Le centre du Chili touché par plus de 200 incendies de forêt …

Au moins 13 personnes sont mortes ce vendredi dans plus de 200 incendies de forêt survenus dans le centre du Chili. Les autorités ont déclaré plusieurs régions en état de catastrophe. Sur les 204 feux actifs, 56 sont hors de contrôle. Ces incendies se produisent pendant une vague de chaleur extrême avec des températures proches de 40ºC, ce qui fait craindre aux autorités une catastrophe comme celle de 2017…

Le centre du Chili touché par plus de 200 incendies de forêt, déjà treize morts

Une intense vague de chaleur sévit dans le centre du pays où plusieurs régions ont été déclarées en état de catastrophe. Plus de 40 000 hectares ont été dévastés et une centaine d’habitations complètement détruites.
Un article publié le 4 février 2023 par Le Monde avec AFP

Une maison en feu à Santa Juana, au Chili, le 3 février 2023.

Le chiffre donne le tournis : plus de 200 incendies de forêt ravagent le centre du Chili et sèment la mort sur leur passage.
« Nous déplorons treize morts au total, onze dans la ville de Santa Juana (région de Biobío), un pilote de nationalité bolivienne et un mécanicien de nationalité chilienne qui se sont écrasés dans un hélicoptère qui luttait contre les feux », a déclaré, vendredi 3 février, Mauricio Tapia, directeur national adjoint du Service national de prévention et de réponse aux catastrophes (Senapred).

Le crash de l’appareil s’est produit dans le secteur de Galvarino, dans la région de La Araucanía. Et parmi les autres victimes, certaines voyageaient dans des véhicules. La ministre de l’intérieur chilienne, Carolina Toha, a notamment précisé que deux personnes étaient mortes alors qu’elles circulaient sur une route principale touchée par les flammes, tandis que les deux autres sont décédées dans un accident de la circulation, « en essayant probablement d’échapper au feu ».

Le spectre de 2017

Les autorités ont en outre recensé vingt-deux blessés, dont huit dans un état grave. Sur les 204 feux actifs, 56 sont hors de contrôle, malgré les quelque 2 300 brigadiers mobilisés. Plus de 40 000 hectares ont été dévastés et 97 habitations complètement détruites.

Ces incendies se produisent pendant une vague de chaleur extrême avec des températures proches de 40 °C, ce qui fait craindre aux autorités une catastrophe comme celle de 2017. Cette année-là, un gigantesque incendie de forêt avait fait onze morts, quelque 6 000 sinistrés, détruit plus de 1 500 maisons et ravagé 467 000 hectares de terres.

Comme lors de la précédente catastrophe, les incendies ont commencé dans des régions agricoles et des forêts avant de se propager et de menacer les zones habitées. La circulation sur l’une des principales routes menant à la ville de Concepción, située à 510 km au sud de la capitale Santiago, est limitée depuis jeudi en raison de la proximité de l’incendie. L’un des épicentres de la tragédie est la ville de Santa Juana, à 52 km au sud de Concepción.

Un homme éteint un incendie à Santa Juana, au Chili, le 3 février 2023.

Deux personnes arrêtées

Selon un habitant interrogé par la radio Cooperativa, le feu a commencé à menacer les maisons vers 7 heures du matin. « Je demande seulement à Dieu d’avoir pitié. C’est tout. Ce qui se passe est entre les mains de Dieu », a-t-il déclaré.
Le gouvernement chilien a déclaré l’état de catastrophe dans les régions de Ñuble et Biobío (centre). Des foyers touchent également les régions de Maule et de La Araucanía (centre).

Le président Gabriel Boric a suspendu ses vacances pour se rendre dans la ville de Concepción, dans la région de Biobío, puis dans celle de Ñuble, a-t-il fait savoir sur Twitter.
Le bureau du procureur du Chili a quant à lui annoncé que deux personnes liées aux incendies dans les régions de Biobío et de La Araucanía avaient été arrêtées



Au Chili, les promoteurs immobiliers accusés d’être responsables des gigantesques incendies qui ravagent le pays

 En pleine saison estivale, les températures très élevées et la sécheresse provoquent quotidiennement d’importants feux. Mais pour une partie de la population ces catastrophes sont aussi dues à la pression immobilière exercée sur les zones naturelles. Le gouvernement a décidé de légiférer.

Un article rédigé par Naïla Derroisné et publié Franceinfo Radio France

Des habitations détruites par un incendie à Vina del Mar, dans la région de Vaparaiso (Chili), le 23 décembre 2022. (JAVIER TORRES / AFP)

Au Chili, c’est en ce moment l’été et il ne se passe pas une journée sans qu’un incendie ne se déclare. Avant même le début du mois de février, il y a déjà 25 % d’incendies en plus par rapport à l’année dernière à la même période. Les fortes températures et l’intense sécheresse y sont pour quelque chose, mais une partie de l’opinion soupçonne aussi le secteur immobilier de provoquer ces feux.

Ces accusations ont refait surface il y a quelques semaines quand un méga feu a embrasé la ville de Viña del Mar. Deux personnes sont mortes, plus de 300 habitations ont brûlées et des dizaines d’hectares sont parties en fumée dans le parc naturel Kan-Kan. « Ici, il y a des intérêts immobiliers et en termes d’urbanisme aussi. Sur d’autres collines du secteur, il y a eu des incendies et deux-trois ans après des immeubles y étaient construits, déplore Pascual Flores, directeur de la fondation Kan-Kan chargée de préserver les écosystèmes du parc. Même le gouverneur de la région de Valparaiso, Rodrigo Mundaca, un fervent défenseur de l’environnement, pointe du doigt la pression exercée par les sociétés immobilières juste après qu’un incendie ait eu lieu.

Une loi pour protéger les terrains incendiés

Reste qu’il n’y a pas de preuves confirmant ces soupçons. Il n’est pas toujours facile de trouver l’origine d’un incendie et s’il a été provoqué volontairement, c’est encore plus dur de trouver qui en est l’auteur. Mais des études ont montré qu’à plusieurs reprises, et dans le centre du pays surtout, des projets immobiliers ont été lancés sur des terrains incendiés très peu de temps après le sinistre. Les professionnels de l’immobilier affirment que ces accusations sont infondées. La chambre chilienne de la construction les réfute et demande à ce que des enquêtes soient menées pour trouver les responsables de ces incendies, mais aussi que la prévention contre les feux de forêts soit renforcée.

De son côté, le gouvernement met toujours plus de moyens dans la lutte contre les incendies. Mais surtout, il a demandé à ce qu’un projet de loi inscrit à l’agenda du Parlement soit examiné en priorité. Le texte vise à protéger les terrains incendiés du secteur immobilier, en interdisant quiconque d’y construire pendant au moins 30 ans afin d’éviter que le statut du terrain soit changé. Actuellement, une forêt primaire qui a brûlé peut se transformer en une zone apte à la construction. Ce qui sera plus difficile à faire avec la nouvelle loi puisqu’en 30 ans, les écosystèmes auront le temps de se reconstituer.