La ferme de Trévarn et la Mignonne en podcast sur France Inter …

Les lecteurs de Nicolas Legendre les ont découverts dans « Silence dans les champs ». Antoine Chao a eu envie de tendre le micro de France Inter à Jean-François et Olivier Glinec, éleveurs de vaches laitières à La Ferme de Trévarn de Saint Urbain au bord de la Mignonne, au sud de Landerneau (29). Ils ont d’abord souscrit aux canons du productivisme, avant de virer radicalement de bord  …

👉 Écoutez le podcast de « C’est bientôt demain » réalisé par Antoine Chao, c’est par ici  : https://www.radiofrance.fr/…/c-est-bientot-demain-du…

« J’ai appris leur existence et leur façon de faire dans le livre « Silence dans les champs » de Nicolas Legendre, qui a reçu le Prix Albert Londres 2023 pour cette enquête sidérante sur l’agro-industrie bretonne qui prospère en balayant ses détracteurs et en détruisant les écosystèmes.

La Mignonne n’est ni un ruisseau ni une rivière, mais un fleuve, puisque après une vingtaine de kilomètres de méandres depuis sa source elle se jette dans l’eau salée de la Rade Brest. Comme tant d’autres cours d’eau bretons, elle a beaucoup souffert depuis le milieu du XXe siècle de l’usage immodéré de polluants . Une partie de la faune et de la flore a disparu dans la relative indifférence des responsables de cette hécatombe.

La ferme de Trèvarn et la fromagerie de Craig
La ferme de Trèvarn et la fromagerie de Craig © Radio France – Antoine Chao

Aujourd’hui la ferme de Trévarn accueille, une maraichère, un fromager, deux brasseurs et bientôt une boulangerie. Vente directe à la ferme le vendredi en fin de journée.

« Craig et la fromagerie de Trévarn » Une capsule de 5′ à écouter par ici …

Les portes ouvertes de la ferme de Trévarn, en présence de Nicolas Legendre (et sans la Mano Negra 😉 se dérouleront le week-end du 29 juin 2024. Merci à  Jean-François et Olivier Glinec de la ferme de Trévarn et à Kristen Falc’hon du média breton d’investigation Splann !


Né à New York, Craig s’est installé dans le Finistère et a créé sa fromagerie

Tout droit venu des États-Unis, Craig Garcia s’est installé avec sa famille à Saint-Urbain (Finistère), en septembre 2020. Il a lancé sa fromagerie au village de Trévarn. Cet Américain ne changerait de métier pour rien au monde. Un article paru dans l’Ouest-France du .

Craig Garcia dans sa salle d’affinage de la Fromagerie de Trévarn.
Craig Garcia dans sa salle d’affinage de la Fromagerie de Trévarn. | OUEST-FRANCE

Il s’est installé avec sa famille au village de Trévarn, à Saint-Urbain (Finistère), voilà un peu plus d’un an et demi. Depuis, le fromager Craig Garcia, 36 ans, est l’homme le plus heureux du monde. Ici c’est trop cool », ​répète-t-il à l’infini. Et s’il le dit avec le sourire, il l’explique avec ses mots qui résonnent avec un petit accent américain.
Craig est né aux États-Unis, au cœur de Brooklyn, à New York. Durant dix ans, il s’occupe de la défense des travailleurs sans papiers​, dans le New Jersey. Sa rencontre avec Marie, puis leur mariage en 2014 bouleversent sa vie.

Devenir artisan

Son épouse est professeure de français. Il décide de la suivre sans hésiter, ​quand elle choisit de rentrer en France. « La culture et l’histoire de la France m’ont toujours attiré.
Craig doit aller trouver un travail. Je n’avais pas de projet professionnel. Je cherchais quelque chose à faire avec mes mains, comme artisan. Trouver à gagner sa vie sans bien parler le français n’était pas évident.

Craig et Marie rencontrent les frères Glinec, agriculteurs bio du Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun) de Trévarn et propriétaires d’un cheptel de 70 vaches laitières. Dans ce hameau, sont déjà installés Estelle Martineau, la maraîchère, et Gwen Brunet, le brasseur.

Nous décidons de louer une maison ici, au pied de la chapelle, avec nos deux jeunes enfants. L’accueil est super. Un soir, Jean-François Glinec nous dit qu’il aimerait bien ouvrir une fromagerie car il a du très bon lait bio.

