Jean-Yves Quéméneur, une épaisseur de vie et un engagement « force 5″…

Jean-Yves Quéméneur, Breton pur jus, est président de l’association de défense de l’environnement « Force 5 », qui a lancé au début août 2024avec d’autres, un appel pour cartographier la présence d’algues vertes dans le Finistère. Dans un documentaire de 18′, l’association « Bobine en bourg » de Plougasnou  nous fait découvrir le parcours de cet homme extrêmement attachant

Jean-Yves Quéméneur parle de sa jeunesse, de son travail de ses passions et de son engagement. Ce portrait vidéo « Bobine en Bourg » a été réalisé en mars 2024 . C’est un projet audiovisuel de l’association « Projets, Echanges & Développement » qui met en valeur sur sa chaîne youtube les habitants de Plougasnou, leurs talents, ainsi que les histoires fortes du territoire …

À Plougasnou, Jean-Yves Quéméneur, marathonien de la défense de l’environnement

L’association environnementale Force 5 fête ses 20 ans cette année. À sa tête, un personnage atypique. Jean-Yves Quéméneur, 72 ans, mène ses combats avec cœur. Le plus souvent pieds nus. Un article signé  Gwendal Hameury dans Le Télégramme du

Président de l’association environnementale Force 5, qui fête ses 20 ans cette année, Jean-Yves Quéméneur est un inlassable défenseur de la nature.
Président de l’association environnementale Force 5, qui fêtait ses 20 ans en 2022, Jean-Yves Quéméneur est un inlassable défenseur de la nature. (Le Télégramme/Gwendal Hameury)

En 1975, à tout juste 25 ans, il avait jeûné pendant dix jours pour protester contre les conditions d’hébergement d’un foyer « pour cas sociaux » dans les Côtes-d’Armor, forçant la ministre Simone Veil à dépêcher un inspecteur de la santé pour négocier. Deux ans plus tard, on le retrouvait sur le site de Creys-Malville, en Isère, manifestant contre le projet de centrale nucléaire de Superphénix. Il y eut aussi le Larzac, Plogoff… Qu’on se le dise : Jean-Yves Quéméneur, président de l’association environnementale Force 5, qui fête cette année ses 20 ans, a toujours été un battant. Un dur à cuire. Une grande gueule aux convictions chevillées au corps. « Devant l’injustice, je me lève facilement, je réagis. Je suis un peu rebelle », résume, sourire en coin, celui qui, malgré ses 72 ans, continue inlassablement à défendre la nature. « Avec un peu plus de diplomatie qu’en ce temps-là, précise-t-il. L’expérience m’a montré qu’elle est parfois nécessaire pour faire avancer les choses ».

« Le va-nu-pieds du Trégor »

Des dossiers, l’ancien éducateur aux 36 ans de carrière aux Genêts d’or, en a traité un nombre incalculable depuis qu’il a pris la succession de Daniel Luder à la tête de Force 5, en décembre 2002. Des petits, des gros. Qu’importe. Le marathonien qu’il fut, avant un grave accident de la route en octobre 2001, a le goût de l’effort. « L’endurance, je connais », glisse celui qu’on surnomme le « va-nu-pieds du Trégor », en référence à son mode de vie atypique. « C’est mon côté indien. J’ai un attachement viscéral à la nature. J’aime le contact avec la terre. J’ai toujours couru pieds nus. Même quand j’étais encore en activité, je travaillais six mois de l’année sans chaussures ni chaussettes. Ça m’est resté ».

Mais derrière cette image de doux rêveur, de contemplatif adorant la plage, la natation et le vélo, se cache un redoutable meneur d’hommes, qui a su bien s’entourer et s’organiser pour arriver à ses fins : lutter efficacement contre toutes les formes de pollution ; faire prévaloir la santé publique.

Au départ, le Brestois de naissance (Lambézellec), Plouganiste depuis 1988, s’est surtout intéressé aux dioxines. Puis s’est rapidement penché sur les algues vertes qui souillent nos rivages. Titulaire d’un simple bac B (économie), il s’est formé auprès de scientifiques reconnus. Pour comprendre. Toujours en éveil, l’autodidacte continue, encore aujourd’hui, à courir les conférences pour se tenir informé. Au fil du temps, il s’est « professionnalisé », devenant une sorte d’expert. Au point qu’en 2013, la préfecture du Finistère a délivré l’agrément Protection de l’environnement à son association, forte de 140 adhérents.

Par la force des choses, Jean-Yves Quéméneur s’est aussi spécialisé dans le juridique. Partisan du « quoi qu’il arrive, on aura tenté quelque chose », il connaît les arcanes de la justice administrative par cœur. Tribunal administratif, cour d’appel administrative, Conseil d’État, Conseil constitutionnel, Cour européenne des droits de l’Homme… « Je n’ai jamais été un scientifique. Je ne suis pas non plus juriste. J’ai juste appris un peu de droit au sein de Force 5 », renseigne-t-il, modeste. Car aujourd’hui, l’association fait bel et bien figure, dans le département, de spécialiste du combat judiciaire pour la préservation de l’environnement.

L’échec de la centrale de Landivisiau

Depuis 2002, Jean-Yves Quéméneur a connu quelques succès, parmi lesquels l’interdiction de l’extraction de sable à Beg an Fry, à Guimaëc. Et un grand échec : la centrale dite « à cycle combiné gaz » de Landivisiau. Un combat de dix ans au cours duquel l’ancien rugbyman n’a pas hésité à entrer dans la mêlée. Ce qui lui a valu, un jour de manifestation, d’être interpellé, menotté et placé en garde à vue sept heures durant. Jugé coupable d’entrave à la circulation par le tribunal judiciaire de Brest, il a été dispensé de peine. De l’histoire ancienne pour Jean-Yves Quéméneur, qui se définit comme « volontiers démonstratif » quand il est en colère, mais « non-violent ». « Ce que je retiens surtout, c’est que nous, amateurs, avons osé défier le géant Total. Et que nous sommes allés au bout de ce qu’on pouvait faire ».

