Après avoir obtenu la suspension des travaux de la construction du nouveau stade de foot dans la vallée du Costour, entre Guipavas et Brest, les trois associations et les riverains qui bataillent contre le projet Arkéa Park, ont décidé de porter leur combat sur le terrain pénal . Ils ont déposé plainte notamment pour « atteinte à la conservation d’espèces animales protégées »…
Après avoir obtenu la suspension des travaux entrepris pour le projet de stade de foot dans la vallée du Costour, entre Guipavas et Brest, les associations et les riverains portent plainte contre Brest Métropole et l’entreprise Kerleroux. Et dénoncent leur « permis de détruire cet oasis de diversité, un refuge pour 36 espèces ». Un article signé Frédérique Guiziou dans Ouest France du
« 11 jours de travaux en toute illégalité »
Ce vendredi 31 octobre 2025, à Brest, l’Association nationale pour la biodiversité (ANB), le « Costour Poumon vert en Finistère », (CPV) le Groupe national de surveillance des arbres, (GNSA), Agir pour le Vivant et les Espèces sauvages (AVES France), la Fondation Planéta, la société herpétologique de France, Nature Right, Global Earth Keeper, Force 5, les Naturalistes des Terres… Ils ont, tous, déposé plainte auprès du parquet de Brest, pour « atteinte à la conservation d’espèces animales protégées, en violation des prescriptions prévues par la dérogation. »
Au nom d’une « raison impérative d’intérêt public majeur », le Préfet avait signé le 10 octobre 2025 l’arrêté donnant le bénéfice de la dérogation à Brest Métropole. Mais les travaux avaient commencé dès le 29 septembre : « Tout a été documenté, photographié, filmé » précise Vincent Kauffman du GNAS : « Nous aussi, nous sommes déterminés ! »
Lancés « dans la précipitation », ces « 11 jours de travaux en toute illégalité ! »,des opérations de « dévégétalisation » et de « défrichage », ont causé un « préjudice inadmissible » à la biodiversité sur environ un hectare : « Malheureusement, c’est l’hectare identifié comme possédant les enjeux écologiques les plus forts, c’est une oasis de diversité ! » s’indigne Béatrice Touarin de Costour Poumon Vert. D’où l’urgence. Au total, 36 espèces animales (reptiles, mammifères, oiseaux) protégées sont concernées : « Petites, invisibles, ces espèces meurent sans crier dans leur refuge, réagit Jean-Pierre Terrasson, représentant d’une dizaine de riverains : « C’est un scandale, cette dévastation de ce coin de nature ! »
« Trois mesures cruciales pas respectées »
« La dérogation vous donne le droit de porter atteinte à des espèces protégées mais à condition de respecter les trois mesures cruciales », énumère Pierrot Pantel, ingénieur écologue et expert judiciaire. Le bureau d’études Biotope, celui de Brest Métropole, qui avait fait l’étude d’impact et le suivi sur le terrain, l’avait bien noté dans son rapport : « 70 % des trois mesures d’« évitement », de « réduction », de « compensation » n’ont pas été respectées ». D’autres infractions pour « complicité » sont donc imputées à la Direction départementale des Territoires et de la mer : la DDTM du Finistère « ayant déclaré que les travaux avaient été réalisés dans les règles de l’art. »
« On est pro rhinolophe ! »
« On n’est pas anti foot ou anti complexes sportifs ! On n’est pas opposés au stade de foot ! En revanche, on est pro vipère péiade, pro grand rhinolophe, pro chouette hulotte ! » concluent riverains et associations. Ce projet, c’est la France d’avant. On est en 2025. On représente la conscience écologique. Il est temps d’appliquer la loi. »
Nouveau stade à Brest. Après les espèces menacées, les menaces de mort
Les associations de défense de l’environnement et les riverains du Costour, où est projeté la construction du nouveau stade, portent également plainte pour diffamation contre Maël de Cal, président du conseil départemental du Finistère. Et ils portent contre X, après avoir été abreuvés d’insultes et avoir reçu des menaces de mort. Un article signé Frédérique Guiziou dans Ouest France du
» Ce n’est manifestement pas le bon site ! »
Costour Poumon vert en Finistère », (CPV) le Groupe national de surveillance des arbres, (GNSA) et Agir pour le Vivant et les Espèces sauvages (AVES France) ainsi que cinq riverains du Costour ont déposé le 15 octobre, un recours en urgence. Et la juge des référés du tribunal administratif de Rennes a donc décidé la suspension des travaux du projet de stade de foot, estimant que la raison impérative d’intérêt public majeur n’était pas suffisamment justifiée. « Ce n’est manifestement pas le bon site ! » jugent les défenseurs de ces 18 hectares situés dans la vallée du Costour, entre Brest et Guipavas. Les associations souhaitent que « cette dérogation soit réexaminée ailleurs, surtout pas à Brest et par les élus de Brest Métropole qui ont déjà voté la déclaration d’intérêt public et la mise en « compatibilité » du Plan local d’urbanisme (PLU) ».
