Le Collectif Minuit 12 marie danse et militance …

Photo de Mathieu Génon / Reporterre

Fondé par 3 danseuses en 2021, le collectif artistique Minuit 12 tente de créer des ponts entre la danse et le militantisme. À cheval entre la rue et les institutions, il enchaîne les performances pour sensibiliser à l’écologie. Danser avec d’autant plus d’ardeur, imaginer, chorégraphier, sculpter, affirmer la victoire de la vie sur l’absurdité … Lire le reportage paru dans Reporterre .

« On n’arrête pas un peuple qui danse … »

Si l’urgence climatique n’est pas suffisamment entendue, alors nous devons créer plus fort … Un court-métrage réalisé par le Collectif Minuit 12 d’une durée de 4’12 ».

Minuit 12, ces femmes qui dansent pour le climat …

Un reportage signé Hortense Chauvin dans Reporterre du 6 janvier 2024 .

La pluie tambourine contre les vasistas de l’Académie du climat, temple parisien de l’activisme écologique. 17 heures. Dehors, les voitures hurlent sur le bitume trempé. Dedans, les fondatrices du collectif artistique Minuit 12 commencent leur répet’. Une mélodie suave s’échappe d’une enceinte. Les trois danseuses glissent, roulent, s’étreignent, répondant en rythme à chaque inflexion de la musique. Sous la voûte en bois clair, on les croit tour à tour se transformer en serpents, en oiseaux ou en feuilles pliées par le vent. Un instant, on oublie les klaxons et les crissements de pneus. Le temps s’arrête.

Minuit 12 est l’un des rares collectifs à mettre son art — la danse — au service de l’écologie. Depuis sa création, en 2021, il est partout, ou presque. Performance devant le siège de TotalÉnergies, en 2022, vêtu de combinaisons aussi sombres que l’avenir climatique concocté par la multinationale ; participation aux « techno-manifs » d’Alternatiba contre la réforme des retraites en avril dernier ; blocage — dansé — de l’assemblée générale du premier pétrolier français en mai ; déambulation artistique pour le climat et la justice sociale en juin ; chorégraphie participative sur la place du Châtelet en septembre…

Le collectif Minuit 12 au musée d’Orsay, lors d’une représentation des « Cimes », une exploration onirique de notre lien avec les arbres, le 30 novembre 2023. © Mathieu Génon / Reporterre

Le jour de notre rencontre, ses trois fondatrices — Justine Sène, Pauline Lida et Jade Verda — ont encore les muscles endoloris par leur représentation au musée d’Orsay des « Cimes », une exploration onirique de notre lien avec les arbres. Signe de leur succès : quoique spacieuse, la salle choisie pour la seconde partie de leur performance s’est avérée trop petite pour accueillir l’ensemble des spectateurs.

Un pied dans les institutions culturelles, l’autre sur les terrains de lutte, les trois jeunes femmes présenteront de nouveau ce spectacle au printemps, cette fois dans la forêt d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques), menacée par un projet de bétonisation.

Le collectif présentera « Cimes » dans la forêt d’Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques, menacée par un projet de bétonisation. © Mathieu Génon / Reporterre

La danse, outil de lutte contre les projets écocides

Combattre les écocidaires en dansant ? Certains pourraient trouver l’approche naïve. Elles sont persuadées de son utilité. « On participe à une diversification des formes militantes, explique Jade Verda. Ça permet de toucher d’autres personnes, notamment celles qui sont plus touchées par l’artistique. »

Passer par le corps, argue sa camarade Justine Sène, contribue à ramener « des images et du sensible » dans un domaine hanté par les chiffres et les pourcentages : « Au bout d’un moment, ça ne rentre plus, et quand le texte ne rentre plus, ce sont les images qui entrent. »

Les trois compères, âgées de 25 ans, ont mûri cette conviction lors de leurs études à Sciences Po. L’une venait de la danse contemporaine ; l’autre du classique ; la dernière du waacking, une danse née au milieu des années 1970 dans les clubs gays, noirs et latinos de Los Angeles.

Leur passage par la compagnie de danse de l’institut d’études politiques a scellé leur amitié et leur volonté de travailler ensemble. « Cette compagnie, c’est une pépinière de gens qui entrent à Sciences Po en pensant faire une carrière de diplomate ou de journaliste, et qui ressortent artistes », s’amuse Pauline Lida.

