Les assurances ne veulent plus couvrir les collectivités face aux submersions marines…

Une du Mag de la MAIF / Janvier 2023

Le coût des catastrophes naturelles est au plus haut en France : la facture devrait atteindre 10 milliards d’euros pour les assureurs en 2021. Dans le Bessin, en Normandie, les assurances ont décidé de ne plus couvrir des communes en bord de mer, classées dans des « zones à risque ». Selon les assurances, le coût des inondations risque d’augmenter de 87 % d’ici 30 ans. Le refus de garantie pourrait donc, à terme, s’étendre aux particuliers résidant dans des zones à risques …

Le Bessin est l’une des parties du littoral normand les plus exposées au risque de submersion. Sur les digues, une opération de carottage est en cours. Le diagnostic permettra de mesurer les conséquences de la hausse du niveau de la mer, un risque qui effraie les assurances… Un reportage FR3 diffusé le 27 janvier 2023  (durée 1’45 »)


Dans le Bessin, les assurances ne veulent plus couvrir les collectivités face au risque de submersions marines

Un article signé Philippe Thomas pour France Bleu Normandie du m

Ter’Bessin vient de lancer une étude dans une douzaine de communes du littoral pour mesurer les conséquences de l’élévation du niveau de la mer. Un risque qui fait visiblement peur aux assurances : celle du syndicat intercommunal a décidé de ne plus couvrir la collectivité sur ce risque.

Des analyses ont débuté sur la digue d'Asnelles
Des analyses ont débuté sur la digue d’Asnelles © Radio France – Philippe Thomas

Les premiers travaux et analyses ont lieu, en ce moment à Isigny-sur-Mer et Asnelles. « Nous diagnostiquons les ouvrages qu’ils soient en terre ou en béton sur la douzaine de communes concernées. Il s’agit de voir, en plus de l’état visuel, comment les ouvrages se sont comportés à l’intérieur » détaille Pierre Guerriot, responsable du service GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) chez Ter’Bessin, le syndicat mixte en charge du dossier pour les trois intercommunalités concernées. Des prélèvements sont effectués jusqu’à cinq mètres de profondeur avant d’être analysés. Les conclusions devraient être rendues en septembre. On saura alors quels sont les travaux à réaliser pour éviter aux habitants d’avoir les pieds dans l’eau.

« Je suis un peu en colère, (…) il y a une difficulté pour les assurances à prendre leur responsabilité » – Arnaud Tanquerel, président de Ter’Bessin

En attendant, Ter’Bessin n’a plus d’assurance, celle de la collectivité ne voulant plus couvrir les conséquences d’éventuelles submersions marines : « je suis un peu en colère, il n’y a pas d’autres mots parce qu’on voit bien qu’aujourd’hui il y a une difficulté pour les assurances à prendre leurs responsabilités, explique le président de Ter’Bessin, Arnaud Tanquerel. Il y a encore quelques années, cette compétence était du niveau de l’État. Aujourd’hui, ce sont les intercommunalités, donc nous par ricochet. On a écrit au préfet, aux parlementaires, à notre assurance aussi, parce qu’effectivement, il est temps d’alerter. On voit bien dans le réseau qui est le nôtre – notre syndicat est adhérent à la structure France Digue – que ce n’est pas un cas isolé. Il y a un vrai sujet d’envergure nationales. Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective sur le sujet. » Ter-Bessin espère retrouver une assurance « entre avril et juin. » En attendant, la collectivité devra payer en cas de dégâts causés par une montée des eaux.

Des sondages sont réalisés dans le sol pour mesurer la solidité des ouvrages
Des sondages sont réalisés dans le sol pour mesurer la solidité des ouvrages © Radio France – Philippe Thomas

« On dit aux gens qu’il faudra un jour envisager de partir » – Alain Scribe, maire d’Asnelles

Pas d’assurance pour le moment mais une prise en charge des travaux et des analyses par le syndicat intercommunal ravit le maire d’Asnelles, Alain Scribe : *** »*C’est mon deuxième mandat. Ça fait des années que j’appelle de mes vœux cette GEMAPI parce qu’Asnelles, avec ses 600 habitants, a des coûts de maintenance qu’une petite commune ne peut pas couvrir. Ce n’est pas possible. Lorsqu’on a eu la tempête Xynthia,, on a eu de gros travaux sur la digue. Ça a coûté un million pour un budget de 1,2 million pour la commune ! On est sur une zone qui est très urbanisée, donc on travaille aussi sur le trait de côte : nous avons grosso modo 300 résidences qui sont menacées. Très concrètement, on dit aux habitants qu’il faudra un jour envisager de partir, de se reloger quelque part. Mais les gens n’y croient pas. On a un marché immobilier relativement important sur l’espace déclaré zone rouge inconstructible, alors les gens nous disent : ce n’est pas grave, j’aurai vu sur la mer. » Un humour ou une absence de prise de conscience qui n’amuse pas particulièrement les élus, conscients qu’à terme (les prévisions annoncent une montée des eaux d’un mètre d’ici 2100), et quels que soient les travaux, il faudra déplacer certains quartiers.


Une illustration extraite d’un dossier intitulé « Les collectivités territoriales
face aux risques littoraux » édité par La Banque des territoires …


A la Une du Magazine de janvier 2023 de la MAIF …


Lire le dossier  « Sur le front du climat » par ici …