Beau Geste sur le parking de chez Gad …

Il y a 5 ans jour pour jour, en partenariat avec l’association « Sauvons Lampaul Guimiliau « , le Fourneau présentait « Transports exceptionnels » de la compagnie Beau Geste,  dans l’enceinte de l’Usine Gad qui employait un an et demi auparavant , quelque neuf cents personnes, avant sa fermeture. Dix jours seulement après les propos d’Emmanuel Macron sur l’illettrisme, une ultime occasion pour les anciens salariés de se retrouver et de tourner la page …

Cette séquence émotion mettait en scène le duo inattendu d’un homme et son tractopelle  … Un spectacle original, plein de poésie et de tendresse dans un rapport « chair fer » que les Irréductibles de chez Gad ont adoré !
Un extrait de ce spectacle chorégraphié par Dominique Boivin et interprété  aux quatre coins du monde par Philippe Priasso  comme ici à Carbonia , en Italie . A écouter et méditer par là … ( durée 8’11 »)

Cette journée festive du samedi 27 septembre 2014 mettait un point final à la lutte des ex-Gad. Le dernier rendez-vous de l’association Sauvons Lampaul, créée il y a 14 mois pour maintenir, en vain, l’activité de l’abattoir.

#JT Dernière soirée sur le parking de l'ancien abattoir Gad ! Les anciens salariés referment la page. Une soirée à revivre avec notre reportage diffusé ce lundi !

Publiée par Tébéo sur Lundi 29 septembre 2014

En complicité avec l’association « Sauvons Lampaul », le Fourneau, centre national des arts dans la rue, avait souhaité associer culture et combat social en présentant un duo inattendu, un homme et son tractopelle .Très symboliquement, ce théâtre de rue s’est joué dans l’enceinte de l’ancien abattoir de Lampaul qui employait, il y a encore un an et demi, quelque neuf cents personnes, avant sa fermeture.

Samedi, à 18 h 18, (les horaires conçus par Le Fourneau !) environ 800 personnes ont assisté, durant 45 minutes, à cette étonnante relation entre l’homme et la machine, la chair et le fer, qui broie, qui cajole. Le godet, dont la fonction est de gratter, forer, transporter, déverser, a offert une extension poétique. Celle d’une main qui porte, élève et protège … » Extrait du Ouest France Finistere du dimanche 28.09.2014)

Voir le reportage photo du fourneau.com par ici …
En savoir plus sur la Compagnie Beau Geste
et sur les partenaires de cette journée …


Les représentants du Fourneau, de Sauvons-Lampaul, O. Le Bras et Y. Milin, aux côtés de Jean-Marc Puchois, maire, et des représentants de la municipalité présentant la soirée Beaux gestes.
Les représentants du Fourneau, de Sauvons-Lampaul, O. Le Bras et Y. Milin, aux côtés de Jean-Marc Puchois, maire, et des représentants de la municipalité présentant la soirée Beaux gestes.

Aujourd’hui, le Centre national des arts de la rue Le Fourneau, l’association Sauvons Lampaul et ses Irréductibles et la commune de Lampaul-Guimiliau, proposeront de Beaux Gestes artistiques et fraternels qui inviteront les spectateurs à tourner leurs regards vers l’avenir, avec l’usine Gad en toile de fond. Cet événement constitue le dernier rendez-vous avec l’association Sauvons Lampaul, créée voici quatorze mois, par Joëlle Crenn et son équipe, dans le cadre de leur lutte pour le maintien de l’emploi et le soutien des salariés.

Le programme

La manifestation débutera aujourd’hui, dès 13 h 13, par un tournoi de pétanque en doublettes, aux points (ouvert à tous), sur le grand parking, situé devant le site Gad. À 18 h 18, Le Fourneau a invité la compagnie Beau geste, de Val-de-Reuil (27), pour un spectacle, intitulé « Transports exceptionnels », d’une durée de 30 minutes, invitant le public à une rencontre inattendue avec un engin de chantier. À 19 h 19, le festin des Irréductibles réunira plusieurs centaines de convives autour d’un repas (payant). À 20 h 20, le « Défouloir musical » verra le retour du jeune guitariste, Léo Mercier. Deux jeunes lycéens morlaisiens du groupe Search Again lui succéderont avec leurs compositions pop-folk-rock. La soirée s’achèvera avec les chanteurs et musiciens du groupe Skankaya. D’autres surprises musicales devraient agrémenter cette soirée.

