Sueurs froides, polémique et « Joyeux bazar en Pays de Montbéliard » !

« Joyeux bazar en Pays de Montbéliard. » La soirée d’ouverture de « l’année de la capitale de la culture » du samedi 16 mars 2024 aura mérité son nom sous l’impulsion d’Hervée de Lafond dans un rôle de maîtresse de cérémonie et de Gabriel Attal, Premier Ministre. Jacques Livchine fait part de ses « sueurs froides » tandis que la presse se fait l’écho de « la polémique » qui n’a pas manqué de naître …

Sueurs froides à la cérémonie d’ouverture de la Capitale Française de la Culture …

La Vouivre des plasticiens volants

Jacques Livchine raconte les coulisses de l’événement dans un billet posté sur le site internet du Théâtre de l’Unité daté du 17 mars 2023 …

« Que d’inconnues  !
Ce projet d’ouverture de Capitale Française de la Culture était dirigé par Hervée de Lafond nommée par l’Agglomération dite PMA.
Quatre mois infernaux, avec rebondissements chaque jour.
Et la date et le lieu et le budget, tout bouge sans arrêt.

On commence par imaginer un spectacle qui tournerait autour d’une rencontre Rachida Dati  et Jamel Debbouze qui viendrait amicalement, vu le rôle que nous avons joué dans sa vie à Trappes.

Oui disait Hervée, on montrerait le rôle émancipateur  de la Culture, deux personnalités issues de l’immigration.

On mettrait les personnalités dans des nacelles pour les discours et les dialogues, alors il faut établir les budgets techniques pour le son et la lumière. Ces budgets arrivent très tard, de l’ordre de 50 000 € . Catastrophe, le budget alloué est dépassé. Ouf. Yannick Marzin un des trois commissaires réduit ses ambitions sur son évènement final.

La balance se rétablit.

Mais il faut sans arrêt « colérer », ce qui est dit dans les réunions n’est jamais acté. L’heure approche, on nous annonce que Rachida Dati ne viendra pas, c’est la claque humiliante. On lui écrit une lettre déchirante pas tant pour sa présence que pour le symbole.

Coup de théâtre, le député Renaissance Nicolas Pacquot insiste pour que cela soit le Premier Ministre qui soit présent.

On aurait Rachida Dati et Gabriel Attal.
Puis finalement à J-3 , il n’y aurait que le premier ministre. Jamel s’est désisté.

Or qui dit Premier Ministre dit mesures de sécurité abracadabrantes.
Démineurs, chien dénicheur de poudre. Débarquement d’une trentaine d’hommes en noir. Barrières de sécurité , tribune  d’honneur  sécurisée, nacelles interdites.  On doit même évacuer une grande loge en cas de problème pour que le Premier Ministre puisse se réfugier dans les sous sols de l’Axone.

Et puis nous ne maitrisons pas la communication, l’affiche est peu attirante, trop froide, on la voit à peine.

La météo est menaçante, pluie et vent prévus. A plus de 12 km/heure, pas de feu d’artifice, ni de la Vouivre animal géant gonflable.

Combien de personnes attend -on ?  Mille minimum, ce serait l’échec.

Jour de l’événement , des cordons de sécurité se mettent en place. Les artistes eux- mêmes ne peuvent pas accéder au lieu. Les macarons ne sont pas prêts ou pas distribués.

Le Jumper de l’Unité a dans son coffre 40 kgs de course, la sécurité est inflexible. On ne passe pas. On appelle au secours le directeur de l’Axone, tous les artistes un par un ne réussissent pas à passer les barrières. Nous sommes au comble de l’absurdité.

Le premier Ministre arriverait en Falcon de la République, ne peut pas atterrir à Courcelles les Montbéliard, mais à l’aérodrome militaire de Luxeuil à 40 kms.  Cortège de dix véhicules.

On parle de sniper sur les toits.

On débute avec trente minutes de retard.

La public a envahi les espaces de jeu. Hervée s’égosille, rien n’y fait. 5000 personnes environ, ce n’est pas la honte, pas de vent pas de pluie. Ouf.
Notre Brigade d’intervention accueille le premier ministre, horde  de micros et de journalistes et armée de gorilles, il faut jouer avec les éléments.

Enfin  ça y est il est sur la tribune, Hervée se déchaine, le tutoie , l’appelle gosse, joue l’impertinence totale, le charrie.  T’es venu en Jet pour une fête de la sobriété écologique, tu connais pas le TGV ? Tu enlèves 200 millions à la Culture etc. Il est à l’aise, calme, sourit, parfois il répond. Ce jeune homme a de l’avenir.

Le président de l’Agglomération  Charles Demouge prend peur. Il annonce prématurément l’arrivée des 73 maires à vélo, en fait 72  puisque lui ne pédalera pas. Ça commence mal, trou de dix minutes.

Et puis il y a trop de monde qui veut s’agglutiner pour apercevoir la star de l’ouverture : Gabriel Attal.

La patrouille de France à trottinettes se fraie un passage juste après les 72 vélos. On découvre très vite que notre scène centrale espace de jeu est trop basse que personne ne voit. Pas de budget pour un grand écran.

Tous les circuits savamment préparés sont abandonnés. Tout est trop lent, on aurait voulu que les événements se mordent entre eux, ce n’est pas le cas.

Le charriot, bar ambulant , casse ses attaches, les deux chevaux comtois ne peuvent plus le tracter,  désastre, on n’annule pas, traction manuelle. etc.

Les femmes puissantes arrivent à défiler et sont applaudies. Les Vagabond crew breakdance sur Haendel, la championne de Freestyle, puis les vaches montbéliardes, les oies passent en périphérie, elles ont peur.

Puis ça rame, grands espaces sans rien. L’ennui commence. La représentante du Premier ministre vient nous dire que Gabriel Attal a une réunion importante et nous dit merci  au revoir.

