Davide Martello, le pianiste de la paix à la frontière Ukrainienne …

D’après une photo de Nicola Marfisi

Place Taksim, place Maïdan, devant le Bataclan… Le pianiste de rue allemand  Davide Martello parcourt le monde. Depuis quelques jours, il a posé son clavier dans le camp de réfugiés de Medyka. Le pianiste tracte son piano, qu’il a conçu comme une remorque. « Je vais l’installer en face du supermarché ». Au milieu d’un carré de terre, coincé entre le parking et la route où le convoi humanitaire s’étirera tout l’après-midi à perte de vue, Davide pose ses mitaines sur le clavier …

Davide Martello jouant à Medyka, à la frontière entre l’Ukraine et La Pologne. Une vidéo de 1’46 » …

Le “pianiste de rue” Davide Martello joue à la frontière entre Ukraine et Pologne

Un article signé Serge Hastom dans Télérama du 7 mars 2022 .

Le pianiste allemand Davide Martello dans le camp de réfugiés de Medyka, à la frontière polono-ukrainienne, le 7 mars 2022.

Le pianiste allemand Davide Martello dans le camp de réfugiés de Medyka le 7 mars 2022. Photo Nicola Marfisi/AGF/SIPA

Son regard fixe le sol cahoteux et se hisse péniblement, tous les trois pas, pour évaluer le chemin qu’il reste à parcourir. Cette vieille babouchka manie la canne avec beaucoup de poigne. L’effort lui entrouvre la bouche et alourdit les poches qu’elle a sous les yeux. Elle a traversé la frontière toute seule, à pied, un sac à main comme unique bagage. Elle peut enfin s’effondrer dans un fauteuil roulant et se faire engloutir par le flot de femmes, d’enfants, de chiens et de sacs qui se déverse entre les stands de carte SIM et de repas gratuits, dans les allées du camp de Medyka, tumeur de la guerre russo-ukrainienne cramponnée à la frontière polonaise.

Si les visages étaient moins marqués par la fatigue, dans la cohue de cette allée reliant la douane aux parking des bus, on pourrait s’imaginer au milieu d’un festival underground pour enfants, à mi-chemin entre un Disneyland sans attractions et une Fête de L’Huma survolée par des drones polonais. Les mômes ont le regard qui brille. Des gens venus du monde entier leur offrent des peluches, des oranges et des bonbons. « Dyakuyu », remercient les mères et leurs enfants tout en dévisageant un drôle de bonhomme en kilt. « Do you want some coffee ? Would you like some milk ? We have it from Scotland ! » entonne celui-ci de sa voix de stentor.

“Imagine”

La veille, un piano à queue arborant un signe de paix a débité Imagine à ses côtés. Le musicien de rue allemand Davide Martello est présent depuis quelques jours dans le campement installé le long de la nationale 28, à 80 kilomètres de Lviv. Quelques barils en feu diffusent une odeur de rouille cramée. Le pianiste, rendu célèbre par ses concerts sur les places Taksim puis Maïdan, en 2013, s’évanouit régulièrement dans leur fumée.

« Il est où Davide aujourd’hui ? » demande Lilian, mi-Jack Sparrow mi-Obélix, chapeau de pirate sur la tête et drapeau français autour du cou. Le grand gaillard se fait alpaguer par un camionneur français. « Vous ne savez pas où je peux décharger mon matériel ? J’apporte un camion entier de dons pour les Ukrainiens », explique l’homme. « Eh bah, voilà ! Elle est où la putain de France, là ? C’est la démerde, il n’y a que des Français autonomes et aucune organisation de l’État. » De ses gros doigts d’amateur de piano, il pointe les cartons qui tapissent le sol. C’est là que dorment « [ses] gars », une troupe de jeunes qui distribuent des gâteaux et dont les treillis militaires indiquent qu’ils ne sont pas forcément venus ici faire de l’humanitaire.

Davide Martello à Medyka, en Pologne, le 4 mars.

Davide Martello à Medyka, en Pologne, le 4 mars.Photo Yara Nardi / Reuters

« Mornay, t’as vu le pianiste ? » L’ancien légionnaire secoue la tête. Il surveille les proxénètes venus recruter les réfugiées vulnérables. Il garde aussi un œil sur les femmes venues d’Ukraine pour remplir des sacs et vendre chez elles ce qui se distribue ici gratuitement. Mornay aide à faire passer les caddies de bûches, de couches, et ceux remplis de gosses au-dessus d’un câble en travers du chemin. Il est sur un coup pour évacuer deux cents enfants d’Ukraine grâce à un car. Mais il n’a pas vu le pianiste.