Le projet de stade « menace le très rare rhinolophe »
La juge des référés du tribunal administratif de Rennes n’a, pour l’instant, tranché que sur la « raison impérative d’intérêt public majeur » du projet. Il lui reste à trancher sur la deuxième condition : le dossier ne doit pas avoir d’autres solutions alternatives ou s’il en a, elles doivent être suffisamment étudiées. Et sur la troisième condition : le projet ne doit pas remettre en question le bon état de conservation des espèces protégées. Or, le projet menace le grand rhinolophe, une chauve-souris extrêmement rare, en danger d’extinction.
« Choqués et indignés » par les propos de Maël de Calan
Le volet administratif n’est pas la seule bataille des assos GNSA, Aves, CPV et des riverains. « Choqués et indignés » par les récents propos, le 23 octobre dernier, de Maël de Calan, ils vont livrer un nouveau combat sur le terrain judiciaire. En déposant une plainte « pour diffamation publique à l’encontre du conseil départemental du Finistère et de son président (LR). « Maël de Calan s’est permis un gros dérapage dans la presse et sur ses réseaux sociaux, en nous imputant publiquement un comportement abusif et illégal, ce qui constitue une atteinte à notre honneur ».
Et une autre plainte pour insultes et menaces de mort
« Qu’un responsable politique se permette de tels propos, ça nous met en danger », estiment les militants des associations : « D’autres personnes se permettent alors d’autres choses, comme des paquets d’insultes odieuses et des menaces de mort, sur les réseaux sociaux des associations, ainsi que sur leurs messageries personnelles », dénonce Pascal Le Roux de Costour Poumon vert en Finistère » qui a déposé plainte à la gendarmerie de Guipavas.
Futur stade à Brest : des plaintes au pénal visant Brest Métropole mais aussi Maël de Calan
Après une première victoire en référé devant le tribunal administratif, les associations de défense de la biodiversité qui bataillent contre le projet Arkéa Park, la future enceinte du Stade Brestois, portent leur combat sur le terrain pénal. Un article de Jean-Luc Padellec dans Le Télégramme du
Ils ont marqué un premier but, ils tentent aujourd’hui d’enfoncer le clou. Ce vendredi 31 octobre 2025, lors d’une conférence de presse, à Brest, les trois associations de défense de l’environnement et les cinq riverains qui ont obtenu, le 22 octobre dernier, la suspension de l’arrêté préfectoral accordant l’autorisation de porter atteinte à des espèces protégées pour la réalisation du projet Arkéa Park, au Froutven, à Guipavas, ont annoncé avoir déposé deux plaintes pour des infractions pénales au parquet de Brest.
Une plainte pour diffamation visant Maël de Calan
La première, pour diffamation publique, vise le conseil départemental du Finistère et son président, Maël de Calan. Le 23 octobre, ce dernier avait regretté « que des minorités agissantes puissent prendre en otage ces projets et détourner les voies de recours pour s’opposer à des projets d’intérêt majeur ».
