Soutien aux agents de l’Office Français de la Biodiversité !

L’Office français de la biodiversité (OFB) est un établissement public qui assure – entre autres missions et avec d’autres services spécialisés de la gendarmerie – la police de l’environnement. Le 14 janvier, dans son grand oral devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a mis le feu aux poudres, notamment en « accusant les inspecteurs de l’OFB d’humilier les paysans … »

Agressions en série : les agents de la biodiversité abandonnés par l’État

Boucs émissaires de la crise agricole, des agents et bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) sont ciblés par des agriculteurs. Ils sont abandonnés par le gouvernement d’une façon ahurissante. Un article signé Emmanuel Clévenot dans Reporterre du 24 janvier 2025 …

Des agriculteurs de la FDSEA 72 et des Jeunes agriculteurs dégradent l’entrée de l’OFB du Mans, le 26 novembre 2024. – © Jean-François Monier / AFP

À côté du portail métallique calciné, un graffiti vert à l’écriture bancale : « DE LA PART DES DEALERS. » Le 22 janvier, le site audois de l’Office français de la biodiversité (OFB) a été pris pour cible à Trèbes, près de Carcassonne. Peinturlurée sur le muret d’enceinte, l’inscription est une référence directe à la déclaration d’un agent de l’établissement public, tenue quelques jours plus tôt.

Au micro de France Inter, le fonctionnaire décrivait son sentiment de ne plus être le bienvenu sur certaines exploitations agricoles : « C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il pesté sur les ondes de la radio publique. Une formulation jugée maladroite par certains, inacceptable pour d’autres.

Dès lors, un énième bras de fer entre les principaux syndicats agricoles et l’OFB s’est cristallisé. Toujours le 22 janvier, une quarantaine de paysans ont bloqué un centre spécialisé dans la formation des policiers de l’environnement, dans le Loiret. « Comme on nous traite de “dealers”, on va leur laisser en cadeau un peu de poudre », raillait l’un d’eux. En l’occurrence, de la poudre de calcaire et du sable, entassés par centaines de kilos devant les entrées du bâtiment.

L’entrée de l’OFB à Trèbes pris pour cible par des paysans, le 22 janvier 2025. © Idriss Gibou-Gilles / AFP

François Bayrou, le pompier pyromane

Si la malheureuse comparaison aux trafiquants de drogue a attisé la colère, François Bayrou avait, lui, mis le feu aux poudres. Le 14 janvier, dans son grand oral devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a accusé les inspecteurs de l’OFB d’humilier les paysans en menant leurs contrôles avec une « arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise ».

Par ces mots, le maire de Pau a ouvert une boîte de Pandore, sur laquelle se sont jetés grand nombre de politiciens de droite et d’extrême droite. « Maintenant, ça suffit ! L’OFB doit être purement et simplement supprimé », a éructé le chef de file des députés républicains, Laurent Wauquiez.

Armé d’une tronçonneuse — pour plagier le président climatosceptique de l’Argentine, Javier Milei, qui souhaite couper drastiquement dans les dépenses publiques —, Éric Ciotti, allié du Rassemblement national, a promis de dissoudre l’établissement : « [Il] incarne le pire de la bureaucratie autoritaire », avait-il écrit quelques jours plus tôt.

Cadavre de blaireau et concierge terrorisé

Répercussions immédiates de ces propos boutefeux : une pluie d’intimidations et de dégradations s’est abattue, aux quatre coins de l’Hexagone, sur les locaux de l’administration publique. Le 16 janvier en Lozère. Le 18 janvier en Haute-Loire. Le 19 janvier dans l’Hérault.

Tantôt un cadavre de blaireau ficelé sur la porte d’un bâtiment. Tantôt des menaces peintes sur le bitume : « Gare à vous ». Tantôt encore, l’attaque simultanée de trois établissements dans une opération baptisée « Blanche neige ». Cette fois, les agriculteurs ont déversé devant les entrées des remorques emplies de farine, de chaux et de plâtre.

