Vifs débats à Brest métropole sur les sujets d’urbanisme
« Réviser vraiment le PLU »
Nous avons appelé ainsi à de véritables Assises de l’urbanisme, en vue d’une charte qui engagerait élus, habitants et promoteurs. « Les recours gracieux contre permis de construire ou contributions pour cette modification du PLU sont balayés par la collectivité, malgré le sérieux de nos travaux. On a l’impression aujourd’hui que les élus ne collaborent qu’avec les promoteurs », déplore Vincent Langlet, engagé dans l’association SaveStangAlar.
« Poser les règles d’un dialogue »
Il a toutefois reçu, jeudi 24 mars, une bonne nouvelle signée de la main de la vice-présidente à l’urbanisme Tiffen Quiguer. « Elle évoque un travail pour la rédaction d’une charte, dans les trois ans », résume l’associatif, qui pour l’heure accueille avec prudence cette annonce. Lors du conseil de métropole, l’élue a confirmé la démarche : « On va mettre en place un dispositif pérenne. On travaille à la mise en place d’une charte de la construction, avec les promoteurs et les habitants, qui permettra de poser les règles d’un dialogue permanent. On va mandater une maîtrise d’œuvre pour nous accompagner ».
Source : extraits d’un article signé Pierre Chapin à retrouver en intégralité dans Le Télégramme du 26 mars 2022 .
À Brest, les projets d’urbanisme se heurtent à l’opposition des riverains
Le conseil de Brest Métropole vote ce vendredi la modification du plan local d’urbanisme (PLU) qui doit ouvrir trois nouveaux secteurs à l’urbanisation. La multiplication des projets de construction agace des collectifs d’habitants, qui dénoncent le bétonnage intensif et un manque de concertation.
Les élus de Brest Métropole doivent se prononcer vendredi 25 mars sur la modification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). Elle porte sur 39 points de ce document technocratique, sorte de code de la route de la construction. Il est notamment question de permettre l’urbanisation de trois nouveaux secteurs. Cette délibération « pose problème » pour le groupe EELV, qui n’avait pas encore arrêté sa position. Glen Dissaux, vice-président Plan climat air énergie territorial, préfèrerait « une révision complète du PLU le plus vite possible. Il est très daté ».
C’est aussi l’avis de Bénédicte Havard Duclos, du collectif Au pied du mur, un regroupement de citoyens mobilisés contre divers projets d’aménagement. Cette enseignante-chercheure à l’UBO estime que le PLU actuel -qui date de 2014- est « complètement à côté des enjeux ». La réécriture d’un nouveau plan nécessite trois ans d’études, indique-t-on à Brest Métropole, qui table sur une révision à l’horizon 2026.
Une concertation de façade
Plusieurs associations ou collectifs ont déposé des contributions lors de l’enquête publique qui a précédé la modification à l’ordre du jour ce vendredi. Mais cette participation citoyenne n’a pas été prise en compte dans la synthèse présentée aux élus. D’où la colère de Vincent Langlet, le président de l’association Save Stang Alar : « C’est des heures et des heures de travail pour arriver à quelque chose de cohérent, de conforme à la loi, tenant compte des enquêtes sur la biodiversité… Et nos propositions sont déclarées hors-sujet et résumées en une ligne et demi. Quand on parle de démocratie participative, ça nous fait pleurer de rage ».
Ces citoyens se sentent aussi exclus des discussions d’avant-projet, en amont du dépôt d’un permis de construire. « On nous dit « le projet va être comme ça, c’est plutôt des réunions d’information, il n’y a pas vraiment d’espace de concertation », constate Bénédicte Havard Duclos. Au contraire, le dialogue est permanent, assure Tifenn Quiguer, la vice-présidente à l’urbanisme et à l’aménagement, qui dit comprendre les inquiétudes des riverains. Elle constate que « partout au niveau national aujourd’hui, il y a un rejet grandissant des projets urbains, c’est un fait. Mais il faut savoir ce qu’on veut. Pour moi, la densification ne veut pas dire massacrer la ville ».
« La métropole a clairement donné les clés aux promoteurs. » Un membre du collectif Au pied du mur
Les collectifs citoyens pointent aussi une relative proximité, selon eux, entre la collectivité et les professionnels de l’habitat et de la construction. Les services avaient ainsi cautionné un projet d’Iroise Promotion pour deux barres d’immeubles qui devaient être érigées en lisière du vallon du Stang Alar. Saisie par des voisins, la justice administrative a annulé le permis de construire en septembre 2020 en raison d’une hauteur excessive. Depuis, en juin 2021, Brest Métropole a modifié son PLU pour réécrire une règle jugée trop floue. Refroidi, le promoteur aurait finalement renoncé à son projet controversé.
