Deux maisons ont été détruites, ce 6 juin 2025 en Pays Bigouden. Elles font partie des 7 maisons identifiées par les services de l’État comme les plus vulnérables face au risque de submersion, sur ce littoral de la petite commune de Treffiagat-Léchiagat régulièrement malmené par les assauts de l’océan. FR3 Bretagne nous en dit plus sur la gestion des risques côtiers en Bretagne …
Risque de submersion marine : les images impressionnantes de la démolition des premières maisons dans le Pays bigouden [Vidéo]
Pour bien comprendre la problématique, une enquête menée par France 3 Bretagne …
La gestion des risques côtiers en Bretagne
Un reportage de Gwenaelle Bron et Stéphane Soviller avec Hervé Tiercelin et Tanguy Descamps pour FR3 Bretagne du 5 juin 2025 … Depuis des décennies, l’homme essaie de résister à la mer en construisant des barrières de protection. Parfois avec succès ; souvent en vain. Faut-il défendre, subir, reculer ? Laisser la nature reprendre ses droits ? ( une vidéo de 15′) :
Et pendant ce temps , à 2 pas de la Plage de La Cantine du Moulin Blanc à Brest, on continue à creuser pour construire sous le niveau de la mer …
Retour aux démolitions du 6 juin 2025 :
« On perd 2 mètres par an » : en Bretagne, des maisons détruites face au risque de submersion marine
Un article signé
Sept maisons seront détruites dans les prochaines années
Dans les semaines précédentes, elles avaient déjà été vidées, les fenêtres et les portes retirées, tous les matériaux enlevés. Place, désormais, aux pelleteuses. Avec l’avancée de la mer et le recul de la dune, elles font partie des sept maisons de la commune à être exposées à la fois par le risque de submersion marine et l’érosion. En septembre, deux autres suivront.
Les trois autres propriétaires ont deux ans devant eux. Les maisons ont été rachetées par la Communauté de communes et l’État, pour un coût total de 3 millions d’euros.
Il est 10 h 55, l’engin de chantier se met en marche. Précautionneusement, les matériaux sont triés. Les tas grossissent à mesure que la maison disparaît. Un grand pas pour certains habitants qui vivent, l’hiver surtout, en stress perpétuel de devoir quitter leur domicile. « On a toujours un sac d’affaires préparé, raconte une quinquagénaire. On est toujours prêt à voir l’eau arriver et à devoir partir. »
Xynthia et La Faute-sur-Mer ont laissé des traces
Il est 11 h 45, la première maison est déjà au sol. Il n’aura pas fallu une heure pour la faire tomber. La deuxième suivra en début d’après-midi. C’est une première en France. Une destruction nécessaire, selon Stéphane Le Doaré, président de la communauté de communes du Pays bigouden sud, pour qu’un épisode semblable à celui de La Faute-sur-Mer (Vendée), avec la tempête Xynthia en 2010, ne se reproduise pas. « On perd 2 m par an », reprend-il, en précisant que cet espace sera rendu à la mer et renaturé. Deux digues rétro-littorales seront construites pour protéger les autres habitations, et 25 millions d’euros doivent être investis dans le territoire, selon les deux élus.
« Tout le monde avait peur », retrace Daniel, qui a sa maison de l’autre côté de la rue de la Mer. Il n’était pas au courant que les démolitions avaient lieu ce matin, et a été alerté, comme d’autres, par les bruits. Il n’en est pas ravi, mais maintenant, il a « vue sur mer ». S’il se rappelle l’eau qui monte dans les premières rues lors des grosses tempêtes, il aurait aimé plus de consultations avec la population, et que les habitants aient le choix. « Quand la mer montra, moi je ne serai plus là. »
REPORTAGE. Risque de submersion : leurs maisons vont être détruites, ces Bretons se sont résignés
À cause du risque de submersion, plusieurs maisons de Treffiagat, sur la côte sud du Finistère, vont être détruites, vendredi 6 juin. À une semaine de la date fatidique, certains habitants ont déjà quitté les lieux, et les maisons commencent à être démontées.
Devant les habitations, les principaux concernés ne veulent plus en parler. Ras-le-bol et épuisement dominent. Certains habitent encore leurs maisons et continuent d’y vivre comme si de rien n’était. Mais à la plupart des portes, la sonnette retentit dans le vide.
« S’incliner devant plus fort que soi »
« On était à 150 m de la plage, dans une dizaine d’années j’aurais eu vue sur la mer », retrace une riveraine du quartier de Lehan, les yeux rivés sur la dune. Elle a acheté vingt ans plus tôt et vient en vacances plusieurs mois par an. Le moment le plus impressionnant, ce sont les jours de tempête, qui peuvent être « épouvantables ».
Même si elle vit en retrait du trait de côte, elle sait que « la dune va continuer de s’effondrer, c’est inéluctable. C’est un problème géologique de l’érosion, et avec l’augmentation des températures, ça entraîne une montée des eaux et une multiplication des catastrophes naturelles. » Pour elle, malgré la lutte contre ces éléments climatiques, il faut « s’incliner devant plus fort que soi ».
« On n’aurait jamais dû construire ici »
Dans le quartier, elle constate le fort impact émotionnel de la décision de détruire ces maisons. Nombreux sont les voisins ayant quitté les lieux, définitivement ou pour ne pas voir leur démontage. « Sur le plan affectif, c’est compliqué. Pour beaucoup, ce sont des maisons d’enfance, déplore-t-elle. Je pense qu’on n’aurait jamais dû construire ici [entre la mer et des terrains marécageux], on ne peut pas dire qu’il n’y aura pas un jour une grosse lame qui va tout emporter. »
Si elle craint un scénario semblable à celui de La Faute-sur-Mer (Vendée), lors de la tempête Xynthia en 2010, elle regrette en particulier le manque « d’humilité et de dialogue » des autorités, qui n’ont pas informé les maisons voisines de la date de la destruction prochaine. « Le plus gros problème, c’est qu’on est laissé dans le vague : on ne sait rien, sauf ce qui passe par le bouche-à-oreille », s’accorde un voisin.
« On a le temps de voir venir »
Sur un autre terrain, plus loin dans la rue, il s’installe pour le week-end prolongé avec sa famille. Ici, pas de maison, donc pas de risque, selon les occupants, qui ont aussi voulu rester anonymes. « Le terrain n’est pas constructible, et c’était bien écrit qu’on n’était pas soumis aux expropriations », raconte le père de famille. Il est persuadé que toute la première ligne de maisons va disparaître. « Ils ont mis des tonnes de rochers de l’autre côté, une quantité de sable pour pallier l’érosion : on a le temps de voir venir », nuance-t-il.
D’autant que les submersions sont rares, selon lui, il en a vu les effets non contrés lorsqu’il vivait au Sénégal. « Au sud de Dakar, j’ai vu des maisons qui tombaient littéralement sur le sable. » Il s’inquiète davantage pour son voisin, âgé de plus de 80 ans. « Lui, sa maison va être détruite, mais je pense qu’il restera là jusqu’à sa mort … »