Les Eostiged Ar Stangala conjuguent danses de Bretagne et théâtre de rue

Photo Jean Pierre Estournet

« Courants épiques », la première création de rue des Eostiged Ar Stangala remonte à 2008.  Pour ce Cercle quimpérois de danse traditionnelle, cette expérience avec Le Fourneau de Michèle Bosseur et Claude Morizur fut un choc et une révélation . Retour sur une décennie de collaborations qui leur aura permis de toucher un public bien plus large que les habitués des concours de danse bretonne et qui continue de faire sauter les frontières des préjugés.

 

« Avec ce retour salvateur à la rue, nous avions le sentiment de populariser la danse bretonne chorégraphiée et de lui donner une dimension contemporaine : il nous fallait continuer. » Gwenaël Le Viol, chorégraphe des Eostiged

Après « Courants épiques », les Eostiged adaptent « La Sorcière dans la rue » puis créent « BretagneS », une parodie délurée et sans complexe qui se joue volontairement des clichés habituels sur la Bretagne.

En 2016, accompagnés par la « metteuse en rue » Martine Rateau et soutenus par Le Fourneau et la Confération Kendalch, ils donnent naissance à « Dark Noz », un univers flamboyant et inédit du « Peuple de la nuit », interrogeant le spectateur sur ses idées reçues et ses rapports à l’étranger, « celui qu’on ne connait pas ». 

Revivre la décennie du mariage entre Danses de tradition et Théâtre de rue  à travers les reportages du fourneau.com

En savoir plus sur les origines des Eostiged Ar Stangala – Extrait du DVD « Breizh Side Storioù »

En savoir plus sur « Courants épiques » en lisant l’article de Françoise Briant Morizur paru dans la Revue – Stradda & les Brèves – 09 – Terrains d’aventures, écrire pour et avec le territoire (2008)

PLEYBER-CHRIST / EOSTIGED AR STANGALA
« Courants épiques »
Création 1er mai 2008, Mai des arts (Pleyber-Christ) Diffusion 4 au 8 août 2008, FAR (Morlaix) Contact www.lefourneau.com

Dans un conte de Grimm, douze princesses trouvent chaque matin leurs souliers neufs tout éculés alors qu’elles sont restées enfermées toute la nuit. En fait, elles s’échappaient en catimini pour rejoindre leurs amoureux et danser jusqu’à l’aube. Les Eostiged ar Stangala, eux, s’échappent d’une carte postale écrite de Quimper-Kerfeunteun, en laissant au vestiaire pour un temps les précieux costumes brodés et les coiffes de dentelles.
Ils sont soixante-dix danseurs à user leurs semelles dans une déambulation joyeuse et énergique, à la conquête d’un public capté par leur audace et leur rayonnant bonheur de danser au goût du jour. Vêtues d’un chemisier de couleur vive et d’un tailleur ajusté, les danseuses virevoltent, légères, et, même sans coiffe, elles ont un port de princesses.
Les danseurs les rejoignent, élégants dans leur complet noir, dix musiciens (jouant des instruments traditionnels et des cuivres) les accompagnent. Courants épiques prend alors son envol pour une itinérance ponctuée de trois scènes fixes. Les tenues sont magnifiées par des broderies. Celles en forme de griffes bleues signent l’appartenance d’un groupe à la bourgeoisie, une trace pleine, au ton jaune orange, identifie un autre groupe comme des parias de la société. Cela rappelle Le Pardon de Kergoat, une toile de Jules Breton qui restitue l’ambiance singulière d’une fête religieuse où se côtoient, en 1891 toutes les classes de la société paysanne avec, au premier plan, des mendiants qui bénéficient alors d’une particulière bienveillance.
La confédération culturelle Kendalc’h et les Eostiged ar Stangala, cercle créé il y a soixante ans, rêvaient d’une chorégraphie contemporaine adaptée pour l’espace public, sans se distancier des caractères essentiels de la danse bretonne. Le Fourneau a sollicité le savoir-faire de la metteuse en scène Martine Rateau pour les accompagner dans la conception d’une mise en rue inventive et exigeante, qui concilie le plaisir de danser et le désir d’inscrire leur passion dans un courant novateur. Pari gagné !

