Quand Emmanuel Macron prend fait et cause pour le pantouflage de Christophe Castaner chez Shein …

Le 10 juin 2025 , Emmanuel Macron est interpellé sur France 2 sur le poste occupé par Christophe Castaner chez Shein, le géant chinois de la fast fashion. Il défend son ex-ministre de l’Intérieur, déplorant « une mise au pilori de ce dernier dans un débat stigmatisant. » Une question pourtant d’actualité, le jour où le Sénat vote un projet de loi limitant l’expansion des acteurs de la fast fashion ….

« C’est un peu nul ce que vous faites » : Emmanuel Macron prend fait et cause pour le pantouflage de Christophe Castaner chez Shein

Invité d’une émission sur France 2, mardi 10 juin, en prime time, à l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan, le président de la République s’est appliqué à défendre Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur recruté par l’entreprise Shein, principale pourvoyeuse de la « fast fashion ».
Un article signé Julia Hamlaoui  dans L’Humanité du  11 juin 2025 …

Si Emmanuel Macron estime qu’il n’a « pas de leçon à recevoir » sur son bilan en matière d’écologie, il en va de même, selon lui, sur le pantouflage de ses anciens ministres. Invité d’une émission sur France 2, mardi 10 juin, en prime time, présentée par Léa Salamé et Hugo Clément depuis la Promenade des Anglais à Nice où se déroule la conférence des Nations unies sur l’océan, le président de la République s’est appliqué à défendre Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur recruté par l’entreprise Shein, principale pourvoyeuse de la « fast fashion ».

« C’est un peu nul ce que vous faites », a-t-il lâché à Hugo Clément qui l’interrogeait sur le sujet, lui reprochant de mettre l’ancien membre du gouvernement « au pilori ». « Je n’en ai pas parlé parce que c’est sa vie, ce n’est pas la mienne et ce n’est pas parce qu’il est de Shein que ça changera quelque chose au schmilblick », s’est agacé le chef de l’État comme si les entreprises recrutaient des lobbyistes sans espoir d’en retirer une influence.

« Je n’aime pas ces méthodes, je vous le dis aussi »

L’hôte de l’Élysée a même adressé des critiques, à peine voilées, à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) : une institution qui « par rapport à tous les pays du monde fait déjà que pour tous les ministres, tous les parlementaires, tous les maires, tous ceux au service de la République, c’est très compliqué de retrouver une vie normale pour eux dans leur secteur d’activité ». « Je n’ai pas envie de rentrer dans ce débat un peu stigmatisant et un peu personnel. Le débat mérite mieux que ça et je n’aime pas ces méthodes, je vous le dis aussi », a ajouté Emmanuel Macron pour fermer le ban.

Or, fin mai, les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales ont écrit précisément à la HATVP, pour pointer de « potentielles irrégularités » dans les déclarations d’actions de lobbying effectuées par Shein et ses sociétés satellites mais aussi par des individus comme Christophe Castaner et sa société de conseil, et lui demander d’exercer son pouvoir de contrôle. Au cœur de ces inquiétudes, de potentielles interventions concernant notamment la loi contre la « fast fashion » en cours d’examen au parlement.

La proposition de loi a été adoptée au Sénat mardi et doit désormais faire l’objet d’une commission mixte paritaire. En cours de route, le texte a enregistré différentes modifications qui s’apparentent, selon les associations environnementales, à un « détricotage ». « Il nous semble problématique que la proposition de loi du Sénat restreigne le cadre à l’ultra fast fashion », a notamment dénoncé, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), Clear Fashion, quand les Amis de la Terre critiquait dans un communiqué un amendement gouvernemental visant à supprimer le montant des pénalités financières, jusqu’à 10 euros par produit en 2030, finalement repoussé. Le sénateur écologiste Jacques Fernique redoute tout de même de voir les débats accoucher d’une « coquille certes intéressante, mais un peu vide ».


Pourquoi Shein et Christophe Castaner sont visés par un signalement adressé au « gendarme des lobbies » ?

Un signalement visant Shein et plusieurs de ses représentants en France, dont l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, a été adressé à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), le « gendarme des lobbies », a révélé, lundi 26 mai, le quotidien Le Monde.  Un article signé Clémentine Eveno dans l’Humanité du 27 mai 2025 …

Le géant chinois du textile est concerné par un signalement adressé au « gendarme des lobbies », dans lequel non seulement l’entreprise Shein, mais aussi plusieurs de ses représentants en France sont visés, révèle le quotidien Le Monde, lundi 26 mai. Parmi les personnes concernées, figure l’ex-ministre de l’intérieur Christophe Castaner.

Les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales ont écrit, le 23 mai, à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), pour pointer de « potentielles irrégularités » dans les déclarations d’actions de lobbying effectuées par Shein et ses sociétés satellites mais aussi par des individus comme Christophe Castaner et sa société de conseil. Ce dernier intervient depuis la fin de l’année 2024 auprès du groupe chinois qui est devenue le porte-étendard de « l’ultra fast-fashion ».

Une demande de clarification

De « potentielles irrégularités » d’autant plus inquiétantes qu’une proposition destinée à réduire l’impact environnemental de la fast-fashion s’apprête à être examinée au Sénat les lundi 2 et mardi 3 juin. La création d’un malus à destination des acteurs de la fast-fashion, indexé sur un score environnemental, et l’interdiction de leur publicité y étaient prévus. Mais ce texte, à l’origine ambitieux, a été affaibli lors de son passage en commission au Sénat. Désormais, selon la version qui en est sortie, le malus serait indexé sur un critère moins exigeant et seul le recours à des influenceurs serait interdit.

Au-delà de ce contexte législatif particulier, certaines informations fournies à la HATVP au titre de 2024 seraient soit manquantes, soit vagues ou douteuses, indique le Monde. De ce fait, les interventions de Shein auprès des responsables publics ne seraient pas retracées, contrairement à ce que la législation et les lignes directrices de la Haute autorité prévoient.

Ainsi, non seulement l’entreprise chinoise est floue lorsqu’elle déclare des actes de lobbying, mais la maison mère de Shein, Roadget Business, a mené un « plaidoyer lié à la PPL [proposition de loi] sur le cadre réglementaire relatif à l’empreinte environnementale de l’industrie textile », révèlent les associations à l’origine de la saisine. De plus, le coût d’autres actions de lobbying menées en 2024 n’aurait pas été intégré aux dépenses de lobbying déclarées par Roadget Business.

Enfin, Les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales demandent que les rôles de l’ex-ministre Christophe Castaner, de l’ancienne secrétaire d’État Nicole Guedj et de l’ex-dirigeant du Medef Bernard Spitz soient clarifiés. Ces trois personnalités ont été recrutées en décembre 2024, officiellement pour conseiller Shein en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Mais Pierre Condamine, chargé de campagne aux Amis de la Terre, a des doutes sur la réelle nature de leur mission : « Nous demandons à la HATVP de vérifier que MM. Castaner et Spitz et Mme Guedj n’ont pas effectué de représentation d’intérêts pour le compte de Shein », indique-t-il.

Par ailleurs, l’Union européenne a mis en cause, lundi 26 mai, la plateforme, qui dispose d’un mois pour répondre aux inquiétudes soulevées par la Commission européenne et les autorités de protection des consommateurs belge, française, irlandaise et néerlandaise quant à des infractions à la législation de l’UE. Dans le cas contraire, la Commission a indiqué que Shein devrait alors payer des amendes indexées sur le chiffre d’affaires annuel du groupe dans les pays concernés.


Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos de Shein …

Le hold-up fiscal des invendus de la fast-fashion …