Nantes : un arbre pousse dans un appartement !

Au troisième étage, un arbre a non seulement poussé au milieu d’un appartement mais ses racines et ses branches ont défoncé le sol, crevé le plafond et s’épanouissent de l’autre côté des murs. L’image est étonnante, magnifique, arbre et béton. Un décor de théâtre qui aurait pu être imaginé par Dali. C’est la scène créée par Royal de Luxe, pour sa nouvelle création dans cette cité populaire ! Ce qu’en dit la presse nantaise …

Nantes. Insolite : la nouvelle folie de Royal de Luxe à Bellevue …

Un article de Stéphane Pajot publié dans Presse Océan du

Au 2, rue de la Saône, il faut lever les yeux en direction du 3e étage.
Au 2, rue de la Saône, il faut lever les yeux en direction du 3e étage. | Photo Presse Océan / Stéphane Pajot

Des dizaines d’enfants encadrés par leurs institutrices ont fait le détour au 2, rue de la Saône ce jeudi 17 septembre au matin pour découvrir un spectacle atypique. Au troisième étage, un arbre a non seulement poussé au milieu d’un appartement mais ses racines et ses branches ont défoncé le sol, crevé le plafond et s’épanouissent de l’autre côté des murs.

« Je me demande comment ils ont fait, c’est incroyable » (Sarah)

Monsieur Bourgogne ! Monsieur Bourgogne !, crient à l’unisson des bambins. Il n’est pas là le fameux Monsieur Bourgogne qu’ils suivent déjà depuis une année par le biais des installations de Royal de Luxe. Ce n’est donc pas lui, venu voilà un an camper sur l’immeuble, mais une famille lambda qui vit dans ce studio boisé de curieuse manière. Elle ne semble pas s’émouvoir de ce qui lui arrive. Le père arrose le dit arbre avant de se préparer un café. On croise la mère, les enfants, des scènes de la vie quotidienne avec des gags à la Tati.

Photo Jean Pierre Marcos



« C’est incroyable de voir un arbre comme ça ! »
, dit Aline, venue avec son amie Sarah, toutes les deux âgées respectivement de 26 et 20 ans. « Je n’ai jamais vu ça de ma vie . Je me demande comment ils ont fait », ajoute Sarah. Mystère et boule de gomme au pays de Royal de Luxe qui ne dévoile jamais le making-of. Cette nouvelle performance, qui s’inscrit dans un travail artistique sur cinq ans à Bellevue, a pour nom « Cinémascope ».

« L’imaginaire bat son plein »

« Ce sont les derniers nomades, les ultimes habitants de cet immeuble qui va être démoli « , sourit Jean-Luc Courcoult, le créateur de Royal de Luxe. Dans sa petite cabine de pilotage, il veille au bon déroulement de cette situation qu’il estime entre land art et théâtre avec Susana Ribeiro de la compagnie.

L’arbre, c’est aussi une façon de dire que l’on emmène ses racines quand l’on migre de pays en pays, d’appartements en appartements. On transporte sa mémoire, ses souvenirs. A Bellevue, nous avons plein de racines et de communautés différentes. Et les enfants qui cherchent le fameux monsieur Bourgogne ? L’imaginaire bat son plein. Monsieur Bourgogne est attendu comme un espoir. Nous sommes ici dans son univers.

De la gaieté dans le quartier

Riverain de la rue de la Saône, Christian, 62 ans, ancien paysagiste, n’a pas loupé le rendez-vous. Ça fait drôle ! C’est une façon de parler des espaces verts aux enfants. Je me souviens des gens qui habitaient là avant. On est tranquille ici.. Il regrette que rue du Rhône, juste derrière, il y ait cinq six voitures abandonnées. On a déjà prévenu la mairie mais ça ne bouge pas. Pour l’heure, il observe les comédiens. Ce spectacle donne un peu de gaieté dans le quartier, ça fait du bien ».


L’IMAGE. Dans le quartier de Bellevue à Nantes, une famille a fait pousser un arbre dans son salon

Un tronc, des racines et des branches… La compagnie Royal de Luxe a fait son retour dans le quartier de Bellevue, à Nantes, jeudi 17 septembre 2020.

