Christophe Guilloteau, président LR du département du Rhône a choisi de supprimer des financements à des associations environnementales pour les punir de leur indépendance . La « Trumpisation » du débat public est en oeuvre et la conception de la décision politique reposant sur un seul homme, particulièrement grave et dangereuse pour nos démocraties … La vidéo de 1’33 » ci-dessous, réalisée par FNE Rhône, est un florilège des propos aberrants de Christophe Guilloteau lors de cette séance en conseil départemental …
Ces associations « de danseurs aux pieds nus » et de « mangeurs de graines » qui dérangent le président du Rhône
Supprimer des financements à des associations environnementales pour les punir de leur indépendance, c’est le choix du président LR du département du Rhône. Un « déni de démocratie » qui met en péril la protection de la nature.
Un article signé
« On ne peut prendre l’argent du Département et aller contre les projets du Département. » Le président LR du département du Rhône, Christophe Guilloteau, a, sous ce prétexte, décidé de couper les subventions allouées à trois associations environnementales. Dans sa ligne de mire, France nature environnement (FNE Rhône), la Ligue de protection des oiseaux (LPO AuRA ) et Arthropologia, une association naturaliste de protection des insectes. Le 4 avril, en Conseil départemental du Rhône, Christophe Guilloteau a donc fait voter un amendement supprimant les 80 000 euros de subventions qui aident ces associations à mener leurs activités de protection de la nature.
Le président du conseil départemental reproche à ces trois associations d’avoir co-signé un courrier critiquant le projet de port fluvial du Bordelan, à Anse, situé en bord de Saône, au nord de Lyon. Dans ce courrier, que basta! a consulté, les signataires soulignent que ce projet qui bénéficie d’un « investissement public conséquent » – 39,5 millions d’euros – « va impacter lourdement une zone humide (artificialisation d’une surface équivalente à 30 terrains de football), alors même que les zones humides, essentielles pour la biodiversité, sont aujourd’hui les milieux les plus menacés ».
« Le courrier, loin d’être virulent, posait des questions légitimes sur l’utilité économique du projet au regard des autres sites et projets déjà existants à proximité, ses conséquences environnementales, et l’absence de concertation réelle, soulignent les trois associations dans un communiqué commun. En réponse, la suppression des subventions s’apparente à une sanction politique destinée à faire taire toute voix dissidente. »
« J’en ai assez de ces associations »
Lors de la séance du 4 avril, le président du Département est revenu sur ce courrier. « On nous donne des leçons (…) et on nous explique comment faire du développement inclusif. Je ne sais même pas ce que c’est, souligne t-il lors de son allocution, dans une vidéo en ligne (à partir de 2h57). On nous dit que le projet à Anse va supprimer 30 terrains de football, que les bateaux à moteur sont un gros péché. On nous dit dans cette lettre de réduire les dépenses. On va réduire les dépenses, ça va être vite fait ! (…) Je propose un amendement qui consiste à supprimer les subventions à ces dites associations. (…) C’est 80 000 euros qu’on va leur donner pour qu’après elles soient contre nous, ça je ne l’accepte plus. »
« Moi j’en ai assez de ces associations de danseurs aux pieds nus qui viennent nous expliquer ce que nous, élus, on doit faire, sur nos territoires. (…)
J’ai un défaut, c’est que je vieillis et je ne supporte plus ça. (…)
Moi je ne suis pas prêt à ce que mes enfants mangent des graines tous les jours, à faire de la bicyclette tous les jours »,
a t-il fait valoir. Seul un élu, sans étiquette, s’est abstenu lors de la proposition de cet amendement (la gauche, totalement divisée lors des élections, ne compte pas d’élus au Conseil départemental)….
« Cette attaque résonne pour nos associations comme un déni de démocratie à l’heure où il est urgent d’agir pour préserver notre environnement », souligne le communiqué commun des trois associations visées.
« Bâillonner » les défenseurs « de nos biens communs »
Frédérique Resche-Rigon, présidente de FNE Rhône, déplore une « décision qui n’a qu’un seul objectif : bâillonner les associations qui jouent leur rôle de contre-pouvoir dans notre démocratie. Nous ne demandons rien d’autre que le respect de nos missions : alerter sur les projets néfastes pour l’environnement et défendre l’intérêt général ». FNE Rhône vient de lancer une cagnotte alors que cette coupe subite de subventions met en péril la pérennité de la structure, localement.
Pour ces associations, ces coupes « compromettent gravement des actions concrètes en faveur de la connaissance et de la protection d’espaces naturels sensibles dont le Département lui-même a besoin ». « En voulant nous sanctionner pour avoir joué notre rôle de défenseur de nos biens communs, c’est en réalité la biodiversité et tous
tes les citoyen ne s que le Conseil Départemental punit » souligne Sébastien Teyssier, directeur de la LPO AuRA.De son côté, le Département du Rhône assume sa décision, la noyant dans une novlangue toute bureaucratique : « Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réflexion plus globale autour des Espaces naturels sensibles (ENS) permettant de re-centraliser cette politique à l’échelon départemental. La collectivité aurait ainsi la garantie que les actions entreprises dans le cadre de cette politique ENS s’inscrivent en faveur du territoire rhodanien et pas dans un but militant » a indiqué la collectivité dans un courriel à France 3 Rhône-Alpes.
* Supprimer des financements pour sanctionner des critiques est une politique déjà initiée par l’ancien président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Ce dernier avait supprimé en 2023 la subvention au Théâtre Nouvelle Génération de Lyon suite à des propos de son directeur sur la politique culturelle régionale.

