Un lanceur d’alerte se fait saboter sa voiture …

Fabrice Hamon, président d’une association qui lutte contre les pollutions agricoles, notamment à Landunvez dans le Nord-Finistère, a constaté ce jeudi 4 mai le déboulonnage d’une de ses roues de voiture. Il dénonce un acte «criminel  et entend déposer plainte contre X. Face à cette intimidation, les défenseurs de l’environnement entendent ne rien lâcher …

Près de Brest, un lanceur d’alerte dénonce le sabotage de sa voiture

Depuis près d’un an, Fabrice Hamon dénonce, analyses à l’appui, la pollution bactérienne d’une rivière de Landunvez (Finistère), et met en cause certaines pratiques agricoles, comme l’épandage. Des critiques qui pourraient expliquer, selon lui, le déboulonnage de la roue dont il affirme avoir été victime le 4 mai 2023.Ce soir-là, le Finistérien quitte sa commune pour aller au cinéma à Brest, avec à bord de sa voiture, sa femme, son fils et la petite amie de celui-ci. « Il y avait énormément de bruit au niveau de la roue arrière gauche quand je freinais, alors je me suis arrêté et j’ai vu qu’il manquait un boulon. »

Un deuxième lui reste dans la main – « je pense que c’est celui qui faisait du bruit » –, deux autres boulons sont « très dévissés », seul le cinquième est intègre. « J’ose croire que c’est juste le fait d’une personne isolée qui a mal réagi, qui n’a pas réalisé ce qu’elle faisait, et je n’ose pas croire qu’il y a un contrat sur ma tête en tant que « Fabrice Hamon, dérange le milieu agricole à Landunvez » au point  qu’on veuille attenter à sa vie. Ca me parait juste impossible.»


« À Landunvez, la roue déboulonnée d’un lanceur d’alertes aux pollutions

Un article signé Yann Le Gall publié dans Le Télégramme du 05 mai 2023

Préleveur de l’eau du Foul, devant sa propriété, Fabrice Hamon transmet ses échantillons à Labocéa pour analyse bactériologique. Les pollutions qu’il révèle dans ce cours d’eau se déversant sur la pla
Préleveur de l’eau du Foul, devant sa propriété, Fabrice Hamon transmet ses échantillons à Labocéa pour analyse bactériologique. Les pollutions qu’il révèle dans ce cours d’eau se déversant sur la plage de Penfoul dérangent-elles au point de saboter sa voiture ? (Photo d’archives Le Télégramme/Yann Le Gall)

Ses analyses détectant des pollutions du Foul, ruisseau qui traverse sa propriété de Landunvez, ne plaisent-elles pas à tout le monde ? Fabrice Hamon a découvert une roue de sa voiture déboulonnée, jeudi.

Ce sont nos confrères du site d’information « Splann ! »qui rapportent cet incident survenu le jeudi 4 mai 2023, dont les conséquences auraient pu s’avérer beaucoup plus ennuyeuses. Joint ce vendredi 5 mai au matin, Fabrice Hamon confirme sa mésaventure au Télégramme : « Je me rendais au cinéma, à Brest, avec ma femme, mon fils (19 ans) et sa copine, quand, vers 18 h 45, à l’entrée de Saint-Renan, je me suis arrêté pour vérifier d’où pouvait bien provenir ce bruit curieux à l’arrière de la voiture ».

Plainte pour sabotage

L’inspection révèle au Landunvézien que quatre des cinq boulons de la roue arrière gauche sont desserrés. « Le cinquième a dû se perdre sur la route ». La famille attrapera sa séance de ciné après avoir confié la roue brinquebalante aux bons soins réparateurs du Feu vert de Saint-Renan.

Un boulon en moins et quatre autres dévissés. Voilà ce qu’a découvert Fabrice Hamon, jeudi en fin d’après-midi, en s’arrêtant à Saint-Renan.
Un boulon en moins et quatre autres dévissés. Voilà ce qu’a découvert Fabrice Hamon, jeudi en fin d’après-midi, en s’arrêtant à Saint-Renan. (Photo Le Télégramme/Fabrice Hamon)

C’est muni d’une attestation de ce garage que Fabrice Hamon se rend, ce vendredi après-midi, à la gendarmerie pour déposer une plainte contre X. « Pour sabotage et mise en danger de la vie d’autrui », précise l’actuaire, sûr et certain que ce déboulonnage représente un acte malveillant. Rappelant celui qui a visé, fin mars, la journaliste Morgan Large, co-fondatrice de « Splann ! ».