Après Monsieur Bourgogne, la Fiat 500 et Mémé Rodéo, la compagnie Royal de Luxe poursuit sa résidence dans le quartier de Bellevue, à Nantes.
Après Monsieur Bourgogne, la Fiat 500 et Mémé Rodéo, la compagnie Royal de Luxe poursuit sa résidence dans le quartier de Bellevue, à Nantes. (©Julien Sureau / actu Nantes)

Royal de Luxe est de retour dans le quartier de Bellevue, à Nantes (Loire-Atlantique). Un tronc, des racines et des branches… Durant trois jours, du 17 au 20 septembre 2020, la compagnie a investi un immeuble de la rue de Saône, destiné à la démolition, pour y faire pousser un arbre.

Observer le quotidien d’une famille

Le spectacle, Cinémascope, propose aux habitants d’observer l’appartement et les scènes de la vie quotidienne qui y sont interprétées par quatre comédiens. « Une famille fait pousser un arbre dans son salon. Comme Fenêtre sur cour d’Hitchcock, on assiste au quotidien de ces futurs migrants », raconte Jean-Luc Courcoult, auteur-metteur en scène de Royal de Luxe.


EN IMAGES. À Nantes, Royal de Luxe et l’arbre qui sort de l’immeuble

Sur la façade d’un immeuble de Bellevue, voué à la démolition et récemment désamianté, est apparu dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 septembre, un arbre, mettant à nu un appartement.

Dans la nuit, un arbre a poussé dans un appartement du quartier Bellevue, à Nantes.
Dans la nuit, un arbre a poussé dans un appartement du quartier Bellevue, à Nantes. | Franck Bubray Ouest France

Au 2 de la rue de Saône, quartier Bellevue à Nantes, un immeuble, éventré par un arbre, laisse apparaître un appartement. Au deuxième étage, les racines sortent de la façade. Du troisième étage, sortent des branches.

Son tronc transperce l’appartement, créant une séparation entre un salon à gauche, une tapisserie orange et marron très 70’s, et une cuisine de Formica à droite.

Un couple est apparu dans l’appartement, peu avant 10 h. | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE

Un peu avant 10 h, des comédiens, jouant une famille au réveil, sont apparus dans l’appartement. Le père arrose un arbre qui a poussé dans la nuit. Ils assureront des représentations le matin et l’après-midi, ceci durant trois jours, jusqu’au dimanche 20 septembre.

Le réveil de la famille. | FRANCK DUBRAY/OUEST-FRANCE


Pendant le confinement à Nantes, le créateur de Royal de Luxe était en « mode Diesel »…

24 HEURES AVEC. Quel est votre quotidien en pleine crise du coronavirus ? Chaque jour, Presse Océan part à la rencontre de lectrices et lecteurs. Aujourd’hui, Jean-Luc Courcoult de Royal de Luxe.

Jean Luc Courcoult, créateur de la troupe nantaise Royal de Luxe
Jean Luc Courcoult, créateur de la troupe nantaise Royal de Luxe | PHOTO ARCHIVES PO – TL

La « pression est retombée d’un coup », confie Jean-Luc Courcoult. « Tout s’est arrêté, figé. J’ai toujours été dans la boulimie de la création non-stop et là, il y a comme un silence. Je n’ai plus de copie à rendre. Je garde contact bien sûr avec la compagnie par téléphone ou mail, rien ne s’arrête vraiment. Mais je me suis mis en mode « Diesel». Je sors un peu avec mon chien Pirrhus qui a besoin de courir. Je range mes placards, je trie mes photographies, je lis des livres d’histoire, je me documente. Je travaille toujours autour d’une belle histoire de gorilles ».

« J’ai arrêté de faire tourner le moteur, c’est un espace vide dans le temps »

Connue mondialement pour sa saga des Géants, la troupe nantaise Royal de Luxe, née voilà quarante et un ans, a déjà lâché sa folie des grandeurs pour des spectacles plus petits, dont le dernier a pour nom « Miniatures ». Il a été joué au mois de juillet 2019 dans le quartier de Bellevue que la compagnie artistique a décidé d’accompagner, en accord avec la municipalité, durant plusieurs années. Ainsi est né Monsieur Bourgogne, un personnage dont la voiture, une Fiat 500, est capable de se garer à la verticale sur un immeuble. L’épidémie de coronavirus a stoppé le projet. « Nous avions préparé une intervention nommée « Cinémascope ». Tout est écrit. Cela nécessitait encore quelques travaux qui devaient démarrer quand le virus est apparu. Maintenant, on ne connaît pas la date du retour ».

