Des journalistes du Télégramme dénoncent l’édito de leur directeur en faveur du milliardaire Bolloré …

Le samedi 24 mai, les Soulèvements de la Terre appelaient à des manifestations en Bretagne contre l’empire Bolloré. Le lendemain, Hubert Coudurier, directeur de l’information du journal Le Télégramme publiait un édito dans lequel il prenait parti en faveur de Vincent Bolloré : « l’édito de trop » pour la Société des Journalistes du Télégramme qui a régi publiquement. Libération raconte  …

«Bolloré contribue au pluralisme des idées» : un éditorial du directeur de l’information du «Télégramme» dénoncé par la rédaction …

La société des journalistes du quotidien breton s’est désolidarisée, mardi 27 mai, des mots de Hubert Coudurier en défense du milliardaire proche de la fachosphère. Un article signé Arthur Louis dans Libération du  28 mai 2025 …

L'imprimerie du Télégramme, à Morlaix, dans le Finistère.
L’imprimerie du Télégramme, à Morlaix, dans le Finistère. (Frederic Scheiber/Hans Lucas)

La société des journalistes du Télégramme (SJT) a publié mardi 27 mai un communiqué dans lequel elle prend ses distances et dénonce l’éditorial pro-Bolloré paru deux jours plus tôt dans les colonnes du quotidien. La SJT souligne que «de nombreux journalistes de la rédaction ne se reconnaissent pas dans les propos tenus». Et pour cause, Hubert Coudurier, le directeur de l’information et auteur de la publication titrée «Stop à l’agit-prop anti-Bolloré» y affirme dès les premières lignes qu’«il y a quelque chose de profondément incongru et déplaisant dans la manifestation anti-Bolloré qui s’est déroulée samedi».

Une prise de position du Morlaisien de 67 ans qui fait suite au rassemblement de près de 70 bateaux, samedi 24 mai, dans l’archipel des Glénan où Vincent Bolloré possède une île. Le collectif Lever les voiles et les Soulèvements de la Terre avaient organisé cette mobilisation pour protester contre la présence du milliardaire d’extrême droite. «Vouloir s’en prendre à son droit de propriété rappelle des pratiques de régimes totalitaires auxquels nous n’aimerions pas ressembler», écrit Hubert Coudurier. Ce dernier s’étonnant que l’on puisse reprocher quoi que ce soit à celui «qui a redressé, de manière remarquable, son entreprise familiale [et qui] incarne […] la réussite de la Bretagne».

Un rond de serviette sur CNews

L’édito de trop pour la SJT, relancée il y a deux ans par plusieurs journalistes interpellés notamment par l’orientation des écrits de Hubert Coudurier et à laquelle adhèrent la moitié des 220 journalistes de la rédaction. L’organisation avait déjà partagé deux communiqués en interne en 2021 et en 2024 pour déplorer les prises de position du directeur de l’information. Cette fois, elle s’est fendue d’un communiqué public pour exprimer sa distance avec le texte, en particulier vis-à-vis de cette affirmation de l’éditorialiste selon laquelle «Bolloré contribue au pluralisme des idées dans un pays longtemps soumis à une certaine doxa médiatique».

«L’affaire était trop sérieuse et le fait qu’Hubert Coudurier s’exprime au nom de l’ensemble du Télégramme pour prendre parti pour Vincent Bolloré a heurté une large proportion de nos adhérents. Ce sont eux qui nous ont encouragés à réagir de manière publique, avant même qu’on en discute», précise-t-on au bureau de la SJT auprès de Libération.

La société des journalistes lui a répondu en rappelant que «la stratégie de conquête déployée par [Vincent Bolloré] dans le secteur médiatique pour servir son idéologie et ses intérêts a été largement documentée. Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé les intimidations et les menaces que fait peser le milliardaire sur la liberté de l’information». La SJT en profitant pour souligner que Hubert Coudurier «intervient lui-même en tant que chroniqueur sur la chaîne CNews», chaîne du groupe Vivendi, détenu par Vincent Bolloré. Une information que le cadre du Télégramme, qui apparaît régulièrement dans l’émission 180 minutes info, ne précise pas dans son éditorial à la gloire de son employeur.

