Inès Léraud était invitée de la journée Sciences et médias organisée par l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI), la BNF et plusieurs sociétés savantes, le 24 mai 2025. La cofondatrice de « Splann ! » s’est exprimée au sujet des menaces qui visent les journalistes enquêtant, comme elle, sur l’agriculture et l’agroalimentaire …Une vidéo de 7’03″…
Si elle a connu plusieurs intimidations, censures et procédures bâillons depuis le début des années 2010, elle observe un moment de bascule en 2020. « Le climat est devenu très inquiétant depuis 2020. Une consœur travaillant sur les très gros exploitants utilisant de la main-d’œuvre de façon illicite s’est faite foncer dessus par un pick-up. L’agriculteur lui a cassé son matériel vidéo. En Bretagne, ma consœur Morgan Large s’est fait déboulonner deux fois ses roues, qu’elle a failli perdre en roulant.
De véritables tentatives de meurtre. » Inès Léraud associe cette bascule à la signature d’une convention entre la FNSEA et le ministère de l’Intérieur, fin 2019, donnant lieu à la création de la cellule de renseignement Demeter et à des observatoires départementaux de l’agribashing, chargés notamment d’intervenir en cas d’atteintes « idéologiques » à l’agriculture intensive. « En Bretagne, une journaliste allemande a eu une altercation avec un agriculteur parce qu’elle enregistrait le bruit de son tracteur. Des gendarmes sont venus dans son hôtel pour lui demander d’effacer sa « bande ».
J’ai l’impression qu’il y a une montée très récente d’une banalisation des agressions des journalistes et aussi des lanceurs d’alerte, comme Paul François par exemple, avec une absence de sanctions derrière. » Ainsi, Morgan Large, dont le véhicule a été saboté devant son domicile, n’a pu bénéficier ni d’un numéro d’urgence, ni d’une protection judiciaire et l’enquête confiée à un juge d’instruction a été classée.