« Si le but est de me faire taire, ça ne marchera pas »

« Je pense qu’il s’agit de l’acte isolé d’un imbécile, commis sur ma propriété. Quand ? Je ne sais pas. Mais si son but, c’est de me faire taire, cela ne va pas marcher », prévient ce citoyen qui a pris sur lui et ses ressources financières, depuis près d’un an, pour faire des analyses bactériologiques (Escherichia coli) du ruisseau le Foul (lire ci-dessous).
En attendant de connaître les suites judiciaires de sa plainte, Fabrice Hamon va renforcer l’installation de caméras de surveillance à son domicile. « Cela fait vingt ans que j’habite à Landunvez. J’ai commencé à ouvrir ma gueule l’été dernier, et là, on m’enlève quatre boulons ! Jusqu’où ça va aller ? ».

Un nettoyage de la plage de Penfoul est prévu dimanche après-midi, suivi de la projection d'un film de bodyboard au Triskell.
Le bassin-versant du Foul va faire l’objet d’un diagnostic approfondi comme jamais des phénomènes qui dégradent la qualité de ses eaux. Lesquelles se déversent sur la très prisée plage de Penfoul.

Soutiens d’associations et du maire

Le Landunvézien a reçu le soutien de cinq associations environnementales (*) : « Fabrice milite pour faire reconnaître les pollutions d’origine agricole. Face à cette intimidation, nous ne lâcherons rien », préviennent-elles. Le maire de Landunvez appuie également son administré : « Si ce déboulonnage s’avère d’origine volontaire, c’est complètement inadmissible. Je condamne toute violence. Physique comme verbale. Cela va trop loin. Il faut faire baisser la pression (référence aux tensions persistantes entre militants écologistes et agriculteurs conventionnels, NDLR). Sur tous les supports. Y compris les réseaux sociaux », enjoint Christophe Colin.

* Eau & rivières de Bretagne, Avenir et environnement en pays d’Iroise, Protection et promotion de la côte des Légendes (collectif Stoppons l’extension de la porcherie Avel Vor), Bretagne vivante et France environnement Bretagne.


« Face au sabotage, nous ne lâchons rien »

Face au sabotage, nous ne lâchons rien

La tension monte d’un cran à Landunvez. Fabrice Hamon, qui milite pour faire reconnaître les pollutions d’origine agricole, s’est fait déboulonner une roue de voiture. Nos associations et collectif lui apportent tout notre soutien. Face à cette intimidation, nous ne lâchons rien.

Fabrice Hamon n’en revient pas. Hier soir, vers 18h, alors qu’il se rendait au cinéma avec sa femme, son fils et son amie, il entend un bruit bizarre. « La roue vibrait, un boulon m’est tombé dans les mains, raconte-t-il. Sur les cinq boulons, quatre ont été desserrés. »

« Je n’ai pas d’autre preuve que la photo que j’ai prise et le témoignage du garagiste. Mais ça ressemble trop à ce qui s’est déjà passé, c’est forcément du sabotage », affirme-t-il, encore abasourdi.

Depuis un an, ce riverain du Foul, analyse la qualité de l’eau de la rivière. Il a même créé une association, Beautifoul. En juin dernier, il révélait un taux d’E-coli 77 fois supérieur à la valeur qui entraîne la fermeture des plages, 232 fois supérieur en août ! Plus incisif sur son compte Instagram depuis le premier comité de pilotage dédié à la qualité des eaux de baignade, Fabrice Hamon pense que c’est ce qui a déclenché ce possible acte de sabotage. « Ce que je dis agace. Landunvez est une poubelle à ciel ouvert. »

« Nous condamnons cet acte de sabotage lâche »

Nos associations (Association et promotion de la Côte des Légendes, Avenir et environnement en pays d’Iroise, Eau & Rivières de Bretagne) réunies au sein du collectif Stoppons l’extension de la porcherie Avel vor, ainsi que France Nature Environnement Bretagne et Bretagne Vivante, soutiennent ce riverain lanceur d’alerte.

« Nous condamnons cet acte de sabotage lâche, réagit Christophe Le Visage, administrateur d’Eau & Rivières de Bretagne et membre du collectif. Il s’agit d’une intimidation sournoise pour nous faire taire. Mais nous ne lâcherons pas notre combat pour la nature et la qualité de vie. »

« Dans quel monde vivons-nous ? Un citoyen qui finance personnellement des analyses d’eau pour essayer de faire avancer la connaissance des pollutions qui gangrènent nos cours d’eau se fait saboter sa voiture, réagit pour sa part Laurent Le Berre, administrateur d’Eau & Rivières et président de l’APPCL. C’est un acte lâche d’une très grande gravité. »


Lire par ailleurs sur PrendreParti les précédents actes de malveillance dont a été victime la journaliste Morgan Large …

Rostrenen : soutien massif à Morgan Large et à la liberté d’informer