Pratique : Ouvert à tous, aujourd’hui, à partir de 13 h 13, sur le parking situé devant le site Gad.

 


Gad à Lampaul-Guimiliau : soirée festive pour tourner la page

Duo pour un danseur et une pelleteuse par la compagnie Beau Geste / © France 3 Bretagne
Duo pour un danseur et une pelleteuse par la compagnie Beau Geste / © France 3 Bretagne

Soirée festive, avec spectacle de rue ce samedi soir sur le site de Gad à Lampaul-Guimiliau dans le Finistère. L’abattoir a fermé ses portes il y a presque un an, l’occasion pour les anciens salariés de se retrouver et de tourner la page.

Par Krystell Veillard , diffusé

Voilà bientôt un an que l’usine GAD de Lampaul-Guimilliau dans le Finistère a fermé ses portes. Pour aider les anciens salariés à tourner la page, le centre national des arts de la Rue « le Fourneau » de Brest et la compagnie Beaux gestes se sont lancés dans une création artistique. Hier, ils ont présenté leur spectacle sur le site même de l’abattoir à Lampaul-Guimiliau, lors d’une soirée festive avec barbecue et cochon grillé.
Une belle occasion de se retrouver pour tous ceux qui ont vécu de longues semaines de lutte pour sauver le site, et d’échanger sur ce que devient chacun des 880 salariés qui ont perdu leur emploi.Seuls, 10% d’entre eux ont retrouvé du travail. Des salariés, qui pour certains, ont consacré quelques décennies à cet abattoir.

 / © France 3 Bretagne
/ © France 3 Bretagne

L’interview d’Olivier Le Bras, ancien délégué syndical FO – Gad à Lampaul-Guimiliau (29), vidéo par ici …

Chez Gad, la « débrouillardise » des ouvriers illettrés

Dix jours après les propos d’Emmanuel Macron sur l’illettrisme, les ex-Gad sont encore blessés. Dans l’abattoir breton, comme dans le reste de la société, le phénomène est difficile à cerner.

Par
Publié dans Le Monde du 26 septembre 2014

Devant les abattoirs Gad, en octobre 2013.
Devant les abattoirs Gad, en octobre 2013. FRED TANNEAU/AFP

Spectacles de rue, concerts, cochons grillés… et peut-être en « invité spécial », Emmanuel Macron ? Samedi 27 septembre, l’association de soutien aux ex-salariés des abattoirs Gad tournera la page du site de Lampaul-Guimiliau (Finistère), fermé depuis octobre 2013. Une invitation officielle a été adressée au ministre de l’économie, qui, vendredi matin, n’avait pas donné suite.

Dix jours après les propos de M. Macron sur l’illettrisme qui frapperait « beaucoup » de femmes de l’ancienne entreprise, et malgré ses excuses, les ex-Gad et leurs familles sont encore blessés. « Si le ministre vient, il verra que les illettrés s’intéressent à la culture », ironise Joëlle Crenn, 51 ans, ouvrière pendant dix-sept ans sur le site de l’ancien abattoir de cochons et responsable de l’association.

Dans ce coin du Finistère nord, lourdement touché par les fermetures d’usines, la maladresse du ministre a déformé une réalité qui n’est pas propre à l’agroalimentaire ni aux abattoirs de Gad. « 7 % des Français souffrent d’illettrisme, soit 2,5 millions de personnes, rappelle Dominique Consille, chargée de mission de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme en Bretagne. La moitié des personnes illettrées ont un emploi, elles sont un peu plus nombreuses dans l’industrie et en milieu rural, il est donc logique qu’il y en ait chez Gad, même si la Bretagne, avec 3,1 %, a un des plus faibles taux d’illettrisme. »

Lire : Qui sont les illettrés en France ?

Olivier Le Bras, ancien délégué FO, a travaillé pendant dix-neuf ans à l’abattoir de Lampaul-Guimiliau. Pour lui, il était quasiment impossible de détecter les difficultés. « A la chaîne, le travail était monotâche. Un ouvrier pouvait rester vingt, trente ans sans avoir à remplir un formulaire, et l’informatique était quasiment absente des ateliers », explique-t-il. Les plus en difficulté pouvaient aisément se débrouiller en regardant leurs voisins. Quelques pictogrammes permettaient aussi de s’en sortir sans se dévoiler.