Le collectif Minuit 12 a été fondé par Jade Verda (à g.), Pauline Lida et Justine Sène, ici à l’Académie du climat. © Mathieu Génon / Reporterre

Après un premier spectacle — « Écumes », un conte environnemental sur notre lien avec l’eau —, créé au sortir du confinement, Minuit 12 était né. Avec ce nom mystérieux, référence à leurs nombreuses séances de travail nocturnes, ses fondatrices voulaient convoquer l’idée d’une limite à peine franchie.

Elles y consacrent désormais la majorité de leur temps, sans parvenir encore à en vivre exclusivement. Une partie de leurs représentations est financée par des bourses artistiques, des théâtres ou des musées. Le reste est bénévole. Justine Sène complète en chantant à Disneyland, Jade Verda et Pauline Lida en animant des ateliers de danse : « En ce moment, on fait un projet avec des classes de CM1 et de CM2, détaille cette dernière. On leur fait découvrir des thématiques autour de l’écologie et de la biodiversité, et on les fait danser autour de ces thèmes-là. »

Pour leurs spectacles (ici au musée d’Orsay), les fondatrices du collectif parlent notamment à des scientifiques. © Mathieu Génon / Reporterre

Transcrire l’effondrement du vivant, l’explosion des gaz à effet de serre et l’effacement des forêts en mouvements… La tâche semble ardue. Les trois danseuses expliquent trouver l’inspiration en discutant avec des scientifiques. « Pour « Écume », ils nous ont expliqué comment les racines poussaient en milieu très aride », raconte Pauline Lida. Elle fait onduler en riant sa colonne : « C’est beaucoup de travail de torsion du dos. »

Dans le cadre d’un projet sur TotalÉnergies, Jade Verda s’est incrustée à des conférences de presse du pétrolier. « Les journalistes prenaient des notes de journalistes, et moi je prenais des notes des métaphores auxquelles ça me faisait penser. » Résultat : une immense toile d’araignée représentant les liens de la multinationale avec des institutions culturelles, universitaires et financières, entre les fils de laquelle le collectif a performé.

Le corps, un « déclic »

Autre nourriture : les luttes, passées — elles citent les femmes anglaises ayant dansé toute une nuit sur des silos remplis de missiles nucléaires, en 1982, pour protester contre leur installation dans la base aérienne de Greenham Common — et présentes.

« En ce moment, on travaille sur une création sur la désobéissance civile qui s’appelle « La Baston », raconte Jade Verda. On s’inspire de comment les militants s’accrochent les uns avec les autres, de comment leurs corps sont tout mous quand les forces de l’ordre réussissent à les déloger. Ça nous inspire pour faire des portées. » « On passe aussi beaucoup par l’impro », complète Justine Sène.

Dont acte : aussi naturellement que l’on marche ou respire, les trois jeunes femmes glissent en chaussettes sur le parquet caramel, les yeux vissés sur leur reflet dans le miroir. Les jambes se croisent, les pieds rebondissent, les bras s’entrelacent. « Bon, on finit souvent avec Pauline sur le dos… », sourit Jade Verda en se massant les omoplates.

« Le fait de passer par le corps, ça crée un lien physique avec le spectateur. Il y a une sorte d’identification qui peut pousser à se mettre en mouvement », pense Pauline Lida. © Mathieu Génon / Reporterre

La recette fonctionne : une spectatrice leur a un jour confié avoir eu un « déclic » suite à une de leurs performances, optant pour une transatlantique à la voile plutôt qu’un trajet en avion. « Le fait de passer par le corps, ça crée un lien physique avec le spectateur. Il y a une sorte d’identification qui peut pousser à se mettre en mouvement », pense Pauline Lida.

Camille Étienne et TotalÉnergies

À l’instar de l’activiste Camille Étienne, dont elles sont proches, les trois danseuses sont convaincues de l’utilité des images virales pour sensibiliser les plus jeunes aux enjeux écologiques.

« La danse, c’est hyper puissant pour circuler et être partagé », observe Justine Sène. L’une de leurs chorégraphies devant le siège de TotalÉnergies, au sujet du mégaprojet pétrolier Eacop, a été vue par plusieurs centaines de milliers de personnes, contribuant à la médiatisation de l’affaire. « J’ai vu des gens qui ne partagent jamais rien sur ces thématiques-là se renseigner sur le sujet, et partager dans la foulée d’autres vidéos expliquant pourquoi ce projet est extrêmement nocif », se souvient Pauline Lida.