« Ça a été extraordinaire »

Le projet germe et l’agriculteur finance les travaux pour installer le laboratoire dans un local vacant à la ferme.Toutes les personnes du Gaec ont aidé, ça a été extraordinaire. J’ai tout découvert sur la fabrication du fromage, en me documentant et en testant beaucoup. J’ai beaucoup appris des fromagers de la région.
En septembre 2020, la production est lancée. Aujourd’hui, je produis 55 kg de fromages par semaine que je vends le vendredi, à la ferme, de 17 h à 19 h. Mais aussi dans des épiceries bio et au marché bio de Goasven, à Logonna-Daoulas. Les clients sont très fidèles.
Le lait bio des vaches, nourries à l’herbe sur les terres qui encerclent la fromagerie, permet de produire un fromage proche du Saint-Nectaire, un cheddar de six mois d’affinage, la tomme classique et un Monterey jack, un fromage à croûte molle​.

« Je ne vais pas être riche »

Un an d’installation et Craig affiche un grand sourire. « Je vis en pleine nature. Je viens à pied au travail. Maintenant, je parle le français, j’ai surtout appris votre langue avec Jean-François Glinec, car j’aime me promener avec lui sur ses terres. L’anglais, je le parle avec les enfants. L’entreprise est maintenant un peu rentable. Je passe beaucoup de temps avec les enfants, je cuisine et c’est moi qui fais le ménage », raconte Craig.

Son souhait : « Développer la production car la demande est là. On a aussi des projets de petits concerts avec le brasseur. On pourrait faire des dégustations de fromages avec différentes bières », ​projette le fromager. Avant de conclure la visite avec légèreté : « Je ne vais pas être riche mais être avec mes amis et ma femme et mes enfants, c’est génial. Je ne veux pas changer quoi que ce soit dans ma vie. »

Fromagerie de Trévarn : contact, tél. 07 66 38 48 90 ou Facebook.


Dans le Finistère, le cap des 1 000 fermes bio est franchi

En ce printemps 2021, le Finistère compte désormais 1 011 fermes bio, dont 130 lancées en 2020. Deux éleveurs racontent comment ils ont converti leur élevage bovin en bio à Saint-Urbain (Finistère). Ils font aussi des légumes et tiennent une micro-brasserie, également bio. Un article paru dans Ouest France du .

Jean-François et Olivier Glinec, du Gaec de Trévarn, avec Nolwenn Virot, président du Groupement des agriculteurs bio du Finistère.
Jean-François et Olivier Glinec, du Gaec de Trévarn, avec Nolwenn Virot, président du Groupement des agriculteurs bio du Finistère. | OUEST-FRANCE

« Je suis arrivé à la ferme en 1996. Olivier, mon frère, y était depuis 1993 en intensif », raconte Jean-François Glinec. Éleveur au Gaec de Trévarn, à Saint-Urbain (Finistère), il a converti, avec son frère, l’élevage bovin en bio.

« En 2000, on réduit les intrants. En 2010, on passe en système 100 % herbe : 75 vaches laitières, contre 90 auparavant, profitent de 72 ha de prairies permanentes. ​En 2019, on passe en agriculture bio. Avec 250 000 litres de lait (contre 500 000 avant)​, dont 210 000 vendus en laiterie et 40 000 litres transformés par un fromager du Gaec de Trévarn. »

« Il faut poursuivre »

Dans le Finistère, le cap des 1 000 fermes bio a été franchi : le département en compte 1 011, qui cultivent 15,6 % des terres, selon le Groupement des agriculteurs bio du Finistère (GAB29).

« Les conversions massives de filières bio, notamment laitières et légumières, ont fortement contribué à augmenter l’offre en bio. Mais il faut poursuivre et permettre aux jeunes de s’installer ou de convertir des exploitations, car 30 % des éleveurs bio bretons partiront à la retraite d’ici sept ans », explique Nolwenn Virot, président du GAB29.

Le nombre de fermes bio progresse : « + 130 en 2020 par rapport à 2019 », précise-t-il . ​Et depuis deux à trois ans, 70 projets de reconversion par an ont été fléchés.

