C’est « La » voix des gares. Elle voyage toujours accompagnée, précédée du jingle entêtant de la SNCF – tam tam ta dam . Depuis 1993, elle est toute seule à diriger les passagers. La SNCF l’a désirée « unique », à l’époque où la compagnie travaillait sur son « identité »…Il faut vous dire en plus que Simone , la Gare et le Port de Brest partagent déjà depuis 2012 une très belle histoire …
LA VOIX . « Le TGV 6925 à destination de Grenoble va partir, prenez garde à la fermeture automatique des portes. Attention au départ ! ». Depuis 1981, Simone Hérault est LA voix de la SNCF. Rencontre en 2002 avec cette voix si familière . »Simone Hérault, la voix de la SNCF – Une archive INA 2002″
Il faut vous dire que Simone, la Gare et le Port de Brest partagent déjà depuis 2012 une très belle histoire …
C’est l’histoire du Collectif ZOU, l’histoire itinérante du voyage imaginaire d’un homme seul, Jacques Mercier, chanteur de music-hall au chômage. Depuis des mois il est prostré dans son appartement brestois où il passe six heures par jour à écouter des bruits de locomotives, persuadé qu’il est au beau milieu d’une tournée en train à travers l’Eurasie. Dans cette tournée qu’il s’invente avec le « Cabaret Korsakov », il suit Sonia, une acrobate, et se produit avec elle tous les soirs. Après la représentation, il la perd de vue et la cherche. Depuis Brest jusqu’à Vladivostok, elle a, et elle aura toujours un train d’avance…
Et, c’est à la demande du « complice de toujours » Serge NCF, que Simone le 31 janvier 2018, avait prêté bien volontiers sa voix à l’Embarquement pour la Jubilaciòn !
Votre attention s’il vous plaît : le cadeau sonore de Simone et de Serge NCF !
« Votre attention s’il vous plaît :
le train « Michèle et Claude » à destination de Plijadur,
départ à 18H18 – partira Quai de la Douane … « .
…………………………………………………………………………………………….
Pour en savoir plus sur Simone Hérault
lire l’article consacré par Didier Arnaud dans le Quotidien Libération du 6 avril 2011
La voix du rail
Simone Hérault. Depuis 1993, cette comédienne et ex-animatrice sur FIP incarne tous les messages de la SNCF.
C’est une voix dans l’air des gares. «La» voix des gares. Elle voyage toujours accompagnée, précédée du jingle entêtant de la SNCF – tam tam ta dam . Depuis 1993, elle est toute seule à diriger les passagers. La SNCF l’a désirée «unique», à l’époque où la compagnie travaillait sur son «identité». «Une voix féminine, c’est une fréquence qui passe mieux dans le brouhaha, c’est rassurant, maternant», explique Mireille Martin, ex-directrice du centre audiovisuel de la SNCF. La voix est celle de Simone Hérault. Et quand on lui demande de la définir, elle répond, modeste : «Normale, pas extraordinaire. Elle n’a pas une beauté particulière, elle n’est pas dérangeante. Elle passe bien dans un univers difficile, elle a quelque chose d’apaisant.» Une voix qui dure aussi longtemps, c’est rare. Devant nous, la tête et le corps de la voix : Simone est une femme blonde qui sourit et ne fait pas son âge. Elle est entrée comme stagiaire à l’ORTF en 1969, l’année où le Général a rendu les armes.
Cette année-là, elle sort d’une école de secrétariat. Mais rêve d’autre chose. Jean Garetto et Pierre Codou cherchent des speakerines pour leur radio totalement dédiée à la musique et aux flashs sur la circulation. Elle a 20 ans. Elles sont trente à postuler. «C’était un rêve», explique Simone. Garetto ne rencontre pas les candidates. Il les écoute juste, dans un studio à côté. «Il sélectionnait les filles à l’aveugle», se souvient Julien Delli Fiori, actuel directeur de FIP. Simone apprend par télégramme son embauche. «Un des plus beaux jours de ma vie.» Et voilà Simone en «Fipette» pas décervelée, qui se moque en riant des automobilistes bouchonnés, sur un mode douceâtre et sensuel. Aujourd’hui, elle regretterait presque ce temps où on pouvait tout se permettre.
La présence de ces filles ne passe pas inaperçue. La SNCF cherche des femmes pour lire ses annonces. Elle effectue ses emplettes chez les voix qu’elle entend. FIP, donc. A l’époque, les enregistrements se font sur cassettes, le studio se trouve à Saint-Ouen, les chefs de gare de la France entière viennent avec leurs textes soigneusement écrits à la main. Simone lit au kilomètre jusqu’aux numéros de voiture et leurs correspondances de classe (première, seconde, etc.) car les tableaux lumineux n’ont pas encore fait leur apparition sur les quais. Simone apprécie particulièrement de dire certains noms comme «Chambéry-Challes-les-Eaux». Mireille Martin préfère l’entendre prononcer : «Saint-Cyr-Les-Lecques-La Cadière d’Azur.» Simone précise : «J’aimais autant cela qu’un poème de Baudelaire.»