Ah ça non, ce serait l’humiliation suprême.
Alors on accélère le processus. Ça hurle dans les interphones.
Hervée demande au Premier Ministre dix minutes encore

On supprime deux séquences, les hurleurs poétiques les immigrés,   et apparait la  majestueuse Vouivre des Plasticiens volants et ça enchaine par le fabuleux feu d’artifice du groupe F sur l’hymne du Pays de Montbéliard.

Le Premier Ministre  a sorti son portable et filme.
L’honneur est sauf, on termine bien, en majesté.

On serre la main du premier ministre, le public chante bon anniversaire. Il file non sans quelques selfies.

Zumba puis DJ Mimosa , mais les jeunes sont peu nombreux en vrai.
Hervée épuisée dit :  on a triomphé pas vrai ?   Oui certes mais d’extrême justesse.

Nous aimons l’adversité, le raté mieux, mais là on a frôlé le bord du gouffre. Maud le Floch présidente du jury qui a choisi Montbéliard nous félicite.  Oui Hervée a 80 ans !

Dans les réseaux sociaux, quelques personnes se disent choquées: on ne tutoie pas un Premier Ministre.

Mais on pense à Molière et à Louis XIV , les sociétés ont besoin de bouffons qui nous montrent que les rois ne sont pas des dieux, mais des êtres humains aussi fragiles que nous tous . »

Source : Site internet du Théâtre de l’Unité


L’événement et la polémique racontés par la presse locale et nationale  …

Saucisse géante, foot, vouivre… un « Joyeux bazar » réussi pour le lancement du Pays de Montbéliard, Capitale française de la culture

Le Pays de Montbéliard a été officiellement intronisé comme Capitale française de la culture, samedi 16 mars 2024. Une cérémonie présidée par Gabriel Attal, suivie d’un spectacle intitulé « Joyeux bazar ». Montbéliard a tenu ses promesses en dévoilant une création déjantée.

Chose promise, chose due.  C’est bien un joyeux bazar qui a fait vibrer la soirée du samedi 16 mars à Montbéliard. Une gigantesque fête était organisée pour célébrer le démarrage de la Capitale française de la culture 2024.  Pour l’occasion, Gabriel Attal a fait le déplacement.

Aux alentours de 18 heures, il a inauguré le conservatoire du Pays de Montbéliard Agglomération. Ce nouveau lieu culturel est « un formidable symbole », selon le Premier ministre. « C’est la preuve qu’à l’heure du tout écran, nous avons plus que jamais besoin de ces lieux« , a-t-il ajouté. 

Culture essentielle

Gabriel Attal a ensuite donné le top départ de la déambulation à vélo de 74 élus. Un défilé de nuit jusqu’au parvis de l’Axone de Montbéliard, cœur des festivités. Certains deux roues arboraient un cadre coloré avec inscrit le nom des différentes communes du territoire. Une déambulation sensiblement désorganisée mais joyeuse.

Le Premier ministre a repris la parole depuis l’estrade, surplombant le parterre d’environ 3000 personnes. « Toute la France a les yeux tournés vers Montbéliard« , a déclaré Gabriel Attal. « On n’a plus que besoin d’être ensemble et de partager. La culture ce n’est pas que Paris, la culture, elle est partout sur le territoire« , a-t-il déclaré avant d’officialiser le début de la programmation culturelle. 

Saucisse géante

Le spectacle intitulé Joyeux bazar a fait honneur à son nom. Les curieux ont pu voir une patrouille de France d’un nouveau genre. Un peloton à trottinette, équipé de casques munis de fumigènes, a fait plusieurs tours de piste. Des symboles locaux étaient aussi mis à l’honneur. Quelques Peugeot d’époque ont fait chauffer leur moteur. Un peu plus tard, ce sont les grands chevaux comtois qui ont attiré tous les regards, suivis par des vaches Montbéliardes.

La fête ne pouvait pas être parfaite sans un clin d’œil au FCSM. Un échauffement « improvisé » de supporters a fait transpirer les spectateurs. Avec quelques chants de stade, la place a pris des airs de pelouse. Pour continuer dans la bizarrerie du show, c’est une saucisse géante qui a ensuite fait irruption sur une musique rock. Le mets a été disputé entre des individus survoltés, habillés de rouge.  

Ambiance déjantée

Enfin, c’est une vouivre aux dents acérées qui a survolé la foule. Cet animal imaginaire local est une sorte de serpent qui porte une précieuse pierre rouge (escarboucle) sur le front. La créature étincelante a donné quelques sueurs froides aux plus petits.

La comédienne Hervée de Lafond, maîtresse de cérémonie, n’a pas manqué de charrier le Premier ministre tout au long de la soirée. « Tu es venu en avion alors qu’il y a un TGV, tu te prends pour qui ? Pour le Premier ministre ? », a-t-elle lancé. L’artiste a aussi fait allusion au désistement de la ministre de la Culture pour l’inauguration.

FCSM

Hasard du calendrier, Gabriel Attal fêtait son 35e anniversaire ce soir-là. Une partie de la foule a entonné un Happy Birthday, pour l’occasion. Il a même reçu un maillot du FCSM floqué à son nom en cadeau.

 Cette soirée marque le début de la vaste programmation qui animera le Pays de Montbéliard. Au total, près de 300 événements culturels viendront rythmer les prochains mois des habitants de l’agglomération.


