Vincent Lindon et le cinéma comme une « arme d’émotion massive »…

Outre l’apparition marquante du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur l’écran géant du Théâtre Lumière, la cérémonie d’ouverture du 75e Festival de Cannes a  fait grande impression chez les festivaliers et les téléspectateurs grâce au président du jury Vincent Lindon. « Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? »…

Le discours de Vincent Lindon pendant la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes

C’est humble, c’est sincère, c’est triste pour le monde entier, mais c’est la réalité dans laquelle nous vivons. Discours émouvant au possible. Si l’on pouvait avoir un peu d’espoir, mais c’est le constat de la cupidité de nos dirigeants et de ceux qui possèdent tous les pouvoirs … 6’24 »

Vincent Lindon discute avec Augustin Trapenard …

Son rôle de président du jury du Festival de Cannes, son engagement, sa conception du métier d’acteur… Conversation entre Vincent Lindon et Augustin Trapenard, Interview de 9’38 » diffusé par Brut le 17 mai 2022 .


La cérémonie d’ouverture du 75ème Festival de Cannes était chargée en émotions, notamment par le discours de son président du jury Vincent Lindon, qui a ému les festivaliers et les téléspectateurs.

JACOVIDES-BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

Après une célébration de sa carrière en vidéo, l’acteur est apparu sur scène, déjà très ému, avec un long et mémorable discours qu’il avait pris soin d’écrire car « c’était le seul moyen qu'[il a] trouvé pour arriver à parler ». C’est dans ce Théâtre Lumière où il avait reçu le premier prix de sa carrière, celui de l’Interprétation masculine pour La Loi du Marché, que Vincent Lindon a captivé son audience avec un texte d’une grande puissance.

« Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l’imagine pas ! Que la puissance évocatrice et la profondeur des œuvres des grands cinéastes, n’influent pas sur la marche du monde. Je ne l’imagine pas non plus !

Même si cela revient à écoper, avec un dé à coudre, la coque d’un navire qui se remplit par vagues, notre force c’est que nous y croyons, et que vos œuvres sont immortelles. Même si parfois, quand l’actualité nous écrase et que le découragement me gagne, je me demande, si nous ne sommes pas en train de danser sur le Titanic…

Peut-être alors, si nous prêtions l’oreille, entendrions-nous, au milieu du vacarme des empires et des nations, comme un tendre et faible bruissement d’ailes, le doux murmure de la vie et de l’espoir. Voici venu le temps des artistes, des cinéastes responsables, pour nous porter, pour nourrir notre imaginaire, et nous aider, à nous répéter en nous même, chaque fois que nous le pourrons, en hommage à tous ceux qui souffrent et qui se battent dans le monde :  être vivant et le savoir. »

Le brillant discours de Vincent Lindon a autant ému les festivaliers présents dans les salles du Palais des Festivals que les téléspectateurs et internautes qui suivaient la retransmission de la cérémonie sur France Télévisions et Brut, qui ont signé des audiences record.

Selon les chiffres de Médiamétrie cités par la chaîne publique, la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes a été suivie par 1,77 million de téléspectateurs sur France 2, ce qui représente la meilleure audience d’une retransmission de la cérémonie depuis 2011.

Du côté du média en ligne Brut, « les vidéos publiées à l’occasion de la cérémonie d’ouverture ont enregistré un total de 10,6 millions de vues à travers le monde, dont 5,2 millions en France », selon le communiqué.


Le Festival avec Vincent Lindon, Forest Whitaker, Volodymyr Zelenski et des zombies

Ce mardi 17 mai 2022, le Festival de Cannes a ouvert avec beaucoup d’émotion, notamment lors de l’intervention du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Mais aussi avec la projection de « Coupez ! », le nouveau film de Michel Hazanavicius. Une bonne tranche sanguinolente de rigolade avec Romain Duris et Bérénice Bejo.

Il y avait la classe et la subtilité de la maîtresse de la cérémonie, Virginie Efira, pour clamer combien le cinéma est libre et vivant. L’engament du président du jury, Vincent Lindon, pour affirmer que la culture n’est pas un ornement de la société mais le centre. La sobriété de Forest Whitaker, recevant une Palme d’or d’honneur, pour se souvenir de grandes heures du cinéma mondial. Le glamour de Vincent Delerm faisant chanter « Que je t’aime » à tout le public du Palais des congrès.

Et, peut-être le plus important, une intervention en direct du président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour reprendre les paroles de Charlie Chaplin dans « Le dictateur » : « Ne désespérez pas. La haine finira par disparaître. Les dictatures mourront. »