Quelques jours avant le confinement, Jean-Luc Courcoult a connu de grosses fièvres et des maux de tête. «Je pense que je l’ai attrapé, en tous les cas, les symptômes étaient les mêmes. J’avais des courbatures, de gros coups de fatigue et petit à petit, ça s’est estompé, j’ai pris du Paracétamol ».


La précédente intervention de Royal de Luxe dans le Quartier Bellevue Nantes racontée en novembre 2019 par FR3 Pays de Loire …

Faire du neuf avec du vieux, c’est dans l’air du temps. Et la compagnie Royal de Luxe n’y coupe pas qui nous ressort sa voiture dans l’arbre ou plutôt l’arbre dans la voiture. Du déjà vu mais ça marche du tonnerre. Les habitants du quartier Bellevue à Nantes n’en croient pas leurs yeux.

C'est l'incompréhension totale autour de la voiture. C'est magique ! disent les passants...
C’est l’incompréhension totale autour de la voiture. C’est magique ! disent les passants…© France Télévisions (Olivier Quentin)

« Vous pensez que c’est vrai ? demande Hakim qui habite près de la place Mendès-France. Ha c’est une création ! Mais ils ont arraché l’arbre ? »

Tout comme la vingtaine de personnes qui se pressent autour de l’étrange scène, Hakim n’arrive pas à comprendre comment on a pu faire pousser un arbre dans une voiture ou découper une voiture pour la ressouder autour de l’arbre, bref c’est assez incroyable !

En pleine rénovation urbaine, le quartier Bellevue, situé entre Nantes et St Herblain, voit une nouvelle fois les projecteurs braqués sur lui.

Une graine qui a poussé dans la voiture

La compagnie Royal de Luxe vient d’y installer le 4ème acte du Projet Grand Bellevue, créé par Jean-Luc Courcoult, auteur-directeur-fondateur qui y présente actuellement « Mémé Rodéo ».
L’histoire raconte qu’en ce moment, Mémé Rodéo qui « habite au dernier étage d’une grande tour pas loin du centre de Bellevue », fait ses courses. « Elle range des voitures un peu n’importe où. Et comme elle plante une graine sur le trottoir avant de les garer, des arbres poussent au travers. »

Présente ce mardi sur le marché de Bellevue, Mémé Rodéo y reviendra vendredi 22 novembre vers 11h en compagnie de quelques lilliputiens.

Un miracle ou une diablerie ? Les commentaires vont bon train.
Un miracle ou une diablerie ? Les commentaires vont bon train.© France Télévisions Olivier Quentin

Véronique voudrait bien comprendre. Elle n’hésite pas à se mettre à genoux pour inspecter le dessous de la voiture, mais non, elle n’y trouve aucune explication.
« I don’t know how it is possible, s’exclame Ughuswena, nigeriane. Oh my gooood ! I am dreaming, it’s magic ! »

Même incompréhension dans ce groupe d’hommes qui tentent de faire bouger l’arbre ou se penchent pour inspecter l’intérieur du véhicule.
« Mais non mon frère, l’arbre était déjà là avant ! » assure le plus grand.

Une diablerie !

Un peu à l’écart, Alexis s’intéresse plus à l’ambiance qu’à la drôle de voiture.
« Ce qui est étonnant, dit-il, c’est la réaction des gens. Pour certaines populations c’est une affaire de diablerie. Sur les réseaux sociaux ça se déchaîne ! »

L’arbre qui pousse dans la voiture n’est pourtant pas une nouveauté à Nantes. La Compagnie Royal de Luxe nous avait déjà fait le coup en 1993 pour « Les Allumés à Naples » événement qui importait la culture napolitaine à Nantes.

En octobre de cette année-là, la voiture s’était installée autour d’un arbre du quartier Procé. Dans le quartier Bellevue, après le réverbère à nœud ou la voiture garée près de la chambre, sur un mur d’un immeuble, la compagnie a une nouvelle fois réussi à surprendre.

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