« Ce n’est qu’une étape »

Une nouvelle manière de travailler qui réussit à Jean-François Glinec et son frère, Olivier. Le Gaec accueille une micro-ferme bio maraîchère et une micro-brasserie bio. « On retire 2 500 € chacun par mois, on n’a pas d’emprunt. Cinq salariés travaillent à la ferme. Si l’on avait continué en non-bio, on aurait pu monter à un million de litres de lait mais la ferme aurait été fragile économiquement. »

« 1 000 fermes bio n’est qu’une étape, souligne Eau et rivières de Bretagne. ​La surface bio concernée est encore trop faible pour réellement avoir un impact sur la qualité de l’eau de nos rivières. »


Production agricole. La ferme de Trevarn cultive le bon voisinage

« Plutôt que de manger le voisin, on en ramène ». Jean-François et Olivier Glinec, agriculteurs « autonomistes » ont fait de la place, dans leur ferme laitière de Trévarn, à un brasseur et à une maraîchère. Il y pousse de l’entraide naturelle. Un article paru dans Le Télégramme du

Olivier et Jean-François Glinec ont accueilli Estelle Martinaud et son activté de maraîchage en 2013 : "Elle nous amène du monde. C'est toujours intéressant pour les gens de venir chez ceux qui fabriquent les paysages"
Olivier et Jean-François Glinec ont accueilli Estelle Martinaud et son activté de maraîchage en 2013 : « Elle nous amène du monde. C’est toujours intéressant pour les gens de venir chez ceux qui fabriquent les paysages »

Étudiante ingénieur originaire de Reims, Estelle Martinaud a suivi son copain, futur médecin, venu finir sa recherche à Brest. D’ailleurs, chaque mercredi, elle livre la fac de médecine en différents légumes bios cultivés sur son champ d’1,5 hectare ou sous son tunnel couvrant 1.000 m² de terre. Elle fournit également une quarantaine de paniers en vente directe (le vendredi matin).

Juste un bout de terre et de l’eau


Ce n’est pas le hasard qui l’a poussée vers la ferme de Trévarn, à Saint-Urbain, en 2013. « Je cherchais un endroit adapté à mon projet. Et puis j’ai croisé Jean-François pendant l’une de ses sorties botaniques ». Les frères Glinec (Jean-François et Olivier) ont justement un petit bout de terre à lui proposer, ainsi que de l’eau d’un forage, un tracteur et une envie énorme d’accompagner leur nouvelle voisine : « Il a fallu lui apprendre à biner correctement », sourit Jean-François. Estelle s’est vite perfectionnée. Aujourd’hui, elle crée la moitié des semences. À Trévarn, l’autonomie est devenue endémique.

Bière et lait


Espèce rare dans la profession, les frères Glinec gèrent sur place 100 % de l’alimentation de leurs 90 vaches laitières : « Tout se fait à partir de prairies permanentes : 30 hectares à Trévarn, 18 à côté du viaduc de Daoulas, 30 à Rosnoën ». Ce qui ne se traduit pas en performance de rendement. Au contraire, chaque vache ne produit « que » 4.500 litres par an, soit la moitié de la norme moyenne. « Mais comme nous n’avons pas la charge d’achat d’alimentation, nous dégageons des revenus ». Et pas qu’un peu, « entre 2.000 et 3.000 € net par mois chacun ». Le lait va à la coopérative. Jean-François aimerait le confier aux soins d’une fromagerie qui s’installerait à son tour à Trévarn. En attendant, il se console avec la Mignonne de Gwen Brunet.

Portes ouvertes demain


Un ami d’Estelle qui, depuis 2015, brasse une douzaine de bières différentes, écoulées en vente directe ou chez une vingtaine de revendeurs du coin : « Ça a démarré à toute blinde et ça se maintient. Je n’ai pas l’intention d’en faire plus », indique celui qui tient à son mi-temps comme à l’art de vivre qu’il cultive à Trévarn, au contact de la terre, et de voisins enracinés dans l’entraide. Samedi (de 10 h à 17 h), Gwen attend le public dans sa brasserie, Estelle sur ses parcelles. Histoire de boire un coup, croquer un légume, taper le bout de gras. Fertiliser encore plus de vie dans le hameau de Jean-François et Olivier.