● FRANÇOISE BRIANT Morizur
© JEAN-PIERRE ESTOURNET
stradda / n° 9 / juillet 2008 43

Revues – Stradda & les Brèves – 09 – Terrains d’aventures, écrire pour et avec le territoire (2008)


 

  • Eostiged ar Stangala. La transmission par la rue
    Eostiged ar Stangala. La transmission par la rue (Christine Pannetier)

Le cercle de Kerfeunteun a retrouvé son titre de champion de danse de Bretagne, dimanche, à la Saint-Loup de Guingamp. Le résultat d’une régularité dans les prestations, mais aussi d’un talent pour les défilés et les spectacles de rue que revendique Eostiged ar Stangala pour transmettre la culture bretonne.

« Il y avait une frustration à cause de la troisième place de l’an dernier, les danseurs voulaient vraiment aller chercher le titre », sourit Jean-Michel Le Viol, président des Eostiged ar Stangala. Ce titre, ils l’ont remporté, dimanche, à la Saint-Loup de Guingamp. Le cercle de Kerfeunteun est à nouveau champion de danse de Bretagne, son onzième titre sur ces 17 dernières années. « Je n’avais jamais vu une telle sérénité lors de la dernière répétition générale », se souvient le président. « Mais juste avant de monter sur scène, les danseurs se transforment, ils ont la niaque ». « C’est normal », sourit Tugdual Sizorn, danseur du cercle. « On sait ce qu’on vaut quand on met les tripes ».

La menace Pontivy
Les choses ont bien changé avec les années. « Il y a quelques années, on arrivait à Guingamp en étant à la septième place et on gagnait quand même. Là, on est arrivée en tête, c’est bizarre de passer de chasseur à chassé », commente Jean-Michel Le Viol. Et pour cette édition 2019, Kerfeunteun a bien failli être victime d’une remontada : en retard au classement avant la Saint-Loup, la Kerlenn Pondi a arraché la deuxième place au classement général. Surtout, elle a remporté la prestigieuse épreuve scénique : les Eostiged ar Stangala ont opté pour une chorégraphie joyeuse, pleine d’énergie et de lumière, le cercle de Pontivy a su faire frissonner les jurés dans un hommage à Yann-Fañch Kemener.

Le championnat n’est pas une fin en soi, c’est un catalyseur

« On avait surtout Trescalan-La Turballe (vainqueur en 2018, NDLR) dans le viseur, on a été surpris de voir Pontivy nous talonner », reconnaît Tugdual Sizorn. La tension était à son comble lors de l’épreuve du défilé, où Kerfeunteun est normalement souverain : avec 17,536 points, le cercle n’a dépassé que d’un cheveu les 17,468 de Pontivy. Mais la constance des Quimpérois a payé : 17,802 au classement final, contre des rivaux à 17,393 et 17,103.

Kerfeunteun brille dans les rues
Le prix du défilé, les Eostiged ar Stangala l’ont décroché à Guingamp comme à Quimper. Le résultat d’une grande expérience dans les spectacles de rue, entre le Dark noz et la Breizh Battle. « Les gens ont la banane quand ils nous voient passer », pointe Isabelle Quintin, chorégraphe. « La rue est cruelle, le public ne paye pas et donc s’en va si le spectacle ne lui plaît pas. Il faut être sincère avec les gens ». Jean-Michel Le Viol savoure la « preuve qu’on n’était pas à côté de la plaque ». « On fait de l’art de la rue depuis 2007, alors que d’autres ne font ça que depuis deux ans. On a plus d’expérience », défend-il. Pour Tugdual Sizorn, ces prestations extérieures incarnent les valeurs du cercle : transmettre la culture bretonne sans avoir peur de la modernité. « On touche des personnes qui ne s’y seraient jamais intéressées sinon », se réjouit-il.

Encore quelques prestations en arrière-saison
Le danseur l’affirme : « Le championnat n’est pas une fin en soi, c’est un catalyseur ». Un moyen d’exprimer au maximum la cohésion de l’ensemble. Car la couronne n’empêchera pas le cercle de danser encore en arrière-saison : une nouvelle Breizh Battle est prévue dès jeudi, à Locronan, pour le Marché aux étoiles. De nouveaux Dark Noz auront également lieu : le 26 octobre à Ploërmel, dans le Morbihan, et le 23 novembre à Plonéour-Lanvern. Quelques danseurs extérieurs au cercle viennent chaque fois spécialement, cherchant l’adrénaline de ces spectacles de rue. « On ne vient pas innocemment chez nous », assure le président.


© Le Télégramme

 

 

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