Lors de cette performance, le collectif a pris conscience d’à quel point la danse pouvait, lorsque le désespoir guette, attiser la joie militante. « Ça réinsuffle de l’énergie de se dire que l’activisme, ce n’est pas juste se faire taper dessus par les CRS et se prendre des lacrymos. C’est aussi faire corps tous ensemble. »

Un ultime roulement de bassin, une dernière note : le gymnase de l’Académie du climat ferme. Minuit 12 remballe. Pour ce soir seulement. Dans la rue, les théâtres, elles n’ont pas fini de taper du pied.


Le Collectif Minuit 12 danse pour le climat

 Un article signé Juliette Mantelet dans Hellocarbo.com  en mai 2023 …
Le collectif de danseurs et danseuses Minuit 12 en train de danser devant le siège de TotalEnergies

Mi-artistique, mi-activiste, le collectif Minuit 12 est composé de jeunes danseurs et danseuses militant pour la défense de l’environnement. En octobre dernier, le collectif a publié avec Camille Etienne une vidéo sur Instagram – qui compte aujourd’hui plus de 860 000 vues – pour alerter sur le méga-projet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda – EACOP. Interview.

Le nom Minuit 12 sonne comme un rappel que l’horloge tourne, que la deadline se rapproche et que le temps est compté. Les fondatrices du collectif sont convaincues que leur génération ne peut plus laisser passer un projet comme EACOP sans rien dire. Elles ont à peine 25 ans et s’appellent Jade Verda, Justine Sène et Pauline Lida. Cette dernière a accepté de nous parler de leur vision de la danse et de l’organisation de ce mouvement collectif joyeux. L’occasion de nous rappeler que, “à plusieurs, ça va aller.”

Qui se cache derrière le collectif Minuit 12 ? 

Pauline Lida : Minuit 12 est un collectif de jeunes danseurs et danseuses dont la moyenne d’âge est 24 ans. Notre but, c’est de parler d’écologie à travers une approche sensible, tantôt poétique, tantôt activiste. Le corps et le mouvement sont nos outils principaux, autant dans des projets scéniques que musicaux ou vidéo.

Plutôt que d’en faire un vecteur d’anxiété, nous avons décidé d’en faire une source de motivation .Pauline Lida

Nous sommes convaincu·es que c’est en se rassemblant qu’on peut faire bouger les choses. Nous avons tous des profils de danseurs différents, de la danse contemporaine au hip-hop en passant par le locking – type de danse funk rattaché à la mouvance hip-hop, ndlr –, par ce que pour toucher un public large et que chacun se sente représenté, il faut mobiliser différentes esthétiques. Ce qu’on aime, c’est travailler sur la diversité des corps. Si l’on veut que l’écologie se ressente dans les corps, ces corps qu’on habite tous, alors elle doit intégrer tous les corps en mouvements.

Parmi les danseurs et danseuses qui nous rejoignent, il y a plusieurs profils. Certains aiment l’idée de participer à un projet de création, d’autres sont davantage sensibles au fait de militer pour l’environnement. D’ailleurs, dans notre public, c’est la même chose : certains viennent pour la danse, d’autres pour le message environnemental.

Comment est né le collectif Minuit 12 ? 

P.L. : Le collectif est né en 2021, et nous nous y consacrons à plein temps depuis janvier 2022. Nous nous sommes rencontrés et avons commencé à danser ensemble pendant nos études. Au moment d’entrer dans la vie professionnelle, nous nous sommes demandé quoi faire pour avoir un impact. Nous ne voulions pas intégrer un système dans lequel nous ne croyons pas, mais faire quelque chose d’utile pour ces prochaines années qui sont d’importance capitale. C’est pour ça que nous nous sommes engagé·es à plein temps dans le projet. Nous sommes artistes, nous aimons danser mais nous nous interrogeons sur l’avenir. Plutôt que d’en faire un vecteur d’anxiété, nous avons décidé d’en faire une source de motivation.

Trois membres du collectif Minuit 12 devant un mur sur lequel il est écrit "Ensemble, nous sommes le futur"
© Minuit 12

En quoi la danse est-elle une voie efficace de sensibilisation ?

