Chute historique de la diffusion des spectacles en France …

Les dates confirmées des artistes bretons en 2025-2026 sont en baisse de 43,7 % par rapport à la saison 2023-2024 ! C’est le constat alarmant dressé en juillet dans un baromètre publié par Spectacle vivant en Bretagne (SVB). Au niveau national, l’étude menée par LAPAS et présentée cet été à Avignon annonce une baisse de 57 % de la diffusion pour la saison prochaine …

llustration de la crise : cet article signé Etienne Lannuzel dans Le Télégramme du

L’activité des artistes bretons s’effondre : « Toute une génération risque de disparaître »

Dans une enquête publiée en juillet, Spectacle vivant en Bretagne (SPV), le relais culturel de la Région, met en lumière l’inquiétante baisse du nombre de dates des artistes bretons, qui compromet la survie de groupes et compagnies.

Lors d’une manifestation contre les coupes budgétaires dans la Culture, en mars, à Rennes.
Lors d’une manifestation contre les coupes budgétaires dans la Culture, en mars, à Rennes. (Photo d’archives Romain Leroux/Le Télégramme)

« C’est considérable, commente Xavier Henry, le directeur de SVB. Plus de 50 % des équipes artistiques bretonnes auront moins de 15 dates l’an prochain, contre 50 ou 60 » par le passé.

Xavier Henry, directeur de Spectacle vivant en Bretagne (SVB).
Xavier Henry, directeur de Spectacle vivant en Bretagne (SVB). (Photo « Spectacle vivant en Bretagne »)Z

Un risque de baisse massive du nombre d’emplois

« Le risque de désintégration silencieuse d’un pan structurant du secteur est bien réel », alerte le baromètre.
Il y a « un risque de baisse massive du nombre d’équivalents temps plein à l’échelle du secteur » et plus largement de « disparition de toute une génération d’artistes », dit plus gravement Xavier Henry, précisant que l’on ne parle pas là de « débutants » mais de professionnels installés dans le paysage breton.
Les compagnies et groupes soutenus par la Région et la Drac sont plus épargnés par cet effondrement des spectacles programmés la saison prochaine, note SVB.

Des « crises successives »

Ce « recul massif » et « historique » est la conséquence de « crises successives » : des « tensions post-crise sanitaire », d’abord, puis « inflationnistes », la guerre en Ukraine ayant fait bondir les prix de l’énergie.
« Les coûts de fonctionnement ont augmenté, quand les dotations publiques ont stagné voire se sont contractées. Résultat : le budget disponible est plus faible », résume Xavier Henry, soulignant que la Bretagne est « mieux préservée que la plupart des autres régions ».

Un budget encore rogné en 2026 ?

Alors comment freiner la chute ? « La Région a la volonté d’agir. Mais elle dépend des dotations de l’État », se contente de répondre Xavier Henry, qui rappelle que SVB n’a pas pour mission de se prononcer sur les politiques publiques.
Pour rappel, l’État a alloué 4,8 milliards d’euros à la culture en 2025, un budget en baisse de 2 % sur un an. La ministre Rachida Dati promet de « préserver l’engagement de l’État pour la création » en 2026. Mais de nombreuses voix du monde de la culture en doutent et craignent de nouvelles coupes à l’automne.


Autre baromètre de la crise : l’étude réalisée par LAPAS résumée dans un article d’Artcena du 16 juillet 2025 …

Baisse des moyens de production, difficile accès aux subventions publiques et resserrement de la diffusion concourent à un effondrement des équipes artistiques, indique une récente enquête menée par LAPAS. 

Un an après la publication de son étude qui mettait en lumière une forte dégradation des conditions de travail et de l’activité des équipes artistiques et administratives du spectacle vivant, l’Association des professionnels de l’administration du spectacle (LAPAS) a mené une nouvelle enquête, via un questionnaire portant sur l’impact de la crise en matière de création, de diffusion et d’emploi, auquel ont répondu 333 compagnies et 526 professionnels administratifs. Les résultats obtenus sont tout aussi, voire davantage, alarmants.

