Les records mondiaux actuels de température expliqués par Jean Jouzel …

Le record mondial de température moyenne de la Terre a été battu deux fois cette semaine et le mois de juin 2023 aura été le plus chaud jamais enregistré, avec une température moyenne de 16,51°C, soit 0,53°C au-dessus du record précédent, datant de 2019 . Alors comment expliquer ces records de chaleur ?

Record de température mondiale : chaud pour notre avenir?

Pour le climatologue Jean Jouzel , ancien Vice-président du groupe de travail scientifique du GIEC ,« nous allons tête baissée vers +3 degrés en moyenne planétaire, peut-être plus. » Il répond  aux questions de France 24. Une vidéo de 14’15 » …

Climat : on nous explique pourquoi le record mondial de température moyenne de la Terre a été battu deux fois cette semaine

 Article publié par franceinfo
Le niveau du lac qui entoure le temple de Quechula, au Mexique, est anormalement bas pour la saison à cause de la sécheresse, le 16 juin 2023. (RAUL VERA / AFP)

L’été 2023 prend l’allure d’une saison aux inquiétants records de température. L’observatoire européen du changement climatique, Copernicus, a annoncé, jeudi 6 juillet, que le mois de juin avait été le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale. La température mondiale moyenne a été de 16,51°C sur la durée du mois, soit 0,53°C au-dessus de la moyenne des trois précédentes décennies. Le précédent record, établi en juin 2019, n’était « que » de 0,37°C au-dessus de ces normales.

Cette tendance se poursuit en juillet. Avec 17,03 degrés de moyenne, la journée de mardi a été la plus chaude jamais mesurée au niveau mondial, tous mois confondus, a confirmé Copernicus sur la base de mesures préliminaires. Lundi déjà, un premier record avait déjà été battu, avec 16,88 degrés sur l’ensemble du globe (terres et mers confondues). Voici pourquoi ces records préoccupants ont été battus.

Parce que les températures sont élevées à la surface des océans

Le record de température mondiale de juin « est dû en grande partie à des températures très élevées de la surface de l’océan », qui recouvre plus de 70% du globe, explique à l’AFP Julien Nicolas, scientifique pour Copernicus. « Un des facteurs est la plus faible vitesse des vents dans de larges secteurs de l’Atlantique Nord », à cause d’un anticyclone des Açores, mesuré comme « le plus faible pour un mois de juin depuis 1940 », ce qui a réduit le mélange des eaux de surface et donc leur refroidissement.

>> Visualisez l’ampleur de la canicule marine en Atlantique Nord qui menace des milliers d’espèces

Les températures marines avaient déjà atteint des niveaux records en mai dans l’océan Pacifique. En juin, l’Atlantique Nord a connu, à son tour, des canicules marines, « qui ont surpris beaucoup de gens en atteignant des niveaux vraiment sans précédent », selon l’expert.

« Des canicules marines extrêmes » ont en outre été mesurées dans la mer Baltique, ainsi qu’autour de l’Irlande et de la Grande-Bretagne, qui a déjà confirmé il y a quelques jours son mois de juin record, là encore très nettement au-dessus du précédent. Et  « par-dessus cela, il y a la tendance au réchauffement des océans, qui absorbent 90% de la chaleur produite par l’activité humaine », ajoute Julien Nicolas.

Parce que le phénomène climatique El Niño a commencé

Cette augmentation des températures à la surface des océans est en partie la conséquence du démarrage d’El Niño. Ce phénomène climatique survient de façon cyclique, mais irrégulière, tous les trois à sept ans, et ses épisodes durent de neuf à douze mois, détaille l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il se traduit aussi par des catastrophes climatiques, en particulier des vagues de sécheresse et des précipitations supérieures à la normale.

El Niño, qui continuera toute l’année à une intensité « au moins modérée », selon l’OMM, devrait continuer à alimenter le réchauffement des températures ces prochains mois. « L’arrivée d’El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans », a prévenu mardi le secrétaire général de l’agence onusienne, Petteri Taalas, dans le bulletin de l’organisation.