Difficile donc de savoir quelle était l’ampleur du phénomène. « Lors de mes permanences aux comités d’entreprise, par exemple, je voyais bien qu’il y avait certaines personnes qui ne venaient jamais seules, qui ne remplissaient jamais les formulaires immédiatement, qui déployaient des stratagèmes par honte d’avouer leurs difficultés », poursuit M. Le Bras.

« LA HONTE ET LA DOULEUR »

En 2010, sous l’impulsion d’un nouveau directeur des ressources humaines, Gad avait mis en place sur la base du volontariat une formation pour la maîtrise des savoirs fondamentaux. L’initiative avait rencontré peu de succès. Moins d’une dizaine de salariés, sur les 889 qui travaillaient sur le site de Lampaul, se seraient manifestés.

Aujourd’hui, dans le cadre du plan de retour à l’emploi financé par l’Etat, la région et l’entreprise, 41 licenciés suivent ou ont suivi des modules de remise à niveau en écriture et en lecture. « Je ne suis pas spécialement effrayé par le niveau des ex-Gad », assure Jacqueline Héas, chargée du dossier Gad chez Altédia, un cabinet spécialisé dans l’accompagnement des restructurations. « Nous sommes dans des difficultés classiques que nous retrouvons dans des entreprises de production, avec une forte population ouvrière, peu diplômée mais qui, avec une moyenne d’âge de 42 ans, a dans sa grande majorité fréquenté l’école au moins jusqu’à 14 ans », poursuit Mme Héas.

« Les illettrés ne sont pas des incapables. Au contraire, ils ont mis en oeuvre beaucoup de stratégies pour accomplir leur travail sans être démasqués », explique Jean-René Mahé, ancien illettré qui a travaillé vingt-sept ans dans les abattoirs Tilly à Guerlesquin (Finistère), et qui a fondé après son licenciement l’association Addeski (« réapprendre » en breton), qui aide les adultes en difficulté. « Mais le licenciement les fragilise en faisant resurgir la honte et la douleur de ne pas être comme les autres. » Un handicap dans un contexte de reclassement difficile : au 4 septembre, seuls 85 salariés de Gad à Lampaul avaient retrouvé un CDI et 60 un CDD de plus de six mois.


Les termes blessants d’Emmanuel Macron

Le 17 septembre 2014 au matin sur Europe 1, Emmanuel Macron, Ministre de l’Economie du gouvernement Valls répondait aux questions de Jean-Pierre Elkabbach. C’était sa première grande interview accordée. Son premier test médiatique se serait déroulé sans écueils s’il n’avait pas tenu des propos polémiques concernant l’affaire de l’usine Gad en Bretagne.


L’après midi à l’Assemblée Nationale, Macron exprime ses « excuses les plus plates aux salariées « illettrées » de Gad » :


Affaire Macron. Joëlle Crenn : « Qu’il vienne voir de quoi on est capables ! »

Le Télégramme

Le Télégramme
« Inadmissible ! » Joëlle Crenn est en colère après ce ministre qui prend en exemple les salariés de Gad – « une majorité de femmes, pour beaucoup illettrées ». Elle est présidente de Sauvons Lampaul, l’association créée après la fermeture des abattoirs Gad de Lampaul-Guimiliau (29) dont le but est de « lever des fonds pour le maintien


Documentaire. « Les Illettré(e) s »,
un retour sur les anciens de chez Gad

Cinq ans après la fermeture de l’abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), le réalisateur carhaisien Philippe Guilloux signe un documentaire poignant. Sur fond d’images d’archives, il laisse la parole aux ex-salariés.

Les Illettrées

En octobre 2013, après 8 mois de lutte, les abattoirs GAD, situés à Lampaul-Guimiliau, en Bretagne, ferment. 889 employés sont licenciés. Cinq ans plus tard, quelques-uns acceptent de raconter «l’après» : les petits boulots, les formations, les réussites, les échecs, la confiance en soi. Ces femmes et ces hommes abordent les blessures engendrées par les déclarations ou les agissements des politiques et évoquent la difficulté de rebondir…


Documentaire. « Les Illettré(e) s »,
un retour sur les anciens de chez Gad

Fred, Fabienne et Philippe Guilloux. Ensemble, les Gad ont tenu 8 mois. comme un hommage, juste cinq ans après la fermeture de l’usine, Philippe Guilloux signe un documentaire poignant.
Fred, Fabienne et Philippe Guilloux. Ensemble, les Gad ont tenu 8 mois. comme un hommage, juste cinq ans après la fermeture de l’usine, Philippe Guilloux signe un documentaire poignant. | OUEST-FRANCE.

