Les arbres, un patrimoine à protéger …

« Non, un chêne centenaire ne devrait pas pouvoir être déraciné pour construire un parking. »Alain Baraton , jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand Parc de Versailles a dédié sa vie à la protection de la nature et défend l’idée de classer les arbres remarquables comme des monuments historiques . Il n’existe aucun texte juridique qui protège efficacement les arbres …


 » Là où il n’y a pas d’arbre, il n’y a pas de vie  » écrit Alain Baraton. Ecoutez sa plaidoirie passionnée dans une vidéo de 3’28 » produite par France Culture.

Sujet de toutes les passions, les arbres lui ont transmis l’envie d’éternité. En véritable ange gardien des arbres, il décline de A à Z son amour inconditionnel de la nature et du végétal dans ce Dictionnaire amoureux et passionné !

 » C’est en découvrant le parc de Versailles que je suis devenu un amoureux des arbres. Je n’avais certes pas attendu mon entrée dans la vie active pour les aimer, mais je ne les regardais pas attentivement, ils faisaient simplement partie de mon décor. Quand je suis devenu jardinier en 1976, il m’a été demandé d’en planter d’abord quelques-uns, puis beaucoup. C’est à ce moment-là que j’ai tout voulu savoir sur eux : leur terre natale, l’origine de leurs noms, les propriétés médicinales de leurs feuilles, la couleur des fleurs et la saveur des fruits.
Le monde des arbres est vraiment extraordinaire. Pas un mois ou presque sans apprendre une information sur ces végétaux capables de vivre mille ans et plus.
Les arbres m’ont transmis l’envie d’éternité. Ils m’ont donné comme pouvoirs la patience, la sagesse, et une idée de l’immortalité.  »


« Protéger les arbres comme les pyramides » : le plaidoyer du jardinier en chef de Versailles

Le plus vieil arbre de Paris a plus de 400 ans.
Le plus vieil arbre de Paris a plus de 400 ans. © Philippe LOPEZ / AFP
Faut-il protéger juridiquement les arbres ? C’est ce que pense Alain Baraton. Le jardinier en chef du grand parc de Versailles plaide pour une protection légale des vieux arbres qui sont, selon lui, des monuments historiques comme les autres et ne doivent pas être menacés. 

INTERVIEWIl y a en France des arbres plus vieux que tous les monuments historiques. Pourtant, ils ne bénéficient pas de protection juridique et n’ont pas la possibilité d’être patrimonialisé. Sur Europe 1, Alain Baraton, jardinier en chef du domaine national de Trianon et du grand parc de Versailles, plaide lundi pour que les arbres multicentenaires puissent être protégés au même titre que des monuments en pierre.

« Nos vieux arbres ne sont pas protégés »

« En France les arbres ne sont pas protégés par la loi. Un arbre millénaire, n’est pas protégé par la loi. » Un état de fait qui révolte Alain Baraton puisque « cela veut dire que si un maire décide de le couper, il en a parfaitement le droit. C’est scandaleux. »

Pour le jardinier en chef de Versailles, cela peut provoquer des drames : « En France, on continue de les maltraiter, de les couper pour des sottises. » Et lorsque des voix, comme la sienne, demandent à les protéger, on lui répond « systématiquement qu’il y a d’autres priorités, que l’arbre est un être vivant et qu’à ce titre il est appelé à mourir et qu’on peut difficilement classer. Nos vieux arbres ne sont pas protégés et je le regrette. »

Des arbres importants dans l’Histoire

Pourtant, « les arbres les plus anciens ont plus de 9.000 ans » explique-t-il. À ce titre, Alain Baraton juge qu’ils méritent « d’être protégés au même titre que les pyramides ». L’arbre le plus vieux de France, un olivier, se trouve à Roquebrune-Cap-Martin : il est âgé de 2.000 ans. Rien qu’à Paris, le square Viviani abrite le plus vieil arbre de la capitale, un acacia, face à Notre-Dame de Paris. « Il a été planté par Jean Robin, jardinier d’Henri IV, c’est le doyen de Paris » et il a 400 ans. « Il faut les protéger », insiste le jardinier en chef du domaine de Trianon.

D’autant que certains arbres ont une histoire, liée à la grande Histoire. C’est le cas du cèdre du Liban du Jardin des plantes, introduit par le botaniste Bernard de Jussieu, qui a amené l’espèce en France et notamment ce « doyen des cèdres ». Le marronnier du square Anne-Frank, lui, « est né du marron de l’arbre que voyait la petite depuis ses fenêtres de la maison d’Amsterdam ». Ainsi conclut Alain Baraton, « quand on a la chance, comme à Paris, d’avoir des vieux arbres qui sont mis en valeur, il faut continuer à espérer que ça dure longtemps ».

Europe 1 Par Guilhem Dedoyard


« Je sais aujourd’hui qu’un jardin n’est pas uniquement un agencement d’arbres, d’arbustes et de fleurs, il est le passé et l’avenir d’une région, d’un pays, d’une religion, d’une civilisation. »
Du jardin de l’Eden à celui que modestement j’entretiens, ce Dictionnaire amoureux rend hommage aux auteurs tels que Hugo, Chateaubriand, Garcia Lorca et Prévert, qui ont su domestiquer et magnifier cette nature reconstituée et ce faisant aux peintres qui s’en sont inspirés : Monet, Picasso, Caillebotte et tant d’autres. Ni guide ni manuel, ce livre est tout simplement la projection de mes curiosités et de ma passion. Je ne parle que des jardins que je connais et mieux, que j’apprécie, des femmes et des hommes, célèbres ou non, que j’admire et tout ces petits riens qui semblent avoir si peu d’importance et qui pourtant constituent l’âme d’un jardin

Depuis trente ans, Alain Baraton est le jardinier en chef des jardins de Trianon et du Grand Parc de Versailles et depuis 2009 en charge du domaine de Marly. Il tient une chronique hebdomadaire de jardinage sur France Inter et est l’auteur de nombreux ouvrages à succès comme La véritable histoire de jardins de Versailles en collaboration avec Jean-Pierre Coffe (Plon), Le Jardinier de Versailles, L’Amour à Versailles, Je plante donc je suis, Vice et Versailles (Grasset).