Coudurier soutenu par Coudurier

Dans la foulée de la publication de la SJT, Hubert Coudurier, dont le frère, Edouard, est président du conseil d’administration et propriétaire du groupe Télégramme, a reçu le soutien de la direction du journal. Dans un communiqué d’abord envoyé aux journalistes puis diffusé publiquement, celle-ci assure que la SJT «se trompe de combat» : «Il ne s’agit pas […] de défendre M. Bolloré ni ses idées, mais de dénoncer la dérive totalitaire de certains mouvements d’extrême gauche.»

La direction poursuit : «Oui, le Télégramme est indépendant et défend le pluralisme des opinions, c’est pourquoi il est utile de réaffirmer que celles-ci ont droit de cité dans l’espace médiatique, même lorsqu’elles déplaisent à l’extrême gauche et à la SJT». Un parallèle qui intervient pourtant quelques semaines seulement après le soutien apporté par la direction à sa rédaction, lorsque Jean-Luc Mélenchon avait qualifié le journal de «bulletin paroissial» qui «manipule ses lecteurs», en mars. Loin de qualifier l’organisation «d’extrême gauche», la direction avait republié le communiqué de la SJT réagissant aux propos du leader insoumis.

«On regrette d’être caricaturés. L’objet de notre communiqué n’était pas du tout de soutenir la manifestation mais de rappeler qu’on ne peut pas considérer qu’un milliardaire qui fait main basse sur plusieurs médias œuvre pour le pluralisme des opinions», déplore-t-on au bureau de la SJT auprès de «Libé». Ce dernier rappelant que Vincent Bolloré est coutumier des «procédures baillons» (de longues poursuites judiciaires visant à épuiser financièrement un média) dès lors que la presse se penche d’un peu trop près sur ses affaires.


[L’Édito] qui a fait réagir La société des journalistes du Télégramme …

Le communiqué de La société des journalistes du Télégramme …

La SJT n’a pas beaucoup apprécié l’édito du frère ainé du directeur de la publication puisque le syndicat du journal a décidé, dans un communiqué daté du 27 mai, de se désolidariser des propos d’Hubert Coudurier.

La SDJ du Télégramme rappelle au passage que le directeur de l’information n’est pas très objectif puisqu’il est aussi… chroniqueur sur la chaîne Cnews, et qu’il est bel et bien documenté que Bolloré est en train de déployer une stratégie de conquête dans le secteur médiatique pour servir son idéologie et ses intérêts, n’hésitant pas à intimider et menacer les journalistes qui lui résistent.


La journée de mobilisation contre l’empire Bolloré du 24 mai 2025 :

… résumée dans une vidéo de 4’40 des Soulèvements de la Terre …

… et racontée par  Mickaël Correia dans Médiapart du

Dans le Finistère, une flottille antifasciste manifeste en mer contre Bolloré

À l’appel des Soulèvements de la Terre et du collectif Lever les voiles, une cinquantaine de bateaux a pris la mer ce 24 mai à Concarneau pour investir une plage près d’une villa du milliardaire, afin de dénoncer son idéologie d’extrême droite et son empire industriel climaticide.

Baie de Concarneau (Finistère).– Sous un ciel chargé de pluie, un modeste catamaran glisse sur l’eau, non loin du cap Coz. Deux activistes-plaisanciers s’affairent à déplier le long de l’esquif une banderole jaune écarlate sur laquelle on peut lire : « Submergeons Bolloré ».

Une éclaircie dissipe le mauvais crachin et fait surgir de l’horizon une cinquantaine de navires. Certains arborent des drapeaux trans ou arc-en-ciel. D’autres ont hissé des étendards aux couleurs de la Palestine ou de la Kanaky, ou encore de la CGT et de La France insoumise (LFI).

Le collectif breton Lever les voiles et les Soulèvements de la Terre ont appelé en cette fin de matinée du 24 mai à une mobilisation maritime « contre l’empire Bolloré ». « Ce milliardaire a fait du Finistère son fief, entre son île privée du Loc’h dans l’archipel des Glénan, un manoir sur la pointe du Beg Meil, des filons de lithium découverts à Audierne sur lesquels il pourrait mettre la main… Je suis là pour dire que ce facho n’est pas le bienvenu ici ! », résume Lili, une jeune monitrice de voile du coin.