Montbéliard : la cérémonie « Joyeux Bazar » a bien porté son nom

dans  Le Trois Info du dimanche

La cérémonie s’est terminée par un feu d’artifice concocté par le groupe F, extrêmement renommé. | ©Le Trois – E.C.
Quand une cérémonie porte justement son nom. Samedi 16 mars, Pays de Montbéliard Agglomération a donné le coup d’envoi de son année « Capitale française de la culture ». Une cérémonie nommée « Joyeux Bazar » qui a pris de l’ampleur avec la venue de Gabriel Attal, Premier ministre, qui fêtait son 35e anniversaire

Le dispositif de sécurité, dès 17 h, ce samedi 16 mars au conservatoire du pays de Montbéliard, était impressionnant. Fouille des sacs, barrage de rues, coups de coudes en cascade pour avoir la meilleure prise de vue, prise de bec des différents acteurs pour être bien placés… À 18 h, le Premier ministre arrive, serre quelques mains avant de s’installer dans l’auditorium du conservatoire, qu’il est venu inaugurer.

« Il s’agit de mon premier déplacement lié à la culture en tant que Premier ministre. Je tenais à ce que ce premier déplacement ait lieu en dehors de la capitale », déclare Gabriel Attal. Il encourage tout au long de son discours une démocratisation de la culture dans les territoires ruraux. Et plaide pour « rendre la culture plus festive et accessible ».

Le timing est très serré. Il est 19 h quand il remonte en voiture pour se rendre à la cérémonie d’ouverture de la “Capitale française de la culture”, organisée à l’Axone. Escorté par une parade déjantée du Théâtre de l’unité qui se roule par terre pour balayer le sol avant son passage, il s’offre un bain de foule avec les spectateurs.

Huées et chant d’anniversaire

Sur scène, Hervée De Lafond, l’une des trois commissaires artistiques de cette année culturelle, organisatrice à part entière de cette cérémonie, n’a pas eu la langue dans sa poche. Elle a offert un spectacle quelque peu particulier. « Dégagez, dégagez tous de devant la scène », vocifère-t-elle, prenant aussi à partie les « gardes du corps » de Gabriel Attal, alors que celui-ci fait son arrivée au niveau de l’estrade où il est attendu. Elle n’hésite pas à tutoyer le Premier ministre, l’appelant « le gosse ». Jurant à coups de « merde », « Cassez-vous », et autres joyeux noms d’oiseaux.

Pas le temps de s’installer: le Premier ministre en prend pour son grade. Elle l’invective ; le ton impertinent en étonne plus d’un. “Tu es venu en avion alors qu’il y a un TGV? Tu te prends pour qui? Pour le Premier ministre ? » Elle rappelle devant tous que le thème de “Capitale française de la culture” est « la sobriété ». Dans la foule, le ministre se fait huer. Et elle ne s’arrête pas là, en reprochant l’absence « choquante » de Rachida Dati, ministre de la Culture, ou encore les 200 millions d’euros d’annulation de crédits pour le ministère de la Culture en 2024. Nouvelle huée pour le Premier ministre.

Gabriel Attal, qui fête ses 35 ans, se permet de lui renvoyer la balle, en exposant : « Je me souviendrai toute ma vie de cet accueil. On m’avait dit, Hervée, que tu étais extraordinaire; je confirme. On m’avait dit que c’était un joyeux bazar, je confirme aussi. » Et de prononcer ensuite, sans sourciller, son discours.

« Ce qui permet de partager et d’être ensemble, c’est la culture, ce sont nos artistes, nos professeurs, les régisseurs, les techniciens, les bénévoles. On a besoin de rassemblement, d’unité, et c’est la culture qui le permet », poursuit-il devant 3 000 personnes environ, qui lui entonnent en chœur un “joyeux anniversaire”.

« Gênant, mais marrant. »

« Tout est en retard, on rate tout. » Hervée Delafond, dans sa grandeur, a continué sur sa lancée en annonçant l’arrivée des vélos à plusieurs reprises, alors qu’ils n’étaient pas encore là. En annonçant la déambulation des oies dans l’allée centrale, sans qu’elles soient là. Le Joyeux Bazar, lui, est là. Mais cela fait sourire la plupart des participants. Tandis que d’autres ont déjà fait demi-tour. Les troupes du Théâtre de l’unité comblent les trous laissés par les lenteurs du défilé, improvisent.  Faute de réussir à maintenir les séquences dans l’ordre, elles sont interverties. Des breakdanseurs sur de la danse classique effectuent tout de même une belle prestation. Tout autant que celle de Yoanna Dallier, quintuple championne de France et double championne d’Europe de football freestyle, accompagnée par Johan Trambouze.

Le public, qui devait rester derrière des barrières le temps de la parade, se retrouve dans l’allée centrale, alors que défilent des chevaux comtois et des vaches montbéliardes. Dans le fond, où se trouvent les spectateurs, les oies manquent de percuter la troupe du Théâtre de l’unité qui court dans le public munie d’une saucisse géante. Le public rit. La bonne humeur est là, malgré la désorganisation, assumée – ou non – de cette grande fête populaire organisée par Hervée De Lafond.

Vite, les lumières s’éteignent pour lancer dans les airs une vouivre, créature légendaire. Le feu d’artifice, conçu par le groupe F, très renommé, est envoyé dans la foulée, avec en fond l’hymne de “Capitale française de la culture”.

Alors que le Premier ministre devait repartir sur les coups de 20 h 10, il est finalement resté jusqu’au bout du spectacle. Animé, peut-être, par ce « joyeux foutoir », comme l’appelait Hervée De Lafond, il y a quelques jours à peine. À la sortie, le public rigole encore. « On a rit tout du long », exposent les familles qui se dirigent vers les food-trucks. Les commentaires sont plutôt unanimes : « Gênant, mais marrant. » Les festivités sont lancées.

[ En images ]

Gabriel Attal, salue les élus à son arrivée avant d'entrer dans le conservatoire. | ©Le Trois - E.C.
Les oies, dissipées, ont eu du mal à défiler. | ©D.R.
Gabriel Attal, s'offrant à un bain de foule à l'entrée de la cérémonie. | ©Le Trois - E.C.
 

