Au Nicaragua, le couple présidentiel continue son opération de restriction des libertés. Daniel Ortega et sa femme vice-présidente Rosario Murillo font passer de nombreuses lois visant à asseoir de plus en plus leur mainmise sur le pays qu’ils dirigent depuis 2007. C’est ce que souligne le récent rapport des experts de l’ONU. Dernièrement, c’est le secteur culturel qui a été visé …
Nicaragua: le monde du spectacle visé par de nombreuses restrictions de liberté
Un article paru dans RFI du
Le monde du spectacle doit maintenant se plier à une liste d’exigences longue comme le bras pour se produire au Nicaragua : monter un dossier détaillant le nombre de participants, les membres de l’équipe, l’heure de début et de fin de l’évènement et bien d’autres données… Un dossier passé à la loupe par le ministère de l’Intérieur et que la police devra contresigner.L’idée pour le régime est surtout de contrôler les éventuels messages politiques d’opposition délivrés par les artistes lors des représentations.
Une répression qui va se poursuivre…
Managua n’en est pas à son coup d’essai en matière de restriction des libertés. Cette mesure copie celle contre les ONG, aujourd’hui totalement surveillées dans leurs actions par le gouvernement. L’église, mais aussi les universités suspectées d’être des foyers d’opposition dans le pays, ont subi la répression du couple Ortega-Murillo qui ne compte pas s’arrêter là.
Dans les prochains jours, une loi sur la téléphonie sera examinée au Parlement. Si elle est acceptée, et ça ne fait guère de doute, les opérateurs auront alors à fournir aux autorités des informations détaillées sur l’ensemble des utilisateurs de smartphones.
Au Nicaragua, des violations systématiques des droits humains
Le Nicaragua accusé de crimes contre l’humanité par l’ONU
Un groupe d’experts indépendants désigné par les Nations unies a conclu le jeudi 29 février que la dictature persécutait volontairement son propre peuple et a demandé une enquête internationale contre le président, Daniel Ortega. Une “agression des pays impérialistes”, a répondu le régime. Un article paru dans Le Courrier international du 1er mars 2024 …
“Le gouvernement du Nicaragua commet des graves violations des droits de l’homme comparables à des crimes contre l’humanité”. Repris notamment par le site Nicaragua Investiga, ainsi commence la présentation, le jeudi 29 février, du rapport des experts du GHREN, le Groupe d’experts des droits de l’homme sur le Nicaragua, un groupe de membres indépendants constitué par l’ONU en 2022 et présidé par l’allemand Jan Simon, chercheur à l’Institut Max Planck et reconnu pour sa trajectoire d’avocat international en matière d’état de droit et de défense des droits humains.
Selon Jan Simon, la dictature “persécute son propre peuple en ciblant des étudiants, des peuples indigènes, des peuples afro-descendants, des membres de l’Église catholique et d’autres confessions chrétiennes”.
Une longue liste à laquelle s’ajoutent évidemment les membres de l’opposition politique, les médias – tous exilés désormais au Costa Rica voisin –, des membres du pouvoir judiciaire et de la société civile. Qui plus est, en 2023, des centaines de personnes ont été déchues de leur nationalité, leurs biens confisqués, des familles séparées.
“L’hôpital se moque de la charité”
Le titre de la présentation du rapport ne peut pas être plus clair : “La dramatique réalité du Nicaragua : l’enquête révèle des crimes contre l’humanité, à des fins politiques, contre des civils.” Le rapport, souligne le site de La Prensa, estime que “le président, Daniel Ortega, la vice-présidente, [sa femme] Rosario Murillo, et les hauts fonctionnaires de l’État qui ont été identifiés doivent faire l’objet d’enquêtes judiciaires [internationales] pour leurs possibles responsabilités”.
Le pouvoir n’a pas tardé à réagir par un communiqué publié sur le site officiel El19 :
“Le gouvernement rejette ce genre de rapports […], une forme grossière d’agression et d’ingérence […] des pays impérialistes.”
Dans un commentaire, le site Confidencial fait le lien avec la demande du Nicaragua de s’associer à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice pour génocide à Gaza : “C’est le cynisme d’une dictature qui invoque le droit international d’une main et le viole ouvertement de l’autre. C’est l’hôpital qui se moque de la charité.”
La situation des droits de l’homme au Nicaragua a continué de se détériorer, affirme la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme devant le Conseil des droits de l’homme
Un document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève daté du 3 mars 2024