« La métropole a une vision exclusivement quantitative, elle a clairement donné les clés aux promoteurs », persifle un membre d’Au pied du mur. « Cette collaboration à sens unique avec les promoteurs nous paraît extrêmement choquante pour une municipalité socialiste » ajoute Vincent Langlet. S’il reconnaît qu’il faut « construire du logement dans Brest, pour loger les gens, il faut surtout construire en tenant compte de ce qu’il y a autour ». Les riverains estiment qu’il faut des garde-fous face à l’appétit des promoteurs.
La collectivité doit construire 1.300 logements par an
Confronté à l’arrivée de 800 nouveaux habitants chaque année, la métropole brestoise doit construire 1.300 nouveaux logements pour répondre aux besoins de la population. 1.600 autorisations de logements ont même été délivrées en 2021. La stratégie est désormais de miser sur le renouvellement urbain, c’est-à-dire de reconstruire la ville sur elle-même plutôt que de grignoter des terres agricoles en périphérie. Mais la vingtaine de résidences étudiantes ou seniors actuellement en projet crispent le collectif citoyen Au pied du mur, qui y voit « des outils de défiscalisation pour les investisseurs, qui ne répondent pas aux besoins des habitants ».
« L’intérêt général n’est pas l’addition des intérêts particuliers. » Tifenn Quiguer
Le compromis est quasi impossible à trouver, reconnaît la vice-présidente à l’urbanisme : « Il y a d’un côté les attentes des habitants, la réalité économique des professionnels, et nos enjeux à nous, collectivité. Donc il faut trouver le bon point d’équilibre, et il ne satisfait forcément pas tout le monde. Mais l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers. » Brest Métropole a tout de même décidé de répondre à l’une des demandes des collectifs citoyens. D’ici deux à trois ans, une charte tripartite de construction sera signée entre la collectivité, les promoteurs et les riverains, une convention déjà en vigueur dans d’autres métropoles comme Rennes. Un espoir, peut-être, d’apaiser les débats et d’envisager la ville de demain d’une manière plus concertée.
Brest Métropole. La politique d’urbanisme provoque de vifs débats au conseil communautaire
Un article signé Laura Daniel paru dans Ouest France du 26 mars 2022.
À Brest et ses alentours, de nombreux projets immobiliers sont contestés par des collectifs de citoyens. La politique d’urbanisme menée par la Métropole suscite des remous au sein même de sa majorité politique. Elle a fait débat lors du conseil communautaire ce 25 mars 2022.
Répondre à la pénurie de logements, tout en préservant le cadre de vie et l’environnement. C’est l’épineux débat qui a agité le conseil communautaire de la Métropole de Brest, ce vendredi 25 mars 2022. Trois délibérations y étaient en effet consacrées au Plan local d’urbanisme (PLU), un document adopté en 2014, connu pour sa technicité et dont la mission est de planifier et régir l’aménagement du territoire.
Alors que Tifenn Quiguer, vice-présidente à l’urbanisme, prend la parole pour présenter des modifications, son intervention est rendue difficilement audible par la clameur de manifestants devant l’hôtel de ville. Il s’agit d’une trentaine de membres du collectif Au pied du mur, regroupant des citoyens opposés à des projets immobiliers sur le territoire.
Leurs revendications : organiser des « assises de l’urbanisme » et réviser le PLU pour qu’il soit davantage garant des intérêts environnementaux et sociaux. « Il a été rédigé quand il n’y avait pas encore de dynamique de spéculation immobilière à Brest et n’a pas été fait pour encadrer l’activité des promoteurs », estiment-ils.
Manque de concertation citoyenne
Dans la salle où se tient le conseil communautaire, le sujet provoque aussi des controverses. Glen Dissaux, chef de file des élus écologistes, faisant pourtant partie de la majorité, l’annonce d’emblée : ils voteront contre. S’il reconnaît que certaines modifications présentées « vont dans le bon sens », il estime que « cette délibération pose de gros problèmes, principalement concernant l’ouverture à l’urbanisation de plus de 20 hectares ».
