Shaka Ponk, groupe de rock iconique de la scène française s’apprête à tourner la page de sa carrière musicale avec une dernière tournée intitulée « The Final Fucked Up Tour ». Après deux décennies de succès, cet ensemble qui a repoussé les frontières du rock, de l’électro et du punk se retire des feux de la rampe pour se consacrer à une cause qui leur est chère : l’écologie.
Cette décision n’est pas le fruit du hasard. Shaka Ponk, engagé dès ses débuts dans la lutte pour la protection de l’environnement, a lancé en 2018 le collectif « The Freaks« , regroupant de nombreuses personnalités artistiques et publiques. Ce collectif s’engage à adopter des comportements responsables pour contrer la surconsommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
Ainsi, en partenariat avec la Fondation Nicolas Hulot et l’Ademe, Shaka Ponk a décidé de donner un nouvel élan à son engagement envers la planète. Dans leur communiqué, les membres du groupe expriment leur désir de se consacrer pleinement au développement de tels projet, où ils se sentent utiles et en phase avec les enjeux de notre époque : vivre et agir pour le vivant. Si la musique a été leur point de départ, ils considèrent aujourd’hui que l’avenir les appelle à de plus grandes responsabilités pour la planète.
En marge de leur Tournée d’adieu, leur performance lors des 40 ans de Taratata à Bercy en octobre 2024 n’est pas passée inaperçue …
Les répètes avec SHAKA PONK (2024) —– BACKSTAGE TARATATA N°585 – 10/2024 (vidéo 4’08 »)
SHAKA PONK – SEX BALL – Taratata 40 ans de Bercy ( vidéo 6’24 »)
En savoir plus sur le virage de Shaka Ponk …
Shaka Ponk : fin de tournée, l’écologie d’abord ?
Mercredi 19 juin 2024
En octobre 2022, le groupe de rock Shakaponk annonçait sa dernière tournée « Final Fucked Up Tour », pour être en accord avec leurs convictions écologiques. Comment imaginer l’après ?
Comment faire de la musique et des tournées en 2024 lorsqu’on revendique des valeurs en matière d’écologie ? Cette question traverse de plus en plus d’artistes qui se sentent parfois en décalage entre leur vie professionnelle sur scène et leurs aspirations personnelles. C’est le cas du groupe français Shaka Ponk, qui a annoncé l’année dernière sa décision de raccrocher les gants et de sortir un dernier album.
Dans leurs concerts, sur leurs réseaux sociaux, Shaka Ponk mettent en avant des causes environnementales et écologiques, celles de Thomas Brail, de Sea Shepherd, ils s’associent avec Aurélien Barrau pour un titre sur leur dernier album. Ouvertement engagé pour l’environnement, le groupe de rock est à l’initiative de The freaks, un collectif d’artistes engagés pour adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique dans leurs pratiques. Car comment organiser une tournée propre lorsqu’on doit faire rouler des camions remplis de matériel, avec 70 personnes en moyenne sur la route ?
Shaka Ponk sera en concert jusqu’à la fin de l’année avant donc de faire de la musique autrement. C’est ce qu’est venu nous expliquer Frah, le chanteur du groupe. Fin de tournée, l’écologie d’abord, c’est ce qu’il explique depuis qu’est sorti leur dernier album. Il est venu raconter pourquoi le groupe a pris cette décision radicale et comment il imagine la suite avec cette nouvelle étape de leur parcours.
On en parle avec
- Frah, chanteur de Shakaponk
- Lamya Essemlali, militante, fondatrice et présidente de Sea Shepherd France
- Cyril Dion, poète et réalisateur auteur de La route sans fin Ed. Le Castor Astral – Mai 2024. Spectacle Résistances Poétiques Samedi 6 juillet – Lanrivain (22) Festival « Lieux Mouvants » et Dimanche 10 novembre – Aix les bains (73) Forum « A ciel ouvert »
Continuer la musique, mais autrement
Vingt ans de carrière, des milliers de concerts, huit albums. Shaka Ponk annonçait sa dernière tournée l’année dernière avec un dernier album afin de rester en cohérence avec le concept du groupe. Shaka étant au départ un animal, un primate qui explique à l’homme qu’il fait n’importe quoi, reclus dans une bulle égocentrée, coupé de la nature, perpétuellement en quête d’ascension personnelle : « On a décidé d’arrêter Shaka Ponk, de faire autre chose pour ne pas rétrograder notre concept de départ. Finis les grosses scénographies qui étaient encore possible il y a quelques années, c’est devenu complètement obsolète aujourd’hui vis-à-vis du respect de la nature. On va faire un autre groupe tout en consultant des professionnels de l’écologie. Au début, on était un petit groupe de rock entre copains, qui a pris de l’ampleur, et le succès engage une responsabilité écologique. On a pris conscience qu’on était devenu une partie du problème et qu’il fallait rendre notre groupe le plus écoresponsable. On a choisi d’arrêter par cohérence existentielle. On ne peut pas délivrer de beaux messages et cultiver une activité professionnelle qui soit aussi polluante. Continuer la musique, mais autrement, en se donnant corps et âme pour essayer de refaire balancer les choses du bon côté« .
Cultiver un imaginaire artistique plus écoresponsable
Pour le groupe, s’il ne s’agit pas de tout arrêter, il s’agit de se réinventer et de faire tout ce qui est possible en tant qu’artistes pour être le plus écoresponsable possible. Frah considère qu’il faut penser une nouvelle façon de faire des concerts, des tournées, en construisant des imaginaires préconisant la sobriété dans tous les corps de métier, car « s’il n’y a pas une prise de conscience, si les gens ne font pas un pas en arrière pour se rendre compte des conséquences de leurs actes, de leurs décisions, dans tous les corps de métier, pour analyser la situation, forcément, on va arriver à un moment à des interdictions. Le système est ainsi fait qu’on est tous conditionnés par une culture matérielle qui date de dizaines d’années et qui nous aveugle. Dans le monde de la musique, en comptant les festivals, les salles de concerts, les producteurs, les artistes, tout le monde est à peu près à 10 % de ce qui peut faire et si on va à 100 % de tout ce qui est faisable, on peut déjà, même s’il y a des centaines de milliers de personnes qui se déplacent, le faire dans un environnement écologique. Il faut tout rétrograder au point où les festivals devraient refuser de gros artistes. Il faut qu’on se dise qu’on s’est tellement habitué à avoir des trucs de plus en plus gros, tout de suite, tout le temps qu’il faut faire un pas en arrière et que tout le monde décide d’opter pour une sobriété globale au moins intermédiaire. Et notre but à nous, c’est aussi de réussir à convaincre tous les artistes d’y songer« .
La suite à écouter sur le podcast La Terre au carré de France Inter …