« Je n’avais pas envie à 63 ans
de me faire taper dessus »

Dans la nuit du 19 au 20 janvier, ces violences ont atteint leur paroxysme, devant les locaux de Toulouse. Aux traditionnels jets de sacs de chaux, de branches et de fumier s’est additionné celui de ragondins morts. Aucun membre du personnel n’était présent à ce moment-là, à l’exception du concierge qui y habite. Dans le média Ici, Miguel raconte être resté enfermé toute la nuit dans la peur : « Avec l’agressivité qu’il y avait, je n’avais pas envie, à 63 ans, de me faire taper dessus. »

« Un cap inédit dans la violence »

La détestation de l’Office français de la biodiversité par certains agriculteurs s’illustre plus que jamais auparavant. Mais le saccage de locaux, les insultes et les menaces ne datent pas d’hier. En mars 2023, l’un des sites nationaux de l’Office — hébergeant une centaine d’employés à Brest — avait été incendié par des pêcheurs, au moyen de plusieurs centaines de fusées de détresse. Un acte criminel commis sous les regards impassibles des forces de l’ordre.

Entre janvier et juin dernier, quelque trente-six agressions et dégradations ont aussi été recensées. Et depuis, la liste continue de s’étendre, encore et encore. Le 8 octobre, le chef de la section du Tarn-et-Garonne a échappé à un accident, en s’apercevant de justesse qu’une roue de son véhicule avait été déboulonnée.

Un pêcheur jette des caisses de pêche vides sur un feu de joie, lors d’une manifestation devant l’OFB à Brest, le 30 mars 2023. © Fred Tanneau / AFP

Le 31 octobre, les bureaux de la Haute-Saône ont été encerclés de fils barbelés par des membres de la Coordination rurale — syndicat aux valeurs compatibles avec celles de l’extrême droite. Ceux de la branche oisienne de la FNSEA ont de leur côté muré avec des parpaings, l’automne dernier, les locaux de l’organisme.

Le 19 novembre, dans la Creuse, des paysans de la Coordination rurale sont allés jusqu’à briser une porte, pénétrer dans les bureaux, saccager plusieurs pièces et menacer un agent. Des vols de documents confidentiels, dont des dossiers judiciaires parfois en cours, ont été déplorés : « On passe un cap inédit dans la violence, s’est alarmé le directeur adjoint auprès du journal La Montagne. C’est la stupéfaction ! »

Grève imminente

Stupéfaite de l’absence d’intervention des ministères compétents, la présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, s’interrogeait auprès de l’AFP, le 17 janvier : « Où est-ce qu’on a déjà vu une police attaquée de la sorte sans que les autorités compétentes prennent sa défense ? »
Dans la foulée, une grande intersyndicale — composée notamment de la CGT et de Force ouvrière — a appelé les 3 000 agents de l’établissement public à une mise en retrait total jusqu’au 31 janvier, journée pour laquelle un préavis de grève a été déposé.

Interpellée le 20 janvier devant le Sénat, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est contentée d’exprimer son « soutien le plus ferme aux agents ». Ajoutant : « Je n’accepte pas qu’on mette une cible dans le dos d’agents publics. » Reste que, pour l’heure, l’État ne semble pas décidé à assurer la sécurité de ses fonctionnaires, qui ont un rôle de surveillance essentiel pour préserver les écosystèmes.

Le lendemain, la députée écologiste Sandra Regol a par ailleurs précisé que « 81 agents ont déjà été tués dans le cadre de leur fonction depuis la création des divers établissements ayant précédé l’OFB et que 180 situations de tension forte ont été remontées depuis 2020 ».

Vendredi 24 janvier, les syndicats de l’OFB ont été reçus dans l’après-midi par le cabinet du Premier ministre.


Novembre 2024 : dans le département de l’Indre, en tête de cortège, un tracteur affichait l’hostilité des manifestants contre l’Office français de la biodiversité (OFB). © (Photo NR, Thierry Roulliaud)

Soutien aux agents de l’OFFICE FRANCAIS DE LA BIODIVERSITE en signant cette pétition intersyncale par ici  …

Après l’incendie criminel classé sans suite des locaux de l’Office Français de la Biodiversité de Brest en mars 2023, après le saccage de locaux de Guéret en novembre dernier, les actions contre les bureaux de l’OFB se multiplient partout sur le territoire sans que l’État apporte un quelconque soutien à ses agents. Pire, le 1er Ministre les pointent du doigt !Trump serait-il aussi à Matignon?

