Le foot peut parfois aller très loin …

Parce qu’il est bon de rire parfois, y compris du football et de tous ses excès ! Dans une vidéo caustique, Adolph Marc Jurry s’interroge sur « l’au delà des passions » tandis que l’écrivain Hervé Hamon  évoque son amour pour le football et pour les buts dans sa chronique hebdomadaire du Télégramme intitulée « Miracle ».

[Courant d’ère] Miracle !

[Courant d’ère] Miracle !
(Photo Tobias Schwarz/AFP)
Hervé HamonHervé Hamon dans sa chronique Le Télégramme du 

 nous parle de son amour pour le football. Et pour les buts …

« Moi, j’aime le foot …
Pas la machinerie opaque, pas l’or qatari, pas l’UEFA et ses dirigeants replets, pas les salaires invraisemblables des stars, pas la pub ni les droits télévisés, pas le marché des joueurs qu’on vend et achète à l’encan. Tout cela me dégoûte, et je ne suis pas le seul, très loin de là. Nous sommes des millions à détester qu’on transforme un art en millions de millions.
Mais, dans le foot, j’aime plusieurs choses.

J’aime que ce jeu tellement simple – courir et taper dans une baballe – soit si compliqué lors de l’exécution. J’aime que le prestige des plus agiles s’appuie sur la besogne des passeurs, des bâtisseurs, des bloqueurs. J’aime la phénoménale réactivité des gardiens, ces hommes (ou femmes) qui sont capables de demeurer immobiles un quart d’heure durant, puis de se détendre en un quart de seconde.

J’aime, par-dessus tout, que le talent individuel ne soit rien sans l’esprit d’équipe. J’aime encore que, l’espace d’un match, les relégués, les exclus, les marginalisés, ceux qu’on soupçonne de n’être pas, ou pas assez intégrés, s’approprient la victoire, la chantent en chœur, trinquent avec les « de souche », et s’imaginent que le rectangle d’herbe verte est aussi leur terrain.

Et puis il y a les buts. J’aime le foot parce que j’aime les buts. C’est toujours étonnant, un but. C’est toujours une surprise pour celui qui le marque comme pour celui qui l’encaisse. Ça se joue à un doigt près, à un contre-pied près, à un effet de vrille près. Un match de foot, ça peut être terriblement ennuyeux, monotone, défense contre défense.

Et le but vient l’éclairer, le réveiller, le faire basculer. L’équipe terne se sent pousser des ailes, quitte ses retranchements, monte à l’assaut. L’équipe qui faisait le mur devient mobile, les passes fluides, elle s’anime, on perçoit son plaisir d’être là, et cela traverse le public comme une onde chaude.

Mieux encore. Il arrive que le but survienne au terme d’une longue, longue partie, où tout est joué, tout est cuit. Les supporters désabusés commencent à quitter les gradins. L’arbitre porte le sifflet à ses lèvres. Et là, juste là, le but qui sauve, le but inattendu, inespéré. Le foot n’est pas seulement, comme le psalmodient les esprits simples, l’astuce qu’ont trouvée les puissants pour distraire les petits de leur possible révolte. Le foot, c’est la possibilité de la joie collective. Miracle !


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