Des propos jugés inacceptables par les associations requérantes. « Nous n’avons rien détourné du tout. On se bat pour faire appliquer la loi ! En nous imputant publiquement un comportement abusif et illégal, Maël de Calan porte atteinte à notre honneur et nous met une cible dans le dos », déplorent ses représentants. Pascal Le Roux, responsable local du Groupement national de surveillance des arbres, mais aussi l’ingénieur écologue et juriste Pierrot Pantel, qui conseille les associations dans son combat en justice, ont d’ailleurs déposé plainte, en parallèle, à la gendarmerie, après avoir reçu des menaces de mort, via Messenger.
En soirée, dans un communiqué au nom du Département, sa vice-présidente Véronique Bourbigot a qualifié l’accusation de diffamation de « grotesque : il s’agit pour eux de faire taire les partisans du projet. Le Département ira se défendre face à ces militants agressifs et politisés, tout en défendant l’utilité de ce magnifique projet d’Arkéa Park », a-t-elle assuré.
Brest Métropole visé pour atteinte aux espèces protégées
Mais ce n’est pas tout. Le procureur de Brest est aussi saisi d’une plainte visant Brest Métropole et une entreprise de travaux publics pour « atteinte à la conservation d’espèces animales protégées en violation des prescriptions prévues par la dérogation espèce protégée ».
Le 29 septembre, des travaux consistant à détruire des fourrés et arbustes avaient débuté sur le site, à l’aide d’une pelle mécanique, dans une zone identifiée par l’étude d’impact comme celle présentant le plus d’enjeux écologiques. « Les mesures d’évitement, réduction et compensation n’ont pas été respectées », argue Pierrot Pantel.
Interrogé par Le Télégramme, le 2 octobre, Brest Métropole justifiait avoir donné le feu vert aux travaux « dans le cadre réglementaire d’un arrêté de mise en sécurité ordinaire de bâtiments à Maner Coz, signé le 26 août par le maire de Guipavas ». Mais alors que le préfet du Finistère n’a signé l’arrêté accordant le bénéfice de la dérogation à Brest Métropole que le 10 octobre, la collectivité est soupçonnée d’avoir autorisé le lancement de ce chantier en toute illégalité, ce qui a conduit à la destruction de l’habitat d’espèces protégées.
Futur stade de Brest : les opposants se lancent dans un bras de fer juridique et déposent plusieurs plaintes.
Un article signé Corentin Dévé dans FranceBleu.fr du samedi 1 er novembre 2025 …
C’est un feuilleton qui n’est pas prêt de se terminer. Depuis la décision du tribunal administratif de Rennes de suspendre l’arrêté préfectoral autorisant la construction du futur stade, l’Arkea Park, malgré la présence d’espèces protégées, opposants et promoteurs du projet s’écharpent par médias interposés. Associations de défense de l’environnement et riverains se sont réunis ce vendredi 31 octobre pour faire le point.
Une plainte déposée contre le Conseil départemental du Finistère
C’est un long bras de fer administratif qui s’annonce, mais aussi juridique. Les associations de défense de l’environnement, dont le Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA), ont annoncé déposer plainte pour diffamation devant le procureur de Brest à l’encontre du Conseil départemental du Finistère et de son président Maël de Calan.
Ce dernier avait fustigé la décision du tribunal administratif de Rennes, regrettant que « des minorités agissantes puissent détourner les voies de recours pour s’opposer à des projets d’intérêt majeur ». « C’est nous mettre une cible dans le dos, ce sont des propos inadmissibles » répondent les associations visées. Depuis, elles ont reçu des dizaines de messages haineux sur les réseaux sociaux. Une plainte a été déposée à ce sujet à la gendarmerie de Guipavas.
Brest Métropole visé par une plainte au pénal
Dans le collimateur des associations, il y a aussi Brest Métropole. Une plainte a été déposée ce vendredi 31 octobre à son encontre, devant le tribunal judiciaire de Brest, notamment pour « atteinte à la conservation d’espèces animales protégées« . Cette plainte vise également la SAS Kerleroux, en charge des travaux.