La centrale a été construite. Elle produit de l’électricité. Et s’il garde encore un œil attentif sur le sujet, le président de Force 5 est passé à autre chose. Le dernier dossier en date : une décharge sauvage à Plouigneau. « Il y a tant à faire. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi proche du vivant. Les membres de l’association et moi-même travaillons pour les générations suivantes. C’est un bon moyen pour ne pas vieillir et éviter Alzheimer, rigole-t-il. On poursuit le combat ». Toujours sans téléphone portable. Toujours pieds nus.


Un article sur Jean Yves Quéméneur
paru dans Le Chiffon Rouge, le blog du PCF de Morlaix
Avec Camille Crosnier Journaliste et chroniqueuse de radio française

Le Diben lundi 02 septembre 2024,
C’est l’histoire d’un homme au rire communicatif, un homme qui n’a porté des chaussures que 10 jours l’an dernier, un homme qui n’a jamais eu de téléphone portable …

« Je suis assez sauvage »

Jean-Yves, est un breton pur jus, même si son nom, Quéméneur, ne s’écrit pas avec un K mais Q-U. Né il y a 74 ans à Brest, c’est un ancien éducateur spécialisé qui aurait aimé, une fois à la retraite, faire du vélo et lire, en plus de se baigner sans problème dans l’océan (même à 10 degrés), mais il consacre en fait sa vie à protéger l’environnement, dans le Finistère…

Il a créé l’association Force 5, qui a lancé, le mois dernier avec d’autres, un appel : l’appel de Locquirec, sur la plage de cette commune à la frontière avec les Côtes d’Armor.

« Aidez-nous à recenser sur le littoral breton tous les sites d’échouages d’algues vertes en putréfaction pour que cesse ce scandale de l’impunité totale accordée aux pollueurs et à tous leurs complices ».

Parce que des algues vertes, il n’y en a pas qu’en Bretagne nord, elles vont même jusqu’en Loire-Atlantique, et plusieurs associations dont Force 5, donc, veulent faire une sorte d’inventaire, une cartographie, dans l’immense Finistère, pour y mesurer aussi l’ampleur du problème.
Vous connaissez la science participative, dites bonjour à la lutte participative !

« N’hésitez pas à nous appeler et nous on va aller voir sur place avec nos masques, notre seau, notre pelle. »

Tout cet attirail est utilisé pour analyser le site et éviter de respirer de l’hydrogène sulfuré, le gaz mortel que les algues vertes dégagent en pourrissant sur le sable. On est en plein dans la saison, et cette année le Finistère est ultra touché. Les algues prolifèrent en mer à cause de la chaleur et de la lumière, mais surtout à cause, à 90%, de l’agriculture intensive, qui balance du nitrate à gogo entre les engrais chimiques et les déjections animales, et ce n’est pas moi qui le dit mais la Cour des comptes dans un rapport. Et que fait la police ? Enfin, l’État, depuis 50 ans ?

« L’Etat se voile la face »

Jean-Yves Quéméneur et tous ses copains lanceurs d’alerte sont verts eux aussi, de voir des centaines de millions d’euros d’argent public dépensés dans des soi-disant « plans de lutte ». Ceux-ci consistent principalement à fermer des plages et ramasser les algues échouées, dans moins d’une dizaine de baies, pendant que des programmes d’actions volontaires sont demandés aux agriculteurs. Bref, on met le paquet sur les conséquences sans traiter la cause, encore une bien bonne idée ça…

Et j’ajoute que l’État, enfin le préfet, mais c’est pareil, préfet des Côtes d’Armor, a été condamné l’an dernier pour « préjudice écologique » par le tribunal administratif de Rennes, mais il a fait appel. Vous voyez un peu la mentalité.
Après, il faut dire que le sujet des algues vertes, c’est chaud comme la braise, Jean-Yves s’est d’ailleurs fait traiter de connard sur une plage pas plus tard que la semaine dernière.
Un celte rebelle qui a bien l’intention avec tous les défenseurs de l’environnement de faire reconnaître l’impact des algues vertes sur la biodiversité aussi, par la justice, y compris au pénal. Le recensement permettra ils l’espèrent d’identifier les responsables, et de sensibiliser un maximum d’habitantes et habitants en les faisant participer – sans aller patauger dans les algues par contre, attention ils insistent, ne vous approchez pas trop, mais guettez deux indices clairs : une odeur d’œuf pourri, et du sable noirci.

Si c’est le cas, contactez l’association Force 5 sur sa page Facebook, il y a aussi un mail (force5association@orange.fr) et même un numéro de téléphone fixe (02 98 67 82 98). Oui il est à l’ancienne Jean-Yves, mais il est déterminé, avec ses bottes et son masque ou bien sur les marchés qu’il sillonne inlassablement pour faire connaitre sa lutte.
Voilà, la retraite vélo lecture attendra !

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-du-lundi-02-septembre-2024-6889848

Photo pyb29
Jean-Yves Quéméneur président de Force 5 en compagnie d’Ismaël Dupont secrétaire départemental du Parti communiste français du Finistère sur le marché de Morlaix ce samedi 31 août.