Pour lui, comme pour le collectif à l’extérieur, les contributions citoyennes n’ont pas suffisamment été prises en compte. « Nous sommes en train de travailler à la construction d’une charte permettant d’établir des règles de dialogue avec les citoyens », lui répond Tifenn Quiguer.
La densification contre l’étalement urbain
Plus largement, c’est la politique d’urbanisme menée par la Métropole qui pose question. Avec deux visions qui s’opposent. « Nous faut-il perpétuellement attirer de nouveaux habitants ? Quelle densité urbaine est souhaitable ? » interroge Glen Dissaux.
Du côté de l’exécutif socialiste, on assume privilégier la densification à l’étalement urbain. Et Tifenn Quiguer de rappeler la situation économique du territoire : une pénurie de logement doublée d’une forte spéculation immobilière. « La rareté amène la flambée des prix et la gentrification. Je ne suis pas pour la ville excluante. »
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« Débat de privilégiés »
Pour François Cuillandre, il s’agirait même là d’un « débat de privilégiés ». Le président de Brest Métropole évoque ainsi un courrier que lui a adressé un père de famille inquiet pour son fils, étudiant, contraint de dormir dans sa voiture faute de pouvoir trouver un toit. « On peut vouloir tout dans le meilleur des mondes, mais on sera rattrapé par la réalité du logement », abonde Dominique Cap, vice-président et maire de Plougastel-Daoulas.
Les groupes des élus écologistes, Brest c’est vous (droite) et Brest Progressiste (LREM) votent contre. Celui de la gauche sociale et écologiste s’abstient. La délibération est adoptée.
Brest. Face à la « bétonisation », ils demandent des assises de l’urbanisme
Un article signé ublié dans Ouest- France du
Des bâtiments trop nombreux, trop hauts ou réduisant la place de la nature en ville : à Brest (Finistère), le collectif Au pied du mur dénonce de nombreux projets menés par les promoteurs immobiliers. Un rassemblement était organisé avant le conseil de Métropole pour inviter les élus à prendre davantage en compte les critères économiques et sociaux au sein du PLU.
Le PLU, pour Plan local d’urbanisme, est un document connu pour sa technicité. Il planifie et régit les règles d’aménagement du territoire des communes. « En réalité, il a des implications très directes sur notre vie et notre ville », souligne Bénédicte Havard Duclos. Elle est l’une des membres du collectif Au pied du mur, créé il y a peu à Brest.
Il regroupe de nombreux autres collectifs s’opposant à des projets immobiliers sur le territoire. Proposant une vision plus large, le collectif Au pied du mur revendique la création d’« assises de l’urbanisme ».
Des modifications au PLU
Ce vendredi 25 mars 2022, ils étaient une trentaine à s’être réunis pour se rendre devant l’hôtel de ville de Brest, où se tenait, en fin d’après-midi, le conseil de Métropole. À l’ordre du jour : une délibération pour modifier le PLU adopté en 2014.
Engagée en 2021, cette modification fait l’objet d’une concertation préalable de février à mai, puis soumise à une enquête publique à l’automne. Il s’agit d’ajustements concernant quelques zones précises. Une deuxième délibération portait sur l’élaboration d’une prochaine procédure de modification qui doit être élaborée en 2022.
« Nous voulons informer sur ce qui se joue dans ces conseils car les modifications vont vers toujours plus d’urbanisation répondant aux besoins des promoteurs », estime Bénédicte Havard Duclos d’Au pied du mur.
Les résidences seniors et étudiantes se multiplient
Cette dernière souligne que la situation a fortement évolué à Brest depuis l’adoption du PLU, en 2014. « À l’époque, il fallait encourager les promoteurs à venir à Brest. Maintenant, on fait face à une tension spéculative qu’il faut réguler », estime-t-elle, appelant à rendre le PLU « plus contraignant sur les enjeux environnementaux et sociaux ».
Les constructions se sont en effet multipliées ces dernières années à Brest, notamment en ce qui concerne les résidences seniors ou étudiantes privées. Certaines provoquant d’importantes levées de boucliers chez les habitants du quartier, comme le projet immobilier de 116 logements et six étages prévu sur le site de l’Ehpad de l’Adoration. « On bétonne sur des espaces verts, en montant les hauteurs dans le centre et en coupant la lumière », regrette Bénédicte Havard Duclos.
Pour en savoir plus sur le collectif « Au Pied du Mur » …
Une réponse sur “Bétonisation et spéculation à tout va : les élus de Brest métropole mis au pied du mur !”
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