Vers une grève mondiale des jeunes pour le futur !

Lycéens et étudiants français ont mené ce vendredi 22 février 2019 à Paris, leur deuxième journée de manifestation, en présence  notamment de Greta Thunberg, la jeune suédoise de 16 ans, figure de la lutte contre le changement climatique.
Un appel a été lancé par la jeunesse à une grève internationale pour le climat le vendredi 15 mars prochain. « Défendons notre avenir et soyons nombreux.ses à rejoindre cette mobilisation internationale pour envoyer un message fort à nos dirigeant.e.s. Construisons et exigeons une société plus respectueuse de l’Humanité et de la seule planète dont elle dispose, organisons une mobilisation historique sur notre territoire pour ce vendredi 15 mars 2019 ! »

Greta Thunberg et les jeunes marchent pour le climat à Paris : « Quand je serai grand, je voudrais être vivant »

Par Audrey Garric,
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ublié dans Le Monde du 22 février 2019

De toutes parts, journalistes, étudiants et badauds se bousculent pour l’apercevoir ; elle reste impassible, le visage serré, encadré par ses longues nattes.

La foule qui défile dans les rues de Paris, vendredi 22 février, pour la deuxième semaine de mobilisation, accueille une nouvelle icône de la lutte contre le changement climatique : Greta Thunberg, la Suédoise de 16 ans qui a lancé le mouvement international de grèves scolaires pour le climat. Accompagnée par les figures de proue des marches belges, allemandes, suisses et luxembourgeoises, elle a manifesté avec un millier de jeunes depuis la place de l’Opéra jusqu’à celle de la République pour demander des actions aux gouvernements.Sous un grand soleil – « 15 degrés, c’est trop pour février ! » –, des étudiants, mais surtout des lycéens, dont une majorité de femmes, entonnent leurs traditionnels refrains : « Et un, et deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité » et « On est chauds, plus chauds que le climat ». Munis de nombreuses pancartes – sur lesquelles on peut lire « Quand je serai grand, je voudrais être vivant » ou « Papa, maman, si la planète sèche, alors moi aussi » –, ils ont été rejoints par des personnalités comme le réalisateur et écrivain Cyril Dion, l’actrice Juliette Binoche ou la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo.

« Quand j’ai commencé à faire grève, je n’aurais jamais imaginé un tel mouvement », affirme Greta Thunberg, lors d’une conférence de presse en amont de la marche, sous une nuée de caméras et d’appareils photos. Le mouvement Fridays for Future, qu’elle a lancé à l’été 2018 en manifestant seule devant le Parlement suédois, rassemble désormais plusieurs dizaines de milliers de jeunes dans cinquante pays chaque semaine.

« Nos aînés ont ignoré la crise climatique pendant des décennies. Nous voulons pousser les gens à agir », assure de son côté l’Allemande Luisa Neubauer, 20 ans.

« J’en veux aux personnes responsables d’erreurs qui ont aggravé le changement climatique mais qui persistent dans leurs choix égoïstes », dénonce Yda Kurz, en seconde au lycée Colbert dans le 10e arrondissement. Elle ne mange plus de viande, se déplace à vélo, prend des douches plutôt que des bains, limite ses déchets et sensibilise son entourage.

« Première génération à faire face au changement climatique »

Mais que l’on ne s’y trompe pas : si ces jeunes entreprennent de changer leurs modes de vie, la responsabilité dans le dérèglement climatique, à leurs yeux, n’est pas celle des citoyens mais des gouvernements et des grandes entreprises.

Anuna De Wever, l’une des héroïnes des marches belges, qui ont rassemblé 7 500 jeunes jeudi, pour la septième semaine consécutive, lance :

« Nous avons déjà rencontré tous les dirigeants politiques mais à chaque fois nous sommes déçus : ils nous parlent pendant trois heures mais ne disent rien. Nous leur demandons d’écouter enfin les experts scientifiques et de mettre en place les solutions qui s’imposent. »

Tous croient en leur force et leurs poids. « Les jeunes, nous sommes la première génération à faire face au changement climatique et la dernière capable d’agir », estime Matthias Castaing, 22 ans. L’étudiant en école d’ingénieurs à Saint-Ouen est engagé dans le mouvement scout, qui soutient la mobilisation de la jeunesse plutôt que la grève scolaire : « Nous constatons au quotidien la disparition des oiseaux et des insectes dans nos camps. »

