Les créations sonores de Jean Louis Le Vallégant à tout jamais dans les mémoires …

Sous le choc de l’annonce du départ du saxophoniste et talabarder Jean Louis Le Vallégant pour un ultime voyage . Notre pote et ami était complice de 4 décennies de Théâtre de rue à la Pointe de Bretagne. Depuis « ZAP » à La Tête et Les Mains, les « Grains de Folie » avec Oposito, « Les Bagadous du Tonnerre » au Vieux Fourneau , Jean Louis nous a accompagnés jusqu’aux Rias de son Pays natal … A tout jamais !

À 68 ans, le musicien breton Jean-Louis Le Vallégant, dit P’tit Gus, ne sonnera plus

Le saxophoniste et talabarder Jean-Louis Le Vallégant est décédé des suites d’une longue maladie, ce vendredi 3 octobre 2025, au matin, à 68 ans. Ses airs jazz ou traditionnels ne sonneront plus dans la petite maison de Moëlan-sur-Mer (Finistère) où il avait décidé de passer sa retraite. Entre quelques voyages en Inde … Un hommage signé Béatrice Griesinger dans l’Ouest-France du

Jean-Louis Le Vallégant ne livrera plus de confidences sonores. Il vient de succomber à une longue maladie.
Jean-Louis Le Vallégant ne livrera plus de confidences sonores. Il vient de succomber à une longue maladie. | PHOTO ERIC LEGRET

Saxophoniste leader de la fanfare de rue Zap dans les années 1990, il aura fait tomber plus d’une auditrice ou plus d’un auditeur sous le charme de son jazz. Quitte à mettre le feu au plancher du palais des congrès de Lorient lors du festival interceltique de Lorient en 1991. Jean-Louis Le Vallégant, qui aurait fêté son 69e anniversaire ce 10 novembre 2025, vient de succomber à une longue maladie, vendredi 3 octobre 2025, au matin.
«  Tu sais, c’est un truc grave et rare. Ils m’ont découvert un cancer dans le sang. Mais les médecins s’occupent de moi. Et je repartirai voyager en Inde, comme ça au gré des rencontres, pour le bien de mon esprit. »  C’est ce que l’artiste annonçait à la mi-août, alors qu’il rendait hommage à l’un de ses compères sonneurs, Daniel Miniou qui venait de décéder. Deux mois plus tard, il part pour un tout autre voyage. Il laisse P’tit Gus orphelin, efface ses Traces de bal, sans autres Confidences sonores.

Toujours en lien avec les autres

Né à Lorient (Morbihan) le 10 novembre 1956, ses racines sont à Bannalec (Finistère). Une commune rurale où il passe son enfance. De ces années-là, il puisera l’inspiration en 2015, pour son spectacle P’tit Gus. Il y évoquait avec émotion, sa jeunesse  entre cigarettes Royal-Menthol, portemanteau rossignol et table en Formica. Et un père devenu boucher, alors qu’il rêvait de tango.  Ce spectacle était pour lui  un bouleversement dans ma vie, à 58 balais. 

Trois ans auparavant, Jean-Louis Le Vallégant avait fait un tour de Bretagne pour recueillir ici et là, les confidences sonores des habitants. Pour lui, ce projet réactivait  une fonction de musicien traditionnel. Un sonneur était colporteur d’histoires personnelles.  Et J2LV, comme il aimait à s’épeler, était et reste  un sonneur. Avec une bombarde, un saxo, un ordi. Je suis sonneur. J’ai les deux pieds sur terre et les deux yeux rivés sur le monde.
Dans la foulée, il met trois ans encore pour écrire Traces de bal où il crée le personnage de Dany Bigoud, un chef d’orchestre de bal victime d’un accident vasculaire cérébral.  Mon utilité sociale de musicien est là, dans le lien avec mes contemporains, disait-il. Le bal, c’était ma première scène de musiques actuelles. 

« Acteur important de l’exceptionnelle aventure culturelle bretonne »

Jean-Louis Le Vallégant n’était pas seulement un touche-à-tout de la musique. Artiste et producteur, il était, comme le souligne Jean-Michel Le Boulanger, ancien vice-président à la culture de la Région Bretagne dans son hommage,  un acteur important de l’exceptionnelle aventure culturelle bretonne des dernières décennies.
Champion de Bretagne des sonneurs à Gourin avec son premier compère Daniel Miniou, Jean-Louis Le Vallégant était aussi un musicien inventif. Avec dans sa bande, des artistes comme le pianiste François Tusque ou encore le sonneur de biniou et trompettiste Youenn Le Cam. Jean-Louis Le Vallégant laisse ses traces de  musiques idéales , celles qu’il imaginait  toujours .

