Tant que le logement sera un bien susceptible de subir les variations du marché, on pourra utiliser et produire toutes les formes de logement qu’on veut , on aura des problèmes . On ne résoudra pas la crise du logement avec des containers et des tiny houses mais il n’empêche que toutes ces expériences qui relèvent de l’habitat léger questionnent notre façon d’habiter …
Les « tiny houses », ou mini-maisons, peuvent être montées ou démontées très facilement, et installées un peu partout. Elles constituent de plus en plus souvent une solution d’urgence pour les publics précaires. Une vidéo de 2’48 » diffusée dans le 20H de France 2 …
Les tiny houses et maisons container peuvent-elles résoudre la crise du logement ?
À Rennes, Nantes, Paris, Bordeaux, Lille, Lyon, Nice, Strasbourg… Partout, les prix de l’immobilier flambent, et les Français, dont les foyers sont plus éclatés, ont toutes les peines du monde à se loger sous un toit décent.
Pour écoper ce navire de l’immobilier qui prend l’eau de toutes parts, des solutions émergent, comme la construction de maisons à partir d’anciens containers ou la mise à disposition de terrains pour accueillir des tiny houses, ces mini-maisons mobiles. Souvent, il s’agit d’initiatives isolées de collectivités cherchant à loger leurs saisonniers, leurs étudiants, précaires et autres nouveaux arrivants.
Un pansement sur une jambe de bois …
Véritable tendance de fond qui pourrait durer, ou simple pansement sur une jambe de bois ? « La tiny house, c’est toujours une bonne solution pour les gens qui la choisissent, mais à l’échelle globale du logement, c’est anecdotique, tranche Nadine Roudil, sociologue, professeure à l’École nationale supérieure d’architecture Paris Val de Seine. C’est plutôt lié à du logement d’appoint ou transitoire ».
Une tendance à la marge, donc, qui ne saurait, à elle seule, résoudre les tensions sur le marché du logement, comme le confirme Laurent Devisme, professeur d’études urbaines à l’école d’architecture de Nantes. « Ces expériences qui relèvent de l’habitat léger sont intéressantes mais ne seront jamais à l’échelle des problèmes de logements qu’on va rencontrer. Par exemple, en Loire-Atlantique, nous avons 15 000 nouveaux arrivants par an : la solution pour les loger tout en préservant l’environnement n’est pas de construire 15 000 tiny houses ».
Néanmoins, l’avantage de cette maison qui doit mesurer moins de 9m² avec une emprise totale au sol de moins de 20m², c’est qu’elle est mobile, et ne nécessite pas de permis de construire. Ni d’acheter un terrain. Une location longue durée de la parcelle, souvent peu onéreuse, permet de faire baisser le coût de sa mini-maison. Certaines communes, comme Rezé, ont fait l’expérience d’acheter des terrains pour les mettre à disposition. L’objectif : répondre aux aspirations des ménages souhaitant trouver un logement sans recourir à de l’artificialisation de sols supplémentaire. « La tiny house pose très vite une vraie question politique : où la place-t-on et quels sont les espaces supports pour ces maisons ? Dans le monde du logement aujourd’hui, beaucoup s’interrogent sur le fait de recourir à des baux emphytéotiques, qui dissocient la propriété de la maison de celle du terrain et du sol », éclaire Laurent Devisme.
Mais contrairement à Rezé, de nombreuses collectivités se montrent frileuses quand il s’agit d’accueillir sur leurs terres ce type d’habitat léger, selon Nadine Roudil. « Car à côté de la tiny house, on aura des formes d’habitat pas forcément bienvenues, comme les yourtes, les tipis ou les petites rénovations à moindre coût. Ces populations liées à l’habitat léger sont stigmatisées, souvent ce sont des migrants néoruraux, plutôt précaires, qui s’installent dans des centres bourg anciens, dans des volontés de retour à la terre ».
Le rêve d’une tiny house… et la réalité
Laurent Devisme confirme : « Globalement, ça correspond à des jeunes ménages sans enfants, plutôt diplômés et militants sur l’enjeu de l’écologie ».
Néanmoins, malgré l’attrait évident pour ces maisons mobiles, accentué par les confinements successifs pendant la crise sanitaire du Covid-19, beaucoup en sont revenus. Car pour trouver un terrain disponible et abordable, ces néoruraux ont dû partir en quête d’un terrain dans les bourgs anciens, la plupart du temps en campagne. « S’installer en milieu rural, c’est un choix de vie, mais vous êtes très vite confrontés à la nécessité d’acheter une voiture, et d’y passer beaucoup de temps, surtout si vous avez des enfants. Vous êtes aussi confrontés à la réalité du monde rural en termes de sociabilité, d’offre culturelle et de choses que les gens ne perçoivent pas forcément : les distances quotidiennes ».