Raphaëlle, Délia et Aurianne, elles, font leur première marche pour le climat. « Entre les “gilets jaunes” et nous, cela fait de plus en plus de mécontents. Le gouvernement va finir par réagir », veulent croire ces élèves de seconde au lycée Buffon dans le 15e arrondissement de Paris. Marin Teulière et Mathis Billa, 15 ans, au lycée Balzac dans le 17e arrondissement, comptent descendre de nouveau dans la rue, « pas forcément tous les vendredis mais le plus possible » afin de « tout concilier », avec les cours.

La lycéenne suédoise Greta Thunberg à la marche pour le climat du 22 février à Paris. La lycéenne suédoise Greta Thunberg à la marche pour le climat du 22 février à Paris. Photo François Mori / AP

« Nos formations ne répondent pas aux enjeux actuels »

S’il était déjà conscient des enjeux environnementaux, Marin a compris l’« ampleur du problème » en visionnant le discours de Greta Thunberg devant les dirigeants du monde entier, lors de la conférence internationale pour le climat (COP24), qui s’est tenue à Katowice (Pologne) en décembre 2018.

« Cela m’a davantage touché que lorsque les adultes font passer le même message car elle a notre âge », explique-t-il. « On sait que notre avenir sera difficile, entre la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer et la pollution », complète son camarade. Mais tous deux regrettent le peu de place consacré à ces thématiques dans le programme scolaire, « à moins de tomber sur un prof’ impliqué ».

Julie, 21 ans, en master de politique environnementale à Sciences Po, confirme :

« Nos formations ne répondent pas aux enjeux actuels. Pourquoi faire des études si nous n’avons pas de futur ? On nous enseigne encore un modèle productiviste et intensif qui détruit la biodiversité et les paysages. Nous demandons une refonte totale du modèle de société. »

Cette revendication radicale et anticapitaliste est portée par une partie d’étudiants franciliens qui ont choisi de mener chaque semaine une action de désobéissance civile, en parallèle des marches. Après s’être rassemblés devant le ministère de la transition écologique et solidaire le 15 février, pour demander une réduction des émissions de gaz à effet de serre, ils ont exigé cette fois une « décroissance énergétique ». Vendredi au petit matin, une trentaine d’entre eux ont bloqué l’une des entrées de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

« Nous devons revoir nos modes de production pour que notre futur ne soit pas de survivre dans une planète que nous aurons détruite »

« Nous exigeons de diviser au minimum par quatre notre consommation énergétique d’ici à 2050, une transition vers 100 % d’énergies renouvelables produites de manière décentralisée et la fin du nucléaire pour 2030 », déclament-ils à tour de rôle au mégaphone, devant l’institution financière publique, qu’ils accusent de détenir des actifs dans les énergies fossiles. « Nous devons revoir nos modes de production pour que notre futur ne soit pas de survivre dans une planète que nous aurons détruite », affirme une étudiante en sciences sociales, qui se fait appeler Camille, en « clin d’œil » aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes.

L’action tourne rapidement court, alors que les salariés pénètrent dans le bâtiment par une autre entrée. « On fait partie des investisseurs qui ont de vastes politiques de décarbonation de l’économie et qui soutiennent la transition écologique », s’étonne l’un d’entre eux.

A la Marche pour le climat de Paris, le 22 février.
A la Marche pour le climat de Paris, le 22 février. Photo Lionel Bonaventure / AFP

Rencontre avec Emmanuel Macron

A la fin de la journée, Emmanuel Macron a reçu Greta Thunberg, à sa demande, accompagnée de quelques jeunes Belges et Allemands. Un représentant du mouvement français avait également été convié, mais il est sorti après le refus du président de diffuser la rencontre en direct sur Facebook, dénonçant une « stratégie de communication ».