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© MC

Un hélicoptère de la gendarmerie survole à basse altitude la baie de Concarneau, et non loin, un navire des Affaires maritimes surveille la scène. Les militant·es à bord des embarcations venues former cette joyeuse armada se saluent entre elles et eux en levant le poing, large sourire aux lèvres. Certain·es sont parti·es de La Rochelle ou du golfe du Morbihan et ont rivalisé de créativité pour leur bâche anti-Bolloré accrochée en poupe – « Ras-le-Boll », « Je vends, j’achète, donc je suis » ou, plus sobrement, « Smash Fascism ».

Sur le canal 77 de la radio utilisé à l’occasion par les manifestant·es, tourne en boucle un message : « Rendez-vous sur la plage du cap Coz et gonflez vos annexes ! » Parfois résonnent sur la longueur d’onde des éclats de rire ou des « Bolloré boloss ».

Flottille féministe

La première intention de cette journée d’action était de débarquer sur l’archipel des Glénan afin de prendre d’assaut l’île privée de Vincent Bolloré. Située à quelques encablures de Concarneau, l’île du Loc’h est gardée par le groupe de sécurité privée Checkport, lié aux sphères d’extrême droite radicale. Ce week-end, selon La Lettre, le néonazi Marc de Cacqueray-Valménier, passé par les rangs du Groupe union défense (GUD, groupuscule dissous en 2024), est censé monter la garde dans la propriété bollorienne.

Mais deux jours auparavant, la préfecture maritime de l’Atlantique a interdit la manifestation au motif de la « protection des personnes et des espaces naturels ». « C’est vraiment un argument fallacieux. Nous avions tout fait pour respecter les lieux, comme par exemple interdire les cerfs-volants pendant la manif’ pour ne pas perturber les oiseaux », s’insurge Olga, porte-parole de Lever les voiles. Elle rappelle par ailleurs que l’archipel est le berceau de l’école de voile des Glénans, créée en 1947 par le couple d’anciens résistants Philippe et Hélène Viannay afin d’aider celles et ceux qui avaient combattu durant l’Occupation à réintégrer la vie civile.

Au dernier moment, les organisateurs et organisatrices de la mobilisation ont donc décidé d’investir une plage située à Fouesnant, non loin d’une résidence cossue appartenant à Vincent Bolloré. « On a préféré faire flottille ensemble », glisse Benoît Feuillu, des Soulèvements de la Terre.

Soudain une corne de brume donne le signal. Des dizaines d’annexes à rames et de zodiacs déboulent alors de l’armada mouillant dans la baie et envahissent la plage du cap Coz sur laquelle attendent déjà des dizaines d’autres manifestant·es. À leur arrivée, des activistes queers à masque à paillettes craquent des fumigènes. La veille, des membres d’une flottille féministe en mixité choisie sont parvenues à débarquer sur l’île du Loc’h et à planter une large banderole « Wokes déterminé·es à couler Bolloré ». Au micro, l’une des militantes s’exclame : « On n’a vu aucun néonazi de Bolloré sur l’île car il y avait sur la plage un panneau “Tenez votre chien en laisse” ! » Hilare, la foule applaudit.

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© MC

« Dans un milieu de la voile majoritairement masculin, il nous semblait important de visibiliser aussi les minorités queers et trans, explique Andrea, porte-parole de cette flottille LGBTQI+. Et puis Vincent Bolloré véhicule une idéologie patriarcale, transphobe, homophobe et anti-IVG : c’était important pour nous d’aller sur son île. »

Bolloré, catalyseur de luttes

Sur la plage, plusieurs centaines d’activistes entonnent ensuite joyeusement des chants antifascistes ou féministes. « Nous avons lancé durant l’entre-deux-tours des législatives de l’an dernier une campagne baptisée “Désarmer Bolloré” car nous voulions avoir prise sur le fascisme, détaille Benoît Feuillu, des Soulèvements de la Terre. Les idées fascistes n’émergent pas par elles-mêmes dans le débat public, mais sont poussées par les médias appartenant à Bolloré. Et pour ce faire, ce dernier s’appuie sur sa fortune fondée sur un complexe industriel qu’il a bâti sur le dos de l’environnement et en pillant le continent africain. »