Laurent Devisme abonde : « Ce qu’on a pu simplifier sur le plan financier éventuellement, et d’appropriation d’un environnement proche, on peut le perdre dans une qualité de vie quotidienne un peu plus compliquée ».
Questionner notre façon d’habiter …
Quant aux containers, les deux spécialistes s’accordent à dire qu’ils restent, eux aussi, une solution à la marge, souvent utilisés pour ajouter une pièce à une maison, plus rarement en tant que logement à part entière. Néanmoins, des expériences intéressantes se font jour, comme au Havre (Seine-Maritime), où depuis 2010, une centaine d’étudiants vivent dans des containers. Une solution de logement à moindre coût, « Mais il ne faut pas se rater sur la construction, et surtout l’isolation, car on peut faire quelque chose de glacial l’hiver et bouillant l’été », anticipe Nadine Roudil.
En résumé, les deux spécialistes sont d’accord sur une chose : on ne résoudra pas la crise du logement avec des containers et des tiny houses. Pour eux, la crise est bien plus profonde.
« Tant que le logement sera un bien susceptible de subir les variations du marché, vous pourrez utiliser et produire toutes les formes de logement que vous voulez, vous aurez des problèmes », pense Nadine Roudil, qui préconise de démarchandiser l’immobilier, afin de baisser les coûts de construction. « Ça implique des mécanismes de régulation du prix du loyer, de ne pas faire des profits démesurés sur la promotion immobilière, et que les ménages ne se retrouvent pas endettés à vie pour acheter leur logement… »
En revanche, pas question de vouer aux gémonies ces nouvelles façons d’habiter, qui ont le mérite de bousculer nos habitudes. « Pour beaucoup, le schéma standard c’est l’immeuble en location, les logements HLM, ou l’accession à la propriété qui voudrait dire un pavillon en béton : à l’opposé, ces solutions sont vraiment intéressantes à promouvoir car elles augmentent la palette des possibilités », argumente Laurent Devisme.
Pour le professeur d’études urbaines à l’école d’architecture de Nantes, les maisons container et tiny houses sont plutôt « une solution possible à un moment de la vie et qui renvoient à un autre imaginaire que la maison que l’on garde tout le temps et que l’on transmet. Cela permet de rouvrir le spectre de « qu’est-ce que c’est qu’habiter ? », ce qu’est une maison… Ces expériences montrent que d’autres choses sont possibles et, à l’échelle du ménage, ce sont souvent de vraies aventures ».
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Ils vivent dans une « tiny house »… et ils sont heureux
Écologique et économique, la « tiny house », cette mini-maison en bois montée sur roues, a déjà conquis des dizaines de Français. Rencontre avec Sabrina et Alexandre, 23 ans chacun et heureux propriétaires d’une mini-maison en Normandie.
Sabrina et Alexandre vivent depuis un an dans cette mini-maison de 20,2 m². Elle est vendeuse dans une bijouterie et lui, pompier de Paris. Tous deux ont été conquis par le mode de vie en tiny house. Installés à Douvres-la-Délivrande en Normandie, ils en sont déjà à leur deuxième emplacement et projettent de partir dans quelques mois, avec leur maison, près de la frontière suisse. Car les mini-maisons sont transportables. Pour déménager, il faut disposer d’un véhicule tracteur suffisamment puissant et d’un permis BE (si la remorque ne dépasse pas 3,5 tonnes).
Des avantages… et quelques inconvénients
Ces petites maisons ont vu le jour au début des années 2000 aux États-Unis et ont fleuri après la crise du crédit subprime en 2008. Arrivée en France en 2013, la mini-maison compte désormais plusieurs constructeurs dans l’Hexagone et quelques dizaines de propriétaires désireux de réduire leurs dépenses tout en gagnant en liberté. Ils faut compter environ deux mois de fabrication pour une maison toute équipée, indique l’entreprise Baluchon, située du côté de Nantes. Des blogs expliquent comment bâtir soi-même sa « tiny house » et les forums de discussions regorgent de trucs et astuces.