Parce que les activités humaines réchauffent la Terre

Au-delà de ce facteur météorologique, ces records de températures battus à la surface de la Terre sont la manifestation du réchauffement climatique lié aux activités humaines. Les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité continuent en effet d’augmenter, comme l’attestent les données de la plateforme Our World in Data, pilotée par l’université britannique d’Oxford.

La situation est alarmante et prouve que « le changement climatique est hors de contrôle », a alerté jeudi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Si nous continuons à repousser les mesures nécessaires [pour réduire les émissions de gaz à effet de serre], nous nous dirigeons vers une situation catastrophique », a-t-il prévenu.

Si ces hausses de température inquiètent, elles ne surprennent pas les scientifiques. Chloé Maréchal, paléoclimatologue au laboratoire de géologie de l’université de Lyon, constate que ce phénomène est « frappant et n’a aucun équivalent par rapport aux situations passées ». Il « s’inscrit dans quelque chose de tout à fait logique », du fait de l’ « augmentation des gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’atmosphère », explique-t-elle sur BFMTV. Selon l’universitaire, cette hausse du thermomètre est « complètement cohérente avec les modèles climatiques qui tournent depuis une dizaine d’années ».

La situation n’est pas près de s’arranger, confirment les conclusions du sixième rapport du Giec, publié en mars, qui chiffre la hausse des températures attribuée aux activités humaines à 1,07°C, entre 2010 et 2019. « Les tendances actuelles ne sont pas du tout compatibles avec la stabilisation du réchauffement, qui permettrait d’assurer un monde vivable et équitable. Des efforts qui ont été faits, mais ils n’atteignent pas l’échelle suffisante pour une baisse suffisamment rapide des émissions de gaz à effet de serre », alertait en mars la climatologue Valérie Masson-Delmotte dans un entretien à franceinfo.

Les conditions sont ainsi réunies pour que l’année 2016, « l’année la plus chaude jamais enregistrée en raison d’un épisode El Niño très puissant et d’un réchauffement d’origine humaine dû aux gaz à effet de serre », rappelle l’OMM, se reproduise en 2023


Crise climatique : à quoi la France pourrait-elle ressembler en 2050 ?

Une vidéo de 2′ publiée par France info  du 7 07 2023 .
Un article rédigé par N. Chateauneuf, T. Lagache, M. Baudet, J. Ricco, S. Feydel, M. Anglade, L. Bensimon, J. Chouquet pour France info  du 7 07 2023 .
Des scientifiques ont examiné des exemples concrets de l’impact que pourraient avoir les émissions de gaz à effet de serre sur la France en 2050. Les changements pourraient être rapides et spectaculaires.

À Lacanau (Landes), d’ici 2050, l’océan aura fait reculer la côte. 1 200 logements, une centaine de commerces et d’industries, des routes… 40% de la station balnéaire aura disparu. Dans les Alpes, la station d’Avoriaz devra faire face au manque de neige. À 1 800 mètres d’altitude, la saison de ski sera plus courte de 3 semaines. « Si on ne se limite en termes d’émissions de gaz à effet de serre, on a des scénarios qui impliquent un effondrement d’une partie de la calotte glacière antarctique, ce qui nous amène autour de 1,7 mètres d’élévation en 2100« , explique Gonéri Le Cozannet, spécialistes des risques côtiers, BRGM.

Une saison des incendies trois fois plus longue ?

À travers 15 exemples concrets, les scientifiques de l’assureur Axa Climate ont quantifié les impacts du réchauffement. Dans le centre de la France, une baisse de récoltes de maïs de 25% est anticipée. Dans les Landes, la saison des incendies pourrait être trois fois plus longue. Dans le bassin de la Loire, la capacité de recharge des nappes phréatiques baisserait de 30%. …