Eric Cantona ne regardera pas la Coupe du monde. A dix mois du coup d’envoi du rendez-vous qatarien, l’ancien international ne mâche pas ses mots contre le pays organisateur dans une interview au «Daily Mail». La catastrophe humaine que représente la construction des stades, avec plus de 6000 ouvriers décédés, est une autre raison du dégoût de Cantona. Amnesty International monte au créneau …
Éric Cantona : « La prochaine Coupe du monde n’en est pas une »
La langue de bois, Canto ne connaît pas.
Largement remis en cause de part et d’autre, ce Mondial 2022 ne laisse décidément personne indifférent. Cette fois, c’est Éric Cantona qui, comme à son habitude, ne garde pas sa langue dans sa poche et donne son avis sur la question au Daily Mail. « Le Qatar, ce n’est pas le pays du football. Je ne suis pas contre l’idée d’organiser une Coupe du monde dans un pays où il est possible de développer et de promouvoir le football, comme en Afrique du Sud ou aux États-Unis dans les années 1990. »
« Ce n’est qu’une question d’argent et la façon dont ils ont traité les gens qui ont construit les stades est horrible. Et des milliers de personnes sont mortes. Et pourtant, nous allons fêter cette Coupe du monde. Pour être honnête, je ne me soucie pas vraiment de la prochaine Coupe du monde, qui n’en est pas une, selon moi » , assène la légende de Manchester United.
Et ce n’est pas Amnesty International qui dira le contraire. Lire ci dessous
Amnesty interpelle la FFF : « Pour l’instant, c’est silence radio »
Amnesty International a mené une action contre la Fédération française de football ce mercredi matin au siège en déployant une banderole pointant l’inaction et le désintérêt porté à la cause des conditions des travailleurs migrants au Qatar, ainsi qu’aux futurs employés pendant l’événement. Lola Schulmann, chargée de plaidoyer au sein de l’ONG, revient sur l’action et les attentes d’Amnesty par rapport à la FFF sur ce dossier.
Amnesty interpelle la FFF sur le Mondial au Qatar : « Pour l’instant, c’est silence radio »
Depuis que l’annonce de la Coupe du monde au Qatar a été faite, nous avons voulu entrer en contact avec la Fédération française de football. Mais on n’a jamais reçu la moindre réponse de leur part, positive ou négative. Nous avons vraiment tout fait pour entrer en contact avec la FFF depuis 2016, toujours à propos des conditions de travail au Qatar. Mais pour l’instant, c’est silence radio. Le dialogue est au point mort depuis le début avec la Fédération.Pourquoi de cette sorte ?
On voulait clairement attirer leur attention d’une autre manière que les mails et les lettres. En plus d’une pétition à la FIFA qui a récolté plus de 200 000 signatures, dont 40 000 en France, on a décidé qu’une action au siège de l’instance forcerait peut-être le dialogue à s’ouvrir.Pourquoi avoir coché cette date du 15 décembre ?
On a choisi ce moment car la finale du mondial aura lieu dans un peu plus d’un an jour pour jour (18 décembre 2022, NDLR). Nous n’avons donc qu’un an pour réellement commencer à discuter des solutions avec la FFF, ce qui laisse très peu de temps en réalité.
Le débat sur le boycott de la compétition est déjà lancé. Mais où en est-on en France ?
Il n’y a pas grand-chose qui a été fait de la part des acteurs du football français. Nous n’avons pas eu de dialogue, ni avec les clubs, ni les joueurs en France. Personne n’a fait le premier pas pour commencer à sensibiliser à ces enjeux. On part de loin. Très loin. De notre côté, nous sommes toujours ouverts pour travailler avec les clubs, les joueurs et les groupes de supporters pour entamer des actions et sensibiliser la population à ce qu’il se passe au Qatar. D’où le fait de mener cette action au siège de la FFF. On espère qu’elle va aider à passer une étape.
Par rapport aux autres fédérations de football concernées par la Coupe du monde 2022, on fait figure de mauvais élève ?
On est une des rares sections d’Amnesty à ne pas avoir eu de contact avec la fédération du pays. En Europe du moins, la grande majorité des branches de l’ONG ont des contacts directs et fréquents avec les instances de leur pays, avec des discussions plus ou moins avancées sur les solutions à adopter. On peut prendre exemple de la Norvège, ou alors la Finlande qui est très investie dans cette lutte pour les droits des travailleurs. De notre côté, on espère surtout que ce sujet ne soit pas un tabou à la Fédération. Le temps presse pour nous. Si cette action échoue, nous avons d’autres solutions de repli pour essayer d’entrer en contact avec eux. On poursuivra nos actions jusqu’au bout.
Quelle réponse attendez-vous de la part de la Fédération ?