P.L. : J’ai collaboré sur plusieurs projets avec Camille Étienne, notamment dans l’une de ses créations qui s’appelle Génération et j’ai aussi dansé avec Jade Verda, une autre danseuse du collectif, sur sa vidéo appelée Désobéir. En travaillant sur ces projets, nous avons eu beaucoup de retours positifs, de personnes qui nous disaient que c’était une approche différente qui les touchait plus efficacement qu’un discours frontal. Les gens s’affolent, se braquent face à certains arguments et opinions personnelles ; nous, on essaie de leur faire ressentir quelque chose. Par le corps, on touche les gens plus intimement. Si par nos mouvements tu ressens dans ton fort intérieur que ce dont on te parle c’est ton environnement, ton futur, les espèces avec qui tu partages cette terre, c’est fort. La danse, à l’origine, c’est créer des sensations et des émotions, et si on peut les orienter vers l’écologie, c’est très puissant.

Comment est née la vidéo sur le projet EACOP avec Camille Étienne ? 

P.L. : Certains projets, comme des spectacles, vont demander des mois de travail ; d’autres, parce qu’ils répondent à une actualité, doivent être mis sur pied rapidement. Camille Étienne a coordonné tout cet événement et nous a proposé une collaboration. On s’est retrouvées à imaginer la chorégraphie en très peu de temps, à devoir recruter des danseurs.

Il y a une différence entre les chorégraphies dansées et vécues en live, et celles filmées avec des images reprises. Quand on travaille pour des vidéos, on pense en termes d’images : il faut créer des images fortes pour toucher un large public. On connaît les angles qu’on doit faire avec les corps pour que ça ressorte bien à la caméra.

Capture d'écran de la vidéo de la chorégraphie
© Minuit 12

On est très fièr·es de cette performance, réalisée avec une équipe très motivée. C’était véritablement un projet activiste : rassembler des gens en peu de temps autour d’une cause pour faire quelque chose de fort qui va tourner. Ça nous tenait particulièrement à cœur de participer au mouvement Stop EACOP : avoir connaissance des recommandations du GIEC et savoir qu’on nous prépare cette véritable bombe climatique, ce n’est tout simplement pas possible. C’est clairement le genre d’événement où l’on peut mettre la danse au service d’un projet plus grand.

Quels sentiments vouliez-vous transmettre à travers cette chorégraphie précise ? 

P.L. : Par cette chorégraphie nous avions envie de montrer que nous n’allions pas nous laisser faire, réaliser une danse battante, combative, symboliser que nous n’allions pas reculer. Worakls – auteur-compositeur-interprète de musique électronique français, ndlr – a fait un son qui nous a vraiment inspiré·es. On sait qu’il y a un pouvoir décisionnel fort qui est entre les mains des entreprises et de la sphère politique, mais les individus peuvent influencer tout ça, et on voit déjà que ça marche. On a vraiment travaillé sur cette idée de limite, de front uni, soudé. L’idée c’est de dire et de montrer par le mouvement et la danse dans l’espace qu’on est là, qu’on ne laissera pas ce genre de projets passer. Les gens de Total sortaient du bâtiment, nous posaient des questions. Beaucoup ne sont pas informés, pensent que ça ne sert à rien, mais il y a des victoires des activistes. Il faut y aller !

Quels sont vos autres projets avec le collectif ?

P.L. : Le grand projet de ce collectif, c’est un spectacle qu’on va danser à Paris en 2023, et qui s’appelle Écume. C’est un conte visuel environnemental qui explore notre lien à l’eau, et dans lequel des danseurs interagissent avec des vidéos projetées. C’est ce projet qui a rassemblé le collectif, mais on n’avait pas envie de s’arrêter là, d’où l’idée de monter une structure pour mettre toutes nos compétences au service de l’activisme climat. Par exemple, une de nos danseuses, Inès, est aussi une compositrice beatmakeuse très connue sur la scène hip-hop et elle compose tous les sons du collectif. Moi je suis aussi photographe, Justine est aussi comédienne… On avait envie de créer un pôle artistique et de l’élargir avec des collaborations avec d’autres artistes selon les projets. On aime cette notion de collectif : si on doit faire quelque chose, on doit le faire ensemble. Le but c’est que le message prenne et que d’autres personnes veuillent nous rejoindre. De plus en plus d’artistes nous contactent pour collaborer, c’est la clef.