Sur le plan de la diffusion, la tendance à la baisse amorcée ces dernières années se confirme, avec une diminution de 26% sur la saison à venir (2025/2026) par rapport au nombre de représentations données durant la saison 2024/2025. En outre, 23% des dates envisagées pour la saison prochaine sont uniquement des options, non confirmées lors de la réalisation de l’étude, en juin 2025. On assiste donc, souligne LAPAS, à « un effondrement du secteur artistique entre la saison 2025/2026 et les deux saisons précédentes, car la baisse des deux études successives cumulées révèle, auprès des compagnies interrogées, une baisse d’activité de 45% ». La situation est d’autant plus catastrophique que 63% des équipes artistiques confient s’être produites entre 0 et 5 fois en 2024/2025, dont deux tiers n’ont non seulement obtenu aucune représentation lors de cette même saison, mais n’ont aucune perspective de dates pour 2025/2026.

Concernant les financements publics, l’inquiétude gagne : 50% des compagnies déclarent une diminution de la subvention accordée par les collectivités territoriales entre 2024 et 2025, et 25% de celles subventionnées par le ministère de la Culture de façon pluriannuelle estiment qu’elles ne pourront voir leur conventionnement reconduit, faute de pouvoir répondre aux critères relatifs au nombre de représentations et de coproducteurs.

En matière de production, les apports en coproduction passent de 39% à 30% du budget total d’une création. Entre les saisons 2024/2025 et 2026, le nombre de spectacles produits par les répondants à l’enquête a diminué de 21%. Et 22% des spectacles qui seront créés en 2025/2026 constitueront des reports de créations initialement prévues la saison précédente.

Les conséquences qui découlent de cet appauvrissement des financements sont de deux ordres. Artistique tout d’abord, les créateurs n’ayant d’autre choix que de réviser à la baisse leurs ambitions : 72% des compagnies ont dû adapter leurs créations, en optant pour des formats plus modestes. En témoigne la diminution du nombre d’artistes au plateau, qui est passé de 4,5 à 3,7 entre la saison 2024/2025 et la saison 2025/2026. Le contexte actuel oblige, ensuite, à des renoncements qui affectent l’emploi. Sur les compagnies concernées, 73% affirment ainsi avoir diminué les salaires des équipes, 64% avoir réduit les moyens techniques et scénographiques, et 20% le nombre de collaborateur-ice.s. Plus alarmant encore, 19% des directeur.ice.s envisagent de mettre à terme à leur activité dans les trois prochaines années. En attendant, dans l’espoir de maintenir leur compagnie à flot, ils puisent dans des fonds propres, ou bien creusent le déficit.

Les métiers administratifs ne sont pas mieux lotis, 27% des CDI ayant dû être réaménagés (baisse du temps de travail, licenciement ou recours à un autre type de contrat) en 2025. Les 525 professionnels ayant participé à l’enquête indiquent certes des rémunérations stables dans 50% des cas, mais une augmentation de la charge de travail entre les deux saisons. Malgré cette surcharge, et afin de préserver leur niveau de rémunération, 38,9% songent à exercer des activités annexes au spectacle vivant, 38,7% à travailler pour davantage de compagnies (avec des risques de souffrance au travail), et 31% envisagent d’abandonner des projets moins rémunérateurs ; ce qui, selon LAPAS, affectera notamment, à moyen terme, l’émergence. Enfin 26,1% pourraient quitter le spectacle vivant, sans toutefois savoir réellement vers quelle profession s’orienter. C’est le cas de 70,9% des répondants à l’évocation d’une possible reconversion professionnelle.

Vous pouvez vous procurer le questionnaire et les résultat détaillés de l’étude en adressant un mail à contact@lapas.fr.


Lire aussi  cet article signé Jérôme Vallette dans La Lettre du Spectacle du 11 juillet 2025 …