À contre-courant

Davide apparaît soudain entre les rejets des pots d’échappement, tout au bout de la file des réfugiés qui patientent, encadrés par des policiers polonais. Ceux-là suggèrent au pianiste de remonter plus haut car l’affluence est telle ce jour-ci qu’un piano à queue, même sur roulettes, pourra difficilement se faufiler à contre-courant. Le pianiste tracte son piano, qu’il a conçu comme une remorque. « Je vais l’installer en face du supermarché, j’ai joué là-bas l’autre soir. » Au milieu d’un carré de terre, coincé entre le parking et la route où le convoi humanitaire s’étirera tout l’après-midi à perte de vue, Davide pose ses mitaines sur le clavier.

À peine a-t-il entamé le second morceau qu’un transporteur italien descend de sa camionnette et accourt vers lui entre les grilles de chantier. « Viva ! Viva ! » L’homme dépose une cagette de jus au pied du pianiste et l’embrasse sur le front, les joues, l’agrippe par tous les bouts tandis que l’autre s’accroche à son instrument. « Bravo ! My Way ! Joue My Way ! » Le musicien s’exécute en riant et grimace lorsque le chanteur, emporté par l’enthousiasme, pousse la voix un peu trop près de son oreille. Des adultes écoutent la chanson avec un sourire. L’Italien s’en va, revient, l’embrasse encore puis repart pour de bon. Le soleil tombe, les enfants se courent après et Davide Martello joue toujours, délicatement, sans avoir à s’embarrasser de grands discours, à une centaine de mètres du poste-frontière.


Suivre le périple de Davide de Martello sur son facebook ? C’est par ici …

Extrait : « Un autre moment triste aujourd’hui, alors que je déballais mon piano cet après-midi, j’ai vu 2 hommes qui se préparaient à entrer en Ukraine juste devant mon parking. Après qu’ils portent des gilets pare-balles et qu’ils aient préparé tout leur matériel, l’un d’entre eux m’a demandé si je pouvais les photographier . Après avoir pris quelques photos, ils ont dit « slava Ukraine ». Je les ai embrassés et leur ai dit de rester en sécurité et de revenir bientôt. C’était un père et son fils, de Finlande »
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En savoir plus sur Davide Martello

Source : wikipédia
C’est un pianiste de rue allemand qui s’est fait connaitre en jouant lors de drames ou de mouvements révolutionnaires … Il est né le en Allemagne d’un père ouvrier et d’une mère au foyer, tous deux originaires de Caltanissetta en Sicile. Enfant, son père le force à apprendre le piano et plus tard, alors que David Martello travaille comme coiffeur et s’ennuie dans cette activité, il envisage d’utiliser cette compétence pour devenir musicien de rue. Pour cela il décide de construire lui-même son piano et après deux ans à travailler sur son projet en compagnie d’un menuisier suisse, son instrument est prêt et lui permet de tenter l’expérience à Berlin. Satisfait du résultat il décide en 2011 de quitter son emploi de coiffeur et de prendre la route avec son piano.

Il se fait connaître en allant jouer dans plusieurs zones de conflits, à commencer par la Place Taksim où en , au cours du mouvement protestataire il joue devant plusieurs milliers de personnes lors d’un récital de 14 heures avant que son piano et ses effets personnels ne soient saisis le lendemain par les autorités turques.

« En pleine nuit, le son d’un piano a retenti sur la place Taksim à Istanbul, mercredi 12 juin au soir. C’est l’artiste Davide Martello qui a planté son instrument au milieu de la place….un important attroupement s’est formé autour de lui et de son instrument. les gens ont écouté, assis, sous le charme.  » Une vidéo de 01:15

Le , il est à Paris à la suite de l’Attentat contre Charlie Hebdo pour jouer sur la Place de la République et le de la même année, au lendemain de l’attentat contre le Bataclan il se produit devant la salle de spectacle où il reprend Imagine de John Lennon.


Charlie Hebdo : Davide Martello, le «pianiste de la paix» a joué à Paris

Le «pianiste de la paix» Davide Martello a joué hier devant la foule sur la place de la République à Paris.

L’artiste italien a donné hier un concert improvisé sur la place de la République à Paris, en hommage aux victimes de l’attaque au sein de l’hebdomadaire.
Des cheveux courts bruns, une écharpe grise autour du cou, Davide Martello navigue sur les touches de son piano, dans la nuit noire. Le pianiste a fait escale à Paris, sur la place de la République, où il a joué hier pendant deux heures au milieu de la foule. Cette place de Paris est devenue un lieu de rassemblement et de recueillement depuis l’attentat à Charlie Hebdo . Un symbole de la paix sur son piano noir, l’artiste a notamment interprété le morceau Una mattina du compositeur italien Ludovico Einaudi.