Enfin, la DDTM, la Direction départementale des territoires, est accusée par les associations d’avoir menti devant le tribunal administratif de Rennes, en couvrant certaines infractions. « Ils n’ont pas respecté les mesures pour lesquelles ils s’étaient engagés, en touchant à des haies et à certaines zones » pointe Pierrot Pantel, ingénieur écologue. Déterminés, les opposants se disent prêt à saisir un juge d’instruction si rien n’est fait dans les prochains mois, et, s’il le faut, « à mener des actions de terrain »
« Ce projet, c’est la France du passé »
L’ingénieur écologue a également tenu à revenir sur un point, massivement soulevé par les défenseurs du projet : celui de la construction récente de grands magasins non loin du futur stade. « L’objectif, c’est pas de continuer à tout détruire autour, au contraire. Vous trouverez aucun scientifique qui vous disent que, vu que c’est défoncé au nord et au sud, c’est open bar. Il faut se rappeler qu’on est en 2025. Ce projet, c’est la France du passé« .
Il pointe aussi la taille du projet du futur stade, « une vingtaine d’hectares« , quand les grands magasins en font environ… un. Autant de point qui font dire à Pierrot Pantel que la dérogation a tout pour être annulé dans le futur. « Le stade, manifestement, ne peut pas se faire là, à cet endroit. On est pas contre le stade, on est contre le lieu« .
Dans la salle, des dizaines de personnes sont venus en soutien aux associations. En attendant, les travaux sont entièrement suspendus. Le tribunal administratif de Rennes devra de nouveau se réunir pour étudier le fond du dossier, ultime étape dans ce bras de fer juridique et administratif.
Retours sur la décision du tribunal administratif de Rennes datée du 22 octobre 2025 …
Futur stade de Brest : première victoire pour les opposants au projet
Après le recours de trois associations opposées à la construction de l’Arkéa Park à Guipavas, le tribunal administratif de Rennes a annoncé, ce mercredi 22 octobre 2025, la suspension de l’arrêté autorisant une dérogation aux porteurs du projet. Un article paru dans Le Télégramme du 22 octobre 2025 …
Dans un communiqué, publié ce mercredi 22 octobre 2025, le juge des référés du tribunal administratif de Rennes a annoncé la suspension de l’exécution de l’arrêté préfectoral du 23 juin 2025, qui accordait aux porteurs du projet de l’Arkéa Park, à Guipavas, une dérogation à l’interdiction de porter atteinte à certaines espèces animales protégées et à leurs habitats, « dans l’attente qu’une formation collégiale du tribunal se prononce sur sa légalité ».
Les deux autres recours rejetés
Le tribunal avait examiné, le 15 octobre, le recours déposé, en urgence, par trois associations de défense de l’environnement – Costour, poumon vert en Finistère (CPV), le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et l’association Agir pour le vivant et les espèces sauvages (AVES France) – opposés aux travaux du futur stade de Brest.
« Au regard des pièces qui lui ont été soumises et dans le contexte d’une procédure d’urgence, le juge des référés a considéré qu’il n’était pas suffisamment justifié que l’équipement sportif en projet répondait à une raison impérative d’intérêt public majeur, critère fixé par le législateur pour qu’il puisse être dérogé aux interdictions visant à assurer la conservation des espèces animales non domestiques et de leurs habitats, dont trente-six espèces (reptiles, mammifères, oiseaux) ont été identifiées sur le secteur de Froutven », indique le communiqué.
Les deux autres recours déposés par les trois associations, qui concernaient les travaux de démolition des bâtiments dits « Maner Coz », ont, en revanche, été rejetés, « compte tenu de leurs finalités ».
« Une belle victoire » pour les opposants
Ce mercredi soir, Brest métropole n’a pas souhaité réagir « à chaud », la décision du juge des référés : « Nous en prenons acte et allons en examiner précisément les arrêtés et leurs conséquences », fait savoir la collectivité, qui pourrait communiquer ce jeudi 23 octobre.
Nouveau stade de Brest : le tribunal suspend les travaux
La juge des référés du tribunal administratif a suspendu, ce mercredi 22 octobre 2025, l’arrêté préfectoral accordé pour une dérogation à l’interdiction de toucher à des espèces protégées. Les travaux de la future enceinte du Stade Brestois sont suspendus. Un article signé dans Ouest France du 22 10 2025 .