Joyeux Bazar : Nicolas Pacquot demande le renvoi d’Hervée De Lafond, maîtresse de cérémonie …

  • du 18 mars 2024 …
Gabriel Attal et Nicolas Pacquot prenant un selfie, à côté de Charles Demouge. | ©Le Trois – E.C.
Le « Joyeux Bazar », organisé pour l’ouverture de « Capitale française de la culture », n’a pas fini de faire parler de lui. On pointe la désorganisation. Certains élus sont médusés par les propos de la maîtresse de cérémonie, tandis que le député du Doubs va jusqu’à demander son « débarquement ». D’autres s’isolent, en tempérant les propos, comme le président de l’Agglomération, exclu des excuses publiques envoyées au Premier ministre.

La cérémonie d’ouverture de “Capitale française de la culture” continue d’échauffer les esprits, ce lundi 18 mars. Sur le parking de l’Axone, le spectacle porté par Hervée De Lafond, l’une des trois commissaires artistiques de “Capitale française de la culture” a été des plus désorganisés, le samedi 16 mars. Elle avait annoncé « un joyeux foutoir », ce qui a bien été le cas: maladresses, annonces de parades qui n’arrivaient pas, moments de solitude, cafouillages où le public s’est retrouvé directement dans les allées des artistes, manque de visibilité…

Par ailleurs, Hervée De Lafond a vivement interpellé, durant tout le spectacle, le Premier ministre, Gabriel Attal.

Ce lundi, Alexandre Gauthier, en charge de la politique culturelle de l’Agglomération, tente de tempérer sur le spectacle en lui-même: « En ce moment, je suis partagé. Faire un événement en trois mois, avec six changements par jour, avec une problématique imposée, c’était compliqué. Concernant la cérémonie, je n’ai pas envie de tirer sur l’ambulance. »

Sur les propos d’Hervée De Lafond, il est bien plus critique. En effet, elle n’a pas hésité à tutoyer le Premier ministre, l’appelant « le gosse », et l’invectivant sur sa venue en avion, sur l’absence choquante de Rachida Dati ou bien encore sur le retrait de 200 millions d’euros de crédit pour le ministère de la Culture. Le président de l’Agglomération, Charles Demouge, a tenté d’intervenir à plusieurs reprises, dont une fois au micro, lui demandant d’arrêter et de démarrer le spectacle. Pour Alexandre Gauthier, « elle a humilié Pays de Montbéliard Agglomération; c’est inadmissible. Elle a passé une heure trente à humilier le Premier ministre en se comportant en militante de petit niveau. »

« Quand on vit aux dépens [des subventions], on ferme sa gueule »

Très inquiet de l’image renvoyée au reste de la France suite à cette soirée dont la presse s’est faite largement l’écho, il a également très peur de la suite à donner avec l’Etat. « C’est un acteur clef, qui distribue notamment des subventions à l’Agglomération. On va devoir rendre des comptes », s’énerve-t-il. « Nous allons être plus qu’attendus au tournant, désormais. »  Il attend des excuses de la part de la maîtresse de cérémonie, qui a entièrement organisé l’événement. Notamment pour ce qu’il qualifie d’humiliation des élus et des acteurs culturels du pays de Montbéliard.

Pour lui, la rupture est entamée avec la commissaire artistique. « On a peut-être trop fait confiance. » L’entrée en matière est « gâchée ». « On passe pour des cons », ajoute-t-il, espérant « qu’on ne [leur] fera pas payer ».  Dans l’air, plusieurs personnes chuchotent qu’Hervée Delafond aurait sabordé volontairement la cérémonie, raconte-t-il. À ce propos, l’adjoint s’emporte. « Si c’est le cas, il ne faut pas jouer la servitude volontaire et l’argument libertaire. Quand on vit aux dépens [des subventions], on ferme sa gueule. »

De son côté, Nicolas Pacquot, député Renaissance du Doubs, qui avait notamment invité le Premier ministre, se dit « très satisfait de ce déplacement où le Premier ministre était content d’être dans une fête populaire, avec les gens, les élus » malgré tout.

« Il faut qu’elle soit débarquée sans délai »

Mais voilà ce que le député retient de la prestation de la maîtresse de la cérémonie : « Impolitesse, inconvenance, grossièreté ». Pour autant, il remarque que « le Premier ministre a été d’une grande maturité. Il ne s’est retrouvé en difficulté à aucun moment. » Selon l’élu, Gabriel Attal n’a pas été choqué de la manière dont la maîtresse de cérémonie s’est comportée. Il avait pu être briefé sur le personnage. « Il suffit de taper sur internet pour voir qu’elle est régulièrement dans la provocation. »

Comme Alexandre Gauthier, il n’est pas content de la manière dont la commissaire s’est comportée. Notamment en pointant le budget de la culture.  « Elle vomit les élus alors que les structures tiennent avec de l’argent public. On ne peut pas cracher dans la soupe sans arrêt. » Le député veut rappeler que, sans la présence du Premier ministre, l’événement n’aurait peut-être pas eu la même lumière.

« Il n’y a aucune excuse à l’indignité ». Pour lui, un signal fort doit être envoyé envers les habitants du pays de Montbéliard. « Il faut qu’elle sorte dans les heures qui viennent, assume-t-il. Il faut qu’elle soit débarquée sans délai. »

Il se questionne, aussi, sur le choix politique qui a été fait en la plaçant en tant que commissaire artistique. « Là où je suis surpris, c’est qu’on la connaît depuis trente ans », ajoute-t-il.