En complément , un hommage aux pied nus …

Des célébrités aux pieds nus
Ce n’est pas une obsession, ni un fétichisme, assure-t-elle. Mais elle y pense souvent. Elle prolonge parfois ses voyages à l’étranger pour « faire des pieds ». Lorsqu’on lui parle d’une célébrité, du monde artistique, sportif ou politique, elle songe à lui demander son pied. Cela fait une dizaine d’années qu’Amélie Debray, photographe professionnelle, immortalise les pieds nus des gens connus. « Le pied, c’est l’empreinte, la trace que l’on laisse », dit-elle. Le pied, c’est aussi le pas, la marche, la première étape d’un déplacement ou d’un voyage, quel que soit le moyen de transport utilisé. Même le dirigeant de multinationale qui ne se déplace qu’en hélicoptère commence par y poser le pied.
Inventaire. Le 24 janvier, la photographe a « verni », non pas ses ongles plantaires, mais une nouvelle exposition. Appelée « Inventaire », car le résultat de l’une de ces grandes opérations de rangement auxquelles doivent parfois se soumettre les artistes, elle se déroule au café « Point Ephémère », sur les quais du canal Saint-Martin, à Paris, jusqu’au 20 février.
L’occasion de découvrir à quoi ressemblent les pieds de l’actrice Sandrine Kiberlain, « très jolis », dit la photographe, ceux du député Noël Mamère, qui les épuise lors de diverses manifestations, ou encore ceux du cuisinier Pierre Gagnaire, debout toute la journée devant les fourneaux. « C’est une souffrance. Mes pieds constituent un outil de travail », confie le grand chef. On pourra aussi admirer les membres inférieurs de Patrick Pelloux, l’urgentiste, Jean-Louis Etienne, l’explorateur qui a traversé l’Antarctique à pied, le chanteur Manu Chao, la judoka Lucie Decosse ou Yohann Diniz, champion de marche athlétique. Ou encore Michel Galabru et Michel Drucker, qu’on ne présente plus.
L’une des « prises » les plus emblématiques d’Amélie Debray demeure Roland Dumas. Les moins jeunes se souviendront que l’ancien ministre et ancien président du Conseil constitutionnel tenait à glisser ses pieds dans des bottines Berlutti faites sur mesure et achetées par Christine Deviers-Joncours au prix de 11000 francs dans les années 1990. L’exposition donne l’occasion de savoir à quoi ressemblent ces petons si douillets.
La photographe en connaît du beau monde. Lâche-t-on, devant elle, le nom du PDG d’une grande entreprise de transport ? « Je vais lui demander ! Je connais l’un de ses collaborateurs », s’exclame-t-elle en empoignant son téléphone portable. Quelques années de travail dans le monde politique lui ont laissé de nombreuses relations dont elle se sert pour photographier les pieds… « C’est Thierry Rey qui m’a mis le pied à l’étrier », lâche-t-elle dans un lapsus involontaire. Le conseiller en charge des sports du président Hollande, par ailleurs judoka, champion olympique et père du petit-fils de Jacques Chirac (voir ici un portrait du sportif), a accepté de poser pieds nus il y a quelques années. Il a ensuite ouvert son carnet d’adresse pour la photographe.
L’approche de la cible constitue un travail à part entière. La photographe a l’habitude de faire le pied de grue. Il faut argumenter, amadouer, présenter d’autres photos de célébrités aux pieds nus. L’entourage se méfie, hésite. Les responsables politiques sont les plus réticents. Une fois l’accord obtenu et le rendez-vous fixé, il faut à la photographe une vingtaine de minutes pour opérer. « Je me déplace, avec mon studio portable, en général à l’aide d’une Autolib’ lorsque je suis à Paris. Certains viennent chez moi », raconte-t-elle.
La séance n’est « pas toujours très glamour », avoue-t-elle. Le modèle enlève chaussures et chaussettes, remonte le pantalon et attend. Nul besoin de poser, ni de sourire. « Je suis à quatre pattes devant la personne ; je vide une pellicule de 36 vues, 25 des pieds et les 10 dernières, en pied ». C’est en général à ce moment que la personnalité se montre le plus surprise. Ainsi, on ne photographie pas seulement ses pieds ! Mais le modèle demeure généralement relax, comme en témoigne la photo de l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, tout sourire.
Évidemment, la plupart des modèles se sont soigneusement lavé les orteils juste avant l’arrivée de la photographe. Philippe Noiret, photographié il y a 9 ans, trois avant sa mort, s’était même offert une séance chez la pédicure. « Une seule fois, les pieds sentaient mauvais », confie la photographe, qui ne présente pas la photo de la personne concernée. Amélie Debray ne veut pas pour autant photographier des pieds parfaits. « J’aime les imperfections, les marques de chaussettes, le vernis écaillé. C’est ce qui fait qu’un pied est unique », avance-t-elle.
La photographe avait rencontré Stéphane Charbonnier et Renald Luzier, plus connus sous le nom de Charb et Luz, respectivement directeur de publication et caricaturiste à Charlie Hebdo. Les deux hommes, ainsi que Laurent « Riss » Sourisseau, le directeur de la rédaction, bénéficient d’une protection policière des pieds à la tête depuis l’incendie criminel qui a ravagé le siège de l’hebdomadaire, en novembre 2011. Amélie Debray a saisi les 40 orteils de Luz et de ses trois gardes du corps. C’est la photo qui ouvre cet article. Mais pour la photo en pied, les deux molosses, qui ne veulent pas être reconnus, posent de dos. Hasard amusant : Luz dispose également d’une voiture qui, croyez-le ou non, est l’ancien véhicule de fonction de l’ancien ministre Georges Tron, un grand amateur de réflexologie plantaire…
Source : Le site d’Amélie Debray : www.ameliedebray.fr La photographe précise, autant le dire, qu’elle n’a aucun lien de parenté avec Régis Debray.