Hommage à Dada Masilo, rencontrée avec Oposito en 1999 à Soweto …

Devenue  l’une des chorégraphes les plus renommées du continent africain, Dada Masilo vient de décéder brutalement à l’âge de 39 ans.  Avec la Compagnie Oposito, nous l’avions rencontrée dans son township de Soweto : lors de l’Inauguration des Africa Games 1999,  c’est elle qui , à  l’âge de 12 ans, dansait en solo  au centre d’une Afrique dessinée au milieu du stade par 1500 figurants …

Dimanche 5 janvier 2025 , Oposito était invitée en Espagne à présenter le bestiaire des Trottoirs de Jo’burg afin de célébrer la Cabalgata de los Reyes Magos de Madrid . La Compagnie  a dédié cette parade à Dada Masilo, célèbre danseuse-chorégraphe sud africaine rencontrée en 1999 à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des All Africa Games de Johannesburg.

Dada Masilo, chorégraphe sud-africaine connue pour ses relectures engagées des monuments du répertoire, est morte

La danseuse a marqué notamment avec son « Lac des Cygnes » gay et afro-contemporain, devenu une référence en 2010. Elle est décédée, le 29 décembre, à l’âge de 39 ans.

Par  31 décembre 2024

« Le Lac des cygnes », revu par la chorégraphe Dada Masilo, qu’elle interprète ici, à Londres, en 2014.
« Le Lac des cygnes », revu par la chorégraphe Dada Masilo, qu’elle interprète ici, à Londres, en 2014. LEO MASON/POPPERFOTO/CORBIS VIA GETTY IMAGES

Son allure joyeusement fonceuse et guerrière, sa détermination à fleur de peau attrapaient l’œil où qu’elle soit. Dans la rue comme sur scène, la danseuse et chorégraphe sud-africaine Dada Masilo irradiait d’un charme puissant. Connue dans le monde entier depuis une quinzaine d’années pour ses relectures engagées, entre contemporain et tradition africaine, de monuments du répertoire, l’artiste est morte dimanche 29 décembre, à l’âge de 39 ans.

Née en 1985, à Soweto, Dada Masilo a grandi à Johannesbug où elle fonde, dès l’âge de 12 ans, un petit groupe de filles baptisé The Peacemakers. Dans la foulée, elle prend ses premiers cours à la Dance Factory. Huit ans plus tard, elle intègre P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios), école dirigée par Anne Teresa De Keersmaeker, à Bruxelles. Elle y étudie pendant deux ans puis retourne en Afrique du Sud. Coup sur coup, après avoir créé sa compagnie en 2008, elle chorégraphie des pièces qui vont marquer sa trajectoire, adaptations de mythes dont Roméo et Juliette (2008)


Dada Masilo : mort d’une danseuse magnétique et iconoclaste

La chorégraphe et danseuse Dada Masilo
La chorégraphe et danseuse Dada Masilo © AFP – PHILIPPE DESMAZES

La chorégraphe et danseuse sud-africaine à la renommée mondiale est décédée ce week-end, à l’âge de 39 ans seulement. Retour sur une carrière fulgurante.

Quand elle dansait, il y avait quelque chose de magnétique, de viscéral. Dada Masilo est décédée ce week-end à l’âge de 39 ans seulement, des suites d’une courte maladie, a annoncé le porte-parole de sa famille dans un communiqué. Née dans un township de Soweto, en Afrique du Sud, Dada Masilo s’envole à 19 ans pour l’Europe et rejoint P.A.R.T.S, l’école de danse bruxelloise d’Anne Teresa De Keersmaeker. Puis, elle prend d’assaut les scènes internationales, en bousculant les codes du ballet sur la forme, comme sur le fond. « Dada Masilo proposait quelque chose de nouveau dans le paysage de la danse classique en Occident. Elle mêlait des éléments de culture chorégraphique africaine, issus de différents styles et danses. La chorégraphie mais aussi les costumes, la musique, en ajoutant des percussions ou des voix », analyse le producteur d’Au cœur du ballet sur France Musique, Hippolyte Pérès, qui lui consacrera une émission le 31 janvier prochain.

« Un ballet très parlant de Dada Masilo est sa version du Lac des Cygnes, qu’elle baptise Swan Lake », poursuit Hippolyte Pérès : « Elle crée une chorégraphie imprégnée de convictions féministes, parle par exemple de la question du mariage forcé. Elle montre que la danse, ce ne sont pas uniquement des histoires de contes de fée, mais aussi des engagements politiques. Le combat contre l’homophobie, également ». Un Sacre du Printemps revisité, qui inclut des rites tswana, du Botswana. Giselle, le ballet romantique du XIXe, se voit lui paré de percussions africaines, avec une héroïne féministe.

Dada Masilo avait reçu de nombreuses récompenses. Dernière en date, en septembre, le prestigieux prix Positano Leonide Massine, pour l’ensemble de sa carrière. Deux courtes décennies, mais qui laisseront une empreinte durable dans le paysage de la danse classique et contemporaine. Le Dance Consortium, basé au Royaume-Uni, qui a réalisé deux tournées avec Dada Masilo, a qualifié sa mort de « perte tragique pour le monde de la danse » : « Sa perspective nouvelle, sa présence extraordinaire et ses créations époustouflantes ont séduit, inspiré le public et les artistes du Royaume-Uni et du monde entier ».