« On la connaît »

Interrogé sur cette question, le président de l’Agglomération, Charles Demouge, assume ce choix. « Oui, on le savait; on la connaît depuis une trentaine d’années ». « On en avait parlé avec elle avant, pour qu’elle soit cool. Mais finalement, je crois que le Premier ministre a été pris dedans. Il est resté plus longtemps, a répondu avec beaucoup d’humour, de charisme, avec maturité. Il a marqué des points. »

Pour lui, ces propos, tenus dans le contexte d’une fête populaire, les rendaient moins dérangeants. Pas question de « débarquer » Hervée De Lafond. « Mon adjoint à la culture ? Qui ? », demande-t-il lorsqu’on évoque Alexandre Gauthier. « Je l’ai convoqué demain matin. Il a eu deux discours bien différents », raconte-t-il, mécontent. Il y a de l’eau dans le gaz. Et d’un autre côté, Nicolas Pacquot, Marie-Noëlle Biguinet, maire de Montbéliard, et Alexandre Gauthier ont envoyé un courrier à Gabriel Attal ce lundi 18 mars pour s’excuser des propos tenus, sans y associer le président de l’Agglomération. Son manque de sévérité envers Hervée De Lafond ne plaît pas. Lui, répond par l’indifférence : « Je ne fais plus de politique. »

« C’est mon boulot d’artiste d’être insolente »

Contactée ce lundi par téléphone, Hervée De Lafond assume : « Plein de trucs ont foiré. Je regrette que le podium n’ait pas été plus central et plus haut, pour que tout le monde voie bien. Mais en même temps, nous avions très peu de moyens et il y a énormément de choses qu’on ne pouvait pas répéter.»  Elle défend ses choix artistiques, qui n’ont pas plu. On a notamment pu entendre des commentaires parlant de « foire agricole ». « C’était un mélange très populaire et élitaire qui me plaisait. J’ai présenté une grande partie agricole. Oui, mais sur les 73 communes, beaucoup sont agricoles. J’ai fait défiler ce qui fait l’essence du pays de Montbéliard. » Et cela, dans un temps record. Sur le reste, pas de regret. Elle n’est pas là pour caresser dans le sens du poil les élus, expose-t-elle.

« J’ai chicané Gabriel Attal; j’avais des choses à lui dire. Le reste, ça m’est égal. Les artistes, nous avons un rôle de lanceurs d’alerte. C’est mon boulot d’artiste d’être insolente avec les politiques. Le Premier ministre était surpris, il ne s’attendait pas à ça. Mais il a beaucoup d’humour et je ne considère pas avoir été insultante ou vulgaire », continue-t-elle. Elle rappelle avoir été « bien plus violente » avec Manuel Vals dans le passé, alors qu’il était Premier ministre.

Plusieurs épisodes chaotiques

En coulisse, agents et politiques s’inquiètent réellement des répercussions de cette cérémonie ratée. Les réactions divergent, entre rejeter la faute sur la commissaire artistique ou devoir assumer le choix de l’avoir engagé et de lui avoir demandé de monter en quelques mois une cérémonie dont elle-même avait annoncée, dès l’automne, qu’elle serait faite « à l’arrache ».

En effet, Hervée De Lafond a dû prendre les rênes de cette année “Capitale française de la culture” avec Yannick Marzin et Matthieu Spiegel au dernier moment. Alors que depuis le début, ce label a du mal à se mettre en place. De l’attribution du label, qui était disputé, entre la ville de Montbéliard et l’agglomération, en 2021 (lire ici). À la démission du commissaire artistique Philippe Fourchon, devant laisser place, dans l’urgence, à ce nouveau commissariat artistique qui a dû, en moins de trois mois, départager des appels à projet clôturés très tard. À la difficulté de diffuser un calendrier des événements et de lancer la cérémonie d’ouverture en tout début d’année. Et à faire avec un budget restreint. « Car la sobriété, c’était avant tout financier, au début », exposait Alexandre Gauthier par téléphone la semaine avant la cérémonie.

Alexandre Gauthier tente quand même de rassurer sur la suite des événements ce lundi. « Il reste huit mois et demi pour rééquilibrer de la meilleure des manières. Nous avons une programmation à venir qui est sympa. Hétéroclite. Dans la ligne de ce qu’a annoncé le ministre sur l’éducation artistique et culturelle. Les événements portés à venir feront quand même rayonner le pays de Montbéliard. »


« Les indignés de la Capitale française de la Culture 2024 » s’expriment suite à la cérémonie d’ouverture

(photos Facebook « J’aime le Pays de Montbéliard »)

Un collectif constitué d’acteurs majeurs de la vie culturelle et artistique locale du Pays de Montbéliard, « Les indignés de la Capitale française de la Culture 2024 », adresse une lettre ouverte aux élus de Pays de Montbéliard Agglomération et à la population :

« Nous, les acteurs de l’événementiel, de la vie culturelle du Pays de Montbéliard et de sa région, les passionnés de son Histoire, de ses Arts, et tous les artistes confondus du spectacle vivant, comédiens, conteurs, musiciens, chanteurs, danseurs, directeurs de compagnies, les plasticiens, les peintres et sculpteurs, manifestons notre profonde indignation de voir notre image ridiculisée, et d’avoir été associés à cette inauguration qui aurait dû être un moment de rassemblement fédérateur, et qui est malheureusement devenue le théâtre de comportements inacceptables, au sein d’une organisation chaotique et qui se voulait artistique et culturelle.

Comment être tombé à ce point dans la médiocrité ? Comment une organisation au budget de 200 000 € a-t-elle pu à ce point faire fi des projets déposés par les acteurs locaux et qui ont été rejetés, au profit d’un copinage évident, alors que nous traversons tous une crise globale. Cette somme aurait pu permettre la mise en lumière de nombreux partenaires locaux connus et reconnus, à une période, où le tissu associatif artistique et culturel souffre d’un réel manque de moyens et d’opportunités. Un minimum de concertation entre les acteurs locaux, aurait certainement suscité de l’émulation et pallié le manque évident de cohésion entre tous les acteurs.

