Première des Trottoirs de Jo’Burg de la Cie Oposito à Morlaix

L’itinéraire d’Oposito a mené la compagnie à se produire à plusieurs reprises sur le continent africain C’est au retour de Johannesburg, que Jean Raymond Jacob, Enrique Jimenez et leurs complices ont imaginé partager leur carnet de bord émotionnel  sous la forme d’un spectacle déambulatoire. « Les Trottoirs de Jo’Burg, Mirage  »  a été joué pour la première fois le 14 août 2001  sous le viaduc de Morlaix …

Comme en témoigne cette vidéo de 14mn, une parade spectaculaire de figures totémiques et de chars-animaux inspirés de la faune africaine, dont les ombres se projettent sur les façadesImages: Guillaume Bouffé & Philippe Lacroze, Montage: Philippe Lachambre

« Chants, Danses, Zoulou, jazz, classique, spiritual… Autour, t’oublie qu’y a la galère. C’est comme ça d’Addis-Ababa à Johannesburg, C’est beau, c’est triste, c’est violent. On s’enferme à double tour, mais des cœurs s’ouvrent. Là bas, quand t’as pas de maison, tu la construis… En tôle, en cartons ou en en chiffons. L’Afrique se conjugue aux temps des communautés. Sur ses trottoirs, le monde est en parade, en bois, en fer ou en papier. Caméléon, Oiseaux, Girafe, Crocodile et Scorpion, entourent des Déesses aux jambes longues et ventres ronds. Des Totems, rouges-noirs-jaunes, nus, ou en habits de cérémonie ouvrent la route aux masques du rituel de la mort et de la vie… »

Le carnet de bord de la création
à retrouver par ici  sur le site internet d’Oposito


« Nous sommes revenus de ces voyages grandis dans nos têtes. Comment faire partager ces sentiments empreints tantôt d’extase tantôt de détresse ? Là-bas, d’autres ont déjà bien trop parlé, la bouche pleine de promesses en sable. Alors tu te tais, tu écoutes et tu regardes. Il te vient une perception charnelle, l’impression que tout a commencé ici, le bonheur et le malheur. Tu te sens tout petit. Aux angles des rues, embouteillage temporel aux couleurs exacerbées, les époques se croisent et se mélangent…

Notre propos n’est pas de faire un spectacle sur l’Afrique, nous risquerions le cliché et de trahir celles et ceux avec qui nous avons collaboré lors de nos projets sur ce grand continent. Nous souhaitons rechercher au plus profond de nous-mêmes, en quoi ces voyages nous ont transformés. Notre vision du monde a certainement changé, mais nous avons aussi relativisé le rôle de l’art et de l’artiste dans nos sociétés occidentales. De nos échanges avec les enfants danseurs de Soweto ou de nos rencontres avec les femmes Ndébélé ou encore de nos longues discussions avec Aweke Amiru metteur en scène Ethiopien, il nous reste une immense admiration. Ces hommes et ces femmes produisent de l’art vital, ils nous ont fait rêver.    Jean-Raymond Jacob


Compagnie Oposito,
Les Trottoirs de Jo’Burg… mirage

Une vidéo de 03m 38s  en ligne par ici sur le site de l’INA

Éclairage

La compagnie Oposito est née en 1982 de la rencontre entre Enrique Jimenez, plasticien et scénographe, et Jean-Raymond Jacob, animateur culturel puis metteur en scène. Leurs premières créations, L’Enfer des phalènes (1985) et Toro de fuego (1987) par exemple, sont inspirées par les traditions populaires espagnoles, la bande dessinée et l’univers de l’heroic fantasy. Elles trouvent place dans les carnavals et les fêtes urbaines, où la compagnie manifeste ses capacités à organiser des événements collectifs et à mettre en œuvre des collaborations artistiques : elle est ainsi à l’origine du festival Grains de Folie (1989) et participe à l’Arène Foraine d’Aurillac, en 1993.

Transhumance, l’heure du troupeau (1997), Les Trottoirs de Jo’Burg (2001) et Toro (2006) constituent le triptyque des grandes parades allégoriques, spécialité reconnue d’Oposito. À l’origine de la première, un hommage aux anciens rituels saisonniers, l’usage déambulatoire de deux « vaches de feu » en métal fabriquées en 1996 avec le groupe Métalovoice dans le cadre de l’inauguration d’une halle culturelle aménagée dans d’anciens abattoirs, et réutilisées la même année pour celle du Moulin Fondu, lieu de fabrique de la compagnie Oposito. L’aboutissement est un vaste cortège d’animaux-machines à taille humaine, de comédiens et de musiciens, qui se termine par un concert dirigé par Michel Risse et Pierre Sauvageot (Décor Sonore), associant sur un plateau à trois étages un orchestre symphonique, les percussions industrielles de Métalovoice et un bagad breton.

Les Trottoirs de Jo’Burg a été créé au retour d’une tournée en Éthiopie et en Afrique du sud. Jean-Raymond Jacob décrit ainsi son propos : « Nous avons choisi de transposer notre carnet de bord émotionnel en lui donnant la forme d’un spectacle déambulatoire (…) La mise en scène agira pour donner à nos images une sensation de mirages successifs visuels, sonores et olfactifs (…) La scénographie est une métaphore des marchés aux souvenirs, où des femmes et des enfants vendent des jouets, des statuettes ou des masques de rituels (…) Nous avons imaginé qu’ils se mettaient à grandir, grandir, puis qu’ils quittaient la devanture de ces boutiques à ciel ouvert pour enfin prendre la rue, et afficher en force toute leur poésie. » Comme pour Transhumance, la mise en scène est signée par Jean-Raymond Jacob, Martine Rateau et Thierry Lorent, la scénographie par Enrique Jimenez, la composition musicale par la compagnie Décor Sonore.

Dans Toro, la compagnie adopte une démarche analogue en liant aux souvenirs proches d’un séjour au Mexique les imageries mythiques de l’univers taurin.

Voir aussi

Transhumance, l’heure du troupeau sur Ina.fr, et le même spectacle à Weimar
– Les Trottoirs de Jo’Burg sur Ina.fr

Documentation
– Le site de la compagnie Oposito
– Bertrand Dicale, Anne Gonon : Oposito, l’art de la tribulation urbaine, Montpellier, L’Entretemps, 2009.


Les photos de …

Jean Pierre Estournet
Vincent Muteau 

 

 

 

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