Le budget avancé est de 106,5 millions d’euros, avec un montage financier impliquant les collectivités locales pour 30,2 millions d’euros. Mais le projet de la SAS Froutven Park, porté par Gérard et Denis Le Saint, coprésidents du Stade Brestois et du groupe Le Saint, crée des remous depuis plusieurs mois.
La préfecture du Finistère avait pris un arrêté, le 23 juin 2025, portant dérogation aux interdictions définies par le Code de l’environnement concernant des espèces protégées. Dans cet arrêté, le préfet autorisait la destruction d’espèces animales dans la zone où 36 ont été identifiés (reptiles, mammifères, oiseaux).
Pas de « raison impérative d’intérêt public majeur »
Ces mesures étaient examinées par la juge des référés du tribunal administratif de Rennes le 15 octobre 2025. Les opposants au projet, cinq riverains et trois associations locales (Costour, poumon vert en Finistère (CPV), le Groupe national de surveillance des arbres et l’association Agir pour le vivant et les espèces sauvages) avaient saisi la justice pour demander la suspension de ces arrêtés en urgence. Dans une ordonnance du mercredi 22 octobre 2025, la juge des référés a donné raison aux requérants en considérant que les porteurs du projet n’ont pas suffisamment prouvé que le projet « répondait à une raison impérative d’intérêt public majeur », a communiqué le tribunal. Or, ce critère est essentiel pour pouvoir déroger à ces interdictions de toucher aux espèces animales sur place.
Le fond de l’affaire ne sera pas jugé avant plusieurs mois
Le préfet du Finistère avait accordé cette dérogation car, selon lui, le projet répondait à un intérêt public majeur : le stade doit être érigé pour pouvoir accueillir des matchs internationaux, il faut améliorer son accessibilité et développer l’attractivité du secteur en termes de logements ou d’activités.
Si la juge reconnaît au projet « des qualités », elle dit manquer « de données avérées et précisément chiffrées sur l’apport économique effectif du projet au bassin d’emploi dans lequel il s’inscrit ». Elle considère également que les porteurs de projet n’apportent pas « de justifications suffisantes de l’objectif de participation à des politiques publiques, concernant le sport adapté ». Il y a donc, selon elle, un doute « sérieux » quant à la légalité de l’arrêté.
Les travaux sont suspendus jusqu’à ce que les juges se prononcent sur le fond de l’affaire. Mais l’audience n’aura pas lieu avant plusieurs mois. Contactée, la Métropole « examine la décision et réagira dans la journée de jeudi ».
Projet de stade à Brest : pourquoi la justice a suspendu la « dérogation » environnementale
Coup de tonnerre, à Brest, avec la suspension de l’arrêté préfectoral qui avait autorisé les travaux du futur stade Arkéa Park à « déroger » à l’interdiction de principe de destruction des espèces protégées.
La juge des référés du tribunal administratif de Rennes a suspendu, ce mercredi 22 octobre 2025, l’arrêté préfectoral du 23 juin qui avait autorisé les travaux du futur stade de Brest à « déroger » à l’interdiction de principe de destruction des espèces protégées, à Guipavas (29). Trois associations de protection de l’environnement – Costour Poumon vert en Finistère, le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et Agir pour le Vivant et les Espèces sauvages (AVES France) – ainsi que plusieurs particuliers s’étaient en effet émues de la destruction du manoir Maner Coz, « habitat avéré » de plusieurs de ces espèces protégées.
« La motivation du projet (…) est exclusivement fondée sur l’attractivité sportive locale et sur des considérations économiques et urbaines génériques », cinglaient-ils. « Aucun élément » ne venait non plus accréditer les « retombées économiques » attendues par Brest Métropole, évaluées à « 300 à 400 emplois pérennes », sans compter les « 1 000 équivalents temps plein » le temps du chantier et les « 1 000 personnes par match » pour les « emplois événementiels ».
« Le volet « Sport adapté et handicap » (…) n’est qu’accessoire : le club (…) de 765 m² représente une surface dérisoire au regard des 18 hectares artificialisés », ajoutaient les opposants. De la même manière, « l’obsolescence » du stade actuel Francis-Le Blé et les « récents phénomènes de hooliganisme » invoqués en défense ne suffisaient pas à « établir le caractère impératif de sa reconstruction ailleurs ». « L’option de la réhabilitation du stade (…) a été écartée pour des considérations exclusivement opérationnelles et financières », résumaient-ils.