A l’évidence nous observons une confusion entre règlement de compte politique et le projet de Capitale Française de la Culture ! On aurait voulu détruire et discréditer les acteurs locaux de la culture, de l’événementiel et de l’art vivant, qu’on ne s’y serait pas pris autrement ! Comment passer outre les clauses d’une charte établie dès le départ, invitant à la bienséance, à la bienveillance et au pluralisme, si la personne engagée pour cette mission, ne respecte pas elle-même ces clauses minimales ! Comment ne pas se sentir salis et ridiculisés par cette lamentable prestation de la maîtresse de cérémonie, qui persiste et signe, voire même s’enorgueillit de sa pitoyable prestation.

Fort ce constat, nous, signataires de la présente lettre ouverte, exigeons la démission immédiate du Commissaire artistique désigné. Nous exigeons qu’elle prenne conscience des préjudices que va subir ultérieurement notre territoire, par ses agissements d’un autre âge, son manque de discernement et de respect au profit d’un mépris vis à vis des représentants locaux et de l’Etat, qui financent pour partie le label Capitale Française de la Culture. Qu’ils se reconnaissent et qu’ils assument« .


Hervée de Lafond : suite cérémonie Capitale française de la Culture, « Il n’y a jamais eu tromperie sur la marchandise »

Hervée de Lafond (photo PMA)
Hervée de Lafond, co-commissaire artistique de Capitale française de la Culture et animatrice de la soirée « Joyeux bazar », s’exprime par l’intermédiaire de Jacques Livchine :

« Il n’y a jamais eu tromperie sur la marchandise. Dès notre nomination à Montbéliard en 1991, le Maire Louis Souvet savait quoi s’en tenir. La gauche nous accusait de nous mettre au service d’un maire RPR.
Lors de la cérémonie d’ouverture du centre d’Art et de Plaisanterie en septembre 1991 nous avons voulu démontrer notre totale indépendance politique. C’est là que nous avons envoyé en l’air Louis Souvet qui avait déjà 70 ans au bout d’un élastique. Pour nous c’était clair : ça passait ou ça cassait. Le lendemain Louis Souvet nous racontait qu’une riveraine de la rue Clémenceau qui fermait ses volets avait vu passer le Maire comme un ange sous ses fenêtres. Nous avions passé un accord secret avec lui, chaque année nous lui porterions notre démission, chaque année il l’a refusé. Louis Souvet a vite compris que notre présence allait être un plus pour son règne. Il disait : je suis l’ordre, ils sont le désordre.

Pourquoi juste avant sa mort il a demandé à ses fils qu’une des seules oraisons funèbres qu’il souhaitait c’était celle d’Hervée de Lafond ? Et voici ce qu’Hervée lui avait écrit que j’ai lu à son enterrement : « Je suis en Ariège, je ne pourrai donc pas accompagner ce grand monsieur pour son dernier voyage ce qui me fait honte car, lui, ne nous a jamais fait faux bond. Ce qui est remarquable dans ce parcours de 9 ans que nous avons fait ensemble c’est que malgré la distance gigantesque qui nous séparait entre autres sur le plan politique, nous avons vécu une aventure hors-normes sans anicroches notables. Sous des dehors bourrus, c’était un fin renard et ce renard a vite compris que nous agissions dans le même sens que lui: faire de Montbéliard une ville surprenante, vivante, innovante et même décoiffante. Il était loin d’apprécier tout ce que l’on faisait, souvent il m’appelait à 7h00 du matin (pour lui qui venait en mairie très tôt c’était une heure correcte) et il me demandait “Madame de Lafond, qu’est-ce que vous avez encore fait ?”. J’entendais dans sa voix des reproches paternels mélangés à une certaine satisfaction d’avoir été encore surpris par ces troublions qu’il avait lui même installés dans sa ville. Mais jamais jamais, il ne nous a bloqués ni demandé de changer, il nous soutenait à fond y compris dans les moments difficiles. Et pourquoi ça fonctionnait ? Pour une raison très simple : on se respectait et on s’estimait. Nous étions à la bonne distance, ni trop près ni trop loin, tous les artistes rêvent d’avoir un maire comme celui-ci. Je salue une dernière fois ce grand monsieur : il a tout mon respect ».

Je voudrais rajouter pour nos grincheux de service, que nos cinquante ans de métier nous ont appris avec qui on pouvait plaisanter ou non. Quelques minutes avant de rentrer en scène, Hervée n’était pas sûr de le tutoyer mais elle a très vite senti que le Premier Ministre était prêt à jouer le jeu. Il y avait entre eux une belle complicité, il a fait dix ans de théâtre. Il a de l’humour et c’était pour lui l’occasion de montrer sa solidité, il n’a jamais été déstabilisé. Il a remercié Hervée à la fin et moi-même j’ai eu une petit échange avec lui car il connait mon frère qui a dit de lui : il fait partie d’une nouvelle génération d’hommes politiques, il est intègre. Je lui ai répété, cela lui a fait plaisir. Et puis tout le monde a relevé sa conclusion : « je me souviendrai longtemps de cet anniversaire ». Et je rajoute qu’il devait rester dix minutes, faire son discours et s’éclipser, il est resté jusqu’au feu d’artifice, qui était vraiment un superbe hommage au Pays de Montbéliard.

Voilà Madame Biguinet, Monsieur Gauthier, Monsieur Fried etc, nous avons joué notre rôle de fou du roi, dans notre jargon nous appelons cela : « l’agressivité amoureuse » qui passe par dessus les clivages politiques. Et puis cette agitation a des dommages collatéraux positifs, tout le monde sait maintenant que Pays de Montbéliard est la capitale culturelle de la France 2024« .