Jeune militante du mouvement climat qui a pris part à la flottille féministe, Marie Chureau rappelle, quant à elle : « On ne peut pas aujourd’hui se dire écolo sans être antifasciste puisque l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir mettrait fin à toute politique écologiste. »

Alors que la marée monte et que la pluie recommence à tomber, les manifestant·es lèvent des panneaux noirs au lettrage blanc pour former le message : « Bolloré, marionnettiste d’un monde fasciste ». Au même moment, à Guiscriff, au nord de Concarneau, se tient depuis la veille un « village antifasciste » éphémère rythmé par des tables rondes sous chapiteau sur la Françafrique ou la concentration des médias.

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© MC

« On n’a pas pu aller tous ensemble sur l’île du Loc’h, mais on montre comment Bolloré peut devenir un catalyseur de convergence des luttes écologistes, antifascistes et féministes », se réjouit Maeva, étudiante venue en voilier depuis Douarnenez. Militant écologiste et auteur de Pourquoi l’écologie perd toujours (Le Seuil, 2024), Clément Sénéchal, présent également à la manifestation, analyse : « Cette mobilisation signe une maturité du mouvement écologiste qui s’assume antifasciste dans un moment d’extrême-droitisation du champ politique et de la société. Face à l’écologie du consensus, on a aujourd’hui une écologie de l’affrontement qui s’assume. »

Après les festivités sur la plage de cap Coz ponctuées par un fest-noz improvisé, des chorégraphies en hommage au poulpe et des clappings « Siamo tutti antifascisti », chacun·e remonte à bord de son embarcation. Un long alignement d’esquifs se forme alors, voiles toutes gonflées, pour passer devant la villa de Bolloré, accrochée à la pointe du Beg Meil. Et tous de faire sonner en chœur leur corne de brume. À bâbord du navire de tête, une banderole prévient : « De l’eau peut jaillir le feu. »

Mickaël Correia


Une manifestation contre Vincent Bolloré réunit entre 500 et 600 personnes à Ergué-Gabéric

Ce dimanche 25 mai, entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées à Ergué-Gabéric dans le cadre d’une manifestation contre Vincent Bolloré. Les manifestants se sont réunis près de l’entreprise de l’homme d’affaires Blue Solutions. Un aricle paru dans Le Télégramme du

Entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées à Ergué-Gabéric dans le cadre d’une manifestation contre Vincent Bolloré.
Entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées à Ergué-Gabéric dans le cadre d’une manifestation contre Vincent Bolloré. (Le Télégramme/Claire Lagadic)

Des centaines de militants des Soulèvements de la terre de Bretagne sont réunis depuis ce dimanche 25 mai à midi près de l’usine Blue Solutions, de Vincent Bolloré, à Ergué Gaberic près de Quimper. Un rassemblement pourtant interdit par la préfecture du Finistère.

entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées à Ergué-Gabéric dans le cadre d’une manifestation contre Vincent Bolloré.
Entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées à Ergué-Gabéric dans le cadre d’une manifestation contre Vincent Bolloré. (Le Télégramme / Claire Lagadic)

Grenades lacrymogènes et fumigènes

Entre 500 et 600 militants sont présents et font face à un important déploiement des forces de l’ordre. Quelques tirs de grenades lacrymogènes ont déjà eu lieu, ainsi que des fumigènes. Sur leur parcours, les manifestants ont tagué les murs et aubettes de slogans hostiles à l’homme d’affaires. La police, ainsi que des gendarmes mobiles venus en renfort, ont bouclé la zone, et un hélicoptère est en appui.

Un cordon de gendarmes mobiles a été déployé en amont de Blue Solutions.
Un cordon de gendarmes mobiles a été déployé en amont de Blue Solutions. (Le Télégramme/Thierry Charpentier)