À dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, le 16 novembre, la candidate de la coalition progressiste, Jeannette Jara, pointe en tête des sondages. L’ex-ministre du Travail symbolise quelques-unes des conquêtes sociales les plus marquantes sous Gabriel Boric. Suffisant pour maintenir la gauche au pouvoir ?
Au Chili du compañero Allende, un pays transformé en laboratoire de l’horreur puis d’un néolibéralisme constitutionnalisé depuis ce fatidique 11 septembre 1973 parrainé par la CIA, la gauche arrive unie à l’élection présidentielle derrière une candidature communiste. Jeannette Jara, membre du PC chilien depuis ses 25 ans (avant neuf ans de militance au sein des jeunesses communistes), représente « Unité pour le Chili », la coalition de neuf partis – de la gauche jusqu’au centre gauche modéré – réunis pour remporter l’élection présidentielle dont le premier tour aura lieu le 16 novembre prochain.
Présidentielle au Chili: Jeannette Jara, candidate communiste «sans complexe» avec la sécurité
Près de 16 millions de Chiliens se rendront aux urnes en novembre pour l’élection présidentielle. Un scrutin polarisé, où les deux principaux candidats sont à l’opposé l’un de l’autre. D’un côté, José Antonio Kast, fondateur du parti Républicains à l’extrême droite. Face à lui, Jeannette Jara, communiste et candidate de la gauche réunie, et qui fait pour l’instant la course en tête dans les sondages. Elle s’est entretenue ce mercredi 15 octobre 2025 avec la presse étrangère au Chili. Publié le par correpondante RFI à Santiago …

Détendue et souriante, Jeannette Jara a répondu pendant une heure aux journalistes étrangers ce mercredi 15 octobre 2025, à Santiago. Un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, la candidate communiste, âgée de 51 ans, a d’abord rappelé qu’elle a grandi dans « un quartier pauvre ». Un argument qu’elle fait valoir alors que la question de la sécurité rythme la campagne électorale. « Je viens d’un quartier pauvre et je sais les dégâts liés à la drogue. Je sais aussi la frustration des parents quand ils ne peuvent pas sortir leurs enfants de là », a-t-elle déclaré devant la presse.
Une candidate à « la main bien ferme » en matière de sécurité
Fille d’un père ouvrier et d’une mère au foyer, Jeannette Jara a gravi les échelons jusqu’à devenir ministre du Travail sous l’actuel gouvernement. Le social est au cœur de son combat politique, mais depuis le début de la campagne, tout comme son adversaire d’extrême droite, elle a fait de la sécurité publique et de la lutte contre le crime organisé ses principales priorités. « Je n’ai aucun complexe avec la sécurité. Et j’ai la main bien ferme », a-t-elle assuré.
Jeannette Jara entend ainsi réformer la police ou encore renforcer les frontières. Elle souhaite également que l’État soit davantage présent dans les quartiers pauvres du pays, tant financièrement que socialement. La candidate mise sur des investissements plus importants pour améliorer la qualité de vie des personnes qui vivent dans ces quartiers, mais aussi sur l’augmentation de la présence policière pour rassurer les populations. « Au Chili, le crime organisé s’est installé là où l’État était absent », ajoute-t-elle.
La candidate communiste porte son programme pour toute la gauche, puisqu’elle avait été élue à la primaire de juin dernier. C’est paradoxalement avec son propre parti qu’elle prend ses distances, notamment au sujet du Venezuela, qu’elle considère « comme une dictature », contrairement aux ténors du PC chilien, moins catégoriques sur la question.
En savoir plus sur le déroulement du scrutin…
L’élection présidentielle chilienne de 2025 est prévue le afin d’élire pour quatre ans le président de la République du Chili. Des élections parlementaires et régionales sont organisées simultanément. Un deuxième tour éventuel a lieu le suivant. Le président sortant, Gabriel Boric, ne peut être candidat à sa réélection, la Constitution chilienne interdisant les mandats successifs.
Système électoral
Le président de la République est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de quatre ans non renouvelable de manière consécutive. Est élu le candidat qui recueille la majorité absolue des votes valides au premier tour, organisé le troisième dimanche de novembre de la quatrième année du mandat présidentiel en cours. À défaut, les deux candidats arrivés en tête au premier tour s’affrontent lors d’un second organisé le quatrième dimanche suivant le premier, et celui recueillant le plus de voix est déclaré élu[1].
Le vote obligatoire, qui avait été abandonné en 2012, a été réintroduit en 2022 alors que l’abstention touchait un tiers du corps électoral. Le politologue Rodrigo Medel explique qu’un « consensus s’est formé pour y revenir. La droite le souhaitait car elle était diminuée par son incapacité à canaliser l’“estallido social” de 2019. La gauche aussi, parce que le vote volontaire n’avait pas résorbé les différences de classes – les communes riches votant bien plus que les pauvres ». Selon les sondages, cette mesure aurait plutôt tendance à favoriser l’extrême droite populiste, les anciens abstentionnistes étant généralement mécontents de la classe politique traditionnelle, et en raison du contexte d’immigration de masse.
Retour sur les élections primaires de la Gauche chilienne …
En juillet 2025, Jeannette Jara, candidate du Parti communiste et ancienne ministre du Travail, a remporté les primaires de la coalition « Unidad por Chile », qui rassemblait les partis soutenant le président Gabriel Boric. Carlos Ominami, président honoraire de la Fondation Chile21 et ancien ministre, dresse un bilan de cette première étape des élections présidentielles chiliennes, qui auront lieu entre novembre et décembre 2025. Il est interrogé par Maya Laurens, chargée de mission au sein du secteur international de la Fondation Jean-Jaurès.

Militant écologiste, documentariste, auteur, poète, Cyril Dion est inclassable. A l’automne 2024 sur France Inter, il enchantait « la Terre au carré » dans l’une de ses chroniques hebdomadaires. « Si nous voulons vraiment résoudre le problème écologique, il ne suffit pas de planter des arbres sur la rue de la paix, il faut changer de jeu » estimait-il à l’époque, en accusant notamment les tenanciers du pouvoir …