Cinq ans après la fermeture de l’abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), le réalisateur carhaisien Philippe Guilloux signe un documentaire poignant. Sur fond d’images d’archives, il laisse la parole aux ex-salariés.

« On aimerait que le bâtiment soit détruit », avouent Fabienne et Frédéric. Pour ces deux anciens salariés des abattoirs Gad à Lampaul-Guimiliau, c’est encore difficile de passer à côté chaque jour. « Au moins, qu’ils enlèvent l’enseigne au nom de Louis Gad… Il doit se retourner dans sa tombe. » Le fondateur de l’entreprise, apprécié de tous, n’est plus là pour éviter le drame qui se profile en cette fin 2013. Le 11 octobre, après 8 mois de lutte, 889 personnes sont licenciées. Point final sur un vrai gâchis.

Avec la psychologue qui les avait suivis

Le Carhaisien Philippe Guilloux ne l’entend pas de cette oreille. Le point, il a souhaité le déplacer afin de laisser un espace de parole à ces laissés pour compte. « Je voulais explorer l’après. » Son documentaire, Les Illettré(e) s, est produit par sa boîte de production, Carrément à l’Ouest.

Avec l’aide de la psychologue qui avait suivi « les Gad » durant toutes ces semaines difficiles, le réalisateur finit par convaincre sept salariés de livrer un morceau de leur histoire. Si certains, à l’image de Patrick et Niels, ont tout de suite dit banco, d’autres, plus réservés ou déjà malmenés par certains médias, ont hésité. La sensibilité et le côté franc de Philippe Guilloux ont fait le reste. « J’y suis allé doucement dans l’approche, les premiers rushs les ont convaincus. »

Philippe Guilloux. | OUEST-FRANCE

« On ne pourra jamais oublier »

Il va pouvoir compter sur Hassina, Fabienne, Frédéric, Joëlle et Olivier pour former sa fine équipe. « Les sept mercenaires, comme je les appelle », sourit Philippe Guilloux, conscient d’avoir fait remonter chez eux de mauvais souvenirs. « De toute façon, on ne pourra jamais oublier, concède Fabienne. Du jour au lendemain on a vu le travail nous échapper. » Elle qui est fière de ses rides, qu’elle doit, dit-elle, à tous les bons moments passés à l’usine.

Et qui, pour couronner le tout, a rencontré son futur mari, Fred, près des chaînes de production. « Ici, on avait tout pour être heureux. Le travail à l’usine ce n’est pas forcément ce que l’on croit… » Depuis, chacun a retrouvé un emploi, pourtant, l’amertume ne les quitte pas. Fred parle d’un choc, comme un accident de voiture après lequel on reste sonné. « Mais ça nous a permis de voir à quel point nous étions soudés. »

« Du mépris pour le monde ouvrier »

Une solidarité encore exacerbée par la petite phrase assassine d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, qui laisse entendre que les employés « sont pour beaucoup illettrés ». Philippe Guilloux a choisi ce mot choc pour intituler son documentaire. « C’est du mépris pour le monde ouvrier, estime le réalisateur révolté. Un monde qui disparaît, comme ça, petit à petit. »

Le documentaire est sorti le 11 octobre 2018 , à Landivisiau, la ville la plus proche de Lampaul-Guimiliau. Un mélange d’images d’archives et d’entretiens avec les vrais acteurs de l’aventure. « J’ai pu filmer à l’intérieur des abattoirs », raconte Philippe Guilloux. Il avait même pensé en faire l’arrière-plan du film. La psychologue l’en a dissuadé, elle savait que ce serait trop difficile pour les ex-Gad d’y remettre les pieds. « Elle a bien fait. Tout ce qui était vendable a disparu. En revanche, toute la paperasse a été abandonnée, il y a des blouses et des badges au nom de chacun qui traînent, abandonnés. C’est choquant ! »


A tout jamais dans nos mémoires, la voix de Maria Callas sur le parking de chez Gad …

Une réponse sur “Beau Geste sur le parking de chez Gad …”

Les commentaires sont fermés.