Est-ce que la notion d’écologie culturelle te parle ?

P.L. : Nous partons du principe que la question écologique concerne notre avenir à tous et doit donc infuser tous les domaines de la société. Nous, nous travaillons sur la branche artistique. Et on se dit que si chacun peut entremêler de l’écologie dans son métier et son quotidien, alors les choses peuvent vraiment changer. Nous sommes persuadé·es que l’art et la culture touchent bien plus que ce qu’on ne croit. Quand on voit un film, l’expérience ne s’arrête pas à la porte de la salle ; c’est pareil pour les spectacles, les expositions. On en parle autour de nous, on y réfléchit, cela influence d’autres actions qu’on va faire à l’avenir. En travaillant sur l’art vivant, le corps, il y a aussi un rapport de proximité immédiat qui se crée. Quand on est dans une salle de spectacle, les artistes sont à deux pas, et il y a un lien fort qui se tisse. On partage l’espace.

Trois danseuses du collectif Minuit 12 en train de danser
© Minuit 12

Vous dansez aussi en extérieur, dans l’espace public ? 

P.L. : On aime beaucoup danser en extérieur. C’est avec le corps qu’on arrive à se connecter aux différentes sensations, quand on danse sur le sable par exemple ou sur un sol qui n’est pas tout à fait plat, on doit faire corps avec les asymétries du terrain, se servir du vent, vivre avec et ne pas aller contre. C’est aussi bien sûr l’idée de s’inscrire dans l’espace public, autant notre génération que ces thématiques. On a parfois l’impression que les thématiques écologiques appartiennent à une petite catégorie de personnes, c’est ce que nous disent souvent nos familles, mais ce sujet doit tout surplomber car il nous concerne tous. Danser dans l’espace public c’est affirmer notre volonté pour le futur et se confronter à des publics très différents. Notre but est aussi de sortir l’art des théâtres, des galeries d’art, des lieux d’exposition et de diffusion classiques. Danser dans des espaces plus improbables, plus ouverts, ça nous permet d’avoir un public plus large. Récemment, nous avons dansé en extérieur à Belleville et c’était super parce qu’on s’est vraiment posés au milieu du quartier, et certains nous connaissaient mais beaucoup passaient là par hasard, se sont laissés surprendre, ont été très touchés et ont eu envie d’aller approfondir. Ce sont ces réactions-là qui nous font le plus plaisir, ces gens qu’on arrive à attraper par surprise. Les mots peuvent braquer certaines personnes, en mettre d’autres à distance, mais la danse permet des multitudes d’interprétations.

Les mots peuvent braquer certaines personnes, en mettre d’autres à distance, mais la danse permet des multitudes d’interprétations.  Pauline Lida

Quels sont les retours du public plus globalement ?

P.L. : Il y a beaucoup de gens qui sont très émus. D’autres à qui ça donne envie de s’engager et de se mettre en mouvement, pas forcément par la danse, mais par l’action. C’est l’idée qu’on veut transmettre : on initie un mouvement à rejoindre, à prendre en route. Par la danse, on parle vraiment à différentes tranches de la population, des personnes d’âges très différents. La dernière fois on a reçu un message d’une maman qui nous disait que son fils était en train de refaire une de nos chorées dans son salon. La danse ne nécessite pas de mots, il n’y a pas besoin d’avoir un certain âge pour comprendre un discours. Chacun va avoir sa propre interprétation, et on peut ainsi toucher aussi bien les plus petits que les personnes beaucoup plus âgées. Les réactions sont donc hyper vastes. Certains ont envie de nous rejoindre dans des projets qui sont ouverts aux amateurs, d’autres veulent s’engager ailleurs, certains sont interpellés. Mais dans tous les cas l’émotion prime. Quand on ressent des émotions, même des émotions conflictuelles, il y a des questions qui germent, on se renseigne, et au fur et à mesure, on s’engage.


« On n’arrête pas un peuple qui danse … »

Un court-métrage du Collectif Minuit 12. Si l’urgence climatique n’est pas suffisamment entendue, alors nous devons créer plus fort. Danser avec d’autant plus d’ardeur. Imaginer, chorégraphier, sculpter, affirmer la victoire de la vie sur l’absurdité …  Durée : 4’12 »