Mettre en place le retour d’activité
Depuis le déconfinement, Moë-Kan est actif dans le domaine de l’aide aux entreprises pour appliquer les mesures sanitaires et accompagner le retour à l’activité. Le Centre Dramatique National La Commune d’Aubervilliers a, par exemple, fait appel à nous afin de permettre le redémarrage de son activité dans le strict respect des mesures préconisées. Nous l’accompagnons jusqu’à la fin du mois de juillet.
Jusque là, cependant, nous n’avions pas eu affaire à la gestion du public, uniquement à des travailleurs. Quand Yano Benay, de la compagnie Dédale de Clown, nous a sollicités pour « La Cour des Miracles », Philippe Cuvelette et moi-même avons accepté car cela nous permettait de revenir à l’essence même de notre société, c’est-à-dire permettre la rencontre entre le public et le propos artistique.
Pourtant, le contexte est peu réjouissant. Tous les concerts et festivals sont annulés, et le peu d’événements qui ont lieu semblent se dérouler, selon les comptes-rendus de la presse et des politiques, sans aucun respect des mesures barrières. Est-il seulement possible d’amener un public devant un spectacle et de respecter les mesures sanitaires ?
Parmi les artistes aussi, beaucoup de voix se font entendre pour dire qu’il n’est pas possible d’appliquer les mesures barrières dans le cadre d’un spectacle, voire que c’est la mort du spectacle et que la subversion de l’artiste passe par le non-respect des demandes de l’Etat dans ce domaine…
Ce n’est pas le cas de Yano, qui nous investit de la mission de résoudre l’équation Mesures Sanitaires + Public + Spectacles et nous fait confiance pour réussir !
Quel Bilan ?
Force est de constater que le bilan est extrêmement positif. La jauge public maximum est quasiment atteinte tout l’après-midi, le public est ravi, et six spectacles ont pu se relayer entre 11h30 et 19h30.
Les mesures sanitaires ont bien fonctionné. Tout d’abord, le public joue le jeu, en venant équipé de masque (nous l’avions indiqué sur la communication préalable et, au final, nous en avons fourni très peu), le masque est majoritairement porté dans l’enceinte, les distances de sécurité sont naturellement respectées. Le choix de la signalétique et de l’accompagnement plutôt que la coercition semble porter ses fruits.
Tout cela a été rendu possible grâce au soutien volontaire de l’organisateur, la Compagnie Dédale de Clown et son Directeur Artistique Yano Benay. Sans ce rôle moteur, nous n’aurions pas été en mesure de déployer ces mesures. Les 17 bénévoles de l’Association se sont particulièrement sentis investis. Un grand merci donc pour avoir fait appel à nous et nous avoir fait confiance.
Merci également aux artistes qui ont joué le jeu et ont participé également en incluant de manière humoristique le contexte et les mesures s’y rapportant.
Merci enfin à nos compagnons de route, dont Claude Guillou, Régisseur Général plein de talent et d’humanité qui a participé à la faisabilité de l’ensemble.
Des demandes préfectorales précises
Quelle a été notre démarche ? Une fois un premier repérage effectué, il s’agit de remplir le dossier de sécurité demandé par la Mairie et la Préfecture. Il est presque curieux de constater qu’il ne semble subsister qu’un risque, et que celui-ci est sanitaire. Exit la peur de l’attentat ou les risques d’incendie. Bon, j’exagère, mais la place accordée aux mesures sanitaires est prédominante.
Fort de notre expérience récente et de notre veille permanente, nous construisons un dispositif avec en tête deux éléments essentiels :
- Les demandes officielles,
- L’incitation et l’information plutôt que la coercition.
Quelques grands axes se dessinent alors :
- Le placement du public,
- La détermination de la jauge,
- La gestion des flux,
- Les files d’attente, particulièrement à l’espace convivialité,
- L’hygiène,
- La signalétique et l’information du public.
Le placement du public
Bien que nous soyons en plein air, le public doit être assis. En effet le Haut Conseil de la santé publique déconseille les espaces type « fosse » avec public debout mais propose quand même cette possibilité en respectant la distanciation physique, et la Préfecture de Brest demande explicitement que le public soit placé et assis. Nous avons opté pour des gradins (avec une place laissée vacante entre chaque groupe mais, vu la taille des gradins, les groupes occupaient la majorité des places) et une assise au sol avec un marquage léger servant de guide aux équipes plaçant le public à l’aide de frites en mousse permettant de vérifier le mètre de distanciation.
La détermination de la jauge
Afin de garantir la distanciation, nous avons bloqué, compte-tenu des contraintes de placement, la jauge à 350 personnes. Nous devons pouvoir garantir cette jauge maximum tout au long de la manifestions, d’où un contrôle régulier (tous les quarts d’heure) du PCO vers les entrées et les sorties (équipées de compte-brebis), via un canal de talkie-walkies dédié.
La gestion des flux
Autre impératif, garantir des flux séparés au maximum sur le site. Séparer l’entrée et la sortie du public était bien sûr une évidence.
Il faut également séparer les flux internes en particulier les flux vers l’espace convivialité, d’où l’installation de trois flux différents (voir photo ci-contre) avec barriérage et marquage au sol.
Enfin pour les toilettes, nous optons pour un fléchage au sol avec deux flux derrière les gradins sans barriérage (pour éviter les soucis de compression ainsi que les problèmes en cas de panique ou d’évacuation), comme par exemple sur les quais dans le métro parisien.
Les files d’attente
Qui dit flux vers la convivialité ou les toilettes dit files d’attente. Selon les lieux nous mettons en place un marquage au sol et des barrières à certains endroits. Et, conformément aux recommandations, il n’est pas possible de s’installer à proximité du bar ou de la crêperie pour boire et / ou manger. Nous installons plutôt un ensemble de tables distanciées dans un lieu à proximité des spectacles.
L’hygiène
Pour rendre efficientes ces mesures, le volet hygiène est évidemment réfléchi. Dès l’entrée, les spectateurs sont invités à utiliser le gel hydro-alcoolique. D’autres points sur le site (toilettes avec également savon et essuie-mains à usage unique, espace de convivialité) sont également équipés de gel hydro-alcoolique. Enfin, une équipe de bénévoles est spécialement dédiée à la gestion des poubelles.
La signalétique et l’information du public
Ces mesures doivent nécessairement s’accompagner d’une information à destination du public. Ce dernier est sensibilisé par deux équipes à l’entrée (une en amont et une à l’entrée effective du festival). L’affichage est judicieusement réparti sur le site avec quelques panneaux d’informations exhaustifs et un rappel plus léger des mesures par endroit. Les toilettes et l’espace convivialité font l’objet d’une information spécifique.