Aujourd’hui, la technique a effacé les bandes, fait place au numérique. Les messages sont désormais des morceaux de phrases préenregistrées collés bout à bout : le train (numéro tant) entre en gare (voie tant)… Les seules nouveautés se trouvent sur les lignes récemment ouvertes, comme celle du TGV Est, ou celles qui changent de noms, comme Châlons.
Plus d’un milliard d’annonces ont été diffusées avec son timbre. Simone Hérault est devenue l’une des voix les plus écoutées de France. Un film français sur trois met en scène un train ou une gare. Résultat : «Il y en a peut-être un sur six où on entend ma voix», estime-t-elle. Comme la baguette et le vin, qu’elle aime bien, Simone fait partie du patrimoine national. Dans la vie, elle a un tas de copains qui lui demandent de lire le message d’accueil de leur répondeur. Beaucoup de jeunes lui laissent des textos qui disent «On aime bien ce que vous faites», ou encore «Bravo pour votre voix».
Simone dit que les non-voyants aiment bien l’entendre, qu’elle pense contribuer à «tisser du lien». «Elle est généreuse, toujours associée à un événement heureux, inattaquable à tous points de vue», selon Julien Delli Fiori.
Ce qui est drôle, chez Simone, c’est qu’elle est capable de dire des choses comme : «Que je dise « Eloignez-vous de la bordure du quai » ou que je lise un texte d’Andrée Chédid, j’ai cette même envie de faire passer quelque chose, j’y mets la même conscience.» Elle vous le fait, là pendant que vous êtes assis à une table de café, et vous êtes transporté soudain, d’un trait, au buffet de la gare de Reims.
A ce point-là, on se dit qu’elle est too much, Simone. On se demande ce que ça ferait de la voir bouillante de colère. Alors, elle nous raconte qu’elle a, pour un 1er avril, enregistré pour la SNCF, à la demande de Guillaume Pepy finalement facétieux, des messages déconnants comme :«Attention voie 3, le train va partir et il ne s’arrêtera jamais, jamais, jamais» ou encore «Roger voie 7, s’il vous plaît, votre train est mal garé, déplacez-le s’il vous plaît.» Sidération des usagers (1)…
Avec tous ces messages, les gens pensent que Simone est milliardaire, eh bien non, pas du tout. Avec sa retraite d’intermittente et ses cachets de comédienne, dont relèvent ses interventions pour la SNCF, elle peut compter sur environ 3 000 euros mensuels. Elle n’a pas de carte de circulation. Mais elle tient absolument à ce qu’on écrive qu’elle garde une «reconnaissance éternelle à la SNCF car elle a travaillé pour eux à une époque où c’était difficile».
A part ça, elle connaît énormément de choses sur les trains et les gares, se sent «bouleversée» par la misère qu’on peut trouver dans les gares. Elle a animé la soirée de clôture du festival Cinérail. Son livre, Grâce à ma voix, elle l’a publié aux éditions la Vie du rail, et il est épuisé. Bientôt, elle jouera son propre rôle de voix, en chair et en os, dans une pièce itinérante de la compagnie Zou, qui voyagera de Brest à Vladivostok.
Elle a deux garçons, producteur et comédien. Petite, elle rêvait d’être comédienne et de rencontrer le public. Aujourd’hui, sa compagnie Lire autrement (2), fête ses 10 ans. Dans l’urne, Simone est une voix plutôt de gauche. Le jour de l’élection de Mitterrand elle était dans une 2 CV avec une copine sur l’autoroute et elle a failli traverser le plafond. Elle est capable de s’énerver (eh oui !) «se mettre en pétard contre toutes les religions quelles qu’elles soient», dont elle trouve «qu’elles mettent le monde à feu et à sang». Elle aimerait beaucoup que ce qui se passe au Maghreb «résonne partout».
Gare du Nord, un samedi après-midi, vous écoutez cette annonce-là : «Le Thalys qui desservira Bruxelles-Midi et Amsterdam partira voie 14.» Voie 15 se trouvent stationnés les wagons de l’Orient-Express, acajou, verre Lalique et dedans, la voix. En chair et en os. Simone, toute élégante, lit des textes de Lamartine, Baudelaire, Edmond About et Supervielle. On a l’impression qu’elle est contente : les gens sont venus pour l’écouter, pas seulement pour l’entendre.
Simone en 4 dates :
1950 Naissance à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise).
1972 Fipette.
2001 Création de la compagnie Lire autrement
(1) A écouter, les annonces SNCF du 1er avril, avec la voix de Simone Hérault.
La voix mythique de la SNCF a désormais un visage et un avatar
Pour rendre l’information voyageurs plus efficace, la SNCF a décidé que Simone Hérault, la voix officielle de la compagnie ferroviaire, devienne aussi un avatar sur les réseaux sociaux. Les voyageurs pourront même l’interpeller directement.