Pour la première fois depuis la fin de la sanglante dictature de Pinochet (1973-1990), l’extrême droite se rapproche à nouveau du pouvoir au Chili : son leader José Antonio Kast, admirateur de Pinochet, affrontera en décembre au second tour de la présidentielle la communiste modérée Jeannette Jara, en position défavorable. En espérant voir le peuple chilien inverser la tendance …

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José Antonio Kast, admirateur déclaré de Pinochet, a frôlé la victoire dès le premier tour de la présidentielle dans un pays marqué par la crise de confiance et l’explosion du sentiment d’insécurité. Pourquoi une partie de la société chilienne se tourne-t-elle vers une droite radicale trente-cinq ans après la dictature ? Le politiste Pablo Barnier analyse les forces en présence, les peurs qui structurent le vote et les raisons de cette poussée autoritaire. A visionner par ici …
Présidentielle au Chili : en ballottage défavorable, la gauche affrontera l’extrême droite au second tour
Arrivé en deuxième position avec un peu plus de 24 % mais une grande réserve de voix, l’ultraconservateur José Antonio Kast est bien placé pour l’emporter dans un mois face à l’ancienne ministre Jeannette Jara, arrivée en tête avec 26,7 %. Un article paru dans Le Courrier International du 17 novembre 2025 …

“Sans surprise”,
“L’incertitude qui s’était installée durant la dernière ligne droite” de la campagne “s’est dissipée” au fur et à mesure du dépouillement, souligne le quotidien chilien : contrairement aux sondages qui lui donnaient une certaine avance, l’ancienne ministre du Travail du gouvernement de Gabriel Boric domine de peu (avec 26,7 %) le fondateur du Parti républicain (24,1 %).
L’autre surprise est venue du “populiste de droite” Franco Parisi, qui a obtenu 19,3 % des suffrages, battant à la fois le “libertarien radical” Johannes Kaiser (13,9 %) et la “grande perdante” du jour, la représentante de la “droite traditionnelle” Evelyn Matthei, arrivée seulement cinquième (12,7 %), détaille El País.
Ainsi, bien que Jara soit “arrivée en tête”, poursuit le quotidien espagnol, le total des voix obtenues par Kast, Kaiser et Matthei atteint 51 %, “assurant ainsi à Kast une position favorable pour le second tour”. En y ajoutant le soutien de Parisi, un “opposant à Boric”, le total s’élève à 70 %, même si ce vote est “difficile à interpréter, aucun élément ne permettant d’affirmer qu’il se reportera sur la droite”, précise le journal de centre gauche.
Candidats courtisés
Dans son discours de victoire, Jeannette Jara a d’abord félicité Eduardo Artés (petit candidat d’extrême gauche) et le populiste Franco Parisi, un geste interprété par El Mostrador comme un “clin d’œil clair” à son électorat en vue du second tour. Soucieuse de “protéger” la démocratie, l’ancienne ministre a aussi salué deux autres candidats : Evelyn Matthei (droite), “victime d’une terrible campagne de diffamation”, et Marco Enríquez-Ominami (centre gauche), loué pour sa détermination.
Se voulant optimiste, elle a affirmé que “le Chili est un grand pays” et qu’il ne faut laisser “personne faire croire le contraire” − une référence à ses opposants d’extrême droite, qui ont durant la campagne dépeint un pays rongé par la criminalité.
De son côté, le “favori” José Antonio Kast a remercié Evelyn Matthei pour son “soutien” et a souligné l’importance de l’“unité” entre les différentes sensibilités de centre droit et de droite pour “reconstruire” le Chili, rapporte El Mostrador. Le très courtisé Franco Parisi a pour sa part affirmé qu’il “ne sign[erait] pas de chèque en blanc” et indiqué aux deux candidats arrivés en tête qu’ils devraient “gagner les votes”.
“L’électorat est en colère”
Selon The New York Times, ce second tour opposant deux candidats “aux antipodes de l’échiquier politique” témoigne de “la profonde division du Chili”, un pays “longtemps considéré comme un modèle de réussite des politiques économiques néolibérales”.
Alors que Jeannette Jara, 51 ans, défend “un renforcement du rôle de l’État” dans l’économie, une “grande partie de la droite” se réclame des réformes ultralibérales du président argentin, Javier Milei. Cependant, ce n’est pas là que s’est jouée l’élection, contrairement à celle de Gabriel Boric, estime le quotidien américain.
“Cette fois-ci, l’attention s’est détournée des arguments de la gauche” pour se concentrer sur l’insécurité, traditionnel thème de la droite, un sondage ayant révélé que 63 % des électeurs plaçaient la “criminalité violente” en haut de leurs priorités. “C’est un changement radical, a ainsi déclaré au New York Times Claudia Heiss, une politologue chilienne. L’électorat est en colère.”
Gabriel Boric, un bilan en demi-teinte
Autant pour contrer le discours de l’extrême droite que pour soutenir la candidate de gauche, Jeannette Jara, le président chilien, Gabriel Boric, a décidé de s’impliquer dans la campagne de l’élection présidentielle du 16 novembre. Il s’est même “installé dans la première ligne de tranchées pour défendre ce qu’il considère être son legs”, estime El País America.