« Quelles que soient les qualités du projet »
Brest Métropole certifiait pour sa part que la destruction du manoir visait juste à « prévenir toute occupation illégale » des lieux et était « décorrélée des travaux » prévus pour l’Arkéa Park. « L’installation d’une « zone à défendre » sur l’emprise du projet a profondément modifié l’état initial du site », assurait son avocat. « Les intrusions sur le site du Froutven, au cours du mois de juillet 2025 ont (…) fait fuir les espèces protégées, de sorte que les enjeux ont depuis nettement diminué. »
L’obsolescence du stade actuel, « inauguré en 1922 », ne lui permet pas d’accueillir les « matchs européens » du Stade Brestois, qui n’a pas d’infrastructure « conforme à son classement en Ligue 1 ». Le préfet du Finistère avait lui souligné l’importance de cet « équipement structurant doté d’une forte utilité sociale » : le futur stade, « sécurisé » et de « très grande qualité » trouvait-il, aura une jauge de 15 000 places « identique à celle de l’actuel stade et correspondant à la fréquentation constatée au cours des deux dernières saisons ».
Mais, même si cette « occupation ponctuelle » du manoir par un « collectif ayant installé une Zone à défendre » a occasionné des « dégradations importantes », cela ne suffit pas à dire que les travaux de démolition du manoir présentent un « impact limité », tranche la juge. Or, un bureau d’études a établi « la présence de plusieurs nids d’oiseaux nicheurs » et de « reptiles » protégés. Et « aucun » des motifs invoqués par le préfet du Finistère ne permet de caractériser une « raison impérative d’intérêt public majeur » de nature à justifier une telle dérogation.
« Quelles que soient les qualités du projet conçu par la société Froutven Park », cet argument des opposants est « propre à créer un doute sérieux sur la légalité » de l’arrêté préfectoral : il ne comporte pas de « données avérées et précisément chiffrées » sur « l’apport économique effectif » de l’Arkéa Park au « bassin d’emploi ». Il n’y a pas non plus de « justifications suffisantes » sur sa participation à des « politiques publiques » en matière d’insertion des sportifs handicapés : ni l’arrêté, ni le dossier des porteurs du projet n’en « font état »…
Les deux autres requêtes rejetées
La juge des référés du tribunal administratif de Rennes a en revanche écarté les deux autres requêtes des associations, qui voulaient faire suspendre l’arrêté du maire de Guipavas sur la « mise en sécurité » du manoir, propriété de Brest Métropole. Il présente « des risques importants pour les personnes qui occuperaient les lieux », abondait l’avocat de la commune.
« L’impact des travaux de démolition peut être considéré comme nul à négligeable, au vu de la faible valeur écologique des milieux et de la mise en œuvre de bonnes pratiques de chantier », rassurait-il aussi la juge pour accréditer l’idée d’une « véritable urgence à poursuivre les travaux » jusqu’à la fin du mois d’octobre.
Un « état de dégradation avancé » des trois bâtiments a, en effet, été établi par un rapport des « services techniques de la commune », convient la juge : il fait état de « défauts majeurs de structures », avec « l’effondrement presque complet des charpentes, couvertures et d’une partie des murs ». « Dès lors (…) que Brest Métropole (…) a donné son accord aux mesures de mise en sécurité » et qu’il s’agit de bâtiments ayant « vocation à être démolis à brève échéance », elle n’a donc aucun « doute sérieux » à ce stade sur l’arrêté du maire de Guipavas.
Pour la même raison, dans une troisième et dernière ordonnance, le préfet du Finistère a été dispensé par la juge de dresser un procès-verbal d’infraction à la réglementation environnementale à l’égard de Brest Métropole. Les deux parties opposent sur ce point une « contestation sérieuse » aux arguments des opposants, selon elle. Des « actions » sont en effet « programmées à brève échéance pour remédier à la non-conformité de certaines mesures environnementales » qui avaient été prévues.
