Max Relouzat : « Gardons-nous de dire que la Police est raciste. »

« Il y a des courants racistes dans la Police, mais gardons-nous de dire que la Police est raciste. » Invité sur les plateaux de Tébéo,  Max Relouzat, président de l’association finistérienne Mémoires des esclavages .a tenu des propos sans ambiguité. « On ne réécrit pas l’histoire comme on voudrait qu’elle soit « , a-t-il notamment déclaré à propos de la destruction de statues d’esclavagistes …

Extrait de 2’30 »  de l’entretien diffusé le 13 juin 2020 par Tébéo.

#JTBreton "Il y a des courants racistes dans la Police, mais gardons-nous de dire que la Police est raciste."Max Relouzat, président de l'association finistérienne Mémoires des esclavages était notre invité.

Publiée par Tébéo sur Samedi 13 juin 2020


 

Christiane Taubira salue le combat d’Assa Traoré contre les violences policières

Article paru le 10/06/2020 dans Le Huffingtonpost,

« Vous êtes une chance pour la France », a notamment lancé l’ancienne candidate à l’élection présidentielle lors d’un duplex dans « Quotidien ».

Captures d’écran « Quotidien »
Dans l’émission « Quotidien », Christiane Taubira a salué le combat et les mots d’Assa Traoré au sujet du racisme et des violences policières.

 

VIOLENCES POLICIÈRES – “Vous êtes notre chance…” Mardi 9 juin, au soir de nouvelles manifestations en hommage à l’Américain George Floyd et visant à dénoncer les violences policières, l’émission de TMC “Quotidien” a invité Assa Traoré et Christiane Taubira à échanger.

Et cette dernière, présente en duplex depuis la Guyane, a chaleureusement salué le combat de sa cadette, qui réclame depuis près de quatre ans la “vérité” sur la mort de son frère, décédé lors de son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise.

“Votre dignité naturelle nous en impose. Vous êtes notre chance, vous êtes une chance pour la France, nous avons la chance de vous avoir”, a martelé l’ancienne candidate à l’élection présidentielle et garde des Sceaux à Assa Traoré. Lui demandant également de saluer sa mère, Christiane Taubira a ajouté, émue: “Si je pouvais capturer un bataillon de vers à soie, je le ferais juste pour recoudre un petit bout de son cœur brisé.”

Je suis profondément touchée par ces mots remplis d’amour et d’affection”, a répondu Assa Traoré. Elle a expliqué qu’ils lui donnaient du courage pour “continuer la lutte” et qu’ils allaient droit au cœur de toute sa famille.

Reconnaître l’Histoire pour comprendre le monde

Dans la foulée, la sœur d’Adama Traoré est revenue sur son combat, la lutte contre les violences policières et pour connaître la vérité sur la mort de son frère, se demandant justement si l’État français pouvait en avoir peur. “C’est un combat que tout le peuple français doit porter. Quand on se bat pour Adama Traoré, on se bat pour tous les Adama Traoré.”

Pour elle, la manifestation du 2 juin marque “une date historique” pour la France, du fait du soulèvement massif et populaire observé, estimant d’ailleurs qu’il y avait eu 80.000 personnes devant le tribunal de Paris et pas 20.000 comme l’a déclaré la préfecture de police. Et de se féliciter que cet engagement soit aujourd’hui partagé partout dans le monde, en particulier depuis la mort de George Floyd.

“Qu’est-ce qu’ils font aux États-Unis les afro-américains? Qui a construit ce pays pendant quatre siècles? Qui a fécondé la terre de ce pays? Qui a souffert pour ce pays?”, avait justement lancé un peu plus tôt Christiane Taubira au sujet du racisme aux États-Unis, insistant sur la nécessité de reconnaître l’Histoire pour comprendre le monde. “Le monde a été construit par la sueur, l’énergie, la force, l’oppression, le fouet, des hommes et des femmes mis en esclavage…”

Et de conclure: “Donc la place de l’Homme noir sur lequel on pose un genou, qu’on presse pendant huit longues minutes et 46 secondes, cette place dans le monde n’est pas discutable parce qu’il porte sur ses épaules la construction du monde.”

À voir également sur le HuffPost:
Manifestation au Champ de Mars contre les violences policières


[Courant d’ère] Le statut des statues

Publié par Hervé Hamon
dans Le Télégramme du 13 juin 2020

Une statue de l’ancien roi des Belges, Leopold II, recouverte de peinture rouge, le 10 juin dernier.
Une statue de l’ancien roi des Belges, Leopold II, recouverte de peinture rouge, le 10 juin dernier. (Photo EPA)
 

Comment ne pas comprendre l’émotion, la rage, l’indignation ? À Bristol, des militants anglais déboulonnent la statue d’Edward Colson, esclavagiste s’il en fut. À Oxford, c’est l’effigie de Cecil Rhodes, théoricien de la supériorité britannique, qui est visée. En Belgique, l’ex-roi Leopold II, qui fit du Congo sa propriété privée, sa propriété sauvage, est maculé de rouge sang.

Comment ne pas regretter que des statues aient été érigées pour glorifier ces personnages, que des rues portent leur nom, comme chez nous, à Bordeaux, Nantes, Lorient, Paris, La Rochelle, Saint-Malo ? Comment ne pas comprendre que la rue Richepanse, près de l’Opéra, fut rebaptisée rue du Chevalier Saint-Georges – le premier commanda un effroyable massacre en Guadeloupe, le second fut un des premiers Noirs de l’Histoire de France ?

L’ennui, c’est que les statues ne sont qu’un bloc, tandis que les hommes, y compris les grands, ne le sont pas. George Washington, le père des États-Unis, avait des esclaves, et, du reste, le pays lui-même ne s’est-il pas construit sur l’ethnocide indien ? Winston Churchill, le grand vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale, fut aussi un être brutal et raciste, particulièrement à l’époque où l’Angleterre tenait l’Inde à sa botte. Colbert, le fondateur de la saine administration publique, fut aussi l’auteur de l’ignoble Code noir dont l’article 44 décrit l’esclave comme une marchandise. Et puis, pourquoi rejeter Colbert – dont le nom orne tant de nos lycées – sans rejeter son patron direct, un certain Louis XIV ?

On pourrait continuer à l’infini, signaler que le républicain Jules Ferry fut un apôtre de la colonisation ou que le héros malouin Surcouf, devenu armateur, investit dans la traite. Déboulonner, rebaptiser, libère. Mais déboulonner, naïveté de l’hygiénisme, ne rectifie pas l’Histoire. Qui continue à charrier son épouvantable lot d’horreurs et de crimes. Ce n’est pas en retirant « Autant en emporte le vent » du catalogue des grands films qu’on transformera l’Amérique sudiste en Amérique nordiste.

Beaucoup suggèrent de « contextualiser », d’expliquer, et c’est assurément souhaitable. Comme il est nécessaire de lire très attentivement Aimé Césaire, James Baldwin, Édouard Glissant et tant d’autres décrypteurs de la complexité. Mais, surtout, l’Histoire, il faut continuer de la faire, de la partager. Elle reste toujours nouvelle.

Hervé Hamon

Hervé Hamon


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