Sans dialogue, on ne peut rien faire. Sans cette première base, le travail ne pourra pas être fait. Ce dialogue est primordial pour porter à connaissance nos travaux sur la situation des travailleurs au Qatar, engagés sur les sites de la Coupe du monde 2022. Une fois que cette première étape sera validée avec la FFF, nous pourrons commencer à réellement échanger sur ce qu’on peut améliorer sur le terrain, et surtout, qu’elle porte notre voix devant la FIFA. La France est un membre important, et un tel soutien n’est pas négociable. Une prise de parole publique de leur part est indispensable. Nous avons besoin de cette voix. On sait très bien que la situation se débloquera au Qatar par des prises de position fortes et une mise sous pression du gouvernement local par les différents participants de la compétition. Ils ont déjà commencé à changer des choses par des réformes, mais tant que les passeports des travailleurs seront confisqués, et que la Kafala (le système de mise sous tutelle de n’importe quel travailleur étranger, NDLR) sera en place, le combat ne sera pas terminé. Aujourd’hui, il est encore trop compliqué pour un employé de pouvoir changer librement de métier ou même partir à l’étranger. Une autorisation de l’employeur est encore nécessaire. Et la situation est toujours aussi préoccupante.
Avez-vous déjà en tête des solutions par rapport au moment où l’équipe de France posera ses valises au Qatar ?
Nous voulons des garanties pour les travailleurs qui côtoieront la délégation française au quotidien. Là-bas, pendant la compétition qui dure un mois, ils auront du personnel attitré. Que ce soit pour le service dans l’hôtel ou les conduire aux matchs et terrains d’entraînement. Il nous faut cette assurance de la part de la Fédération qu’ils prêteront une attention particulière au traitement de ces personnes.
En plus de la FFF et des autres fédérations, Amnesty essaye de communiquer avec la FIFA. c’est mieux embarqué que pour la FFF ?
Normalement, en janvier 2022 et grâce à la pétition, nous pourrions avoir un début de dialogue avec la FIFA. L’échange portera forcément sur les mêmes points qu’avec la FFF. Le combat est le même. Notre but est d’identifier chaque point de discussion possible pour que le tournoi se déroule le plus humainement possible pour les travailleurs. Il y a eu déjà beaucoup trop d’accidents, et il faut que cela cesse.
Propos recueillis par Antoine Bchini Photos : Amnesty France.
Mondial 2022 au Qatar : le calvaire des travailleurs migrants se poursuit
Depuis dix ans et l’obtention de la Coupe du monde de football, le Qatar exploiterait outrageusement des travailleurs étrangers, rapporte « The Guardian ». Publié par LePoint.fr du
Un cauchemar quotidien pour des travailleurs de l’ombre. Comme l’indique le journal britannique The Guardian, dans un article repéré par Courrier international, les conditions de vie des travailleurs migrants exerçant sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar sont proches d’être inhumaines, marquées par des salaires dérisoires et des journées qui les poussent à l’épuisement. Au cours des dix dernières années et pour mener à bien l’organisation de cette compétition sportive, la plus suivie au monde, plusieurs centaines de milliers de travailleurs, provenant en particulier des pays d’Asie du Sud, se sont rendus au Qatar pour participer à la construction des sept stades dans lesquels auront lieu les matchs, mais aussi sur le chantier du nouvel aéroport ou pour faire naître de nouvelles routes, un métro ou encore des centaines d’hôtels.
Auprès du Guardian, ces travailleurs affirment haut et fort avoir été exploités et maltraités, victimes de promesses de salaires non tenues. Entre la confiscation de leur passeport pour leur éviter de quitter le pays et la succession de mois sans bénéficier de congés payés, c’est un véritable calvaire auquel ils doivent faire face. Malgré les polémiques et la mise en place de plusieurs réformes, la majorité des travailleurs déplorent que les lignes n’ont pas bougé en ce qui concerne leur rémunération, et regrettent de n’être payés qu’au salaire minimum, soit 1,20 euro de l’heure. Des sommes insignifiantes à côté des prix des billets colossaux établis pour l’occasion : un match du premier tour coûtant au minimum 840 euros et un forfait de 10 matchs dans une suite privée étant fixé à près d’un million d’euros.
« Nous avons construit ce pays »
Ce cri d’alarme est d’autant plus saisissant lorsque le quotidien britannique cherche à interroger la population locale, indéniablement fière d’accueillir la Coupe du monde. « Nous sommes le premier pays arabe à l’accueillir. C’est une grande réussite. Nous avons fait mieux que d’autres pays qui sont plus grands que nous », se réjouit un Qatari. « Quand je suis arrivé au Qatar, il n’y avait rien ici. Nous avons construit ce pays », met en avant de son côté un travailleur asiatique, à bout de forces.
En février dernier, The Guardian avait estimé qu’au moins 6 500 travailleurs migrants venus d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh ou encore du Sri Lanka sont décédés au Qatar, depuis que le pays a obtenu le droit d’organiser la compétition en décembre 2010. Un chiffre qui représente en moyenne 12 décès de travailleurs migrants d’Asie du Sud chaque semaine. Au total, ce sont plus de deux millions de migrants qui sont venus travailler au Qatar, sur les différents chantiers de la Coupe du monde, avait également souligné le quotidien.
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