Bazar

Une interpellation outrancière de Gabriel Attal fait scandale à Montbéliard

Plusieurs élus proches du camp présidentiel se sont indignés des termes utilisés par l’actrice Hervée de Lafond pour s’adresser au Premier ministre, samedi 16 mars lors du lancement de l’année de Montbéliard comme «capitale de la culture». Un article paru dans  LIBERATION du 19 mars 2024 …

Un maillot du FC Sochaux-Montbéliard offert à Gabriel Attal, à l’occasion de sa venue dans la ville, samedi 16 mars. (Patrick Hertzog/AFP)

«Joyeux bazar.» C’était le nom de la soirée d’ouverture de l’année de Montbéliard en tant que «capitale de la culture», samedi 16 mars. Un intitulé qui a tenu ses promesses. La maîtresse de cérémonie la comédienne Hervée de Lafond a en effet interpellé le Premier ministre Gabriel Attal d’une façon que certains dans le public ont jugé «marrante» et d’autres «gênante», selon ce que rapporte le site local Le Trois.

«Gaby» ou «le gosse»

«Tu es venu en avion alors qu’il y a un TGV, tu te prends pour qui ? Pour le Premier ministre ?» lui a notamment asséné l’octogénaire, rappelant que le thème de cette année de la culture était justement «la sobriété». Avant de pointer l’absence de la ministre de la Culture Rachida Dati, qualifiée de «choquante», et de déplorer l’annulation de 200 millions d’euros de crédits pour le ministère de la Culture en 2024.

L’artiste, visiblement pas très fan de l’exécutif macronien, s’est globalement permis des familiarités frôlant la grossièreté tout au long de ses prises de parole, tutoyant le Premier ministre, et le surnommant «Gaby» ou «le gosse», puis jurant à coups de «merde» ou «cassez-vous». Une performance scénique qui a révolté des élus locaux, la plupart proches du camp présidentiel, qui appellent désormais à la démission d’Hervée de Lafond de ses fonctions …
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« Irrespect envers Gabriel Attal » ou « liberté d’expression » ? Quand une cérémonie culturelle tourne au pugilat politique

Un article écrit par Antoine Comte publié par France 3  le

Samedi 16 mars 2024, le Pays de Montbéliard, « capitale française de la culture 2024 », accueillait le Premier ministre Gabriel Attal pour une cérémonie d’ouverture qui a fait parler d’elle. Au centre des attentions, l’attitude de l’organisatrice de l’événement, Hervée de Lafond, jugée « irrespectueuse » par certains politiques, qui ont même envoyé une lettre d’excuses à Matignon. On vous explique.

« Tu fais le malin, t’es très intelligent, mais tu connais rien du tout du pays de Montbéliard« . Joyeux bazar au Pays de Montbéliard (PMA). Depuis le samedi 16 mars 2024, l’agglomération se retrouve sur le devant de la scène, mais pas pour les raisons qu’elle espérait. Bombardée « capitale française de la culture » en décembre 2023, la collectivité menait le week-end dernier sa cérémonie d’ouverture, en présence du Premier ministre Gabriel Attal, venu le jour de son anniversaire dans le Doubs sur invitation du député Nicolas Pacquot (Renaissance).

À la houlette, Hervée de Lafond, directrice d’une institution de la région, le théâtre de l’Unité, situé à Audincourt. L’octogénaire avait été nommée en catastrophe co-commissaire artistique de cette année culturelle après le départ de l’ancien responsable de la programmation en octobre 2023.

C’est elle, connue pour son irrévérence et son franc-parler, qui a mis sur pied cette cérémonie d’ouverture et qui était chargée de l’animer. Et ses échanges avec le Premier ministre, acérés, n’ont laissé personne indifférent.

« Gabriel, j’apprends que tu es venu en avion »

« Gabriel, le mot d’ordre, c’est la sobriété, et j’apprends que tu es venu en avion ?« , « Et Rachida Dati, ministre de la Culture, qui n’est pas venue, qu’est-ce que c’est que ça ?« , « j’apprends qu’on va retirer 200 millions au budget de la culture » ? Le tutoiement était de rigueur entre Hervée de Lafond et le Premier ministre. Et si Gabriel Attal a encaissé les piques avec le sourire, c’était moins le cas pour la plupart des élus locaux présents, eux aussi, à l’Axone.

C’était une attitude complètement inadaptée, un vrai manque de respect qui fait honte au Pays de Montbéliard.
Nicolas Pacquot, député (Renaissance) du Doubs

« Déjà, le tutoiement, c’est plus que limite » continue le député. « Mais en plus, l’apostropher en l’appelant « gosse » ou « Gaby », dire qu’il « n’est pas très grand », c’est inadmissible« . Une position partagée par la maire de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet (Les Républicains).

« On ne s’adresse pas comme ça, et surtout aussi longtemps, au chef de notre gouvernement » explique-t-elle. « On a eu de la chance d’avoir Gabriel Attal sur notre territoire. Il faut un minimum de respect pour lui, pour les fonctions et l’institution qu’il représente. Comment demander aux jeunes de faire preuve de respect après cela ? »

Les deux élus, accompagnés d’Alexandre Gauthier, en charge de la politique culturelle du PMA, ont ainsi cosigné une lettre de remerciements et d’excuses, envoyée au Premier ministre le 18 mars.

Ses actions et propos ont non seulement bafoué les principes fondamentaux républicains, mais ils ont également entaché l’image et l’honneur de notre territoire et de ses habitants, qui désiraient tant vous en faire découvrir toute la richesse.
Extrait de la lettre d’excuses envoyée au Premier ministre

« Et Mme De Lafond ne peut pas se cacher derrière l’humour » reprend Nicolas Pacquot. « Tant qu’on reste dans la dignité et le respect, on peut parler de liberté d’expression. Mais pas quand on fait preuve de cette grossièreté, alors qu’elle était censée représenter l’agglomération« . Le député conclut en qualifiant la cérémonie de « ridicule ». « On nous annonçait un joyeux bazar, il a tourné au sinistre« .

« S’ils voulaient du politiquement correct, ils n’auraient pas du lui confier les rênes »

Un constat tranchant, que tous les acteurs ne partagent pas. « J’étais présente également auprès du Premier ministre, et à aucun moment il ne s’est offusqué » raconte Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté (Parti socialiste). « Au contraire, c’était un jeu verbal auquel il s’est prêté de bon gré avec Hervée de Lafond ».