Certaines de ces mini-maisons sont autonomes et la plupart tendent vers l’économie d’énergie. Le couple normand n’en finit pas de lister les points forts de son habitat sur mesure : simplicité et fonctionnalité, moins d’espace à chauffer, économie d’eau grâce aux toilettes sèches, etc.
Sabrina et Alexandre voudraient rendre leur maison entièrement autonome avec des panneaux photovoltaïques. Pour l’instant, ils sont fournis en eau et électricité par la propriétaire de la ferme qui les accueille en échange d’un coup de main au potager.
Mais la vie en mini-maison a aussi des inconvénients : la promiscuité, la nécessité de tenir le lieu bien rangé et, surtout, le risque de ne pas pouvoir occuper n’importe quel terrain. Sabrina et Alexandre avaient trouvé un endroit où installer leur maison. Après quelques mois, le maire leur a demandé de quitter les lieux, car il ne prévoyait pas ce type d’habitat dans la commune. Un conseil d’Alexandre : avant de vous lancer, renseignez-vous auprès de la commune de votre futur lieu de vie. La loi Alur facilite l’installation d’habitats légers mais le plan local d’urbanisme reste la référence.
Des tiny houses en containers contre la crise du logement en Tasmanie ?
Dans un contexte de crise du logement en Tasmanie, certaines personnes voient les tiny houses en containers comme une solution …
En 2021, l’Australie recensait un million de maisons vides, une statistique qui a de quoi faire frémir les personnes familières avec la crise du logement qui frappe actuellement le pays.
Des mesures ont été prises au niveau du gouvernement, mais les habitantes et habitants voient tout de même leur qualité de vie impactée par cette situation, d’autant plus que s’y ajoutent une augmentation du coût de la vie dans un contexte d’inflation record et une flambée des taux d’intérêt. Dans ce contexte, certaines personnes voient dans les habitats en containers une solution à leur situation.
La tiny house en container de Fae Drakkon
Fae Drakkon a récemment emménagé dans un container de vingt pieds, qu’elle décrit comme la « maison de ses rêves ». Elle explique ainsi que non seulement le prix du container était abordable, mais que celui-ci avait également tout ce qui lui fallait pour qu’elle se sente chez elle. Depuis son plus jeune âge, Fae rêve de vivre dans une petite maison comme celle-ci. Pour reprendre ses mots, « … les containers maritimes m’attiraient particulièrement parce que j’adore leur aspect soigné ».
Une fois son terrain obtenu, Fae a ratissé le pays à la recherche d’une entreprise fabriquant des tiny houses en containers maritimes. C’est ainsi qu’elle a trouvé Jason Zadow et l’entreprise Tiny Homes Tasmania.
« L’habitat petit, abordable et luxueux »
Le slogan de la société de Jason Zadow est « l’habitat petit, abordable et luxueux ». Pour lui aussi, habiter dans une habitation en containers maritimes est source de fascination. Ces dernières années, Tiny Homes Tasmania a transformé de nombreux containers maritimes en maisons. « L’engouement pour ce type d’habitat est réel », déclare Jason. Ses clientes et clients se répartissent de manière égale entre les personnes souhaitant une maison abordable et confortable, et celles recherchant un complément à une propriété existante.
Une large partie de sa clientèle ne veut ou ne peut pas louer. Elle est à la recherche d’une option moins chère, mais confortable et ressemblant à un foyer. Jason déclare ainsi que cette solution « peut être beaucoup plus sûre pour eux, cela leur donne un sens de sécurité et bien que cela soit petit, c’est tout ce dont ils ont besoin pour avancer dans la vie ».
La crise du logement, un problème structurel
La vie en conteneurs maritimes apparaît ainsi comme une réaction du marché à la crise actuelle du logement, mais cela ne résout pas le problème dans son ensemble, explique le Dr Kathleen Flanagan, chercheuse à l’Université de Tasmanie.
Sans aucunement critiquer ce choix, elle indique qu’il n’est pas accessible à toutes et tous et que ce dont le pays a besoin est d’un investissement massif de l’Etat dans des logements sociaux.
Le gouvernement de l’Etat de Tasmanie a annoncé un plan de construction de 10 000 logements dans les 10 prochaines années. Le Dr Flanagan souligne néanmoins que non seulement ce nombre est insuffisant face à l’ampleur du problème, mais également que le gouvernent n’a pas garanti que chacun de ces logements sera consacré au logement social.
Vous souhaitez découvrir d’autres tiny houses en Australie ? Retrouvez celle-ci, alimentée par l’énergie solaire ou encore celle-ci, sur l’île de North Stradbroke dans le Queensland.