Béatrice GRIESINGER dans l’Ouest-France du


Des centaines de témoignages sur les réseaux sociaux …

Photo Didier Olivré

L’hommage de Jean Michel Le Boulanger, ancien Vice-président à la culture de la Région Bretagne  …

« C’est pas bien, Jean-Louis, de partir comme ça, sans un salut, sans un regard.
C’est pas bien et tu nous laisses tout chose, un peu hébété, un peu groggy.
On apprend que t’es malade, et paf, pas même le temps de prendre des nouvelles que tu es déjà parti.
Manque de savoir-vivre, dirait Desproges.
Leucémie galopante, dit la médecine.
Choquant, vraiment choquant.
Jean-Louis Le Vallégant, J2LV, on se connaissait depuis quand ? 45 ans ? Oui, à peu près 45 ans.
Au départ, un coup de foudre musical. 1979, « Après la marée noire, vers une musique bretonne nouvelle », un 33 tours de musique bretonne, de jazz, de rencontres et de mains ouvertes. Avec une Blues gavotte en prolongement de la Pop plinn de Stivell.
C’est la musique bretonne qui part dans les vents du monde et les musiques du monde qui viennent s’encanailler dans les chemins creux de Bretagne. Danses de la tradition et free-jazz engagent un pas de deux tellement stimulant et si réjouissant.
Jean-Louis a été de toutes ces aventures métissées. Saxophoniste et talabarder. Musicien de scènes et musicien de rues. Artiste et producteur. Entreprenant. Vivant. Dans le projet. Demain, un autre univers. Demain, un autre commencement. Combien de disques ? Combien d’aventures musicales ?
Un véritable foisonnement. Avec humour toujours et jeux de mots à la clé de sol.
Mais Jean-Louis a aussi été un acteur important de l’exceptionnelle aventure culturelle bretonne des dernières décennies. Directeur de Coop Breizh, par exemple, après n’avoir pas été, à mon grand dam, directeur de la MJC de Douarnenez, directeur de production, manager d’artistes…
Et puis ses spectacles où il opère sa mue, quitte l’instrument et se transforme en conteur, P’tit Gus, Traces de bal.
Il fallait oser. Ne jamais vivre sur ses acquis. Ne jamais accepter les zones de confort. Oser encore et se jeter dans l’eau froide pour un autre métier.
P’tit Gus, magnifique spectacle vérité, un boulot énorme d’introspection pour une autobiographie où l’on rit, où l’on pleure, vrai moment d’humanité, avec ses grandeurs et ses petitesses. L’histoire d’un gamin musicien, un rouquin aux grandes oreilles, fils du boucher de Bannalec, qui a pris la tangente et qui a inventé sa vie. La sienne.
P’tit Gus, une leçon pour chacun et un courage gros comme ça.
Une mise à nu, un coeur à coeur. P’tit Gus, Jean-Louis Le Vallégant, une vie digne, ô combien. La vie d’un type qui ne se la pétait pas et qui a marché droit sur les chemins de ses rêves. »

Jean Michel Le Boulanger


Les photos de Jacques Nicolas citoyen passionné de théaâtre de rue depuis ZAP à Grains de Folie jusqu’aux RIAS

Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos de Jean Louis Le Vallégant …

Hommage à « La Transhumance » brestoise d’Oposito du 27 octobre 1997 interprétée par Jean Louis Le Vallegant et le Bagad Briec  !

