Pour Claire Nouvian, « il ne faut jamais baisser les bras  » !

Claire Nouvian dirige l’ONG Bloom engagé notamment contre la destruction des fonds marins en alertant sur la surpêche. On peut l’entendre désormais dans l’émission « La terre au carré » de France Inter dans une rubrique se voulant optimiste baptisée « La Lutte Enchantée ». Elle revient sur les pressions qui s’exercent actuellement sur certaines institutions de la recherche scientifique aux Etats Unis et sur l’actualité du CNRS en France …

« Un coup d’État anti-scientifique est en cours aux Etats-Unis … »

Une vidéo de 5′ 01″ diffusée sur France Inter dans « La Terre au carré » du 7 février 2025 …

« Hier, les barbouzes de Trump et de Musk ont forcé l’entrée de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, la NOAA, une référence scientifique mondiale. Ils ont sommé les vigiles de « dégager », ont intimidé les employés pour obtenir les accès aux données et provoquer un black-out de l’information climatique et océanique.

Ce qui s’est produit hier est sans précédent. Trump et ses sbires coupent les financements des producteurs de savoir sans aucun mandat du Congrès américain.

Casser le thermomètre plutôt que soigner le mal …
Tout cela se terminera très mal, y compris pour Trump et pour Musk.
Je pense fort à mes collègues universitaires américains en état de sidération.
Notre communauté océanographique connaît très bien la NOAA, c’est comme si on s’attaquait à la famille.

J’allais dire « c’est comme si en France, on s’attaquait au CNRS » quand tout à coup je prends conscience que chez nous, c’est plus sournois, mais ce n’est pas franchement mieux.

Bien que le CNRS n’a pas été envahi par des men-in-black qui intimident les employés, il est en ébullition depuis quelques semaines à cause d’une annonce de son PDG, Antoine Petit, qui fait consensus contre lui.

Le 12 décembre dernier, à la convention annuelle du CNRS, il a créé la sidération, en lâchant, l’air de rien, entre deux phrases, une bombe à retardement dont la déflagration a mis du temps à monter aux cerveaux pourtant bien affûtés des patrons des 800 labos du CNRS présents.

Vous vous souvenez du film « Hunger Games », dans lequel des adolescents étaient jetés sans ressources dans la forêt et devaient s’entretuer pour survivre, tout en étant filmés pour divertir des dirigeants autoritaires ?
Eh bien c’est à peu près ce qu’Antoine Petit prévoit pour le monde de la recherche scientifique.

Alors évidemment, il ne l’a pas dit comme ça, non, il a emballé son projet de massacre de la recherche à la tronçonneuse avec des concepts néolibéraux bien dans l’air du temps : il a expliqué qu’un label – et le financement qui va avec – serait décerné à 25% des labos les plus performants, des « key labs » (des laboratoire-clefs).

Autrement dit, il hiérarchise les recherches entre elles et assèche le financement de 75% des labos alors que la recherche scientifique est déjà sous-financée.

Donc, je vous la fais courte, l’annonce d’Antoine Petit équivaut à dire à la majorité de la recherche française qu’on n’a pas besoin des connaissances qu’elle apporte à la société, qu’elle peut crever de faim, et qu’en plus, ce serait rigolo de regarder les chercheurs s’entre-tuer pour ce fameux label avant de disparaître…

C’est ultra déprimant vous allez me dire, mais là se passe…la magie d’une lutte enchantée ! Et oui, la lutte, on y revient, encore et toujours.

Plus de 8000 chercheurs et employés du CNRS ont signé une motion de défiance envers Antoine Petit et demandé sa démission.

Le projet des « key labs » au sein du CNRS a pour l’instant été gelé par le ministre de la recherche… mais seulement jusqu’en juillet.
La lutte continue ! Et les chercheurs découvrent que s’abriter derrière son ordinateur en disant « moi je fais de la science, je ne fais pas de politique » ça ne marche pas.

Tout est politique.

Le financement de la recherche est politique.
L’air que nous respirons est politique.
Merci au passage à madame Hidalgo, car les concentrations de particules fines ont baissé en moyenne de 40% en 10 ans, faisant chuter d’autant le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air !

L’eau est politique, comme le montre le vote imminent de l’Assemblée sur les polluants éternels, ces horribles PFAS qui contaminent tout notre environnement – suivez Camille Etienne pour agir avec elle.

La nourriture est politique et ce n’est pas un hasard qu’un amendement coupant les subventions à l’agence de l’agriculture bio a été adopté récemment.

Le climat est politique. L’océan est politique.

Si on décide d’arrêter toutes les formes de pêche destructrices dans les aires marines dites « protégées », que ce soit le chalutage pélagique qui avale tous les poissons sur son passage ou le chalutage de fond qui détruit tous les écosystèmes marins, ce sera une décision politique.

Ce sera le fruit d’une lutte, d’une mobilisation.
C’est pour ça qu’il ne faut jamais jamais jamais baisser les bras.

Vous verrez, à la fin, on les aura nos aires marines vraiment protégées sans pêches destructrices, et elles protègeront les animaux marins, les puits de carbone, le climat et donc nous, oui, nous les humains, 100% dépendants de l’océan. On sera heureux, on sera fiers d’avoir accompli ça, tous ensemble.
Allez, vous qui nous écoutez, rejoignez notre lutte enchantée pour l’humanité ! »

Claire Nouvian , dans « La Terre au carré du 7 février 2025 « …


Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos de Claire Nouvian …

Pour Claire Nouvian, il faut mettre fin « à la séquestration du vivant par une poignée de personnes »!