrette-t-il en affirmant « que si nous pouvons trouver une autre solution, nous le ferons. Notre porte, plus que jamais, est ouverte ».


La mobilisation s’organise …

La soirée de soutien au pêcheur Claude Herry aura bien lieu le 19 avril à Logonna-Daoulas

Un article signé  Paul Bohec dans Le Télégramme du
Jean-Pierre Riou, du groupe Red Cardell, a répondu présent au soutien du marin-pêcheur de Plougastel menacé d’expropriation.
Jean-Pierre Riou, du groupe Red Cardell, a répondu présent au soutien du marin-pêcheur de Plougastel menacé d’expropriation. (Photo d’archives Le Télégramme)

Après l’annulation du concert de soutien à Plougastel-Daoulas, la soirée dédiée au marin-pêcheur Claude Herry et à sa famille est programmée le vendredi 19 avril, à la salle Kejadenn de Logonna-Daoulas.

Jusqu’à peu, les organisateurs ont encore cru que l’histoire allait se répéter. Et que, comme fin mars à Plougastel-Daoulas, leur soirée de soutien au marin-pêcheur Claude Herry allait tomber à l’eau. Elle se tiendra finalement bien vendredi 19 avril 2024, de 19 h à minuit, à la salle Kejadenn de Logonna-Daoulas. « Après trois semaines de discussion environ, nous avons obtenu le feu vert à 100 % lundi », confie soulagée Lily Billant, coprésidente de l’association organisatrice.

Entrée libre mais jauge limitée à 350 personnes

La soirée de soutien sera ainsi l’occasion de venir en aide au pêcheur finistérien, ainsi qu’à sa famille, en passe de se faire exproprier après un problème de malfaçons sur son bateau. « Nous souhaitons nous montrer solidaires de ces situations compliquées, permettre la tenue de cette soirée est un geste de solidarité et de soutien à la cause », souligne Fabrice Ferré, le maire de la commune.

Tout n’a pourtant pas été facile dans l’organisation de cette soirée, encore hypothétique jusqu’à ce début de semaine. Une dernière réunion de finalisation doit d’ailleurs se tenir ce mercredi soir. « Ça a mis un peu plus longtemps que prévu parce que j’avais besoin de temps pour appréhender cette demande et tous les éléments liés à l’organisation de cet événement », explique l’édile logonnais qui a sollicité les conseils de la sous-préfecture. La question du stationnement a notamment été au cœur de la réflexion. Trois parkings, d’une capacité d’environ 200 places au total, devront permettre d’accueillir les véhicules des participants à la soirée. L’entrée se fera à prix libre mais la capacité d’accueil de la salle est limitée à 350 personnes. « Il y aura également une buvette et des points de restauration », précisent les organisateurs qui invitent au maximum les intéressés à covoiturer pour venir jusqu’à Logonna-Daoulas.

Mobilisation générale en soutien à Claude Herry

Huit groupes se relayeront sur scène, et sur la place devant la salle, avec les musiques traditionnelles de Skolvan (Youen Le Bihan, Gilles Le Bigot), le rock de Jean-Pierre Riou des Red Cardell, le blues d’Olga Bistram et d’Yves Boudot, les rockeurs de Holwin’Grassman vs stomping bigfoot (Étienne Grass et Lionel Mauguen), les cuivres du Blaireau acoustique, le blues rock de Mojo time (Pat Péron, Akli) et les reprises diverses et variées du duo Snieck (Hélène Jacquelot et Étienne Grass). Prévu à Plougastel-Daoulas et initialement disponible à cette date, Gilles Servat ne sera finalement pas de la partie en raison de l’absence d’un de ses musiciens.

À noter que l’association Pleine Mer, avec Thibault Josse, prendra la parole autour des difficultés de la pêche traditionnelle en rade de Brest et en mer d’Iroise. Cette soirée sera enfin et surtout l’occasion de participer à la cagnotte solidaire qui permettra de soutenir financièrement la famille, avec la projection du film réalisé pour l’occasion par Kristen Falchon et une équipe de Canal Ti Zef. Des peintres de Plougastel-Daoulas, dont Joëlle Thibault, mettront des toiles à gagner pour la tombola et animeront une fresque collective.