Le ras le bol d’une profession

Vendredi dernier, les syndicats représentatifs de l’Office français de la Biodiversité (OFB) ont appelé à les personnels à cesser leurs activités.

Abandonnés des Politiques

Que dirait-on si le Ministre de l’Intérieur n’allait pas au chevet de policiers agressés, si le Ministre de l’Éducation Nationale ne soutenait pas l’action de ses personnels?
C’est pourtant cette situation ubuesque que vivent quotidiennement depuis près de deux ans les policiers de l’environnement de l’OFB.
Ne recevant aucun soutien de leurs Ministres de tutelles (Agriculture et Transitions), ils ont été accusés par le 1er Ministre lors de son discours de politique générale du 15 janvier, d’humilier les paysans en menant leurs contrôles «une arme à la ceinture».

Une pétition de soutien en ligne

Parce que la nature est menacée par la surpêche, par les infractions à l’usage de pesticides, fongicides et autres produits qui portent atteintes à la biodiversité, il faut des contrôles et des verbalisations en cas d’infractions.
Parce que les attaques de personnalités au plus haut niveau de l’État contre des fonctionnaires qui appliquent la réglementation est inadmissible, Média Ouest Transitions la diffuse et vous invite à la signer.

Dans un contexte de mise en cause injustifiée des inspecteurs de l’environnement de l’Office français de la biodiversité, représentant la police de l’environnement et chargés de rechercher les atteintes à la biodiversité et aux écosystèmes, le soutien et l’union de ces agents deviennent nécessaires.
Parce qu’ils sont dévoués à leurs missions au service du public, parce qu’ils protègent la société toute entière contre la dégradation de la qualité de l’eau, de l’atteinte portée aux espèces protégées, aux milieux naturels dans l’intérêt de tous, nous manifestons un soutien collectif à leurs fonctions.
Les agents de l’OFB possèdent des points communs avec les exploitants agricoles qu’ils respectent, avec qu’ils partagent une fine connaissance des territoires et des espaces ruraux. Il y a plus de proximité entre les techniciens de l’environnement et les agriculteurs qu’il n’y en aura jamais avec la sphère politique.
Ils parlent le même langage, partagent les mêmes loisirs de la chasse à la pêche, s’apprécient et se côtoient au quotidien.
Ils sont fils d’agriculteurs, frères, conjoints, amis, voisins, riverains.
Pour mettre un terme à un débat qui n’a pas lieu d’être, l’OFB étant un établissement public ; l’ennemi des exploitations agricoles étant la mondialisation par la concurrence déloyale des multinationales, unissons-nous sur les territoires.
Embrassez un flic de l’environnement, il travaille pour préserver l’avenir de nos enfants ! SIGNER LA PÉTITION ICI


L’Office Français de la Biodiversité

L’Office français de la biodiversité (OFB) est un établissement public dédié à la sauvegarde de la biodiversité. Il est chargé de la protection et la restauration de la biodiversité, en métropole et dans les Outre-mer.
Créé au 1er janvier 2020 par la loi n°2019-773 du 24 juillet 2019, l’Office français de la biodiversité est sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques et du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Olivier Thibault en est le directeur général.
L’OFB est au cœur de l’action pour la préservation du vivant dans les milieux aquatiques, terrestres et marins. Il joue un rôle essentiel pour lutter contre l’érosion de la biodiversité face aux pressions comme la destruction et la fragmentation des milieux naturels, les diverses pollutions, la surexploitation des ressources naturelles, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes ou encore les conséquences des dérèglements climatiques.
Cet établissement public travaille chaque jour en mobilisant un ensemble d’acteurs, de décideurs et de citoyens autour de la biodiversité : État, collectivités territoriales, associations, entreprises, scientifiques, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature… Un rôle de levier indispensable à la réduction des pressions exercées sur la faune, la flore et leurs habitats.
En savoir plus sur l’OFB par ici …