La Fédération des usagers de la bicyclette vient de publier son baromètre vélo 2025. Ce rapport présente un climat « médiocre » pour le vélo en France, notamment dans les milieux ruraux, malgré les progrès de nombreuses villes. «C’est à l’échelon communal qu’on peut impulser la pratique du vélo». Les Vélorutions initiées par des associations locales y contribuent largement …
2 vec 334 000 réponses et 2 640 communes qualifiées, le Baromètre vélo confirme son statut de plus grande enquête citoyenne au monde sur le vélo. Cette 4ᵉ édition, qui s’est déroulée du 28 février au 2 juin 2025, bat tous les records et livre un message clair : les conditions de circulation à vélo progressent en France, mais de façon inégale et fragile.
Des voix nouvelles, une couverture territoriale plus représentative
L’édition 2025 bat un record de participation : davantage d’habitant·es de petites villes, de bourgs, de villages et de quartiers populaires ont pu faire entendre leur voix. La part des femmes progresse fortement (+19 % depuis 2021), renforçant la représentativité de l’enquête.
Pour découvrir tous les résultats, téléchargez le dossier de presse.
Vélo des villes, vélo des champs : qui a les meilleurs aménagements ?
Un article signé Lorène Lavocat dans Reporterre du 20 septembre 2025 …

Grenoble, Strasbourg, Rennes, mais aussi La Rochelle et Bourg-en-Bresse… Dans ces communes, il fait bon pédaler, selon le baromètre annuel de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), publié le 18 septembre. « Dès que des politiques cyclables ambitieuses sont mises en place, ça paye, constate Étienne Demur, coprésident du réseau. Mais ne nous leurrons pas : en dehors des grandes villes, il reste énormément de travail à faire. »
Pour parvenir à ce constat étayé, la FUB a réalisé un sondage en ligne, et récolté plus de 334 000 réponses, principalement de cyclistes. Sécurité, qualité des équipements et des stationnements, ressenti… Agrégés, les retours des participants permettent de donner une note globale à chaque collectivité — de A pour les paradis cyclables à G pour le Tartare des biclous. Créé en 2017, ce baromètre est ainsi devenu « la plus grande enquête citoyenne sur le vélo dans le monde » d’après la FUB.
« Le climat vélo reste médiocre en France »
Que nous dit ce cru 2025 ? Qu’avec une étiquette E, « le climat vélo reste médiocre en France ». En clair, 2 cyclistes sur 3 trouvent que les conditions pour rouler sont toujours mauvaises. Une note qui s’explique par « une très grande disparité entre les villes et les communes rurales », selon Étienne Demur, lui-même cycliste à la campagne.
« Dans les agglos, ça continue de progresser — par exemple à Lyon, Toulouse ou Clermont-Ferrand — mais dans les bourgs et villages, c’est beaucoup plus compliqué, constate-t-il. Les ambitions des élus et des citoyens se heurtent souvent à un manque d’expertise et de financement. »
Comme le racontait Reporterre, hors des métropoles, rares sont les trajets cyclables sécurisés. Dans ces territoires, la FUB note que les collectivités locales ont deux contraintes : le coût des aménagements cyclables et le foncier — pour créer une voie cyclable, il faut des sous et du terrain. Deux obstacles qu’elle propose de contourner en se servant des routes existantes. Certaines pourraient être réservées aux mobilités douces.
Le rôle crucial de l’État
Une dynamique qui ne pourra être lancée sans l’aide de l’État, souligne Étienne Demur : « On voit une corrélation claire entre investissements de l’État et satisfaction des cyclistes », dit-il. Si certains bourgs littoraux comme Vieux-Boucau-les-Bains (Landes) et Notre-Dame-de-Monts (Vendée) enregistrent de très bons scores, leur ambition cyclable a certainement été boostée par l’essor du vélotourisme… et un accès facilité aux financements, notamment européens.
À l’inverse, la FUB a identifié plus de 2 500 « lieux-clés » à aménager, tels le pont de la Deule à Don (Nord), la route de Montélimar à proximité d’Aubenas (Ardèche) et la route de Grenoble à Saint-Marcellin (Isère). L’implication de l’État apparaît ainsi nécessaire pour les gros travaux, par exemple pour sécuriser un gros rond-point ou créer une passerelle au-dessus d’une voie rapide. Problème : en 2024, le plan Vélo a été sacrifié sur l’autel de l’austérité.
Mais à quelques mois des municipales, la FUB entend surtout faire de son baromètre un outil de plaidoyer à l’attention des candidats maires. « C’est à l’échelon communal qu’on peut impulser la pratique du vélo », insiste Étienne Demur.
Des aménagements qui apaiseraient la chaussée
À partir des réponses des cyclistes, la FUB a ainsi repéré trois politiques prioritaires pour passer le pignon supérieur : repenser la circulation, notamment en requalifiant des axes existants — transformer une voie d’un boulevard ou un chemin communal en piste cyclable — abaisser la vitesse automobile à 30 km/h et entretenir les aménagements. « Les racines et les feuilles ne partent pas toutes seules, et il faut parfois adapter les infrastructures existantes, qui peuvent se retrouver trop petites, saturées », liste l’expert.
De quoi apaiser des conflits d’usages récurrents ? Selon le baromètre, les trois quarts des cyclistes ont déjà vécu une situation de violence motorisée. En parallèle, des tensions avec les piétons peuvent surgir, en particulier dans les zones très fréquentées par les vélos.
« Les problèmes surviennent souvent quand les aménagements — piétons et cyclables — ne sont pas suffisants ou pas bien faits », estime Étienne Demur. Un appel, là encore, à redoubler d’effort pour faire triompher la petite reine.
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