Le soir où Jean Louis Le Vallégant joua depuis le sommet du clocher de Bannalec …

La Ferme du Rouas en Mellac ,
avec Jean Louis Le Vallégant , là où le fest noz a commencé …

La Chimère des Rias 2017 est arrivée par les airs ! Acte inaugural à la ferme du Rouas à Mellac mardi 29 août 2017 à 11h11 . Youenn Le Cam et Jean-Louis Le Vallégant guident en musique les spectateurs vers le Dourdu, qu’ils traversent pour rejoindre un grand pré pour une offrande musicale à la Chimère. Installés dans l’herbe, les spectateurs apprécient cet instant hors du temps… d’autant plus quand les regards commencent à se tourner vers le ciel : quatre parachutistes nous survolent et atterrissent finalement au cœur du cercle dessiné par le public …

A visionner par ailleurs,
les plus récentes créations de Jean Louis …

« Traces de Bals »

À partir de collectes réalisées dans la sphère du bal, Jean Louis Le Vallegant raconte Dany vedette du baluche qui affronte solo la fin de sa carrière …

« P’tit Gus »

Gamin musicien, rouquin aux grandes oreilles scotchées, il choisit la bombarde. Pour ses parents bouchers au bourg, c’est clair : on frôle la délinquance rurale. Jean Louis Le Vallégant livre sa propre confidence. Dans un road movie mené à fond la caisse, mots notes s’impactent et croquent l’émancipation. C’est l’échappée solitaire du peloton, à l’heure où les dernières coiffes croisent les premières crêtes.

Les Rias : l’enfant du pays sonne à Bannalec

Le festival de théâtre de rue du pays de Quimperlé s’achève demain. D’ici là, il déferle à Quimperlé et dans les terres. Avec Jean-Louis Le Vallégant, le P’tit Gus de Banna à Saint-Cado. Un article signé Béatrice GRIESINGER dans l’Ouest-France du

Jean-Louis Le Vallégant avec son spectacle P'tit Gus aujourd'hui à 16 h 16, à la chapelle Saint-Cado de Bannalec
Jean-Louis Le Vallégant avec son spectacle P’tit Gus  à 16 h 16, à la chapelle Saint-Cado de Bannalec | PHOTO ©FRANCK BETERMIN

« Pour moi, c’est un retour aux sources. Je suis de ce coin de terre de Bannalec et j’y reviens », confie le sonneur Jean-Louis Le Vallégant. Il y a deux ans, il était déjà là, à Bannalec, avec sa bombarde. Tout en haut du clocher, pour accompagner l’acrobate Antoine Le Ménestrel dans une Chimère à tous les étages. Le musicien revient au festival Les Rias, avec son saxophone. Pour un spectacle qui pose ses confidences sur de jolies notes.

« Cette fois, ce sont mes propres confidences », rapporte Jean-Louis Le Vallégant qui depuis plusieurs années, sillonne le sud du Finistère et du Morbihan pour recueillir et mettre en musique, les souvenirs des habitants. « C’est mon enfance dans ce lieu que je raconte là, avec des rencontres de figures tutélaires, mes anciens maîtres, des hommes, des femmes de la campagne vers qui on a envie d’aller », reprend l’artiste qui évoque avec émotion, ses jeunes années entre cigarettes Royal-Menthol, porte-manteau rossignol et table en Formica. Et un père devenu boucher alors qu’il rêvait de tango.

Si P’tit Gus retrace la vie de Jean-Louis Le Vallégant, il n’a absolument rien d’un travail de psychologie thérapeutique. « C’est un spectacle qui s’adresse à tout le monde, qui part des tripes et ça résonne dans le nombril des autres, reprend l’artiste qui s’avoue riche de mon passage par Les confidences sonores où 200 personnes se sont livrées à moi. C’était des cadeaux intimes mis en musique. »

Depuis trois ans, il travaille sur son nouveau spectacle, avec l’appui de structures comme le centre national des arts de la rue de Brest, Le Fourneau. D’autres aussi, comme Le Strapontin à Pont-Scorff dans le Morbihan par exemple. Sans zapper le passé, Jean-Louis Le Vallégant avance toujours vers de nouvelles aventures. Celle-ci, il la dépeint comme « un bouleversement dans ma vie, à 58 balais. »

Sans nostalgie, sans militantisme, l’enfant de Bannalec entend « laisser une trace d’un habitant du monde rural. Je suis d’ici, je suis sonneur, avec une bombarde, un saxo ou un ordi, je suis sonneur. J’ai les deux pieds sur terre et les deux yeux rivés sur le monde. » Et P’tit Gus a déjà retenu l’attention du festival d’Avignon pour l’horizon 2016 ou 2017. En attendant, ce sont les Rias qui le retiennent encore cet après-midi, chez lui, à Bannalec. Là où avant-hier et hier, il vient de revoir danser, sous ses yeux, ceux qui le connaissent depuis tout petit.

Les créations sonores de Jean Louis Le Vallégant à tout jamais dans les mémoires !

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