Pesticides dans l’eau potable : Eau et rivières tire la sonnette d’alarme !

Depuis un an, Eau et rivières de Bretagne multiplie les démarches pour demander aux représentants de l’État l’interdiction de l’usage des produits formulés à base de S-métolachlore, un pesticide notamment utilisé pour le désherbage du maïs et des légumes pour l’industrie. Alors qu’un arrêté préfectoral autorise un dépassement du seuil maximal de pesticides dans l’eau potable en Centre-Bretagne, l’association tire la sonnette d’alarme et lance une pétition … 
Un entretien Tébéo de 9’42 » signé Julie Sicot et Pauline Fercot diffusé le 10 mai 2022 . Avec notamment Dominique Le Goux, chargée de mission santé-environnement de l’association, Wilfried Sanchez, directeur scientifique adjoint de l’IFREMER etFrançoise Jéhanno, directrice d’Eau du Morbihan.

 

Pesticides dans l’eau potable : Eau et rivières tire la sonnette d’alarme !

Publié dans Le Télégramme du 11 mai 2022

Les représentants de l' association Eau et rivières de Bretagne ont lancé, ce mardi 10 mai, à Pontivy, une pétition pour une eau sans pesticide.
Les représentants de l’ association Eau et rivières de Bretagne ont lancé, ce mardi 10 mai, à Pontivy, une pétition pour une eau sans pesticide. (Le télégramme/Patricia Le Seyec)

Suite à l’arrêté préfectoral du 13 avril autorisant, par dérogation, un dépassement du seuil maximum autorisé sur les secteurs de Pontivy, Cléguérec et Guémené-sur-Scorff, Eau et rivières de Bretagne a décidé d’informer le grand public et a lancé, mardi 10 mai, une pétition pour une eau sans pesticide. L’association demande notamment un renforcement de la protection des eaux superficielles et souterraines destinées à la production d’eau potable.

Quels risques à long terme ?

« Dans ces secteurs, comme dans 92 % des stations échantillonnées des cours d’eau bretons, on est largement au-dessus du seuil maximum autorisé de 0,1 microgramme par litre. L’an passé, l’Agence régionale de santé estimait que 700 000 Bretons étaient alimentés par une eau non conforme. Ce n’est pas une valeur sanitaire et les autorités considèrent que cela n’aurait pas d’impact », dénonce Guy Le Hénaff, administrateur de l’association.

« Mais on ne connaît pas les risques que ces molécules représentent sur le long terme », alerte Jacqueline Mollé d’Arzal. Rappelant que les traitements pour réduire la pollution par les pesticides se sont renforcés au fur et à mesure des années, Jean-Pierre Le Lan, de Locoal-Mendon, prévient : « Traiter l’eau revient 2,5 fois plus cher que les mesures préventives. Tout ça, c’est l’usager qui paie. Un euro investi dans le curatif doit être autant investi dans le préventif ».

Un plan d’actions curatives et préventives

« On n’est absolument pas dans la situation d’une eau impropre à la consommation », souligne Françoise Jéhanno, directrice d’Eau du Morbihan (*), interrogée par nos confrères de Tébéo. « L’arrêté préfectoral dérogatoire est prévu par la loi », ajoute-t-elle, précisant que « le dépassement relevé est faible », et « le taux très en deçà de la valeur sanitaire maximale retenue par le Code de la santé publique ».

« Eau du Morbihan s’est lancé dans un plan d’actions curatives – des travaux sur certains équipements – et préventives » ; les discussions sont engagées avec les différents acteurs et notamment les agriculteurs qui exploitent les terres sur les périmètres de captage. Tout cela nécessite du temps, reconnaît-elle. Pour l’heure, « il n’est pas envisagé de répercuter sur la facture des abonnés, la hausse du coût de production d’eau potable ».

* Syndicat départemental de production et de transport de l’eau potable


Pour une eau sans pesticides !

