Casquette verte vissée sur la tête,Yann Tiersen, 55 ans, se livre au micro de Matthieu Vidar dans « La Terre au carré de France Inter ». La discussion tourne évidemment autour d’Ouessant, l’ïle où l’artiste a posé ses valises, des tournées en bateau ou en van, seul avec sa chienne, en réaction ou tout du moins en proposition alternative au néocapitalisme et sa destruction du monde …
Yann Tiersen, Ouessant, la musique, et le monde – La Terre au carré
Le musicien multi-instrumentiste Yann Tiersen revient d’une tournée un peu particulière. Il a navigué avec son équipe, à bord de son voilier Ninnog, de la Bretagne aux confins du Svalbard, une invitation à repenser le rôle de l’art dans un monde confronté au dérèglement climatique. L’entretien intégral de de 43′ …
Yann Tiersen sort un nouvel album The Liquid Hour / Rathlin from a Distance, un double album contenant un disque avec seulement du piano et le second aux rythmes plus électro, avec plus d’instruments et des voix. L’idée lui est venue en tournée, pendant laquelle il proposait deux versions, l’une en piano solo, l’autre tout en électro et machines. S’apprêtant à faire sa soirée en version électro, le programmateur lui dit « non non, moi, je voudrais les deux ». L’étonnement passé, le pianiste se dit que c’est finalement une très bonne idée, et qu’il faudrait poursuivre sur disque, et tant qu’à faire, en double album.
Ouessant, île d’adoption
Yann Tiersen s’est installé à Ouessant, avant tout pour des raisons personnelles, en souvenir de son père. Des souvenirs de vacances, de passage qui, un jour, l’ont fait poser ses valises sur l’île. Il y a acheté ensuite un bâtiment au cœur du village pour le transformer en studio, son studio. De Fil en aiguille, il a appris le breton, d’abord par opportunisme pour pouvoir continuer à discuter avec une personne qui perdait la mémoire et perdait son français, puis se rendit compte qu’il redécouvrait les lieux grâce à la compréhension de cette langue, les noms des chemins, l’histoire de l’île. Le chanteur souligne et se réjouit que des jeunes aujourd’hui apprennent encore le breton, que la langue locale survit et tient face au raz de marée mondial.
Sensibiliser en provoquant l’émotion
Lui questionne ce monde, notamment le néocapitalisme qui à ses yeux détruit tout. Ainsi, il essaye de proposer d’autres façons de rencontrer les gens et le public, par exemple lorsqu’il fit une tournée en bateau sur les îles Féroé. Dernièrement c’est au Svalbard, point le plus septentrional de la Norvège, qu’il a porté son voilier. Pourquoi ici et pas ailleurs ? Car c’est sur ces terres blanchies par la neige et la glace que le changement climatique est le plus visible. Les lieux accueillent une base scientifique, Yann Tiersen en a interviewé les chercheurs dont il témoigne que toutes et tous ont eu les larmes aux yeux à mi-discussion. Des larmes de tristesse face à la disparition des espèces et à la dégradation de la nature. Un chercheur français lui fit un jour écouter un chant d’oiseau, le mâle d’une espèce étaient à Haïti dans les années 1980, ce chant, on ne l’entendra plus, « il attendait la réponse d’une femelle qui n’est jamais venue, puisqu’il était le dernier« . Yann Tiersen pense que l’émotion est plus parlante, et plus forte que les chiffres ou les discours dont, de toutes les façons, dans cette ère de post vérité, « les gens s’en foutent » lâche-t-il entre colère et sidération.
L’absurdité du néocapitalisme
Yann Tiersen raconte un des moments les plus fous et absurdes vu sur place, avec des bateaux de croisière qui débarquent d’un coup d’un seul 300 personnes qui prennent des photos et repartent comme elles sont venues, laissant à nouveau les lieux à leur calme et au silence, où seul son voilier croisait sur l’eau, et quelque ours curieux vient mettre un peu d’action (et de peur justifiée) parmi les scientifiques. Cette folie du tourisme dans le Grand Nord est d’autant plus paradoxale puisqu’elle permet de financer les scientifiques qui travaillent ici à dénoncer la dégradation du climat, à laquelle ces mêmes paquebots participent avec pollution et surtourisme.
Face à l’absurdité du système, lui a essayé de proposer des tournées, notamment celle où il se baladait en van avec sa chienne et ne demandait rien d’autre qu’un coin de jardin. Le chanteur déplore que ça n’a pas toujours été possible, tellement le système ne le permet plus, qu’il y eut aussi parfois un malentendu sur la démarche, prise un peu comme un caprice alors que lui y allait, un peu naïvement, reconnait-il, en se disant « on s’aime tous », et rencontrons-nous …
Regarder en complément : « YANN TIERSEN : UNE TOURNÉE CONTRE LA COLONISATION DES TERRES ET DES PEUPLES ». Un doc de 15′ signé BLAST-INFO.FR …
Fatigué des tournées musicales « classiques », celles où l’on saute de villes en villes en prenant à peine le temps de dire bonjour aux gens qui nous accueillent, le musicien Yann Tiersen a pris la décision de faire les choses autrement. Le principe est le même, enchaîner les concerts dans différents lieux, mais la manière est tout autre. Pendant plusieurs mois, il est parti sillonner le grand nord jusqu’au Svalbard, un des territoires les plus touchés par le réchauffement climatique : les glaciers y reculent de plusieurs centaines de mètres par an. Et c’est au milieu de ce périple, depuis son voilier Ninnog qui lui sert à la fois de maison et de moyen de locomotion, qu’il nous a accordé une interview. L’occasion de préciser sa démarche, de parler de son nouveau double album notamment conçu comme « une bande son pour aller manifester », de son concert à Gaza en 2007, et, plus largement, des raisons pour lesquelles son engagement contre la « colonisation », celle des peuples comme celle des terres, est plus forte que jamais.
Source : BLAST-INFO.FR …
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