Élu en 2021, dans un contexte de crise économique et sociale, l’ancien dirigeant étudiant de 39 ans se targue d’avoir “normalisé” le pays, à défaut d’avoir pu honorer les nombreuses réformes promises. Exigé lors des révoltes étudiantes de 2019, le projet de réforme de la Constitution a été rejeté à deux reprises par référendum.
Ses efforts pour résoudre les problèmes d’insécurité, freiner l’immigration irrégulière ou relancer une économie en berne ont été jugés insuffisants. Et l’ouverture d’une enquête sur de possibles malversations de fonds au sein du gouvernement a entaché l’image de rénovation que portait la coalition de gauche.
Cependant, Boric compte aussi des victoires à son actif “qui, selon son entourage, n’ont pas été assez mises en avant”, rappelle El País. La réforme du système des retraites oblige les employeurs à cotiser pour les retraites de leurs travailleurs. Le temps de travail est passé de 45 à 44 heures par semaine en 2024 et doit être porté à 42 heures en 2026 et à 40 en 2028.
Il a instauré un impôt sur les entreprises minières pour l’exploitation des ressources naturelles. Les soins de santé des personnes vulnérables sont devenus gratuits. La lutte contre les féminicides a avancé, tout comme la reconnaissance du peuple mapuche, et les recherches des disparus sous la dictature de Pinochet ont été relancées.
Si la loi chilienne ne permet pas à un président d’enchaîner deux mandats, rien n’empêchera Boric de se porter de nouveau candidat en 2030.
La responsabilité de Gabriel Boric
L’actuel président est coupable d’avoir “sapé la crédibilité de la gauche chilienne, la privant de récit, de leadership et de vision”, cingle le site d’information Ex-Ante, dans un éditorial titré “L’effondrement de la gauche sous la direction de Gabriel Boric”. Arrivé au pouvoir avec un large soutien populaire en 2022, ce politicien seulement âgé de 39 ans avait pourtant “tous les atouts” pour réussir.
Mais il a préféré “tout miser” sur le processus de réforme constitutionnelle, “ouvrant la boîte de Pandore” et “paralysant” pendant de longs mois le reste de l’action gouvernementale, rappelle l’éditorialiste. Or le rejet massif du texte, par référendum, a révélé “l’incapacité du gouvernement à administrer”. Ce à quoi se sont ajoutés des scandales et une succession d’erreurs politiques qui ont fini de ternir son mandat.
Résultat : une défaite électorale “retentissante”, imputée par le média chilien non seulement à la “piètre campagne” de Jeannette Jara, mais aussi au président, qui a “contribué au déclin de son propre projet politique”.
Présidentielle au Chili : malgré son avance, Jeannette Jara en ballotage défavorable
Soirée électorale en demi teinte pour la communiste modérée Jeannette Jara car, même si elle est en tête du premier tour de la présidentielle au Chili, l’écart avec son rival d’extrême droite José Antonio Kast est beaucoup plus serré que prévu (2 points au lieu de 10). Le second tour, le 14 décembre, s’annonce donc difficile pour Jeannette Jara, en raison du report des voix massif annoncé envers José Antonio Kast, explique la correspondante de France 24, Agathe Fourcade.
Chili : l’extrême droite aux portes du pouvoir
Pour la première fois depuis la fin de la sanglante dictature de Pinochet (1973-1990), l’extrême droite se rapproche à nouveau du pouvoir au Chili : son leader José Antonio Kast affrontera en décembre au second tour de la présidentielle la communiste modérée Jeannette Jara, en position défavorable.
« Nos idées ont déjà triomphé aux États-Unis, en Italie, en Argentine… et nous triompherons aussi au Chili. » Dimanche, l’ultraconservateur, José Antonio Kast, est arrivé deuxième du premier tour de l’élection présidentielle chilienne avec 23,92 % des voix. Mais il apparaît comme le grand favori du deuxième tour le 14 décembre, tant le report des suffrages apparaît défavorable à la candidate communiste, Jeannette Jara (26,85 % ), arrivée pourtant en tête. Car l’extrême droite était aussi représentée par le député libertarien Johannes Kaiser qui a recueilli 13,94 % des votes et a immédiatement annoncé qu’il soutiendrait n’importe quel candidat de droite contre la gauche. Si le Chili reste l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine, la hausse ces dernières années du nombre d’homicides et d’enlèvements a nourri un sentiment d’insécurité et favorisé l’ascension de l’extrême droite.
Troisième campagne électorale
Fervent catholique et père de neuf enfants, José Antonio Kast, 59 ans, est le fils d’un ancien soldat allemand qui a servi dans l’armée de Hitler et le frère d’un ex-ministre de l’ère Pinochet (1973-1990). Après avoir étudié le droit à l’université catholique du Chili, il fonde en 1991 un cabinet d’avocats. Il dirige un temps la société immobilière familiale. Il est rattrapé en 2019 par les Panama Papers et est accusé d’avoir transféré des sommes d’argent dans un paradis fiscal, sans les avoir déclarés.
Toujours élégant, il menait sa troisième campagne présidentielle. Mais cette fois-ci, il a évité les propos polémiques sur l’avortement, le mariage homosexuel et sur la défense de l’héritage de la dictature d’Augusto Pinochet. Il a préféré axer sa campagne sur la sécurité, le contrôle de l’immigration et l’économie. Le candidat a ainsi promis des expulsions massives, la construction d’un mur à la frontière bolivienne et la hausse de la puissance de feu de la police …