« Les jeunes ont raison, on n’en fait jamais assez. Je comprends cette impatience, je souhaite qu’on puisse vraiment déclarer cette mobilisation générale », a commenté sur BFM-TV le ministre François de Rugy à l’issue de la rencontre. « Le président de la République d’ailleurs a dit aux jeunes : “Finalement, c’est la première fois dans notre histoire que nous devons avoir cette mobilisation alors que nous sommes en temps de paix”, a ajouté le ministre de la transition écologique. Mais il ne suffit pas de voter des lois ou de voter des taxes, il faut entraîner, il faut faire adhérer. »

Reste à voir si ce mouvement de jeunesse pour le climat parviendra à s’inscrire dans la durée. « Les lycéens peuvent peser car ils ne sont pas suspectés d’être partisans, de lutter pour autre chose que leur propre intérêt, contrairement aux associations, analyse Cyril Dion, militant écologiste qui a notamment coréalisé le film Demain (2015). Mais ce mouvement ne pourra fonctionner que s’il devient récurrent. Il faut qu’avec les “gilets jaunes”, les jeunes et les autres citoyens parviennent à tenir le pavé pour obliger les politiques à se positionner. »

Tous ont désormais en ligne de mire la grève scolaire mondiale programmée le 15 mars, à l’appel de Greta Thunberg. « On vise 500 000 jeunes mobilisés dans 150 à 200 villes en France, annonce Romaric Thurel, 22 ans, coordinateur de Youth for Climate France. C’est le début d’un printemps climatique. »
Audrey Garric
Lire aussi :
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Climat : de jeunes Français rejoignent la mobilisation mondiale


Collégien.ne.s, lycéen.ne.s, étudiant.e.s, nous appelons à faire grève pour le climat le 15 mars 2019

 

« Depuis des années notre planète vit une crise sans précédent. La biodiversité s’effondre, les catastrophes liées au climat sont de plus en plus nombreuses, des millions de personnes sont obligées de migrer vers d’autres territoires et dans le même temps la température atteint -48°C à Chicago et +49°C en Australie…. L’humanité court à sa perte. Depuis plus de 50 ans, les scientifiques alertent sur la catastrophe qui nous guette mais les puissants de ce monde, pouvoirs publics et multinationales, continuent leur course à la croissance, agissant comme si l’urgence climatique ne les concernait pas. Aujourd’hui nous assistons à ce qui s’annonce comme étant la sixième extinction de masse.

« Puisque nos leaders se comportent comme des enfants, nous sommes obligés d’assumer la responsabilité qu’ils auraient dû endosser il y a bien longtemps ». C’est ce qu’a déclaré Greta Thunberg, une jeune suédoise de 16 ans qui, depuis le mois d’août dernier, mène une grève de l’école chaque vendredi. Alors que l’école est censée lui permettre de préparer son avenir, Greta, qui est à l’origine du mouvement Fridays For Future, nous interpelle sur le fait que son avenir est justement mis en péril par l’aggravation du dérèglement climatique qu’on ne se donne pas les moyens d’empêcher.

Les mots de Greta font écho aux derniers rapports scientifiques, notamment celui du GIEC. Une hausse de la température de 1,5°C aurait déjà un impact terrible sur les conditions de vie de l’Humanité, mais il est encore temps d’éviter le pire et l’augmentation de 3 à 4°C vers laquelle nous nous dirigeons. Pour cela, nous devons collectivement impulser un changement massif et sans précédent du fonctionnement de toute notre société.

Depuis les premières grèves de l’école en Suède, les jeunes de nombreux pays se sont aussi mis en grève. De l’Europe à l’Australie en passant par les Etats-Unis, les mobilisations se mettent en place. Récemment en Belgique et en Suisse plus de 30 000 lycéen.ne.s se sont réuni.e.s dans les rues en réponse à cet appel. Relevons le défi lancé par Greta Thunberg et lançons la mobilisation en France !

Dans l’Hexagone, les conséquences du dérèglement climatique ont été particulièrement visibles depuis cet été, et suite à la démission de Nicolas Hulot, la mobilisation pour le climat n’a cessé de grandir. Des mouvements citoyens sont nés ou se sont développés, et  les climatologues s’engagent de plus en plus dans leurs discours. Une procédure sans précédent, “L’Affaire du siècle”, a été engagée pour porter plainte contre l’État pour inaction face au dérèglement climatique. Elle est aujourd’hui soutenue par plus de deux millions de personnes.

« Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus, alors que personne ne fait rien pour le sauver ? » (Greta Thunberg)

Nous, collégien.ne.s, lycéen.ne.s et étudiant.e.s, avons notre mot à dire face à l’inaction de la majorité de nos aînés. C’est notre avenir qui est en jeu. Un appel a été lancé par la jeunesse à une grève internationale pour le climat le vendredi 15 mars. Nous nous devons de répondre à cet appel, car personne n’a envie d’étudier ou de travailler pour un futur qui n’existera pas. Chacun peut participer à son échelle, mais si les adultes ruinent nos espoirs par leur inaction, nos efforts auront été inutiles. Même le regret sera impossible.

L’inaction nous mène vers la fin de l’humanité, agissons ensemble et mettons le climat au cœur des discussions. Contactons les Conseils de Vie Lycéenne et toutes les Commissions de Développement Durable de nos établissements et universités, organisons des débats, des conférences, des actions…

Défendons notre avenir et soyons nombreux.ses à rejoindre cette mobilisation internationale pour envoyer un message fort à nos dirigeant.e.s.

Construisons et exigeons une société plus respectueuse de l’Humanité et de la seule planète dont elle dispose, organisons une mobilisation historique sur notre territoire pour ce vendredi 15 mars 2019 !

Grève des jeunes pour le climat : ils et elles lancent l’appel

Clervie Guyard, lycéenne 17 ans, 1ère L, Ancenis
“J’appelle à la grève car je voudrais que moi ainsi que les millions d’autres enfants nous puissions vivre.”

Gabrielle Jossaud, 17 ans, Terminale L, Poitiers
“J’appelle les lycéen.ne.s et les étudiant.e.s à faire la grève le 15 mars car je veux que tous les jeunes se montrent concernés par le dérèglement climatique, et que ce sujet prenne une place centrale dans les médias et les débats politiques.”

Idris BENSARI,18 ans, 1ère année de Bachelor en Gestion et Valorisation de la Nature, Alfortville
Dans l’idée de réveiller les consciences des plus jeunes comme des plus vieux, j’appelle à faire grève parce que l’avenir c’est nous et que nous n’allons pas céder pour la croissance du PIB et l’exploitation infinie d’une nature finie.

Johan Rivière, 17 ans, Terminale S, Bayonne
“J’ai fait le choix d’appeler à la grève pour le climat pour ne pas céder à l’indifférence face à une catastrophe climatique qui touchera les générations futures.”

Lucie Fortanier, 16 ans élève de première, Nantes
«J’appelle à faire grève pour ne pas regretter plus tard de n’avoir rien fait »

Lunell Oudelin -Toussaint, Terminale Scientifique, Marseille
J’ai décidée d’appeler à faire grève pour le climat car si nous perdons ce combat aucun autre ne pourra avoir lieu”

Maël Gauduchon, 19 ans élève de Terminale, Nancy
“Je soutiens la grève pour le climat car j’en suis arrivé au triste constat que  nos dirigeants n’agiront que sous la contrainte”

Marin Bisson, 15 ans, élève de Seconde, Lyon
“J’appelle à faire grève, car si nos dirigeants ne sont pas capables de prendre les mesures nécessaires, alors c’est à nous de leur faire comprendre l’urgence de la situation.”   

Pimprenelle Pouillot-Chevara, 19 ans, L1 de Biologie et Géosciences à Sorbonne Université, Paris
“Protéger notre environnement c’est protéger chacun d’entre nous.”

Solenn Marc, 20 ans, L2 de psychologie à l’UBO, Brest
“J’appelle à faire grève car l’urgence climatique n’est plus un risque mais un fait dont nous devons tous prendre conscience.”


« À quoi ça sert d’avoir une bonne éducation si on n’a pas d’avenir ? »…

Des centaines de lycéens manifestent pour le climat à Paris

"À quoi ça sert d'avoir une bonne éducation si on n'a pas d'avenir ?"Ils ont séché les cours pour demander au gouvernement de vraiment lutter contre le réchauffement climatique. Tchou Tchou était parmi ces lycéens ce 22 février. Voilà pourquoi, pour elle, il est urgent d'agir…

Publiée par Brut sur Vendredi 22 février 2019


Le cri d’alarme de 15 364 scientifiques de 184 pays sur l’état de la planète

2 réponses sur “Vers une grève mondiale des jeunes pour le futur !”

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