Campagne de pétition  lancée le 10 mai 2022 sur le site de Eau et rivières de Bretagne.

Pour une eau sans pesticides !

Nous voulons boire de l’eau du robinet sans inquiétudes. Nous exigeons des pouvoirs publics une réelle prise de conscience et qu’enfin des mesures ambitieuses soient prises pour en finir avec l’usage des pesticides. Aidez-nous en signant notre pétition.

Une catastrophe annoncée

La catastrophe de la contamination généralisée de notre eau par les pesticides était annoncée et nous n’avons rien fait. Aujourd’hui, les pesticides ou leurs résidus (appelés aussi métabolites) contaminent la quasi totalité de nos cours d’eau : dans 98,7 % des cours d’eau suivis en 2020 en Bretagne, les analyses relevaient la présence d’au moins un pesticide (source OEB).

Une présence généralisée des pesticides dans notre ressource la plus vitale, mais aussi une diversité très importante de substances. Près de 230 pesticides ont ainsi été quantifiés dans les cours d’eau bretons sur les 694 recherchés en 2020, les métabolites occupant presque la quasi-totalité des places du top 10 des molécules les plus fréquemment retrouvées. Ce ne sont pas moins de 54 molécules différentes qui ont été retrouvées au maximum dans un même échantillon !

Des traitements coûteux et incertains

Notre histoire avec les nitrates a engendré l’installation de coûteuses usines de traitement d’eau pour assurer la production d’eau potable. D’autres territoires ont vu la fermeture de point de captage en eau superficielle ou le recours à des forages en eau souterraine, supposée être de meilleure qualité.
Les traitements se sont renforcés au fur et à mesure des années pour réduire la pollution par les pesticides, sans parvenir à la supprimer complètement.

Aujourd’hui nombre de captages d’eau sont contaminés par les pesticides. Les installations de traitement, quand elles existent, s’avèrent insuffisantes pour produire une eau conforme aux normes de qualité eau potable sur le paramètre pesticides. Ce sont les consommateurs qui trinquent, recevant
une eau non-conforme à leur robinet.

Des consommateurs qui trinquent

Dans son Baromètre Santé Environnement en Bretagne en 2020, l’observatoire régional de de la santé Bretagne (ORSB) note que les bretons sont préoccupés par la question des pesticides et de leurs risques pour la santé ; 79 % des interrogés perçoivent ce risque comme très élevé ou plutôt
élevé.Selon ce même baromètre, en 2020, les bretons seraient plus nombreux à consommer exclusivement l’eau du robinet : 37 % (contre 29 % en 2014 et 15 % en 2007). Pour autant, le principal motif justifiant la non-consommation est le manque de confiance dans sa qualité (60 %). Néanmoins, près de la
moitié de la population interrogée (49 %) ne lit pas la synthèse sur la qualité de l’eau distribuée, jointe à la facture d’eau.

La pétition

Ce mardi 10 mai, nous lançons la première étape de notre campagne : une pétition « pour une eau sans pesticides ». Elle sera suivie par plusieurs actions déployées au fil des mois à venir. Tous les citoyens sont invités à la signer et à la relayer. Découvrez, signez et partagez la pétition …


Les six propositions d’Eau et Rivières de Bretagne « Pour une eau sans pesticides »…

10 mai 2022

Nos six propositions | Pour une eau sans pesticides

Pour Eau et Rivières de Bretagne, il est urgent d’intervenir pour restaurer la qualité de l’eau, délivrer une eau conforme au robinet des bretons et rétablir la confiance dans l’eau potable. Nous voulons une eau et des milieux aquatiques de qualité. Nous voulons boire de l’eau du robinet sans inquiétudes. Nous exigeons des pouvoirs publics une réelle prise de conscience face à la contamination généralisée de l’eau par les pesticides et qu’enfin des mesures ambitieuses soient prises pour en finir avec l’usage de ces toxiques à grande échelle. Retrouver le plaidoyer complet par ici …