Cette polémique m’étonne, car tous les responsables politiques du territoire sont au courant du caractère d’Hervée de Lafond. S’ils voulaient du politiquement correct, ils n’auraient pas du lui confier les rênes.
Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté

La socialiste va même plus loin. « Il faudrait d’ailleurs se souvenir de tout ce qu’a apporté le théâtre de l’Unité à la scène culturelle locale, et ce, depuis plusieurs années » assure-t-elle. « Sans lui, le Pays de Montbéliard n’aurait sans doute pas été choisi comme capitale culturelle« .
Charles Demouge, président de PMA, s’il ne « cautionne pas l’entièreté des propos d’Hervée de Lafond », demande que les choses soient replacées dans leur contexte. « Nous sommes dans une fête populaire et Gabriel Attal l’a bien compris, il est d’ailleurs resté jusqu’au bout, preuve qu’il n’a pas été vexé » a-t-il dit au micro de France Bleu Belfort-Montbéliard.

Une sortie qui s’éloigne de la position de son chargé de politique culturelle, Alexandre Gauthier, signataire de la lettre d’excuses, et qui montre bien la division des élus locaux sur la question.

« Ce qui fait « plouc », c’est la lettre d’excuses qu’ils ont envoyée »

Et qu’en pense la principale concernée ? Contactée par France 3 Franche-Comté, Hervée de Lafond assume. « Ce sont eux qui sont venus me chercher » assène-t-elle. « Ils savent que je ne suis pas la reine des neiges. Et puis il faut arrêter, je l’ai tutoyé, c’est vrai, mais j’ai presque 50 ans de plus que lui ! Et puis ça a été réciproque. Il a ri et m’a remercié en partant« .

J’avais le Premier ministre sous la main. Avec la situation actuelle de la culture, je ne me voyais pas ne rien lui dire. C’est le boulot des artistes d’être des poils à gratter et non pas des carpettes et des cireurs de pompes.
Hervée de Lafond, directrice du Théâtre de l’Unité, organisatrice de la cérémonie d’ouverture

« On a repris l’organisation en octobre, on a dû tout faire à l’arrache, sans beaucoup de fonds donc oui, cette cérémonie était chaotique » reprend l’artiste. « Mais la traiter de ridicule, ou de « plouc », je ne crois pas. Ce qui fait « plouc », c’est la lettre d’excuses qu’ils ont envoyée à Gabriel Attal« .

Une partie des politiques locaux demandent la démission d’Hervée de Lafond

Hervée de Lafond va-t-elle pouvoir rester commissaire de cette année culturelle en PMA ? « Je ne vois pas comment elle pourrait être maintenue » estime Nicolas Pacquot, député du Doubs. « Autrement, des attitudes comme celles-ci pourront se retrouver dans d’autres événements, ou lors de la cérémonie de clôture. C’est impensable et j’ai demandé aux élus du PMA de faire le nécessaire« .

Pour Marie-Noëlle Biguinet, maire de Montbéliard, Hervée de Lafond « est libre de faire ce qu’elle veut. Mais quand on a un certain âge, on pourrait avoir la bonne idée de passer la main, pour avoir de nouvelles idées. Place aux jeunes« . Un avis que la directrice du théâtre de l’Unité juge « ridicule ». « Je ne démissionnerai pas de moi-même » conclut-elle. « Mais s’ils veulent me virer, qu’ils y aillent, ça me donnera un peu de repos car c’est un boulot énorme et ingrat« .


Parmi les (rares) images  de cette cérémonie d’ouverture retrouvées sur le net …

Aux dernières nouvelles …

Message transmis le 25 mars 2024 par Jacques Livchine sur la liste rue …

« Des inconnus ont fait interdire mon compte FB ,  cyber attaque.

Cette ouverture de capitale française de la Culture le 16 mars  engendre des dommages collatéraux sans précédent.
Le vice- président à la Culture a fait paraître dans l’Est Républicain un billet enflammé, dans lequel il prononce la formule choc : On passe pour des ploucs, et il demande la démission immédiate d’Hervée de Lafond, la coupable de cette cérémonie. Il a trouvé les interpellations  d’Hervée de Lafond au Premier Ministre insupportables et déplacées et  a même écrit une lettre d’excuses signée par la Maire de Montbéliard et du député Renaissance.
Dans les réseaux sociaux, fusent des centaines de commentaires.
Ceux qui approuvent  Hervée comme Ariane Ascaride et des centaines de soutiens qui arrivent de partout : tiens bon, résistance – etc.
Et puis ça rue dans les brancards dans l’autre clan, avec une pétition d’artistes anonymes, des commentaires haineux.
Et pourtant le fait important  : le cabinet de Gabriel Attal ne se plaint nullement  de l’improvisation d’une heure avec Hervée de Lafond et parle d’un bel accueil.
Le Premier Ministre  a dit : je me souviendrai de mon anniversaire. (c’était le jour de ses 35 ans).
On avait peur que Capitale Française de la Culture n’ait pas de retentissement,  mais voilà que Quotidien, l’émission de Yann Barthes vu par 2 millions de personnes s’empare de ce sujet en or. Les ploucs de Montbéliard se révoltent etc.
Un papier dans Libé.   le Figaro etc. et même aux USA le Huffington post …
L’ancien Maire de Montbéliard avait eu cette belle formule lors d’une article du Monde très hostile au théâtre de l’Unité lors du spectacle L’Avion en Avignon en 1992. « Qu’on en parle en bien ou en mal, l’important c’est qu’on en parle. »
Suspense pour mardi 26 mars 2024 : Dame Hervée de Lafond est convoquée par un conseil d’élus et le comité directeur de Capitale Française de la Culture.
L’enjeu : sera t-elle « démissionnée » de son poste de commissaire artistique ?  « 
A suivre …?